Cela faisait un bout de temps que je n'étais pas sortie, pour aller marcher dans les rues du Bronx. La nuit est presque tombée, alors qu'il n'est encore pas si tard. Mais qu'y puis-je ? Je marche seule, ne m'inquiétant pas du tout de la suite. Après tout, je n'ai pas peur. Les stéréotypes sont bien nombreux pour ce qui concerne ce quartier. Mais pour avoir des ennuis ici, il faut les chercher, contrairement à ce que certains pensent.
J'ai besoin de passer une soirée à l'extérieur d'une maison, sinon, je vais devenir folle. Et puis, ça fera aussi du bien à ma meilleure amie, Esperanza, de venir un peu avec moi dans mes folles aventures - réduites à néant par l'étrange vie que j'ai vécu ses derniers temps. Je ne suis pas non plus débordée de travail, mais ces derniers temps, je n'ai pas arrêté de courir à droite à gauche, et d'être fatiguée quand, enfin, j'avais du temps pour moi. Donc ma vie sociale s'était jusqu'alors résumée à du néant. Heureusement que j'ai désormais l'occasion de changer ça ! Et j'ai besoin de ma meilleure amie comme elle a besoin de moi, enfin, je présume. Donc, ce serait une super idée pour se retrouver que d'aller au Bowling.
J'arrive donc à l'endroit dit, et je m'installe dans la petite entrée, avec une petite buvette, pour attendre l'arrivée normalement éminente d'Esperanza. Je dois l'avouer, j'ai super hâte de la retrouver, de lui parler, de l'écouter me raconter sa vie. Enfin, je suis peut-être un peu trop enthousiaste sur certaines choses, mais mieux vaut regarder la vie du bon côté, non ? Toujours dans l'attente de mon amie, je me commande un ice-tea, qui arrive vite, et que je commence à siroter tranquillement.

Je suis toujours en train de boire tranquillement ma boisson. Après tout, j'ai tout mon temps, Esperanza peut arriver à n'importe quel moment, même si jamais, cela signifie une heure après moi. Mais ce n'est pas grave, je suis plutôt patiente pour ce genre de chose.
Finalement, je réalise, en la voyant arriver que peut-être que j'ai été mauvaise langue, ou que j'ai parlé un peu trop vite. Mais il n'y avait rien de méchant dans ce que j'avais pensé, et de toute façon, même si elle le savait, je pensais bien qu'elle ne m'en aurait pas voulu. Esperanza a toujours été très gentille et compréhensive, je trouve. En guise de salutation, elle me prend dans ses bras, ce que je fais en retour. La voir me fait du bien. Je suis contente qu'elle ait accepté. Parce qu'y y avait eu ce risque de se prendre un vent monumental. Heureusement, rien. Saluut ! Et bien écoute, je vais plutôt bien et toi ? J'ai hâte qu'on commence cette soirée, parce que même si le bowling me plaît, je sais surtout qu'on va pouvoir parler de tout et de rien. Ce dont je pense qu'on a toutes les deux besoin, même si ce n'est pas non plus forcément une urgence. Enfin, je ne peux pas me prévaloir de savoir ce qu'Esperanza vit ou bien, puisque je ne suis pas 24/24 avec elle. Mais peu importe, je sais que j'ai besoin de lui parler, et de l'entendre me parler un peu de tout. Je l'écoute parler de Crystal, sa fille. Elle a mis du temps à me parler de la tchoupette, mais ça n'est pas non plus la mort. Après tout, j'ai eu la chance qu'elle m'en parle. Et cette petite fille est tellement mignonne. Et bien sûr, je ne peux pas m'empêcher de sourire lorsqu'elle me parle d'elle, d'ailleurs.Oh, et bien, moi, je continue ma vie en tant que prof de violon, je sors plus beaucoup, et la plupart de mes contacts sont mes élèves et toi !lui dis-je en me mettant à rire

