epuis notre arrangement concernant notre mariage prochain, on avait commencé à brouiller les pistes avec JJ. Si au début, ça me faisait littéralement chier de passer du temps avec elle ou de rester dans son bureau pendant des heures pour ne rien faire d’autre que dormir ou regarder le plafond, à présent, ça commençait à m’amuser. Tromper mon monde avait toujours eu quelque chose de plaisant pour moi. Grand gamin comme je suis, faire spéculer les autres me faisait rire. On commençait à se rapprocher, jouant sur des regards, des sourires et des petites réflexions dégoulinantes de niaiseries et ma plus belle récompense était de voir les têtes que tiraient les autres mannequins et les employés de l’agence. Voir leurs regards surpris chaque fois que je quittais le bureau de JJ le sourire aux lèvres me faisait bien rire je dois dire. Quelle belle brochette de débiles. Je prenais un malin plaisir à les dévisager d’un air fier à chaque fois, comme si j’avais gagné quelque chose de la part de JJ. Je suis même certain que beaucoup pensent qu’on s’envoyait en l’air pendant ces longues heures qu’on passait dans la même pièce. C’est ce genre de pensée qui m’amusait le plus. Sérieusement, moi et JJ ? Les gens sont tellement cons qu’ils y croient… J’avais même surpris une conversation qui parlait de notre rapprochement. C’est tellement plaisant d’interrompre ce genre de commérage. Je me sens tout puissant avec tous les yeux braqués sur moi.

Enfin, notre plan avait été mis en place doucement depuis quelques semaines et ce soir, nous passions à la vitesse supérieure. Nous devons nous afficher ensemble aux yeux de tous. Enfin une occasion de la faire chier en l’embrassant devant tout le monde ! Ce soir, c’était la soirée de lancement de la campagne Under Amour pour laquelle j’avais accepté de devenir l'égérie. Enfin je crois ? Je ne sais plus exactement mais je sais que j’ai un contrat avec eux. Bref ! Ce soir, il faudra en mettre plein la vue. Alors pour se faire, je m’étais mis sur mon 31 et j’avais passé des heures dans la salle de bain. Oui, je devais être parfait. Même si je le suis déjà d’ordinaire. J’ai la classe en toute circonstance ! Mais ce soir, c’est ma soirée, je dois briller plus que d’habitude. Et j’espère réellement que JJ en fera de même. Il faut qu’on soit assorti et qu’on éblouisse tout le monde. Si on veut que le monde entier constate notre rapprochement, il faut qu’ils aient tous les yeux braqués sur nous et pas seulement sur moi. J’espère réellement qu’elle va faire un effort vestimentaire.

On avait prévu de se retrouver là-bas alors j’avais pris ma voiture pour y aller, puisqu’en théorie, on est censés repartir ensemble. Arrivé sur place, je parcourais la foule des yeux, mais je ne vis aucune trace de ma future femme. Seigneur, c’est tellement étrange de la définir de cette façon… Cependant, je ne restai pas longtemps tout seul parce qu’une jolie blonde vint rapidement me tenir compagnie alors que je venais à peine d’arriver. A croire qu’elle avait surveillé mon entrée. Evidemment, le naturel reprit le contrôle et je ne pus m’empêcher de lui adresser un sourire charmeur alors qu’elle me complimenta sur tout un tas de choses. Elle était mannequin elle aussi d’après ce que j’avais compris. On discutait depuis quelques minutes lorsque je sentis une main dans mon dos et une autre sur mon torse. Avant que je ne puisse me retourner pour voir de qui il s’agissait, ses lèvres se posèrent sur ma joue. Et sa voix se fit entendre. JJ. Evidemment. Sa manière de se coller à moi me fit sourire, elle marquait clairement son territoire. Elle s’excusa pour son retard expliquant qu’elle avait plein de choses à régler et elle espérait que je ne l’ai pas trop attendu. Je passais un bras autour de sa taille et je sentis rapidement qu’elle avait le dos nu… Hum. « Salut. » Je tournais alors la tête vers elle et restai stupéfait quelques secondes. Seigneur, c’est réellement JJ ? Waouh… Elle est franchement… à couper le souffle. Mais je ne m’attardais pas trop à la contempler, je me  penchais plutôt vers elle pour lui déposer à mon tour un baiser sur sa tempe. « Je suis arrivé il y a à peine cinq minutes. » Peut-être un peu plus ? Je ne sais plus… Je viens de perdre la notion du temps.

