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Le plus dur était fait. Kieran était au courant de ma grossesse. Avertir le père de mon bébé avait été le plus difficile pour moi. A cause de mon passé et de la relation que j’ai avec la gente masculine, lui avouer qu’il était le père de mon enfant avait été une sacrée épreuve. J’avais mis énormément de temps à me préparer pour le lui dire, j’avais tellement peur de sa réaction, peur qu’il ne s’énerve et me crie dessus, peur qu’il me rejette violemment. En fait, j’avais peur qu’il le prenne mal. Mais contre toute attente, sa réaction fut toute autre. D’abord bouleversé par la nouvelle, il en était heureux l’instant d’après. J’avais vraiment pensé qu’il ne voudrait pas en entendre parler, qu’il me laisserait l’élever toute seule. Ça ne me dérangeait pas puisque c’est ce que j’envisageais. Cependant, encore une fois, sa réaction ne correspondait pas du tout à ce que j’avais imaginé. Nous ne sommes pas en couple, nous ne sommes même pas des amis, nous sommes juste des collègues et pourtant, il veut qu’on l’élève ensemble, il veut être là pour mon bébé mais aussi pour moi. Ça peut être perturbant mais s’il veut m’aider alors je ne vais pas refuser. Tout enfant a besoin d’un père et d’une mère pour bien s’épanouir.

Mais maintenant que la personne la plus concernée est au courant, il va falloir que j’en parle à ma famille, à commencer par ma sœur qui vit le plus près de chez moi. Ça fait quelques semaines que je ne l’ai pas vue parce que j’avais beaucoup de boulot dernièrement et surtout parce que je voulais éviter qu’elle ne découvre ma grossesse avant que j’en parle à Kieran. Charlie est plutôt observatrice alors même si ça ne se voyait pas encore vraiment le mois dernier, elle aurait quand même pu le deviner. Mais à présent, j’en suis à quinze semaines de grossesse. La semaine prochaine j’entame mon quatrième mois. Je ne peux plus le cacher maintenant, même si je porte des vêtements amples, c’est devenu impossible à dissimuler.

Mais je voulais quand même lui faire la surprise, et lui annoncer sans qu’elle le découvre au préalable. Alors j’avais mis un haut bordeaux plutôt ample même si on voit clairement que je suis enceinte avec une veste plutôt large. Je l’avais appelée dans la matinée pour la prévenir que je passerai chez elle après mon boulot comme ça je ne débarquais pas à l’improviste. Sur la route pour me rendre à son domicile, je m’étais arrêtée rapidement dans un supermarché pour acheter une brioche. Je sais qu’on aime toutes les deux ça et qu’on en mangeait tout le temps quand on était petites. J’arrivais enfin devant sa porte mais avant de frapper, j’enlevais ma veste pour la tenir dans mes bras juste devant mon ventre. J’aimerais quand même garder un peu l’effet de surprise même si je sais que ça ne va pas durer longtemps. Une fois prête, je frappais contre la porte pour lui signaler ma présence, prête à lui adresser un grand sourire dès que je la verrais dans l’encadrement.

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Ma sœur était réellement mon rayon de soleil. Elle avait toujours été là pour moi et inversement. Je sais que je peux compter sur elle en toute circonstance, elle est vraiment adorable et je crois que sans elle, je n’en serais pas là où j’en suis aujourd’hui. Elle a tellement fait pour moi que jamais je ne pourrais lui rendre la pareille. C’est impossible. Je ne sais pas si c’est pareil dans les autres familles, mais chez nous, on est plutôt soudés. Et à chaque fois qu’on se voit, comme aujourd’hui, on ne peut pas s’empêcher de se prendre dans nos bras pour se saluer. On a ce besoin de contact et de tendresse dans la famille. A mon tour, je lui adressais un grand sourire et je la prenais dans mes bras lorsqu’elle s’approcha de moi pour faire de même. Je ne passais qu’un bras autour d’elle, celui avec la brioche dans la main parce que je tenais ma veste devant mon ventre avec l’autre.

