Sujet: Sous couverture... à trous Lun 23 Nov - 21:20
Natanael & Emilia - I saw you last night
Météo : ciel gris, très froid. Heure : 11.00 Lieu : Zoo du Bronx
Oh, vous savez, ma vie n’a pas vraiment de sens logique pendant la journée. Vous trouverez ça étrange, que malgré les tonnes de liasses de billets cachées dans les coffres forts de ma famille, j’ai envie de faire quelque chose de mes dix doigts. Probablement que j’ai un problème avec tout ce qui s’acquière sans effort. J’avoue que j’ai toujours préféré être fier de l’argent que je gagne. Et c’est un peu la raison pour laquelle j’ai trouvé un job. Oui oui, un job. Il est certainement moins prestigieux que le vôtre… Mais il me plait, en fait, c’est bien ça le problème. Parce que ça veut dire que si quelqu’un s’en rend compte, je suis cuit.
Je suis soigneur dans le secteur des oiseaux, au magnifique Zoo du Bronx. Ce même zoo dans lequel je pouvais passer des heures à essayer d’identifier des oiseaux étant gamin. Cette passion pour les machins à plumes m’a toujours un peu dépassé -probablement pas autant que ma famille, certes -, parce que ça m’est tombé dessus sans prévenir. Un jour, j’ai vu un perroquet, et je me suis dit que c’était passionnant. La suite, vous la connaissez -enfin peu d’entre vous mais quand même.
Ce matin, je suis affecté aux perroquets, et ça tombe bien parce que c’est précisément là où j’ai envie d’être. Après avoir fait le tour de la volière pour faire un check up complet de mes animaux, je me dirige vers la cuisine où je dois préparer toutes sortes de plats. Mes femmes de chambres ont abandonné l’idée me servir un petit déjeuné depuis que j’ai commencé à fuir de bonne heure. Bien qu’elles ne sachent pas pourquoi… Il suffit de regarder les fruits qui m’entourent. Impossible de ne pas en manger quand vous les coupez, vraiment. J’ai découvert des saveurs, alors que bon, avant vous n’auriez jamais réussi à me faire avaler des fruits de la passion ou même un banal kiwi.
« Nate, y’a un Ara qui se balade en liberté. J’ai encore les vautours à regarder, tu peux t’en occuper ? »
Travailler dans un zoo, ce n’est pas sans agitation, eh non ! Je dépose mes fruits et mon couteau pour me munir d’une coupole remplie. Elle me servira dans le cas où l’oiseau ne voudrait pas venir. Me voilà donc parti pour chercher la bête qui vole au-dessus des têtes des visiteurs matinaux. Il fait un froid de canard, mais quelques gens ont quand même décidé de mettre les pieds ici. Ca m’étonnera toujours comme la curiosité peut aider à braver le froid.
Je repère enfin la bête ; pas facile à rater, avec ses plumes rouge flamboyant, et bleu roi. Je me souviens pourquoi, enfant, je voulais être un oiseau. Cette liberté, cette aisance avec laquelle il fend l’air… Et va attraper le morceau de gouffre qu’une gamine terminait de manger. Je ricane. J’aurais vraiment du être un oiseau, pour ne pas avoir à m’excuser d’être un con ! Ce dernier a vu ma coupe de fruits, et il s’empresse de venir se poser sur mon bras, sous le regard des visiteurs en admiration. Je serre sa patte agile dans mes doigts pour qu’il ne s’envole pas alors qu’un petit vieux tente de le caresser en trompant ma vigilance.
« Fouttez-moi le camps où je lui demande de vous crever les yeux ! » Dis-je exaspéré. Et alors que je m’apprête à faire volte-face pour ramener le Ara à ses congénères, je croise le regard d’une jeune femme qui se tient à plusieurs mètres de là. Un regard connu, que je ferais mieux d’éviter pour ne pas me faire repérer. Mais il semblerait que ce soit trop tard.