Elle se tourna vers la blonde qui m’avait tenu compagnie le temps qu’elle arrive et engagea la conversation avec elle. Personnellement, je ne les écoutais pas, j’étais trop occupé à détailler JJ de la tête aux pieds, dans la mesure du possible avec mon bras autour de sa taille et ma position. Elle arborait une coupe de cheveux que je n’avais encore jamais vu sur elle et qui lui allait à ravir. Son maquillage était tip top. Sa robe, bien que je ne la voyais pas complètement était splendide. Elle avait clairement sorti le grand jeu. Intrigué par son dos nu, je me penchais même en arrière pour regarder son dos. Pas très discret, certes. Elle avait tapé fort, clairement. La demoiselle blonde finit par partir, nous laissant seuls tous les deux. J’en profitais alors pour la lâcher et me mettre devant elle pour la regarder des pieds à la tête. « Tourne-toi pour voir ? Franchement, je dois bien admettre que tu es méconnaissable. Et dans ma bouche, je peux te garantir que c’est un compliment. » Sincère en plus de ça. Elle n’avait rien à voir avec la JJ que je côtoyais tous les jours. Là, très honnêtement, elle était carrément sexy et attirante.

« Mais je ne vais pas t’admirer toute la soirée, sinon tu vas prendre la grosse tête. » Plaisantais-je à moitié avant de revenir la prendre par la taille. L’avantage de ce genre de sortie en amoureux, c’est que je peux la tripoter allègrement. Mais je baissais d’un ton et me rapprochais de son oreille pour dire la suite. « Qu’on soit bien d’accord, on est censés bien s’afficher n’est-ce pas ? Alors tu ne viendras pas te plaindre si je me mets à t’embrasser soudainement ou ce genre de chose. On y va franco. Ça fait des semaines qu’on flirte, il faut passer à la vitesse supérieure. » Je m’écartais ensuite de son oreille pour pouvoir la regarder et rapidement je déposais mes lèvres sur les siennes quelques secondes, juste pour tester. « Ceci est un test, il y en aura d'autres. » Je sens qu’on va s’amuser. Enfin, moi c’est certain. Et puis, si je croise des femmes tout à fait à mon gout, je pourrais toujours évacuer ma frustration sur JJ. Que la fête commence.

e n’avais absolument pas l’habitude de voir JJ dans cette tenue et je dois dire que c’était assez surprenant. Elle pouvait faire des efforts quand elle le voulait. Parce que d’ordinaire, elle n’était pas top. Ce soir en revanche, elle était éblouissante. Je n’étais pas habitué à ça, ce qui expliquait donc ma réaction. Qui aurait cru que derrière l’iceberg sans émotion se cachait en fait une femme plutôt jolie et attirante ? Pas moi. Je la voyais toujours comme un robot, une machine qui ne servait qu’à me programmer les rendez-vous, mais ma vision des choses venait de changer soudainement. Ce soir, elle n’était plus mon agent. Du moins, pas uniquement. Je lui avais demandé de faire un tour sur elle-même et elle s’exécuta en minaudant, me demandant si elle me plaisait ainsi. Carrément. « T’es plutôt pas mal, je dois le reconnaitre. » Inutile de lui dire qu’elle est sublime, il ne faudrait pas qu’elle prenne la grosse tête. Et puis, les compliments ce n’est pas mon genre, elle risquerait d’en prendre l’habitude.

D’ailleurs, elle se mit à rire lorsque je lui en fis la remarque. Un rire franc, un rire vrai. Un rire que j’avais rarement entendu chez elle. En fait, je ne l’entendais jamais rire. Alors ce soir, c’était vraiment la soirée des grandes premières. Première robe. Premier vrai rire. Première fois que je m’affiche avec ma pseudo-copine. Non pardon, ma future femme… Première fois que je vais rentrer seul chez moi sans avoir une voire deux femmes à mon bras. Une soirée difficile en perspective, à moins que j’arrive à m’amuser aux dépens de ma future chère et tendre. Je peux toujours tenter de la déstabiliser en jouant l’amoureux un peu trop collant. Elle ne doit pas être habituée à être aussi proche d’un homme et puis, je peux toujours en profiter pour l’embrasser chaque fois que ça me chante. Elle ne pourra rien dire.

