enterre la hache de guerre, sait où elle est cachée...

Une soirée chez Capucine. Tout ce qu'il y a de plus normal. Des clips, films, chocolats, ragots, et racontage de vie. Hally ne se doutait pas qu'un peu plus tard dans la soirée, elle quitterait l'appart de son amie parce que Lukas l'attendait en bas de chez elle, après quelques sms échangés. Non, elle pensait qu'elle allait tout simplement rentrer, et comme la veille, mettre la musique fort dans la chambre avant de se coucher, pour embêter sa colocataire. Des musiques assez significatives, comme ces messages qu'elle s'amusait a lui tweeter. C'était une grande enfant peste, Hally. Elle avait toujours fonctionné comme ça. Certes, elle le faisait comprendre a Savannah par sa froideur a son égard, mais aussi par les taches au travail qu'elle accomplissait avec oisiveté? C'était idiot, car son amie lui donnait un coup de pouce pour sa carrière et la rancoeur l'aveuglait. Parfois elle se demandait si elle lui en voulait encore. Et puis ça revenait, rien que de la voir, rien que de l'imaginer avec Lukas. L'amour rend con. Au point de faire passer des messages sur des réseaux sociaux.
Mais l'amour, c'est justement ce qui nous amène a aujourd'hui. Elle s'était donc retrouvée chez lui, et une chose en entrainant une autre, elle termina dans son lit, a s'emboiter comme des legos. De nombreuses fois, depuis qu'elle était revenue, qu'elle l'avait retrouvé, elle avait eu envie de lui dire qu'elle l'aimait. Mais a chaque fois, elle l'avait garder en elle. Elle préférait cette situation, qu'à un Lukas qui la fuirait, comme la peste, pour quelques mots. Pourtant, elle était sur qu'il tenait a elle, plus qu'a deux amis qui couchent ensemble, plus qu'a un plan cul. Sa preuve irréfutable ? Leur week end pour la St-Valentin, en chalet. Plus romantique, tu meurs. Il était tendre, il était doux, mais il était toujours lukas. Et durant cette fameuse nuit, alors qu'elle était totalement a sa merci, il lui demanda « tu m'aimes? » Son cerveau, incapable d'émettre un signal d'alerte, succomba, et répondit par l'affirmative, d'un gémissement. Et lorsque les Legos eurent finit, que l'adrénaline retomba, Hally se mit a angoissée. Une bonne partie de la nuit. Son mal aise palpable, Lukas, grand chevalier, détourna sa réponse qui semblait alors s'etre transformée en « oui j'aime couché avec toi. » Mais la petite blonde demeurait toute étrange. Elle venait de lui dire. Elle le savait. Et elle savait qu'il savait. N'est ce pas ? A moins qu'il ne soit vraiment con ? « ton regard » comme il disait, son regard ne trompait pas. Mon dieu... Elle n'eut qu'un peu de temps pour penser a ces mots, leurs conséquences, avant d'oublier tout ça contre le corps chaud de l'homme a ses coté. Round 2. C'était peut-être ça la solution, ne plus penser? Demander a une fille de ne plus penser a l'amour, c'est comme dire a un chien de ne plus renifler un derrière !