Elle finit par se reculer et me laisser entrer. « Salut Choupette ! » Aussitôt, et comme si elle avait un détecteur dans la tête, elle me demanda si j’avais grossi. Ah, ça se voit tant que ça ? En même temps, difficile de cacher une grossesse de quatre mois. « Ah tu trouves ? » Je lui adressais un petit sourire malicieux et innocent à la fois avant de lui tendre la brioche. « Tiens j’ai acheté ça, comme au bon vieux temps ! » On en mangeait tout le temps quand on était petites. C’était un peu notre rituel quand on rentrait de l’école. Un morceau de brioche avec de la confiture et hop devant les dessins animés. Le bon vieux temps. Enfin, par rapport à ma prise de poids, je tentais de feinter l’ignorance pour le moment, faisant quelques pas à l’intérieur pour me diriger dans son salon ou je me postais derrière une chaise, y posant ma veste au passage. « Tu vas bien ? Ta journée s’est bien passée ? » Etre psychologue, ça ne doit pas être de tout repos. Il faut savoir supporter et écouter ses patients. Je pense que j’aurais du mal à exercer ce métier. Ecouter les gens parler de leurs problèmes toute la journée, ça doit être difficile à supporter psychologiquement non ?

Mais je dois bien me rendre à l’évidence, si j’ai demandé à ce qu’on se voit aujourd’hui, c’est parce que je dois lui annoncer ma grossesse. Je suis beaucoup moins nerveuse que lorsque je l’ai révélé à Kieran, mais je me demande quand même comment elle va réagir. Je suppose qu’elle sera contente mais peut-être aussi méfiante envers le père connaissant mon passé. Après tout, je suis célibataire et avec Kieran, on est juste des collègues. Enfin, on sera aussi bientôt des parents mais bon. Je sais que mes parents sont assez vieux jeu, ils aiment que tout soit fait dans l’ordre, à savoir les fiançailles d’abord, le mariage et en dernier le bébé. Moi, je fais tout dans le désordre. J’ai le bébé en premier et même pas de potentiel fiancé ! Enfin, Charlie n’est pas comme mes parents. « En fait, il faut que je te dise quelque chose. » Je replaçais une mèche de cheveux derrière mon oreille, me mordant quelques secondes ma lèvre inférieure. « Je te confirme que j’ai grossi effectivement. Pourtant je ne mange pas plus que d’habitude. » Enfin si on veut, mon appétit s’est quand même décuplé au fil des semaines. Je m’écartais de la chaise pour laisser mon ventre apparaitre à sa vue et je posais mes mains dessus. « Je suis enceinte. »

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   Avec Siobhan Hopkins

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La brioche était une valeur sûre dans la famille. Un moyen de nous rappeler notre enfance, ce moment de notre vie où tout était encore facile. Où aucunes de nos décisions n’avaient de conséquences dramatiques ou irrécupérables. Un moment de pur bonheur qui me manque parfois. Alors ramener de la brioche à Charlie était un moyen efficace et certain de passer un bon moment. On adorait passer des moments ensemble qui nous rappelaient notre enfance quand nos emplois du temps respectifs nous le permettaient. Ma petite sœur représente ce que j’ai de plus cher au monde, elle est à la fois ma meilleure amie et ma confidente. Aucun secret entre nous, ça a toujours été ainsi et ça a toujours fonctionné. A part quand j’étais avec Noah, mais là je n’avais pas trop le choix. Autrement, une confiance aveugle règne entre nous et je sais que je peux compter sur elle en toute circonstance.

Je l’avais tout de suite remarqué, ce sourire qui illuminait son visage lorsqu’elle vit la brioche dans mes mains. Je lui avais donné le sachet et elle était partie le déposer sur la table. Alors qu’elle allait chercher tout ce qu’on pouvait mettre dessus, comme de la confiture, je m’étais avancée dans son salon pour me poster derrière une chaise et cacher mon ventre pendant encore quelques minutes. A son retour, elle ouvrit le sachet pour en piquer un bout. Toujours aussi gourmande. Et puis, comme je le lui avais demandé, elle m’expliqua rapidement le déroulement de sa journée, affirmant que comme d’habitude, les gens racontent leur malheur et tentent de trouver une solution pour y remédier. Elle m’avoua également que c’était difficile parfois et qu’elle rentrait chez elle avec le moral dans les chaussettes. Ce que je peux parfaitement comprendre. Il me serait impossible d’écouter la tristesse des gens et leurs problèmes toute la journée. Il m’arrive de le faire pour certains reportages et je dois dire que c’est vraiment dur à encaisser. Surtout quand leur histoire se rapproche de la mienne…