Après quelques échanges plus ou moins amicaux, je m’étais penché vers elle pour lui rappeler l’enjeu de la soirée et pour l’embrasser une première fois. Autant se mettre dans le bain au plus vite. Et puis si quelqu’un nous voit, ça rendra la chose bien plus crédible. Le baiser était rapide et je ne m’attardais pas trop. C’était juste une mise en bouche, si je puis dire – sans mauvais jeu de mot. Lorsque je rompis le baiser, elle posa sa main sur ma joue affirmant qu’elle était d’accord avec moi, pourtant selon elle, c’est moi qui avais un peu oublié nos règles un peu plus tôt, puisque j’étais en train de draguer quand elle était arrivée. Elle me rappela ensuite la règle numéro un interdisant les coucheries à droite à gauche. Je pris alors un air faussement outré. « Comment peux-tu penser une chose pareille ma chérie ? Je n’ai oublié aucunes de nos règles mais si je me souviens bien aucunes d’elles n’interdit le fait de se faire draguer. Je n’ai rien fait, c’est elle qui est arrivée vers moi. Je n’y peux rien si ton futur petit mari adoré attire les femmes avec son charme irrésistible. » C’est vrai en plus. J’avais simplement attendu JJ dans un coin et cette superbe blonde est arrivée vers moi tout sourire. Je n’allais pas la jeter sous prétexte que j’attendais ce qui me servait de future femme.

Elle finit par se détacher de moi pour me prendre par la main pour marcher à travers la foule qui commençait à se faire de plus en plus dense. Au bout d’un moment, on s’arrêta et elle m’indiqua un groupe de personnes. Elle me briefa alors sur chaque individu mentionnant particulièrement le blond du groupe, un certain Johnny Peterson. Elle m’expliqua rapidement qui il était, ce qu’il aimait et ce que je devais faire pour me faire remarquer. Elle passa ensuite à l’homme suivant, Samuel Morgan, celui qui s’occupait des séances photo et elle m’expliqua ce que je devais faire avec lui. Enfin… Disons qu’elle avait commencé sa phrase, mais elle n’avait pas pu la finir. Elle fut même coupée en plein milieu et je sentis qu’elle m’échappait, dans tous les sens du terme. Bordel, il faudra que je fasse quoi ? Et où est-ce qu’elle va là ? Surpris, je tournais la tête dans sa direction et je la vis alors dans les bras d’un homme. Ok. Alors non seulement on me l’arrache mais en plus on se l’accapare ? L’homme commença alors à lui parler comme si de rien était. Comme si elle n’était pas déjà occupée avec quelqu’un d’autre… A cet instant, la colère me submergea. On ne me vole pas MES jouets. JJ est avec moi, et ce pour toute la soirée. Je n’ai jamais aimé partager. Pour qui se prend cet abruti ? Alors que je le fusillais du regard, les lèvres pincées, j’attrapais vivement JJ par l’épaule pour la dégager de son étreinte et de l’autre main, j’attrapais la chemise de ce connard de voleur de nana. Etant plutôt impulsif de nature, je n’avais pas pu m’empêcher de me montrer aussi agressif. « Avant d’alpaguer la première nana que tu croises, assure-toi d’abord qu’elle est seule espèce de crétin. Tu te crois où ? Qui t’a permis de poser tes sales pattes sur elle ? » Après avoir lâché JJ, je l’avais attrapé des deux mains par le col. Il n’y avait absolument rien de sympathique dans le ton de ma voix. A cet instant précis, j’avais oublié où je me trouvais tant j’étais obnubilé par ce qu’il venait de se passer. « Je ne sais pas ce qui me retient de te refaire le portrait. » J’avais le poing qui me démangeait tellement... J’étais un baril de poudre, lui l’allumette. Un seul regard de travers, un seul geste que je jugerai agressif de sa part et le coup partirait. Ce serait plus fort que moi…

epuis toujours, avec JJ on communiquait à coup de piques et autres taquineries plus ou moins méchantes. C’était notre façon de communiquer depuis le début et mariage ou non, ça n’allait pas changer. Alors oui, elle ne put s’empêcher de plaisanter sur le fait que j’étais irrésistible et qu’elle avait une chance incroyable de m’avoir rien que pour elle. Tu ne crois pas si bien dire ! Evidemment qu’elle avait une chance folle. N’importe quelle fille rêverait d’être à sa place et d’épouser un homme aussi merveilleux que moi. Certaines tueraient pour être à sa place. Elle n’a vraiment pas de quoi se plaindre, bien au contraire. Mais l’heure n’était plus au jeu, on devait tromper les apparences pour que tout le monde croit à notre coup de foudre et notre futur mariage. Il allait falloir en mettre plein la vue mais sans oublier la véritable raison de notre présence ici, rencontrer les grosses têtes de la marque pour laquelle j’allais prêter mon image. Je n’étais jamais très motivé par ça. Mon boulot était plus un loisir qu’autre chose, mais bon. Je pouvais toujours tenter de retenir le maximum de choses.

