Après une longue escapade dans une petite brocante à Broadway, Skylar avait fait un arrêt au Starbucks pour se réchauffer autour d'un cheesecake et d'un macchiato grande au caramel fumant. Il avait acheté de la vaisselle et quelques babioles pour la décoration, histoire de donner bonne mine à son loft qu'il trouvait fade depuis quelque temps. Enfin installé à une table, enleva son bonnet noir, l'enfourna dans la poche de son blouson en cuir, qu'il finit par enlever à son tour.

Tout en observant les délicieuses douceurs qu'il venait d'acheter, il se frictionna les mains puis s'ébouriffa les cheveux. C'était un festin bien mérité. Il avait profité de son après-midi de libre pour faire cette sortie. Il s'était dit que ça changerait de ses habitudes à toujours rester tapis derrière ses livres adorés. Et puis il prouvera à sa nouvelle colocataire qu'il n'est pas un homme des cavernes qui garde toujours le mode cocooning enclenché une fois rentré chez lui.

Du Blues raisonnait dans la salle, c'était "I Just Want to Make Music" de Little Walter. Une musique agréable à l'oreille et dansante. Il tapotait doucement avec le dos de sa cuillère au rythme de la chanson sans s'en rendre compte puisqu'il était distrait par ce qu'il se passait au travers de la vitrine du café. Il avait un léger sourire accroché au coin des lèvres, il était bien ici. Une jolie demoiselle passa soudainement et ses prunelles claires se verrouillèrent sur cette charmante personne, qui, à sa grande surprise, pénétra dans son havre de paix. Elle ne l'avait pas remarqué pour l'instant et il était préférable pour lui, il serait bien capable de faire une bêtise à son égard. Mais qu'est-ce qu'elle était jolie... Un grain de peau si lisse qu'il aurait pu comparer cela à de la porcelaine.

Elle était vêtue d'un poncho blanc et on pouvait voir un jupon noir dépasser juste en dessous des petites franges, elle avait de belles jambes fuselées amplifiées par ses chaussures qui s'accordaient parfaitement à sa tenue. Le regard de Skylar remonta lentement vers sa tresse désordonnée qui laissait échapper une petite mèche légèrement ondulée. Cette dernière tombait farouchement sur sa joue légèrement rose par le froid de l'extérieur. Lorsqu'elle prit sa commande et qu'elle se tourna pour chercher une place, il reprit aussitôt ses esprits, ou du moins, il tenta en détournant le regard pour se concentrer sur sa boisson chaude.

Il la prit le gobelet entre ses mains et, après avoir longuement fixé le nappage de caramel juste au-dessus de la crème fouetté, avala quelques gorgées. « Excusez-moi, est-ce que la place est libre ? » Il avala de travers, toussota et releva faiblement la tête. Il avait une belle moustache blanche. « Oui... Bien sur... Je...» Cette voix douce et tendre venait de cette même femme, qu'il n'avait cessé d'observer. Ses joues s'enflammèrent, elle avait une telle douceur dans le regard, c'était inhumain. « Asseyez-vous, il n'y a aucun problème.» Il n'arrivait pas à en détourner ses prunelles écarquillées, il était pétrifié. Il avait peur de faire une bêtise, une fois de plus, la peur faisait barrière. Une fois de plus, il avait perdu tout contrôle de ses émotions.