Je me contentais de lui adresser un sourire encourageant quand elle eut terminé de parler et je m’asseyais sur la chaise en face d’elle. A présent, il était temps de lui avouer que j’étais enceinte. Evidemment qu’elle avait remarqué que j’avais grossi. Ma sœur avait l’œil pour voir le moindre détail changeant d’une visite à l’autre, alors une grossesse de maintenant quatre mois n’allait pas passer longtemps inaperçue. Mon secret révélé, elle ne put retenir sa joie et me serra dans ses bras en s’exclamant qu’elle allait être tata. Oui, et je vais devenir mère. Je dois avouer que je m’attendais à ce genre de réaction de sa part. Tant qu’il m’arrivait quelque chose de bien dans ma vie, elle en était forcément contente pour moi. Je la serrais à mon tour dans mes bras tout en souriant. « En effet, tu vas devenir tata ! » Le premier bébé de la famille. Enfant d’une mère célibataire… Je savais déjà d’avance que ça n’allait pas vraiment plaire à mes parents, eux qui sont assez vieux jeux, ils estiment qu’il faut être en couple voire mariée avant d’avoir des enfants. Disons que je fais tout dans le désordre. J’ai le bébé avant d’avoir le reste. Mais bon, là n’est pas le problème dans l’immédiat.

Ma sœur me connaissait par cœur et elle savait pertinemment que je n’avais personne dans ma vie, que j’avais un rapport très très particulier avec les hommes depuis mon histoire avec Noah. Ils me font peur et je m’en méfie comme de la peste, ne supportant pas leur contact. Et pourtant, je suis enceinte, cherchez l’erreur. Evidemment que ma sœur était intéressée par cette question. Je la voyais quitter mes bras avec un air perplexe sur le visage. Et elle me demanda qui était le père, parce qu’en effet, je n’avais jamais mentionné de petit ami pour la simple et bonne raison que je n’en avais pas. Je grimaçais légèrement, un peu mal à l’aise tout de même. « Je n’en ai jamais parlé parce que je n’en ai pas. Je ne fréquente personne. C’est un peu plus compliqué que ça. » Compliqué, oui et non. Avec Kieran on avait juste bu quelques verres de trop une fois après le boulot et on avait passé la nuit ensemble. Rien de bien dramatique en soi. « En fait, c’est mon collègue de travail le père, mon partenaire depuis quatre ans. » Je ne voulais pas en dire trop parce que la connaissant elle serait capable d’aller à sa rencontre pour s’assurer qu’il ne soit pas comme Noah. « C’est arrivé un peu par hasard, on était en train de décompresser d’une dure journée dans un bar et l’alcool aidant… Je n’ai pas besoin de te faire un dessin. » Il est très facile de s’imaginer ce qu’il s’est passé ensuite. « Mais surtout pas un mot aux parents ! Il faut que je règle quelques détails avant de leur dire. » Il faut surtout que je trouve comment leur dire. Et si je n’ai pas le choix, il faudra que je demande à Kieran de se faire passer pour mon copain ou quelque chose comme ça… La suite risque de devenir compliquée mais pour le moment, je vais me focaliser sur ma sœur. Ce sera déjà pas mal. Surtout que j’ai revu Noah récemment… Il va aussi falloir que je le dise à Charlie. Un problème après l’autre.

