Encore un groupe de bambins charmants. Oui, tout à fait. Des bambins cultivés, qui posaient plein de questions et qui, d'yeux émerveillés, scrutaient toutes ces œuvres et ces peintures fabuleuses, pleines d'histoires, de vécus, de... D'ennui. Oui parce qu'en réalité, Alison sortait d'une visite guidée mortellement ennuyeuse, remplie de cris, de professeurs strictes - non, rectifions. De TENTATIVES de professeurs QUI SE VOULAIENT strictes - et de sales mioches préférant jouer à leur DS plutôt qu'à s'instruire. Et pendant ce temps, ,Alison s'efforçait de sourire, demandant moult fois de ne pas toucher les tableaux ou de ne pas grimper sur les statues. A part ça, les enfants, on les adore, n'est ce pas.

Encore une journée moisie. Après tout ce temps, un café latte ne suffirait pas. Pas comme chaque soir après sa tournée de visites.

Devant son casier, la blondie ôta sa chemise de guide noire, la laissant longer ses épaules et entreprit de la poser sur un cintre. Le casier était propre, net, rangé, comme les principes d'Alison. L'alcool, c'est avec modération. On ne fume pas, on ne flambe pas et on respecte les opinions du système ainsi que de la société. Ainsi, elle s'éloigna du vestiaire avant de quitter l'établissement d'un pas décidé, faisant claquer ses talons sur les pavés du hall gigantesque.


Lorsqu'elle poussa la porte de ce café, habituel et réconfortant, Alison s'installa à sa table de chaque soir. Dans un coin, sombre et seule de l'endroit. Par habitude, elle commanderait bien un café latte histoire de récupérer un peu d'énergie avant de rentrer mais ces moutards l'avaient réellement assommé. Et, également, elle avait pour protocole de déposer la carte tout de suite, réclamant son café d'une voix basse, en scrutant son téléphone. Mais celui-ci annonçait l'arrivé d'un texto, provenant de « Mom ». Dépitée, elle décida de saisir la carte et, d'un regard bref, de scruter la salle à la recherche d'un employé. La multitude de têtes inconnues s'élevaient devant elle et au bout de quelques instants, elle abandonna. Jusqu'à ce qu'elle vit ce visage. SON visage.

Elle écarquilla les yeux, se demandant si il travaillait ici et pourquoi elle ne l'avait jamais remarquée. Dans le doute, elle n'osa pas lever la main afin de l'appeler, pour passer commande. Alison se contenta de scruter, curieuse et ... Intriguée.

Il s'approcha de sa table. C'était évident. Non, je le dis parce que les premières secondes d'observation ne suffisaient pas pour qu'Alison s'en rende réellement compte. Venait-il pour sa commande ? Ou peut-être ne travaillait-il pas ici et avait pitié de sa solitude ? Quant bien même, le statut n'y faisait rien. Il était beau, cet homme.

Lorsqu'il s'amena près de la table, carnet à la main, elle saisit dans l'instant qu'il travaillait bien ici. Et cette évidence la fit glousser. Bien sûr, Alison. Que croyais-tu ? Maladroitement, les doigts de la blondie trifouillèrent les rebords de la carte, nerveuse avec ses idées un brin mélangées.

« Hem... Au fait, je... Je crois que je vais tenter un Kir. Je n'en ai jamais goûtée ! » confessa-t-elle, haussant les épaules comme pour se confier d'un véritable péché. Son malaise se dissipait, laissant place à une détente tout de même soutenue par la peur qu'il ne la trouve ridicule. Mais son sourire en coin acheva de la convaincre de son professionnalisme.

« Nous avons encore du gâteau au chocolat si vous aimez ça... »

Il est doué. Ou alors, il sait que les femmes aiment le chocolat. Devait-elle comprendre un message là dedans ou peut-être n'était-ce qu'un moyen de dépenser davantage ? Alison, calme-toi.

D'un geste bien familier, elle secoua légèrement sa crinière blonde, relevant sa frange. Elle s'éclaircit la gorge, souriant en coin. Elle ne pouvait s'en empêcher.

« ... J'adorerais ! »

Elle avait sortie cette réponse dans un quasi-soupir. Non pas qu'elle voulait montrer un aspect particulier mais bien parce que toutes ces pensées "de filles" l'avaient épuisée en quelques secondes. De plus, Alison n'appréciait pas spécialement le chocolat mais un peu de sucré lui remettrait ses états en place.

D'un geste de paume, elle déposa la carte sur sa table, lentement, en douceur. Puis, baissant les yeux, elle s'empêcha de les redresser. Elle allait boire son Kir et rentrer chez elle. Mais quelques extravagances ne lui feraient aucun mal.

« Vous êtes seul à servir ? J'espère ne pas vous donner trop de travail alors... Prenez votre temps pour la commande. A votre aise... Je ne suis pas... Pressée. »

La carte glissa jusqu'au rebord de la table, elle la lui tendit. Et lui lança un regard en coin, aussi. Tout comme son sourire timide.