Sauf que tout ne se passa pas comme prévu. Alors qu’elle était en train de faire ses recommandations, on me l’arracha littéralement. D’ordinaire, quand j’avais jeté mon dévolu sur quelqu’un, je n’appréciais pas la concurrence. Mais là, ce fut la goutte de trop. On était en pleine conversation et voilà qu’un abruti en avait décidé autrement. On ne me vole pas mes jouets ! En bon gamin capricieux que j’étais, je ne pus m’empêcher de me jeter sur lui après avoir récupéré JJ qui tenta de se défendre comme elle le pouvait. Pour qui se prenait cet abruti ? J’avais agi impulsivement, sans réfléchir une seule seconde. Ce genre de comportement avait le don de m’énerver très vite. A tel point que je le menaçais déjà de lui refaire le portrait. Et j’en étais capable, soirée importante ou pas. Je me fichais bien de ce que pouvaient penser les autres dans mon état. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit de plus, JJ s’interposa et posa ses mains sur mon visage pour attirer mon attention. J’eus du mal à détacher mon regard de ce crétin et je tenais toujours fermement sa chemise entre mes doigts serrés. Je posais tout de même mon regard sur elle, les lèvres pincées et le regard mauvais alors qu’elle prononçait mon nom et qu’elle me somma d’arrêter, assurant qu’elle allait bien. Je me fiche qu’elle aille bien, c’est le principe que je ne supporte pas. On ne vole pas une femme quand elle est en pleine conversation avec quelqu’un.

Elle continua sur sa lancée, m’assurant encore une fois qu’elle allait bien et que l’homme n’avait pas l’intention de lui faire du mal. Encore heureux. Je finis par lâcher sa chemise et reportait mon attention sur lui pour le foudroyer du regard. Elle m’éloigna de lui, m’obligeant à reculer de quelques pas mais s’il avait le malheur de répliquer, elle ne pourrait rien faire pour m’empêcher de lui sauter dessus. J’étais une bombe à retardement, la moindre étincelle suffirait à m’enflammer. Elle se retourna vers l’homme qu’elle connaissait visiblement et s’excusa auprès de lui pour mon comportement, glissant que j’étais possessif au passage. Quant à moi, je ne le quittais pas des yeux, prêt à en découdre. Toi mec, je t’ai à l’œil. Elle finit par se blottir contre moi, alors que je restais droit et tendu, bouillonnant intérieurement de rage. Elle fit alors les présentations. Le type s’appelait donc Ralph Meyer, il était un collègue agent. Et alors ? Ça lui donne le droit de se l’accaparer comme ça ? Ne nous laissant pas le temps de dire quoi que ce soit, elle m’emmena un peu à l’écart, sur un petit balcon et elle commença à me faire la morale. « Oh ça va, baisse d’un ton. » Je n’étais clairement pas d’humeur à ce qu’on me prenne la tête… « Si tu aimes te faire tripoter par tous tes collègues c’est ton problème hein ! Mais ne viens pas me faire chier ensuite avec ma tendance à flirter à droite à gauche ! T’es vraiment mal placée pour la ramener Mademoiselle je fricote avec les collègues. » Le règlement de compte avait commencé. « Et bien sûr que je comptais le frapper, merde on était en pleine conversation et d’un coup hop un type sorti de nulle part te choppe dans ses bras. Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Que j’aille boire un verre en attendant que tu finisses ? Non mais réfléchis un peu, je n’allais pas vous regarder vous tripoter sans rien faire. Tu aurais peut-être préféré que j’aille voir ailleurs pour vous laisser un peu d’intimité ? Tu peux aller le rejoindre ton connard si tu en meurs d’envie, je ne te retiens pas. Mais ne viens surtout pas te plaindre après si j’ai foutu le camp avec quelqu’un d’autre. »

