C’était le chaos total, rien n’allait comme je le voulais aujourd’hui, absolument rien ! Il ne restait que cinq heures. Cinq heures pour prendre des photos, faire les retouches à l’ordinateur par les graphistes et pour les envoyer aux magazines. Et qu’allait-il arrivé si nous ne respections pas ce court délai ? La collection d’automne/hiver2017 de Valentino ne serait dans aucun magazine New Yorkais. Nous serions la risée de l’industrie et je n’ose même pas imaginer pour l’avenir de mon propre poste. Pourtant tout avait si bien commencé, les couturières respectaient les délais. L’horaire du lancement de notre nouvelle gamme de vêtements allait pour le mieux, nous n’avions pas d’imprévus. Tout était trop beau, oui. Puis, le mari d’une de nos designers décéda d’une crise cardiaque. Abattue par son sort, elle quitta son poste en disant n’avoir plus d’imagination pour créer quoi que ce soit. Une petite vague de démotivation arriva alors dans l’équipe. Nous avions besoin de quelqu’un au plus vite pour prendre son poste, mais les délais étaient si serré que nous n’avions pas de temps à perdre avec tous ces processus. C’est donc les designers actuelles qui travaillèrent d’arrache-pied pour de nouvelles idées et tout est devenu chaotique sur la chaîne de production. Les couturières n’arrivaient pas à livrer la marchandise parce que les modèles leurs étaient montrées trop tard. Au bout du compte c’était moi au marketing qui en subissait les conséquences. Mon adjointe n’arrêtait pas d’appeler l’agence de mannequin pour retarder les photos. Tout était prêt pour le jeudi après-midi, tout sauf notre mannequin pour hommes. Nous avions tout fait les essais avec lui, il était parfait. Enfin, il l’aurait été s’il avait osé se présenter. C’est sous une pluie d’excuses que JJ me dit qu’elle m’enverrait un autre candidat idéal le lendemain. J’avais eu envie de m’évanouir. Déjà qu’à l’habitude toutes mes photos étaient livrés au minimum une semaine aux magazines, nous retardions le délai d’encore une journée. Est-ce qu’on avait vraiment le choix ? Pas vraiment. L’autre candidat avait des mensurations similaires à l’autre, j’aurais pu essayer avec une autre agence, mais je faisais confiance à JJ. Si elle disait que son candidat était parfait, c’est qu’il l’était.

Je n’ai pas l’habitude d’assister aux séances photos. En général, je regarde le résultat après que les retouches aient été faites. Si le tout ne me convient pas, une nouvelle séance est faite tout simplement après une rencontre avec mon équipe. Toutefois, aujourd’hui tout devait être parfait du premier coup. Nous avions une panoplie de modèle à faire poser. Nous n’avions pas de temps à perdre, mieux valait que je sois là pour guider l’équipe. Personne n’osait me parlé au boulot, j’étais insupportable dans ce genre de situation. Miss perfectionniste ne laissait place à aucune gentillesse surtout quand elle était confrontée à autant de stress. Je disais tout sur un ton un peu plus bête, je savais déjà que j’allais culpabiliser toute la soirée à cause de ça d’ailleurs. Je ne voulais pas que mon équipe commence à me détester. J’entendis des murmures près de moi et quelqu’un me lança un regard avec des yeux apeurés. Je connaissais ce regard, ces murmures, quelque chose ne tournait pas rond et personne n’osait me le dire par peur de ma réaction. Je me levai instinctivement de mon siège. Qu’est-ce qui se passait ? Et c’est là que je vis la grosse horloge sur le mur indiquée que le début de la séance était dépassé et que le mannequin n’était toujours pas là.

-Personne n’a vu le mannequin ?

Tous secouèrent la tête négativement en évitant mon regard. Cela voulait dire qu’il n’avait même pas été encore maquillé. Je me dépêchai d’appeler JJ pour savoir ce qui se passait. J’adorais collaborer avec eux, mais des gaffes comme ça il ne pouvait pas le faire deux jours de suite, j’allais devoir sérieusement penser à notre contrat. Elle tenta de me rassurer qu’il allait être là d’une minute à l’autre qu’il n’était pas très réputé pour être très ponctuel, ses paroles d’encouragement ne marchèrent pas. Je me mis à paniquer intérieurement. Tout tombait à l’eau, moi, Valentino et ma carrière. Je raccrochai sans dire un mot, s’il n’était toujours pas là dans 5 minutes j’allais la rappeler. Il me fallait de quoi me calmer à tout prix. Une tisane peut-être ? Je cherchai des yeux mon assistante pour lui en demander une et je la vis arrivé avec une tasse à la main. Elle me connaissait tellement, c’était un amour.  Je pris quelques gorgées de ma tisane. Calme-toi, Ella. Il va arriver et faire de superbes clichés. C’était plus facile de se le dire que de se convaincre. Puis de nouvelles exclamations se firent entendre. Il était arrivé, les maquilleuses étaient après lui. Il se dépêcha alors de s’installer devant le photographe et c’est là que je croisai son regard. Ce visage je l’avais vu des milliers de fois.

