« La solitude. » Voila ce qui rongeait Alison depuis de nombreux jours. Le vide, le néant, le silence, le temps, ... Ce n'était guère qu'elle le désirait, ce sentiment. C'était plutôt que cela lui permettait de se concentrer sur ses vrais objectifs.

Jeudi, trois heures et demie. C'est un jour comme un autre. Des cours, des professeurs parfois un peu chiants, des cours compliqués qui, pourtant passionnants, n'intéressaient pas la blondie, depuis la semaine d'avant. Dans ces salles de classes poussiéreuses, la magie de cette matière noble qu'était l'Art n'opérait plus. Elle se trémoussait sur sa chaise à longueur de journée, impatiente de regagner son chez-elle, ne prêtant même plus attention à ses collègues de cours. Quelque chose ne tournait pas rond.

Alors que les Sciences et Technologies venaient de se terminer en un chapitre tout aussi "palpitant", les sonneries de l'établissement se mirent à hurler, signalant la fin de cette heure. Alison saisit son sac couleur camel et entreprit de ne pas rentrer chez elle tout de suite. Après tout, l'unique avantage de vivre sans personne est la liberté. Et celle-ci étant très précieuse, elle souffla à l'oreille de sa propriétaire qu'un tour en ville lui serait tout aussi bénéfique. Alison s'avança, poussa la porte du grand couloir scolaire et sortit.

Mais sur son chemin, elle réfléchit.

Faire les boutiques à seize heures, c'était trop tard. Aller dans un parc et se faire ignorer par la plupart des gens, non merci. Ce dont elle avait envie, c'était un espace convivial, humain, proche. Elle ralentit son allure, marchant doucement, de ses grandes bottes Sisley brun clair et se rappela de cet endroit. Un endroit où elle s'était rendue lors d'une soirée anniversaire pour l'ami d'un ami. Qui, finalement, avait fini de façon complètement naze, seule au fond de la table, à boire coke sur coke. Néanmoins, l'ambiance n'y était guère aussi dévastée. Le Julians Coffee, indiquait ce petit bout de carton rectangulaire, trônant au fond de son sac.

Les transports en communs l'y amenèrent en moins de dix minutes. Elle scruta l'entrée, sceptique, mais entra. Et lorsqu'elle franchit le seuil, elle désigna une table haute d'un regard, s'avança et s'y installa avec le plus grand "je m'en foutisme" du monde, tapant son bagage sur le siège à ses côtés. La musique de l'endroit rappelait le vieux rock des années 2000, ce qui eut l'effet de la détendre de par ce bon goût. Elle remua ses épaules quelques instants.

Alison saisit le carton et attendit un serveur, afin de commander un café, soupirant vainement. 

« Alison O’brien ! Quelle surprise ! Je peux me joindre à toi ? » Il ne manquait plus que ça. Depuis dix minutes, la blondie s'était couchée sur sa table de café, épuisée et incroyablement en manque d'inspiration. Mais lorsqu'elle entendit cette voix, grave et retentissant avec force, elle soupira, laissant ses épaules s'affaisser.
« ... Enrique. Je te reconnaîtrais entre milles.»
Alors qu'Alison entendit chaque pas de... De "cet homme", on va dire, elle releva la tête, les yeux d'un noirs charbonneux et lourds, qui se tournaient vers lui d'une grimace fort peu intéressé par le personnage. Néanmoins, ce n'était pas son physique qui la repoussait. C'était son attitude. Celle du mec qui n'en a strictement rien à cirer de parler en mal de quelqu'un. Du moins, c'était comme ça qu'elle le voyait.

Le temps d'une légère grimace d'amertume, elle le vit s'installer à sa table. Et surtout, avec une tasse de café, qu'elle scruta sans retenue.

« Qu’est ce qui t’amène dans le quartier ?»

Elle releva le regard, ses iris bleus clairs perçants à travers cette épaisse couche d'eye-liner et de fard. Et, laissant quelques secondes de silence, avança sa main vers la tasse au breuvage agréable, juste après sa question et... Étonnement, son sourire.

« Je venais me dégourdir les idées en espérant ne pas te croiser... Toi, et tes approches que je jugerais digne du serpent du livre de la Jungle. Tu sais, façon « Aie confiance ».»

Ses yeux se fermèrent quelques instants, le temps de porter la tasse d'Enrique à ses lèvres, buvant à son tour une gorgée d'une caféine amère, peu sucrée et peu... Lactosée. Ce qui lui arracha un frisson. Elle secoua faiblement ses épaules et sa tête, reposant la dite tasse devant lui.

« Mmm... J'attend pour en commander un mais visiblement, je devrais directement aller me servir... »

Elle leva les yeux vers les siens, lourds de sous-entendus.

« ... Un peu comme tu as l'habitude de faire, hein ? »

Ce type... Ne lui inspirait rien de sécurisant. Ce n'était pas qu'il avait l'allure d'un gars à problèmes. Quoi que... Ça dépendait lesquelles.