u lieu de chercher à calmer le jeu, cette pauvre imbécile ne fit que m’énerver davantage. Est-elle stupide ou complètement à la masse ce soir ? On ne lui a jamais dit que se foutre de la gueule d’un type qui a failli en venir aux mains avec un autre abruti n’était pas conseillé ? Qu’est-ce qu’elle s’imagine ? Que je vais me calmer en un claquement de doigts ? Certainement pas ! Ce type m’a gonflé ! Tout comme cette idiote qui va bientôt me servir de femme. Elle tient bien trop à son image d’agent parfait pour faire un esclandre devant la foule alors madame a préféré me prendre à parti pour m’en mettre plein la tronche. Ça ne se passera pas comme ça. On ne se moque pas de moi impunément. « De la jalousie ? » Grimaçais-je avec une expression de dégout en la regardant de la tête aux pieds. « Inutile de t’enflammer comme ça malheureuse, tu n’en vaux pas la peine. Ne prends pas la grosse tête, il n’y a absolument pas de quoi être jaloux. » Je pouvais paraitre méchant ou blessant mais c’était ainsi lorsque j’étais énervé. Je ne contrôlais pas vraiment ce que je disais et j’avais tendance à balancer les premières saloperies qui me passaient par la tête. « Ne te prends pas pour ce que tu n’es pas, on ne joue pas dans la même cour, toi et moi. » Taclais-je froidement. Rabaisser les autres pour se donner de l’importance, bravo Killian… C’est fin. C’est subtil. Très classe.

Je détestais l’expression de son visage. Cet air moqueur que je lui arracherais par plaisir. J’étais comme un lion en cage, je ne cessais de marcher sur ce petit balcon, les mains dans les poches à soupirer sans cesse. J’avais envie de me défouler, de laisser exploser ma colère. Mais contre quoi ? Ou contre qui ? Alors que je ruminais en faisant les cent pas, elle crut bon de m’expliquer qui était cet abruti. Qu’est-ce que j’en ai à battre ?! Je levais les yeux au ciel en soupirant de plus belle d’un air blasé quand elle me raconta sa vie, affirmant qu’il était texan et que ces gens-là étaient très tactiles. Ça me fait une belle jambe de le savoir. Elle se défendit aussi sur le fait que ce type faisait deux fois sa taille et au moins trois fois son poids et que c’était pour cette raison qu’elle n’avait pas pu se dégager, m’insultant au passage. « Oh ferme-la un peu, tu veux ! Arrête de me prendre pour un con ! Ce que je ne digère pas Jenna Joy Marshall, c’est que tu oses te plaindre du fait que je discutais simplement avec cette femme quand tu es arrivée alors que toi tu trouves ça normal qu’un mec sorti de nulle part te prenne dans ses bras ! Ça c’est de la putain d’injustice ! Alors ne viens plus jamais te plaindre qu’une nana me tourne autour quand toi tu te permets ce genre de chose ! » J’avais bien insisté sur son identité entière alors que je m’énervais contre elle. Je savais qu’elle n’aimait pas ça.

A mesure que la colère montait en moi, j’avançais vers elle, toujours plus menaçant. Ah, elle voulait m’énerver et me provoquer ? Elle jouait avec le feu mais elle allait se brûler les ailes à coup sûr. Je ne suis pas le genre à me laisser marcher sur les pieds sans réagir. Et je suis plutôt virulent sous la colère. Je constatais qu’elle aussi s’approchait de moi. Elle reprit son air de tête à claques alors que je me stoppais à quelques centimètres d’elle. Elle me provoqua encore une fois et je la fusillais du regard pour ses paroles. D’un geste vif, j’attrapais son visage avec l’une de mes mains. « Fais bien attention à ce que tu dis pauvre idiote. Ne me provoque pas comme ça, ou tu risques de le regretter amèrement. Je ne suis pas ton pote ni un quelconque gugusse que tu provoques juste par plaisir. Je me contrefous de ce que ton texans de mes deux peut faire ou non parce que je n’ai aucune foutue envie de te prendre dans mes bras. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu me répugnes. Tu es la personne que je déteste le plus en ce monde et rien ne pourra jamais changer ça. » Tout en crachant froidement et méchamment mes paroles la mâchoire serrée,  mon visage s’était approché du sien. J’étais horrible, réellement, parce que toute ma haine envers elle ressortait à ce moment précis. Encore une fois, j’avais lâché ce que j’avais en tête sans réfléchir aux conséquences que cela impliquait. J’étais trop énervé pour réfléchir correctement. Et j’étais trop aveuglé par ma colère pour réaliser à quel point je pouvais être blessant. Mais mon ego et ma fierté étaient bien plus importants que tout le reste. En me l’arrachant des bras, ma dignité et mon ego de mâle en avaient pris un coup. Et ça, c’était impardonnable. Mes horreurs lancées contre elle, je lâchais son visage avant de m’éloigner à l’autre bout du balcon. « Maintenant dégage et fous moi la paix. »