Ce qui nous amène a aujourd'hui. empruntant sa voiture, elle se rendit au travail. Le trajet lui sembla interminablement long. Elle se retrouvait enfin seule, pour penser a eux. Ou en était-il ? Arrête Hally, arrête ! Et concentre toi sur la route, ou tu vas péter sa voiture. Une voiture cassée et un je t'aime en si peu de temps, c'est trop pour un seul homme. Elle se gara comme New-york le lui permis, a l'arrache. Elle était déjà en retard, mais si elle faisait vite, peut-être que personne ne le remarquerait? Elle voulait tellement en parler ! Elle avait besoin d'en parler. Mais elle ne pouvait pas le faire par texto, avec Hanna. Et l'appeler n' était pas envisageable au vue de l'heure. Elle posa ses affaires, et essaya de se calmer en fixant le reflet empourpré , et épuisé, dans l'ordinateur éteint. D'ailleurs. En un clic elle l'alluma, consultant les mails et rendez-vous de savannah. Certains étaient notés, d'autres non. La raison ? Faire chier. Faire louper des rendez-vous a sa « boss » avait été un jeu sympa, au début. C'était pardonnable. Elle était nouvelle. Elle soupira. C'était peut-être le moment de passer a autre chose? Et puis malgré les apparences, Naughty lui manquait. Elle avait beau vivre avec ou travailler avec, elle lui manquait. " Merde, le café ! " pesta-t-elle en sautant de sa chaise, attrapant son sac. Elle se rendit au starbuck le plus proche. « comme d'habitude? » demanda la serveuse « Non, avec uniquement du lait de soja et sans sucre, ce coup ci » rectifia Hally. C'était pas une hache, et elle n'allait pas l'enterrer, mais c'était peut-être un bon début ? Elle régla, et retourna la-bas, a la recherche de son amie perdue. Elle toqua et entra dans le bureau comme chaque matin, pour lui déposé la boisson. Étant une fille plutôt fière, elle ne parvint pas a faire preuve de politesse, digne d'un grand bonjour fanfaronnant. Continuant ce jeu de « je t'évite », elle posa donc la boisson sans un regard. Pourtant, pour la première fois depuis un moment maintenant, Hally lui adressa la parole pour autre chose que le travail. Ou presque. « tu as un rendez- vous dans 35 minutes. Cherche pas, il est pas noté» dit-elle, avouant un peu son sabotage de l'emploi du temps de Sav. « et j'ai dis a Lukas que je l'aimais. » déclara-t-elle sur le même ton professionnel, avant de faire demi tour. Lève toi, prend moi dans tes bras et on oublie tout. J'ai envie de chialer et d'hurler de joie... suppliait la petite voix de Hally, comme si la petite voix de Sav allait l'entendre. Elle avait besoin d'en parler, de se confier, d'avoir des conseils, mais surtout elle avait besoin d'une amie, là. Et malgré sa mauvaise foi, elle devait l'admettre, Savannah en était une.

Hally jolie

Exténuée par sa très longue journée de travail, Savannah s’effondra sur son lit. Elle laissa ses jambes pendre au dessus du parquet et enfouit sa tête dans un oreiller. Ne pas gifler Hally lui demandait bien plus d'énergie qu'elle ne l'avait prévu. Le hasard faisant bien les choses, il avait fait que les deux jeunes femmes soient amenées à travailler ensemble, justement quand les deux concernées ne pouvaient plus se voir en peinture. Hally se montrait très claire : elle détestait la styliste et menaçait de lui briser chacun de ses os pendant son sommeil. Autant dire que le plaisir de dormir était aujourd'hui une denrée rare que Savannah recherchait à tout moment de la journée. Elle s'était même surprise à faire une petite sieste au bureau, un après-midi. Bien sûr, Savannah s'en voulait. Elle savait qu'Hally aimait bien plus Lukas qu'elle ne voulait bien l'avouer. Les amitiés améliorées donnaient rarement de bon résultats. Elle était bien placée pour le savoir ! Mais depuis qu'elle l'avait surprise avec son sexfriend, la blondinette lui menait la vie dure. Comme si c'était ma faute ! Franchement ! La jeune fille semblait oublier qu'il fallait être deux pour coucher. Et ce qui chagrinait le plus la belle Lewis-Butler, c'était qu'Hally ne lui faisait apparemment pas confiance. Elle ne l'écoutait même pas quand Savannah tentait de s'expliquer. Elle se contentait de lui lancer un regard glacial et de s'enfermer dans une autre pièce. Quelle réaction mature ! Mais Savannah pouvait comprendre. Elle aurait sans doute était la plus têtue des deux, à sa place. Alors, pour une fois, la styliste s'était dit qu'elle allait être celle qui se comporterait en adulte. Savannah appréciait énormément Hally et ne la laisserait pas détruire leur amitié. Un bon plan, en théorie. Mais en pratique, la tâche s'avéra très vite être des plus difficiles. Il faut dire qu'Hally n'y mettait absolument pas du sien. La jeune femme la soupçonnait même de lui faire volontairement manquer des rendez-vous importants. Son café était imbuvable et son sommeil en prenait un sacré coup. Et pour cause... Non, putain non... Hally je t'en supplie ! l'implora-t-elle en silence. Hally venait de mettre sa stéréo en marche et les hauts parleurs criaient dans tout l'appartement. Pour avoir déjà essayé quelques fois, Savannah savait que demander poliment de baisser le son ne fonctionnerait pas. Pour la simple et bonne raison qu'Hally voulait la déranger. Elle le faisait sciemment. Savannah étouffa son cri de désespoir dans l'oreiller sur lequel elle s'était effondrée quelques minutes auparavant. Elle était à bout de nerfs ! Ok, là ça suffit ! Je vais la butter ! Aussitôt, Savannah se redressa et sauta de son matelas. Elle attrapa un grand sac de couturier et y fourra de quoi se changer et se débarbouiller le lendemain matin. Elle passerait la nuit à l'hôtel. En quittant l'appartement, Savannah claqua la porte derrière elle. Elle venait d'être expulsée de sa propre demeure par une gamine. Ça fait mal d'être l'adulte !

