Ce soir c'est samedi, et samedi soir, c'est party ! J'ai reçu une invitation pour l'inauguration d'un nouveau bar branché, super hipe, THE future place to be, autrement dit, mon future QG. Ce soir je me sens d'humeur festive. Je suis joyeuse, heureuse voir euphorique...c'est fou ce que j'aime cette sensation ! J'ai l'impression de voler, de passer largement au dessus de tous les soucis...Rien ne peut m'atteindre ou m'arrêter ! Enroulée dans mon peignoir blanc, je me dirige vers la cuisine, les cheveux encore légèrement mouillés, avant de me jeter sur un plat de pattes en sauce préparé par ma soeur chérie, que dis-je ? Préparé par ma nounou chérie ! En phase bipolaire haute, tout était exacerbé chez moi et j'avais un appétit d'ogre. Alors que j'engouffre une quantité hallucinante de nourriture, mes pensés fusent dans tous les sens, et les yeux écarquillés, je tente de m'y retrouver. Il fallait que je m'habille, que je me coiffe, que je me maquille, que j'appelle un taxi, que je mette l'invitation dans mon sac, que je retrouve mes Louboutin bleue nuit...pourquoi on appelait ça bleu nuit déjà ? La nuit c'est pas bleu, c'est noir ! Et puis pourquoi y avait-il autant de nom de couleur ? Ce n'était que des couleurs après tout ! Jaune poussin, bleu canard, vert pomme....il y avait vraiment de quoi s'y perdre !

Encore dans mes pensés, je ne l'entend même pas. En crise, il était très compliqué d'attirer mon attention. Quand j'ai quelque chose en tête, je suis focalisée dessus et il faut être sacrément fort pour m'en détourner !

Agacée, je lève les yeux au ciel en soupirant. J'aimais ma soeur plus que tout, c'était un fait, mais c'était fou ce qu'elle pouvait être énervante parfois ! C'était à croire qu'a chaque fois que j'étais un minimum heureuse, elle ne pensait qu'à me gâcher mon plaisir. Quand j'étais euphorique comme ce soir, elle tentait toujours de faire baisser mon taux d'excitation, pensant que ça allait m'aider...foutaises !

La dernière bouchée avalée, je quitte le bar de la cuisine d'un pas guilleret, me dandinant sur une musique inexistante, en direction de mon immense dressing. J'en ressors 10 minutes plus tard, vêtue de ma dernière trouvaille, une petite robe noire de chez Valentino. Je termine ensuite rapidement de sécher mes cheveux. Inutile de perdre du temps à les lisser, ils seraient tout ébouriffés à peine quelques minutes plus tard dans mon état. Mon taxi appelé, j'enfile donc mes chaussures retrouvées, un manteau noir mi-long, attrape ma pochette de la même couleur, et quitte mon petit chez moi, sous le regard inquiet de ma soeur.

Je m'installe confortablement à l'arrière du véhicule, pose légèrement ma tête contre la vitre, tout sourire et impatiente à l'idée d'arriver à cette merveilleuse soirée. Mes yeux pétillants et mes joues rosies pas l'excitation, je trépigne et me sens voler !

Un homme en costard que je ne connais pas, récupère mon invitation et appelle une petite blonde qui vient récupérer mon manteau pour le mettre au vestiaire, avant de me placer une coupe de champagne à la main. La soirée commençait bien ! J'ébouriffe légèrement ma crinière brune en arpentant rapidement la pièce de mes magnifiques billes bleues, à la recherche d'un visage connu. Recherche efficace, j'en voit 3 ! Je m'avance donc dans la foule afin d'aller rejoindre Camilla, mais une immense masse de muscle me barre subitement le passage.

Je sursaute en poussant un léger gloussement, ôtant quelques mèches sauvages qui se promènent devant mon visage, et pose finalement mon regard profond sur l'inconnu, que dis-je ? Le charmant inconnu ! Quel homme ! Une étincelle éclaire mon regard, alors qu'un large sourire un brin charmeur s'affiche sur mon visage. Cible repérée et missile armé, la soirée s'annonçait vraiment festive !

