“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”
3 :45
C’est l’heure qu’affiche le radio réveil lorsque je pose ma main encore tremblante dessus. Depuis mon arrivée à New-York chaque nuit, le cauchemars revient sans faute, et ponctuel . Pour la énième fois donc, je me réveille en sueur ayant du mal à retrouver mon souffle ; espérant que Jenna n’ai pas entendu mes cris … Il faut dire que ce cauchemars ne vient pas du tout du fruit de mon imagination ; non c’est un souvenir qui me hante ! Cette fameuse nuit s’est déroulée dans cette ville ; il y a presque deux ans, raison pour laquelle tout me revient en mémoire depuis que je vis ici. C’est ce genre d’évènement qui vous colle à la peau malgré vous, vous essayer de l’oublier tant bien que mal ; et un jour miracle , vous pensez avoir réussi ! Et l’effet boomerang arrive à retardement , pour mieux vous arrivez en pleine face . Cette nuit –là je n’ai rien pu faire pour elle, cette nuit-là une femme est morte ; j’ai vu la personne qui conduisait et je n’ai rien dit : le bruit du choc me revient et je tressais d’avantage , l’impression d’étouffer s’intensifie !
Me dépêtrant tant bien que mal avec le plaid qui me recouvre , à cet instant j’ai l’impression qu’il me sert tel un boa constrictor , alors de toutes mes forces je le repousse et me lève , allant me chercher un verre d’eau ; même si vu mon état un autre liquide aurait été préférable . Mon cœur ne cesse de bondir dans ma poitrine, comme –ci j’avais couru des kilomètres . Serait-ce ma conscience ?! Je n’en sais rien et pour être honnête je suis inapte à réfléchir …. Oui j’aurais pu parler, le dénoncer et pourtant je n’ai rien fais ; pourquoi… La vraie réponse c’est que je ne sais pas !
Privée de ma voix j’étais encore en état de choc . Complètement paralysée comme prise dans du ciment, effondrée de l’intérieur , de ne rien avoir pu faire pour la sauver , après la collision avec la voiture …. Il pleuvait et au fond peut-être que je n’avais pu lire clairement la plaque d’immatriculation … Je n’ai parlé de cette nuit à personne même pas à ma sœur, que j’étais venue voir le temps d’un week-end . Comme un sujet tabou , un secret obscur .
Quelques minutes plus tard je me retrouves sous la douche qui coule à grande eau, je tente de retrouver mon calme , mais les flash-backs s’enchainent dans mon esprit . Alors comme souvent depuis cette nuit je m’installe une fois en chemise de nuit , sur mon ordinateur portable , tapant le nom du détenteur de la voiture : Julian Evans .
Accompagnée d’un thermos de café je fouine alors partout, réseaux sociaux page web , la moindre information où son nom apparaitrait …. Lisant page après page , cherchant désespérément quelque chose pour me rassurer : une photo qui me ferait comprendre que ce n’est pas lui que j’ai vu cette fameuse nuit, que je fais totalement fausse route ! Mais c’est tout le contraire qui se passe , je lis qu’il est étudiant en médecine … Et d’autres informations …
Je ne saurais dire si j’ai retrouvé le sommeil ; lorsque le soleil se lève je vais avaler un semblant de petit-déjeuner : un toast et un café quand une idée folle me passe par la tête avant de s’incruster fortement ! C’est décidé il faut que j’y aille … C’est de la folie , le pire c’est que j’en ai conscience mais je dois le faire .
Quelques heures plus tard, je me retrouve dans le parc qui se situe en face de l’hôpital où il travaille . Etrangement être si près d’un hôpital, me retourne l’estomac ; le manque du bistouri me prend … Je sais que j’ai eu raison de tout plaquer , je n’avais pas la force de continué .. Cependant je ne suis pas interne ni résidente c’est comme-ci j’avais perdu mon identité propre lorsque j’ai arrêté la médecine !
Mais maintenant que je suis là , comment vais-je l’aborder ? Et comment lui dire qui je suis et surtout que je sais tout, sait-il au moins que la jeune femme est morte …