Assise sur sa chaise de bureau design, Savannah répondait par mail à une de ses clientes qui tenait absolument à la voir cette après-midi même. D'après elle, le standard était occupé. Hally ! La jeune femme prit une grande inspiration et s'efforça de répondre qu'elle passerait la voir personnellement en fin d'après-midi. Une fois le mail parti, la jeune femme tendit la main vers le café qu'elle s'était acheté en chemin. Celui d'Hally était à vomir ! So much for my favourite soy latte! Dieu, que boire une gorgée de cet élixir lui avait manqué ! Savannah soupira de bonheur : elle était reposée et buvait enfin un café décent. Mais cette bonne nuit de sommeil lui avait faite réaliser que tout cela avait bien trop duré. Si la défense ne fonctionnait pas, il fallait peut-être passer à l'offensive ? L'instinct de Savannah reprenait le dessus. Et cette maturité si durement acquise ne faisait plus le poids ! Hally voulait la jouer garce ? Et bien, elle n'avait qu'à bien se tenir ! La reine des pestes manipulatrices était en ville, et son nom était Naughty Lewis ! La porte de son bureau s'ouvrit sans que quiconque ne se soit annoncé en frappant. Tiens... La jeune fille déposa un gobelet de café sur son bureau. Ce à quoi Savannah répondit en terminant son propre café avant de le balancer dans la corbeille. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à lui lancer une remarque désobligeante, Savannah remarqua que sur le gobelet apporté par la jolie blondinette, quelqu'un avait marqué "soja sans sucre" au marqueur. Chose qui n'était plus le cas depuis plusieurs jours. Savannah plissa les yeux, méfiante, et les leva vers Hally. Elle évitait son regard. Comme d'habitude. "Tu as un rendez-vous dans 35 minutes. Cherche pas, il 'est pas noté" Je le savais ! Hally trafiquait ses rendez-vous et s'amusait à lui en faire rater. Savannah fit la moue, prête à lui passer un savon. Mais Hally l'interrompit une nouvelle fois : "et j'ai dis à Lukas que je l'aimais.". Savannah pencha la tête sur le côté, se demandant un instant si elle avait bien entendu. Tu quoi ? demandait son visage. C'était plus fort qu'elle :

« Et qu'est-ce qu'il a dit ? »

Non ! Ce n'était pas ce qu'elle devait dire. Elle aurait dû l'incendier, lui dire qu'elle s'en foutait pas mal de son Lukas, qu'elle et son mannequin incapable de la respecter de sexfriend pouvaient bien aller se faire foutre en enfer ! Mais non. Son affection pour Hally revenait au galop ! Et puis... C'était la première fois en plusieurs semaines que la jeune femme lui adressait la parole ! C'est un progrès, pas vrai ?

enterre la hache de guerre, sait où elle est cachée...

"Et j'ai dis à Lukas que je l'aimais." Et j'ai dis à Lukas que je l'aimais.... Comme c'était stupide de sa part ! Elle s'en voulait tellement d'avoir cédé ! Maudite soit-elle ! Elle avait pourtant réussi a se retenir, de nombreuses fois. On dit que dire "je t'aime" c'est compliquer, la première fois, mais ne pas le dire du tout pour ne pas faire fuir la personne pour qui on a des sentiments, c'est encore bien plus difficile ! Imaginez vous, yeux dans les yeux avec l'élu de votre coeur, après avoir passer des moments intimes, après avoir eu une surprise pour la saint valentin, après un baiser tendre??? imaginez vous devoir vous mordre la langue lorsque votre coeur s'emballe, pour vous taire ? C'est tellement lourd, et frustrant ! Et pourtant, cette déclaration lui pesait. Il l'avait prise, certes, mais en traitre ! Pourquoi lui avait-il demander ça ? Parce qu'il s'en rendait compte? En même temps, il suffisait de suivre le compte Twitter d'Hally pour se rendre compte qu'elle était amoureuse, et il était bien placé pour savoir envers qui cette affection se tournait. Voulait-il savoir ça, parce qu'être sexfriend, lorsque l'un des deux est amoureux, c'est nul, ou parce qu'il l'aimait bien, aussi? Elle s'en arracherait les cheveux, si elle ne les aimait pas autant..