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Avec Siobhan Hopkins

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Je connaissais ma sœur par cœur. Je savais que dès qu’elle découvrirait que j’étais enceinte, elle poserait immédiatement des questions sur le père. Quoi de plus normal après tout ? Un enfant, ça se conçoit à deux. Je n’ai pas pu le faire toute seule. Alors il est logique qu’elle s’y intéresse et que ça la préoccupe. N’importe qui dans sa situation se serait inquiété pour moi. Avec mon passé avec Noah, mes liens avec Charlie s’étaient renforcés et il était normal qu’elle s’inquiète pour moi et du fait que je retombe sur le même genre d’homme que lui. Heureusement pour moi, Kieran était tout l’inverse. C’est un homme doux, gentil, patient, agréable, adorable, attentionné… Bref la liste de qualités est extrêmement longue. « Non, ils n’ont rien en commun. Kieran n’est pas comme lui. » Oups. Le prénom m’avait échappé. Bon et bien tant pis, elle connait son prénom maintenant. « Cette grossesse était un accident mais j’ai décidé de le garder, toute seule. J’ai mis plusieurs mois avant de lui en parler. J’avais peur de sa réaction et je ne voulais le dire à personne d’autre tant qu’il n’était pas au courant. Ce qui explique pourquoi je ne te l’annonce qu’à mon quatrième mois. Je pensais vraiment qu’il n’allait pas vouloir s’en occuper donc je m’étais faite à l’idée de l’élever toute seule. Mais contre toute attente, il tient à assumer son rôle de père et il veut être présent pour moi et pour mon bébé. » Ce qui est une bonne chose en soi. « Et puis, il a toujours été correct avec moi. » Il est tout simplement le strict opposé de Noah. « C’est … Positif n’est-ce pas ? » J’avais toujours cette manie de douter de tout. J’avais un manque de confiance en moi assez flagrant depuis Lui.

Et puis elle évoqua la possibilité de le rencontrer en nous invitant lui et moi à un dîner quand James serait de retour. Elle insista sur le fait que je ne pouvais pas refuser parce qu’elle voulait le connaitre, surtout s’il allait s’impliquer dans la vie de son enfant. La situation était un peu délicate. Kieran et moi nous ne sommes pas en couple. Comment est-ce que je pourrais lui imposer de rencontrer ma famille ? Enfin, ma sœur pour le moment. Il est juste un collègue de travail et elle me demande de le faire rentrer dans notre cercle familial. De mon côté, ça ne me pose pas vraiment de problème parce qu’étant le père de mon enfant, il a forcément un pied dans ma famille. Mais de son côté, est-ce qu’il va accepter ? Est-ce que j’ai le droit de lui imposer une chose pareille ? Et si ça ne l’intéresse pas de connaitre mes proches ? Après tout, c’est de son enfant dont il veut se préoccuper pas de tous les Hopkins. J’ouvris de grands yeux à cette proposition avant de grimacer légèrement. « Tu sais Charlie, on n’est pas ensemble, on est juste des collègues de travail. Je ne sais pas s’il est prêt à faire connaissance avec ma famille. » Mais bon qui ne tente rien n’a rien et puis, ça permettra à Charlie d’être rassurée sur lui. « Je lui en parlerai quand même. Promis. Mais je ne te garantis pas qu’il accepte. Il veut assumer son rôle de père pas de… de… » De quoi ? De petit ami ? De fiancé ? De conjoint ? Il n’est rien de tout ça. « De potentiel… Euh… Bref, peu importe. C’est un collègue c’est tout. » Rien de plus. Rien de plus que le père de mon enfant…

Je savais déjà que je pouvais compter sur elle en toute circonstance, mais elle sentit le besoin de me le rappeler, précisant qu’elle sera là pour moi, pour m’aider en quoi que ce soit. Entendre ces mots faisait toujours plaisir et je ne pus m’empêcher de sourire. « Je le sais.  Merci. » Je piquais un bout de brioche parce qu’elle me faisait de l’œil depuis tout à l’heure et j’évoquais alors mes parents et le fait qu’ils ne devaient pas être au courant avant que je ne règle quelques détails avec Kieran. Je n’aime pas leur mentir, mais je sais qu’ils ne vont pas trop apprécier que je sois enceinte et célibataire alors j’allais devoir mettre en place une stratégie pour les mettre au courant. En tout cas, elle m’assura que je pouvais compter sur elle et que si je le souhaitais, elle pourrait même m’accompagner quand j’irai leur annoncer, à Portland. « D’accord, on verra ça alors. En attendant de trouver une stratégie, je vais m’abstenir de leur dire. » Mais si j’avais tenu à la voir aujourd’hui, ce n’était pas uniquement pour l’informer de ma grossesse. Je voulais aussi qu’elle sache que j’étais tombé sur Noah, le mois dernier… Alors, en repensant à tout ça, je pris un air plus sérieux et je baissais la tête quelques secondes pour me mordre la lèvre. « Charlie, j’ai… Autre chose à te dire aussi. Je voulais te voir pour t’annoncer ma grossesse, mais pas seulement… » Je relevais la tête, l’air grave et limite désespéré. « Je l’ai revu. Il est à New York… » Et oui, la bonne nouvelle, puis la mauvaise…

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