Ce soir, la nuit était à moi et je comptais bien en profiter. Pas de chaperon sur le dos, pas de déprime, pas de pensés suicidaires...le bonheur ! Quoi que, ça pouvait changer à tout instant...C'était en partie ce qui me faisais me questionner quant à la prise de mes médicaments ou pas. C'est sur, dans mon état, tout ressentir de façon si intense était grisant, exaltant, et tout ce qu'on peut en dire, mais ça avait également ses mauvais côtés. Quand j'étais beaucoup moins joyeuse, je ressentais les choses tout aussi intensément...pas cool ! Les médocs régulaient un brin mon humeur au moins. Mais j'étais prête à prendre le risque de foutre ma vie en l'air dans un excès de délire, juste pour ressentir ces quelques instants de liberté totale. J'étais libre de toute entraves, libre de faire, de dire, de ressentir tout ce que je voulais. Rien ne m'étais interdit. Du moins beaucoup de chose me l'étaient, mais je faisais fi des interdictions. Elles ne faisaient pas partie de mon monde. Dans ma réalité à moi, j'étais soit la reine du monde, soit la dernière des sous merde. Tout dépendait de la période.
Ce soir donc, je suis un peu comme une enfant de 5 ans, sans limites, lâchée dans un magasin de bonbon. Voilà, c'est tout à fait ça ! Une coupe de champagne à la main, je tente une fois de plus de rassembler mes idées et mes pensées, tâche bien difficile étant donné que j'ai la capacité de concentration d'un poisson rouge amnésique dans les phases haute de ma maladie. Alors que je me dirige vers Camilla afin de tenter de paraitre le plus normale possible aux yeux de tous, un canon sauvage surgit de nul part, me barrant soudainement la route. Il était d'ailleurs très probable que je me sois dirigée vers lui sans m'en rendre compte, mais comme je l'ai dis, je n'étais pas totalement au contrôle ce soir.
L'inconnu m'adresse un sourire gêné à tomber et je fonds de l'intérieur. Comment était-ce possible ? Impressionnant. D'un autre côté, la moindre de mes réactions était multipliée par mille, du moins, je les ressentais comme tel. Une petite pointe de contrariété me faisait entrer dans une colère noire, une petit coup de coeur se transformait en amour passionné et la moindre déception me plongeait dans une dépression profonde. Ma soeur tentait de m'épargner toutes forme d'émotion fortes, afin d'éviter mes réactions excessives, mais...elle ne pouvait pas non plus m'enfermer dans une bulle anti-émotion...bien qu'elle l'aurait souhaité. Bref, l'objet de mon désir prend doucement la parole

S'il m'avait fait mal ? Of course not ! Malgré ma petite carrure, j'étais bien plus coriace qu'on pouvait bien le penser...Quand on à survécut à un viol, plus rien ne peut nous faire de mal après tout !
Je ne parviens pas à ôter mon regard de son visage que je détaille le mieux possible avec avidité : une mâchoire anguleuse, une légère barbe de 3 jours, des yeux d'un vert très clair, envoutants, des cheveux d'un brun encore plus foncé que le mien...il était à tomber. J'ignorais que l'on pouvait encore croiser de telles créatures ! Cela devrait être interdit ! Il ressemblait comme deux gouttes d'eau à cet acteur là, mais si vous savez, celui qui joue dans la série de loup garou pour ado, Teen Wolf...Dereck machin chose ! Je le trouvais sacrément hot ce Dereck d'ailleurs ! Je mets quelques secondes avant de reconnecter à la scène (si je puis qualifier mon état actuelle de "connecté"), tentant de réfréner au mieux mon désir de lui sauter dessus sauvagement, puis lui répond en feignant une petite moue

Voilà qui était direct...j'étais dans un grand soir ! Je n'avais pas pour habitude de passer par quatre chemin...en crise, la patience n'était pas mon fort, et j'avais pour habitude de tout mettre en place pour obtenir ce que je voulais, sachant pertinemment que la frustration me poussait à des comportements dangereux, aussi bien pour moi, que pour les initiateurs de la dite frustration. Le dernier homme qui m'avait dit non était un homme marié qui, après m'avoir dragué ouvertement s'était ravisé...grossière erreur ! J'avais donc contacté sa femme, prétendant être la maitresse de son cher et tendre depuis 3 ans, et être enceinte de lui de 8 mois...Oups ! Je n'étais pas vraiment fière de moi, mais...ce n'était pas vraiment moi alors bon. Et puis ce n'était pas la première et certainement pas la dernière chose du genre que je faisais. Il fallait bien que je m'adapte et que j'apprenne à vivre avec cette partie de moi.
Je porte ma coupe de champagne à mes lèvres en attendant la réponse du jeune homme, impatiente de voir la suite des évènements.