-Lukas !

Ma tasse tomba de mes mains et un beau gâchis s’installa sur le plancher. J’avais espéré souvent de le revoir, de se raconter nos vies et de passer de bons moments comme dans le bon vieux temps. Toutefois, je n’avais jamais imaginé le revoir à l’improviste comme ça, surtout pas aujourd’hui alors qu’il ne restait que 4h45 avant l’envoi des photos aux magazines. JJ avait bien eu raison, il était parfait pour la séance.  

BIP BIP BIP se fameux bruit de reveil que le brun déteste tant ... surtout après une nuit mouvementé avec sa copine. Lukas se retourna dans le lit embrassant l'épaule de sa compagne et se leva préparer son café. Après son rituel du matin il reçu un sms de sa tendre et douce agent qui le supplié preque -oui oui(a)- de remplacer cet après-midi un des mannequins qui avait planté Valentino. Lukas grogna un peu en répondant qu'il y serait. Il en devait beaucoup à JJ, il ne se voyait pas lui refuser quoi que ce soit même si aujourd'hui il avait prévu de rien faire. Il sortait d'une semaine de préparation de défilé en vue de la Fashion Week française, il n'avait pas envie de reposer aujourd'hui m'enfin Valentino avait une formidable collection d'accessoire pour femme qui devrait plaire à Hally.

JJ lui avait demandé d'être bien à l'heure même en avance s'il pouvait. Prêt dans les temps il se dirigea vers sa chambre embrasser sa dulcinée. Mais vous connaissez les femmes? Ca part d'un bisou puis elle vous agrippe, vous fait des yeux de biches et ca fini en sport acrobatique! Et voilà comment Lukas se trouva encore -encore- en retard pour son shooting. Il avait beau se dépecher il se retrouva a faire la queue au starbucks du coin. Quoi ? De toute façon il allait être inutile s'il n'avait pas bu son café. Après avoir tourné en rond durant une bonne trentaine de minutes, il finit par trouver le lieux du shooting et couru à l'intérieur pour sauver les apparences.
Il devait vraiment être dans le pétrin puisque à peine arrivé on lui sauta dessus lui faisant enfilé un costume tout en le maquillant en même temps. Il se retrouva rapidement devant l'objectif tel un lapin devant les phares d'une voiture.
- Nan mais deux secondes !
Lukas soupira et repositionna le costume sur lui afin qui le centre mieux. Dans la précipitation les équipes en trembler. Une fois devant l'objectif, lukas entendit un énorme boum le faisant se retourner.

- je sais que je suis beau mais de là à tomber dans les pommes.

Ricanant il se retourna se retrouvant les yeux dans les yeux avec une blonde très familière. Quelques micro de seconde passèrent le temps que l'information montèrent au cerveau et Lukas se dirigea vers la blonde.
Hey Ella ! Lukas lui fit une accolade -bonjour suédois- et se recula pour l'admirer. "Putain ça fait un baille ! Qu'est ce que tu fais là?". Lukas se retourna vers le photographe. "Bon je fais deux photos et j'arrive". Le brun trotinna vers le photographe prit la pause comme promis et se redirigea vers la blonde tout en se déshabillant pour enfiler la tenue numéro 2. " Alors Ella tu bosses ici?"

Plus d’une fois je m’étais imaginée reprendre contact avec Lukas et pourtant j’avais toujours repoussé l’occasion. Ça l’aurait été si facile un simple coup de fil pour parler du bon vieux temps, pour savoir comment il avait évolué dans le domaine de la mode de son côté. Après tout si nous nous étions perdu de vu depuis tout ce temps c’était qu’il devait y avoir une raison, non ? Aux dernières nouvelles, il sortait toujours avec ma cousine Hally. Je m’étais toujours dit qu’un bon jour j’allais le revoir à un souper de famille, à un mariage ou sinistrement à des funérailles. Si Hally avait retourné mes appels plus rapidement, sans aucun doute que j’aurais revu les deux amoureux plus rapidement. Et puis, je n’avais pas le goût que ma blondinette préférée ait l’impression que j’essaie d’entrer en contact par son copain pour qu’elle me rappelle, c’était très loin de la réalité. Je savais qu’Hally était rendu occupée, c’était moi qui avait fait le choix de partir pour Paris et qui avait moi-même mis fin à notre grande amitié en quelque sorte, depuis mon départ j’avais l’impression que quelque chose avait changé entre nous. Mais voilà, qu’après tout ce temps, Lukas se tenait devant moi dans une situation si inattendue, mais tellement prévisible en même temps. Je n’ai cependant jamais pensé à cette éventualité de le rencontrer sur l’un de mes shootings un jour, il fallait dire qu’à l’époque que je l’ai connu il était loin d’être un as de la haute couture.

