Sujet: James & Savannah. Le retour aux sources. Dim 18 Jan - 22:20
LE RETOUR AUX SOURCES
Savannah & James.
10h57. Je suis assis sur le canapé du salon depuis plus d'une heure. J'essaie de trouver un bon programme à regarder. Pour tout vous dire, c'est assez compliqué. Je suis acteur, alors j'ai un œil assez critique sur les séries. Chaque acteur a une façon de jouer qui lui est propre. Lorsqu'on en connaît quelques unes, je peux vous dire que certaines sont véritablement à chier. Je suis en train de rendre cette télécommande complètement folle et je le sais. Comme toujours, je suis seul dans l'appartement. Je m'y suis habitué à force. Ma tante Glinda travaille du matin au soir et ma cousine Tamara est en études de droit. Moi je n'ai absolument rien à faire de mes journées, si ce n'est aller chez un psy deux fois par semaine. Le truc c'est que je ne la supporte pas cette Mme.Pattmore. Elle a un don pour m'énerver, juste avec la façon qu'elle a de lever le sourcil à chaque fois que je dis quelque chose. Puis à chaque fin de séance elle ramène le sujet à Elena. J'en ai franchement marre, personne n'a envie de comprendre que je ne supporte pas le fait d'en parler. C'est au dessus de mes force. Et pourtant tout le monde continue et continue de ramener le sujet. On n'arrête pas de me répéter que d'en parler me ferait du bien. Mais ça ne m'aide pas du tout au contraire. A chaque fois qu'on prononce son prénom, un immense sentiment de culpabilité m'envahit. Je déteste ça, je déteste savoir que c'est à cause de moi qu'elle ait parti. Je déteste qu'on me rappelle que durant ses dernières heures elle n'a jamais été plus malheureuse. Je ne le supporte plus..
En allant me chercher un verre d'eau, je vois l'ordinateur de Tamara posé sur la table de la cuisine. J'ai évité internet durant deux semaines, peut-être est-ce le temps pour moi de me remettre à jour sur l'actualité. J'ai vraiment peur de savoir ce qu'on pourrait dire, que ce soit sur moi ou pire sur Elena. Lire une nouvelle fois qu'on l'accuse de ce qu'elle n'est pas et qu'on me plaigne de ce qui est en train de m'arriver... Non, je n'en suis pas capable. Sinon je pourrais peut-être sortir et prendre l'air. Regarder les gens heureux faire leur travail ou être ensemble... Non, non je ne suis pas encore prêt. Et voilà, comme un lâche je tourne les talons et je retourne devant la télévision ... Oh et puis zut ! Qu'est-ce que j'ai à perdre après tout ? Rien.
[...]
Une demi-heure plus tard, je me retrouve à me balader dans les rues du Queens. Je ne sais même pas pourquoi je suis là. Il faut dire que je suis venu plusieurs fois à New-York mais je n'ai jamais vraiment eut le temps d'explorer la ville. Même si elle est un peu comme je l'imaginais. Le Grosse Pomme n'est pas si énorme que ça finalement. Du moins, d'après moi. Pourtant, ma petite ballade ne m'apporte pas vraiment du réconfort. En réalité je n'arrête pas de penser à Elena. Je vois tellement de choses qu'elle aimait.. Ça me rends triste et nostalgique. Il faut que je me chasse ses idées de la tête à tout prix. Mais comment faire ? Tiens, "Near You". On dirait bien que c'est le QG d'un journal de mode. Enfin, il faut dire que je n'en lit pas beaucoup alors j'en ai aucune idée. Je pourrais aisément continuer mon chemin, mais j'ai bien envie de voir le locaux. Peut-être que je pourrais enfin penser à autre chose qu'à Elena.
En entrant, je suis subjugué par autant de couleur et surtout autant de personne. On dirait qu'ils ne s'arrêtent jamais de travailler. Peut-être qu'un numéro important est en marche. Je ne devrais sûrement pas rester ici. J'étais sur le point de m'en aller lorsque parmi la foule je vois une vieux visage que je n'avais pas vu depuis un moment déjà. Cela ne pouvait pas être... Non ce n'était pas possible. Cette jeune femme portait un carton dans les mains et avait l'air plutôt exaspéré. Là j'en étais sûr, c'était bien qui je croyais. Je m’avançais vers elle, incertain. Qui sait, elle m'avait sûrement oubliée depuis le temps. Mais moi pas et j'avais bien envie de discuter pour une fois avec quelqu'un qui ne me regarderait pas avec de la pitié.
"Savannah ? C'est bien toi ?" questionnai-je en la voyant se retourner.
love.disaster
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Sujet: Re: James & Savannah. Le retour aux sources. Lun 19 Jan - 18:13
Tu verras, la vie prend, mais elle donne. Aussi.