« Et qu'est-ce qu'il a dit ? » Hally, dos a Savannah, s'apprêtant a quitter la pièce, eut un léger sourire. Les rouages de l'amitié s'emboitait doucement, a nouveau. Lentement, ceci dit. Elle tua son sourire en mordant sa lèvre se rendant compte qu'elle s'était un peu menti a elle même. Quelques secondes plus tot, elle s'imaginait tout oublier a l'instant ou elle se confierait a Savannah, pour tourner la page, l'arracher, la mettre au feu. Mais son esprit tordu voyait la chose autrement. Cette page était costaud. Elle se retourna, pour lui faire face, et pour la première fois depuis leur dispute, elle la regarda droit dans les yeux, et sans mépris, dédain, yeux noirs. Elle la regardait juste, cherchant du réconfort dans ces yeux noisettes, cherchant un moyen de s'accrocher a eux. Ce fut un échec, car le contact se brisa lorsqu'elle haussa des épaules, avant de se prendre dans ses bras, gênée. Pas d'en parler avec Savannah, mais du vide qui l'entourait. " Rien." Elle pouffa d'un rire triste, en haussant les épaules a nouveau, se rapprochant du bureau. "Mais c'était pas aussi silencieux que ça en a l'air." Elle s'assit sur la chaise en face du bureau de la brune, et croisa les jambes, posant ses mains sur ses genoux, jouant avec ses doigts, en les fixant. Ca va, à l'aise ! commenta-t-elle, elle même. En même temps, elle avait besoin d'être assise pour le dire, si elle ne voulait pas avoir les jambes qui flanche, et puis, elle était libre 30 minutes, c'était pas comme si elle dérangeait? " a qui tu essaie de faire croire ça." songea-t-elle. S'apprêter a parler a Savannah lui semblait moins facile qu'elle l'avait espéré. C'était comme essayé d'être proche, d'une amie que l'on a perdue de vu pendant des années. C'était déplaisant, de ressentir ça pour elle. Mais heureusement, la blonde avait toujours été du genre a parler encore et encore, même avec des inconnus, ça ne devrait pas trop se voir, n'est-ce pas? : " On était en train de... faire ce qu'on fait de mieux ensemble, et il m'a demandé si je l'aimais. Je vais pas hurler le même oui mais - elle releva son regard avec un petit sourire, comme pour dire un : parce que je prenais mon pied , muet, avant de le perdre et de rebaisser les yeux. Savannah pouvait imaginer facilement, puisqu'elle était passée par ça aussi... Elle n'arrivait décidément pas a oublier. Sa nuque fut comme engourdie, et elle passa sa main dessus avant de reprendre le jeux de ses doigts, admirant sa manucure - fin bref... quand j'ai réalisée que j'y avais répondu, je me suis sentie super mal, j'ai cru qu'il allait me dire : prends tes affaires, casses toi ! " Parce qu'on sait bien qu'il est du genre a fuir tout ça - le "on" qu'elle venait de prononcer lui tapa un grand coup de pied dans le ventre - mais non. Il était tout tendre, et il a réussit a faire disparaitre mon malaise petit a petit... Mais il a pas vraiment répondu." avoua-t-elle, un peu déçue, mais aussi rassurée. Pourquoi ? Parce que ça lui évitait d'entendre une réponse qu'elle ne voulait pas entendre. Elle craignait tellement une sorte de réponse comme : " Tu m'aimes ? Ah, ben c'est dommage. Salut ! " Elle leva timidement ses yeux sur Savannah, bien loin de la Hally dynamique, fofolle et sur d'elle. Faut dire qu'en ayant réfléchit toute la nuit, entre deux parties de jambes en l'air, elle ne pouvait qu'avoir mauvaise mine.