C’est avant même de se retourner qu’il lance une blague à l’aveuglette sur sa beauté et je ne peux m’empêcher de rire bêtement alors que mes employés nettoient le dégât à mes pieds. J’avais presque oublié son grand sens de l’humour qui m’avait fait craquer pour lui alors que nous étions que des adolescents. Il avait l’air aussi surpris que moi, mais beaucoup de façon plus joviale que je ne l’avais été en échappant ma tasse par terre. Il s’approcha finalement de moi et je lui fis une accolade. Que c’était bon de le revoir ! On ne réalisait jamais à quel point les gens pouvaient nous manquer en réalité. Je m’apprête alors à répondre à sa question de ce que je fais ici qu’aussitôt il me remet sur le droit chemin en disant qu’il va prendre des photos et qu’il reviendra discuter par la suite. J’avais presque oublié toute cette histoire de magazine et de délai en revoyant ce fantôme de mon passé. L’heure n’était pas aux retrouvailles, il était temps de livrer la marchandise. Il revient finalement vers moi après ces clichés, je remarque qu’il est habitué aux séances et qu’il est doté d’un professionnalisme remarquable parce que déjà il se dévêtit pour enfiler l’autre tenue. Je jette un coup d’œil aux photos qui viennent d’être prises, mon œil toujours à la recherche de la perfection décèle alors des lacunes. Normalement, je n’ai aucune misère du monde à faire recommencer des clichés, c’est la première fois que je travaille réellement avec un ami et j’ai l’impression que je vais passer pour une peste à ses yeux. Je le regarde finalement avec un sourire.

-Oui ça fait quelques mois que je suis arrivée à New York et depuis je suis chez Valentino. Et toi, tu travailles pour l’agence de JJ c’est bien ça ? Je n’ai même pas pensé à l’éventualité qu’on pourrait se croisé ici, c’est fou ! Tu es loin du jeune homme que j’ai connu autrefois !

Il finit de se vêtir pour la séance 2 et je le pousse vers l’angle de la caméra de nouveau. Après tout nous n’avons pas le temps de parler, nous en aurons amplement alors que les graphistes feront les retouches sur les photos. Son sourire, son charisme, tout est parfait pour nos photos. Nous avions exactement besoin de lui pour cette séance de dernière minute, je rejette un coup d’œil aux premières photos.

-Ça t’ennuierait de remettre les premiers vêtements ? J’aimerais que tu es l’air un peu plus décontracté, c’est ça qu’on veut faire passez comme message pour cette tenue !

En fait, je ne lui laisse pas vraiment le choix que déjà je lui rapporte le nécessaire pour la photo. Le photographe semble horrifié de ma requête, mais je m’en fiche. Après tout c’est moi qui approuve le final, non ? Je jette un coup d’œil aux photos du deuxième vêtement.

-Vous pouvez commencer les retouches pour la deuxième photo. Prenez la troisième et la quatrième je déciderai ensuite.

Je porte de nouveau mon attention sur la séance. Déjà Lukas a enfilé le troisième vêtement et pose devant la caméra. Je prends en charge le quatrième ensemble, il est un peu plus particulier que les autres et je veux vraiment qu’il soit porté comme il se doit. Je fais donc les retouches nécessaires une fois qu’il a finit de l’enfilé. Normalement, je n’ai aucune gêne à faire ce genre de trucs sur nos mannequins, ils sont tellement habitués après tout, pourtant avec Lukas c’est différent et je sens le rouge monter à mes joues. Est-ce que c’est parce qu’autrefois je lui enlevais ses vêtements que j’ai une certaine gêne à faire ça?

-Sérieusement, tu es parfait pour le shooting. Je suis tellement contente d’être tombée sur toi ! Est-ce que tu as déjà posé pour Valentino avant ? Tu es vraiment un candidat parfait !