Esperanza a toujours été là pour moi, quoi qu'il n'arrive. Elle a toujours eu les mots pour m'apaiser, et je sais que quoi qu'il arrive, je serais là pour elle comme elle l'a toujours été. Je me souviens comment elle m'a soutenue quand je me suis faite passée à tabac dans le métro. Si maintenant, j'arrive à relativiser, c'est en très grande partie parce qu'elle a été là pour me consoler, pour me rassurer. Heureusement, sinon je pense que j'aurais été très certainement capable de rester enfermée chez moi, ce qui m'aurait probablement fait me laisser dépérir dans mon coin. Je lui dois beaucoup, et je suis toujours très heureuse dès que je la vois. Elle a été ma meilleure amie depuis presque le début que je la connais. J'avais hâte aussi, tu ne peux pas t'imaginer à quel point ! Sa réflexion sur le fait que nos vies soient les mêmes ne put que me faire rire. Les coïncidences, c'est pour les faibles, très chère ! Puis, je devenais toute ouïe. Une sorte de confidence à me faire ? Tant mieux, j'en suis friande, et j'adore donner des conseils à Espé.. J'ai l'impression que c'est à une petite sœur, parce que j'ai plus d'expérience qu'elle. Pourtant, c'est bien elle qui a une petite fille, et non moi ! Mais bon, disons que j'ai plus de facilité pour les relations amoureuses qu'elle.
Ce qu'elle me racontait eu le don de me faire sourire. Le garçon qu'elle me décrivait semblait parfait pour elle et pour la petite Crystal, un petit ange adorable. Donc, je ne voyais pas le soucis. Enfin, sauf quand elle m'a indiqué qu'il lui avait menti. Je ne comprenais pas vraiment ce qui l'aurait motivé, et je me pinçais légèrement les lèvres. Ce n'était pas bon signe. S'il mentait une première fois, il risquait de mentir à nouveau, et, même si le mensonge avait été dévoilé, les relations qui commencent par des mensonges ont le dos de finir mal. Très mal. Enfin, là, au moins, le mensonge ne continuait pas, donc c'était certainement un cas différent que ceux que j'avais vécu auparavant. Docteur Lyra... à l'action ! Et bien, je pense que si jamais il t'a avoué la vérité, tu devrais lui laisser une chance. Je sais que ça peut te rendre malade qu'il t'ait menti, mais ça peut arriver, dans un moment de stress, parce que tu lui a plu, mais qu'il a eut peur de prendre un vent.. ou qu'il voulait te rendre jalouse. Enfin, les relations que j'ai vécues où il y a eu un mensonge, c'était différent, ça se finissait mal, parce que la relation était bâtie SUR le mensonge. Là, il y a encore tout ou presque à bâtir Je pense qu'à la place d'Esperanza, j'aurais suivi mon propre conseil. Oui, je ne me serais pas plus cassé la tête que ça. Après tout, s'il lui a avouer, c'était certainement de peur de la perdre.

J'adore Esperanza. Mais il faudrait vraiment qu'elle se fasse confiance. Parce que si elle continue à ne pas avoir confiance en elle, comment peut-être avoir une quelconque confiance en les garçons avec qui elle traîne ? Et puis, d'après ce qu'elle m'a dit, il n'y a aucune raison qu'elle ne laisse pas une deuxième chance à ce Adam. Après tout, le temps lui montrerait si elle avait ou non raison. Elle ne pouvait pas passer tout son temps à tenter de se protéger, car sinon, elle passerait son temps à souffrir de ces barricades dont elle se fait prisonnière. Non, pas sûrement. J'ai raison, c'est tout ! lui dis-je sérieusement, après avoir esquissé un sourire. Puis, pendant qu'elle écrivait son texto, je cherchais un quelque chose pour changer le sujet. Une bêtise à raconter. Puis, la regardant serieusement, avec un air plutôt grave, je soupirai, puis reprenait la parole. Espe, j'ai aussi un gros soucis, tu sais.. Je sais même pas si j'arrive à toucher mon nez avec ma langue. Une fois ma connerie faite, je faisais une grimace destinée à tester si oui ou non j'y arrivais. Je n'avais jamais vraiment essayé, et si j'avais cherché à raconter une bêtise, ça n'aurait jamais été celle-là. Elle avait fini par sortir toute seule. Je rigolais légèrement et reprenais mon sérieux. On aurait pu croire que j'avais 7 ans pendant l'espace d'un instant. Mais j'étais toujours comme ça. Je n'y pouvais rien. Enfin, sauf si je faisais de gros efforts que je ne ferais pas de si tôt. Je me relevais, et hochais la tête à la question de mon amie. Oui ! Prête ! Et toi, à prendre la rouste de ta vie ? Je n'étais pas plus forte qu'elle au bowling. Alors, je me faisais un peu présomptueuse pour pas grand chose à vrai dire. Les surnoms, c'est bien un truc d'Esperanza. Surtout, Lilou. ça me fait rigoler. On dirait deux cruches qui sont prêtes à faire leur show. Personnellement, c'est comme ça qe je me sentais à ce moment là. J'avais juste envie de rire un bon moment.Aaaa mon touur ! Dis-je joyeusement, en prenant une boule rouge/orangée, et en la lançant... risquant de me casser la figure au passage, et touchant... deux quilles. Sur neuf. Bref, rien de fabuleux.