Penchée au dessus de son ancien bureau, la styliste enfourna un cadre photo dans le carton avec le reste de ses effets personnels. C'était la première couverture de mode qu'elle avait faite en tant que styliste et mannequin. Un accomplissement professionnelle, une fierté qui allait quitter son trône. Il finirait dans sa chambre, sur une étagère, ou bien sur son autre bureau, en ville. La jeune femme souffla pour repousser une mèche qui la jouait rebelle en lui bloquant la vue. Se redressant enfin, Savannah scruta la surface plane à la recherche du moindre oubli. Non. Elle avait tout pris. Son ordinateur avait aussi été formaté : elle avait bien veillé à ne leur laisser aucune piste sur d'éventuels futurs articles. Mais avant de quitter les lieux, il lui restait encore un petit détail à régler avec son ex-rédactrice en chef. La brunette tira sur son pull rayé pour se donner une contenance, se munit de son air le plus obstiné et traversa la rédaction. Elle frappa trois coups secs et ouvrit la porte vitrée. À l'intérieur, celle qui l'avait « laissé partir » était penchée sur son téléphone : elle répondait à un appel qu'elle avait mis sur haut-parleur. D'un geste de la tête, elle lui fit signe qu'elle était occupée et d'attendre dans le couloir. Mais Savannah ne bougea pas. Elle ne travaillait plus ici à présent, elle ne lui devait plus rien. Que pouvait-elle craindre ? Qu'on la mette à la porte ? N'était-ce pas déjà le cas de toute façon. Son fidèle air obstiné toujours ancré sur le visage, elle se contenterait de patienter, mais à l'intérieur. Si Savannah ne devait plus leur faire perdre de temps, il en valait de même pour la rédactrice en chef. La styliste n'avait pas de rendez-vous prévu cette après-midi-là, mais elle n'était pas censée le savoir. La responsable du Near You Magazine écourta son appel téléphonique et se tourna ensuite vers Savannah. Le plus poliment possible, elle lui demanda alors si elle pouvait faire quelque chose pour l'aider.
« Je voudrais discuter d'Hally. »
La rédactrice en chef haussa les sourcils. Elle s'attendait peut-être au pire. Car, même si le ton restait agréable, l'une comme l'autre n'étaient pas dupes. C'était une guerre froide qui se jouait ici.
« Je crois que vous devriez lui laisser sa chance. Elle peut faire bien plus qu'assister la gestion d'une colonne. Elle a un avenir certain pour la mode. Elle pourrait peut-être reprendre ma rubrique ? »
La grande brune filiforme fronça des sourcils et ouvrit la bouche avant de se raviser. Elle sembla réfléchir une seconde, mais comme Savannah ne bronchait pas, finit par reprendre la parole. « Je vais y réfléchir. Sois assuré qu'elle a toujours une place dans nos locaux. » Pour la première fois ce matin, un sourire s'allongea sur les lèvres de Savannah. En quittant l'équipe du magazine, la jeune femme avait eu peur de priver sa colocataire et amie d'une expérience incroyable.
« Merci. Vraiment. Bon... Bah je vais y aller. On se prendra un verre à l'occasion, d'acc' ? »
Parce qu'il ne s'agissait pas de Vogue non plus, et qu'elle n'en pensait pas un mot. C'était juste le langage utilisé dans ce monde : on prétendait constamment adorer tout le monde quand en réalité on ne les portait pas tous dans son cœur. « On s'appelle ? » reprit en cœur la rédactrice en chef, étirant sur ses lèvres un grand sourire qui avait été de nouveau blanchi une dizaine de jours auparavant. Savannah prit la porte en lui faisant un petit signe au revoir de la main. C'est en évoluant jusqu'à son bureau que la styliste réalisa ce qu'elle s'apprêtait à quitter. Elle avait gâché une opportunité en or qui n'était pas donné à tout le monde. Et pourquoi ? Parce que je suis stupide, voilà pourquoi. Son manteau suspendu à son bras, le carton dans les mains, la jeune femme salua des collègues qu'elle ne reverrait sûrement pas de sitôt et appela l'ascenseur.
Dans le hall, Savannah tenta tant bien que mal de traverser la foule déjà opaque. Mais elle réalisa très vite qu'elle aurait mieux fait d'enfiler son manteau. Celui-ci menaçait fortement de tomber et de disparaître sous des pas pressés. Alors elle changea de direction pour aller se poser sur le comptoir derrière lequel se réfugiait l'accueil du bâtiment. Son manteau enfilé, elle fut plus à même de porter son carton sans en déverser la moitié. Pourtant, après seulement quelques pas, la jeune femme se figea net. Ce visage. Cette expression. Ce sourire. Elle les connaissait tous. Ils appartenaient à un homme qu'elle avait aimé. Son plus grand regret. Un vague ami du lycée pour lequel elle nourrissait des sentiments, mais qui lui avait prouvé de rien ressentir en retour en couchant avec elle. Comme tous les autres. Mais que faisait-il là ? Cela se pouvait-il ? Quelles étaient les chances pour qu'il soit à New York, dans les locaux du Near You Magazine ? Si elle se fiait aux récents événements, Savannah était tentée de dire oui. Mais elle l'observa s'approcher sans savoir quoi dire. « Savannah ? C'est bien toi ? » Elle ouvrit grand la bouche et en fit tomber son carton. Confuse, elle s'agenouilla avant de remonter à mi-chemin. C'était comme si elle n'avait aucune idée de comment réagir. Heureusement, son corps lui obéissait toujours.
« James... JAMES ! Mon dieu ! Qu'est-ce que tu fous là ? Ça va ? »
Elle lui offrit son plus beau sourire, sincère. Le deuxième dans toute cette matinée.
« Wouah, ça fait bizarre de tomber sur toi ! »
Voulut-elle s'expliquer. Puis en s'agenouillant pour ramasser ses effets personnels, elle rajusta précipitamment sa pensée :
« Dans le bon sens j'veux dire ! Qu'est-ce que tu deviens ? »
Elle regardait rarement la télévision et préférait regarder de vieux films en noir et blanc. Sa colocataire travaillait sa culture, mais elle n'était pas encore tombé sur le travail de son crush. Ex-crush. se corrigea-t-elle, incertaine.