Hally jolie

Je vais la tuer. Je vais lui arracher ses ongles manucurés un à un, les broyer, les faire manger à son futur chihuahua, dépecer la pauvre bête et... « Et qu'est-ce qu'il a dit ? » Nooo! Hun-hun! I didn't mean that! Savannah ressentit le besoin urgent de se cogner la tête contre le mur le plus proche. Pourquoi ne pouvait-elle pas hurler sur Hally, purement et simplement ? La réponse était simple : elle tenait toujours autant à ce petit bout de femme. La blondinette lui rappelait ce qu'elle avait longtemps été. Et maintenant qu'elle faisait le premier pas, Savannah ne pouvait pas supporter de l'imaginer souffrir comme elle avait souffert dans sa jeunesse. "Rien." lui répondit la blondinette. Puis, devant l'air songeur de Savannah, la jeune fille se mit à pouffer tristement. Tu t'attendais à quoi d'un sexfriend ? Mais Savannah manquait le plus important : c'était Lukas qui avait tout fait pour qu'Hally lui avoue ses sentiments. Le fait qu'il n'ait rien répondu ne voulait absolument rien dire, si ce n'est qu'il ne pouvait pas répondre. Pas encore. Au moins, il n'avait pas eu la mauvaise idée de mentir sur ses sentiments, ou encore de la jeter dehors comme une malpropre ! "Mais c'était pas aussi silencieux que ça en a l'air." Pitié, pas de détails... On n'en ai pas encore là. Si Savannah semblait en bonne voie de pardonner Hally pour sa réaction – damn it!, elle ne l'était pas encore pour entendre les histoires de cul de son amie. Pas quand cinq minutes de là, la jeune fille lui menait la vie dure à cause de ce même type. Un homme que Savannah ne portait plus vraiment dans son cœur. Ce n'était pas qu'elle le détestait. En fait, elle se fichait un peu de son comportement. Ç’aurait été hypocrite de sa part de prétendre haïr le comportement d'un homme aux mœurs légères quand elle était elle-même une de ces filles à coucher avec un homme différent quasiment chaque soir ! Non, Savannah était simplement jalouse de Lukas. Celui-ci était tout aussi fautif qu'elle – si ce n'est qu'il ne connaissait prétendument pas encore les sentiments de la jolie blonde – et était tout de même parvenu à regagner Hally à sa cause sans en payer le prix fort. Hally s'assit devant elle, de l'autre côté du bureau et prit ses aises. Savannah croisa les mains, les coudes posés sur son bureau. Elle replaça une mèche de cheveux rebelle d'un mouvement de la tête et se re-concentra sur son amie. "On était en train de... faire ce qu'on fait de mieux ensemble, et il m'a demandé si je l'aimais. Je vais pas hurler le même oui mais" Savannah grimaça en voyant un petit sourire s'étirer sur les lèvres d'Hally avant de disparaître, aussi promptement qu'il était apparu. Oui, Lukas était un bon coup... Mais elle ne faisait peut-être pas bien de le rappeler aussi tôt dans leur relation, alors qu'elles considéraient à peine l'idée d'une réconciliation. "fin bref... quand j'ai réalisé que j'y avais répondu, je me suis sentie super mal, j'ai cru qu'il allait me dire : prends tes affaires, casses toi ! Parce qu'on sait bien qu'il est du genre à fuir tout ça" Will you drop it already? Nouvelle grimace Lewis-Butleranesque : ne pouvait-elle pas faire une phrase sans lui envoyer de nouvelles attaques masquées ? "... mais non. Il était tout tendre, et il a réussi à faire disparaître mon malaise petit à petit... Mais il 'a pas vraiment répondu." Savannah pencha la tête sur le côté : voulait-elle vraiment de son avis ? Comme Hally ne prenait pas ses jambes à son cou et n'avait pas l'air de cacher deux couteaux aiguisés sous ses manches, la brunette se décida finalement à parler.

« Lukas n'est pas le type de mec à n'avoir qu'une seule nana... »

La jeune femme se recula dans sa chaise, comme pour éviter des débris d'obus.

« C'que je veux dire, c'est qu'entendre que tu l'aimes et ne pas fuir dans la seconde, c'est déjà un progrès de malade pour lui. C'est même... surprenant si tu veux mon avis. »

Se pouvait-il qu'Hally ait finalement réussi à transpercer l'armure dorée du mannequin à grands coups de nuits endiablées ? Si quelqu'un pouvait le faire, c'était sûrement elle !

« Je crois que... tu es complètement tarée et que tu viens de sauter à l'élastique sans harnais. »

Savannah esquissa le début d'un sourire.

« Mais c'est censé être ça l'amour, pas vrai ? Pour l'instant, tu es encore en chute libre. Mais au final, Lukas sera là pour t'attraper. Et s'il ne le fait pas... Et bien c'est un crétin. »

Elle ne l'avait éprouvé qu'une seule et unique fois. Et aujourd'hui, elle pensait le revivre avec son meilleur ami. Je n'suis vraiment qu'une pauvre fille... Si Hally parvenait à trouver l'amour avec le parfait coureur de jupons, son cas devait être désespéré.

« Et si tu t'écrases lamentablement au sol, je t'offrirais une carte de membre et un abonnement annuel à la boutique Suisse de chocolats la plus proche ! Mais je te préviens, la présidente, c'est moi. Je peux toutefois tirer les ficelles pour te nommer trésorière. Mais je ne le te souhaite pas. »

Savannah tendit la main pour attraper celle d'Hally. À quoi bon essayer de garder ces rancœurs vivaces ?