J'espère vraiment avoir pu aider mon amie. je sais que sans elle, à plusieurs reprises, j'aurais été dans des situations gênantes, ou dont on aurait pu croire que jamais je ne pourrais me sortir. Mais heureusement pour moi, elle était là. Et du coup, j'ai toujours su sur qui compter. Alors j'aimerais qu'elle sache que quoi qu'il arrive, je suis là pour elle. Vu que j'ai plus d'expériences amoureuses qu'elle (même si elle a déjà une petite choupette) dès que je peux l'aider sur ça, je n'hésite pas. Pour le coup, j'étais bien tombée dans le but que je me fixais.
Je suis une quiche en bowling, je ne me fais pas de faux espoirs. Généralement, je fais des gouttières et je finis avec une petite quinzaine de point là où d'autres en ont au moins une centaine. Enfin, je suis une quiche, mais je connais les règles, tout de même. J'offrais une belle grimace, si ce n'était la plus belle que j'étais capable de faire, en réponse à sa question bien moqueuse, et je prenais une deuxième boule, pour essayer de viser le plus de quilles possible. Allez, juste une, ça fait trois, c'est mieux que deux... En voyant la boule partir, je ferme les yeux, et je prie presque. Je n'ai pas un grand esprit de compétition. Mais j'aime bien ne pas finir non plus dernière de trop de points. Une vingtaine d'écart, c'est déjà assez... non ? En entendant deux quilles (peut-être trois?) tomber, je rouvre les yeux et fait un petit saut "Youpi" avant de me tourner vers Esperanza. Ouaaaais ! C'est mieux que rien ! Puis, vient le tour de mon amie de jouer. Elle non plus n'a pas l'air très à l'aise avec le Bowling. Au moins, on peut dire que j'ai choisi la bonne activité. Enfin, si le but est de nous ridiculiser complêtement ! Elle avait fait deux gouttières. Ce qui, en soit, n'était pas grave. On avait neuf lancers pour se rattraper. Laaaargeeement de quoi faire !
En prenant une nouvelle fois une boule pour jouer mon tour, je regarde vers l'endroit où le regard d'Esperanza se dirige après ses paroles. Je lui souris largement. Il doit nous regarder parce qu'on est nulles, en vrai. J'y crois pas vraiment ! J'adore m'intéresser et conseiller aux histoires d'amour de mes amies. Mais dès qu'il s'agit de moi, ça devient plus compliqué. Les premières approches, quand elles ne sont pas faites par le travail, par l'école ou le voisinage sont compliquées. Et autant dire que faire le premier pas n'est pas toujours facile. Alors ça me fait simplement rire. Parce que je suis bête, et que je n'arrive jamais à aller voir quelqu'un, et ce, même s'il me plaît. Je lance ma boule et arrive à baisser 4 quilles. Au premier coup, vous dis-je ! Quelque chose qui semblait impossible. Puis, je lance la deuxième, et arrive à en faire... aucune. Non, elle a préféré me faire une petite feinte, à me faire croire que les autres allaient toutes tomber avant de faire une gouttière. Baaah, c'est pas grave. Je me tourne vers mon amie et hausse les épaules, en mettant les mains vides avec la paume tournée vers le ciel. La prochaine fois sera (peut-être) la bonne ! On peut pas être douée partout ! dis-je avec un air faussement supérieur.

Je dois avouer que ce que m'a dit Esperanza n'est pas pour me mettre totalement à l'aise. On est entre copine, à s'amuser.. non, surtout à se ridiculiser, et voilà que quoi ... ? Un garçon nous observe. Pourquoi faut-il toujours que ce soit au pire moment que les gens nous observent? Et pourquoi faut-il que ce soit un garçon mignon, en plus, soit dit au passant. J'ai un peu honte. Mais peu importe. Je suis avec ma meilleure amie, on s'amuse, et rien d'autre ne doit compter. Oui, voilà, c'est exactement ça. A la réflexion d'Espe, je hausse simplement les épaules. Je m'en fiche. Au pire, je verrais plus tard si je le recroise dans un moment un peu moins gênant. On verra, comme je dis toujours !
Je ne peux m'empêcher de rire en voyant le talent fou de mon amie. Quoi ? C'est tout un art de faire des gouttières au bowling ! Ce que je ne m'empêche pas de lui faire remarquer, non pas par méchanceté, juste pour plaisanter. Ne t'en fais pas. Il y en a qui font de moins belles gouttières que les tiennes.
Voilà que c'est à nouveau mon tour, et que je réussi à faire tomber quatre quilles. C'est mieux que rien. Et mon second lancer se résume à une gouttière. Définitivement : je les réussis moins bien que celles d'Esperanza. Enfin, entre quiches du bowling, on se comprend, elle et moi. Lorsque le tour revient à mon amie, je ne peux m'empêcher d'échapper un petit cri de contentement en voyant qu'elle a réussi une quille ! C'est le début de la richesse ! Ou plutôt de la gloire. Si elle commence avec une, elle finira en strike ! Tu vois, ça finit par rentrer. Bientôt les championnats pour nous, Espe !