En me réveillant ce matin, je suis relativement en forme. Comme souvent, il me semble avoir fait un cauchemar mais je ne m'en souviens pas alors ça va. Je file sous ma douche, me maquille légèrement et m'habille pour aller bosser.
Des années après avoir commencé à travailler pour Enrique, je me décide enfin à lui demander une augmentation. Somme toute, je vais essayer. Après tout, je suis une bonne serveuse et puis je n'hésite pas à piquer les clés des clients trop éméchés pour prendre leur voiture, ça mérite bien un salaire un peu plus important non ?
Arrivée au boulot, je pose mes affaires et je me dirige directement à la rencontre de mon patron. « Enrique ? Tu aurais un instant à m'accorder ? Il faudrait que je te parle. » Le stress commence à monter tant et si bien que le volume de ma voix à baisser progressivement et mon regard, au début soutenant celui de mon patron, est peu à peu tomber sur le bout de mes chaussures.
Merde alors, c'est pas compliqué de demander une augmentation, il ne va pas me manger quand même alors pourquoi d'un coup, je suis incapable de parler clairement ? Je sais pourquoi, parce qu'il n'y a aucune raison pour qu'il m'accorde une augmentation.

Spoiler:

J'étais motivée à demander une augmentation à Enrique mais en me retrouvant face à lui, mon courage et ma motivation s'envolent en un clin d'oeil. Le fait qu'il me demande d'attendre un peu ne m'aide pas à retrouver le courage de lui demander cette augmentation. Je suis à deux doigts de lui dire de laisser tomber quand il me demande de le suivre dans son bureau. La boule que j'ai au ventre est loin de s'en aller et au contraire, elle semble grossir à chaques pas que je fais en direction du bureau. Ce n'est pas la première fois que je me retrouverais avec lui dans son bureau mais c'est la première fois que je le serais pour lui demander quelque chose.
Je prends place dans le fauteuil qu'il me désigne et je laisse passer un bon moment avant d'ouvrir la bouche pour la refermer aussitôt. C'est la première fois qu'un patron me permet de rester aussi longtemps son employée et c'est donc la première fois que j'ose demander une augementation, ce qui est assez intimidant tout de même. Je finis par prendre une grande inspiration et triturant mes mains, j'ose enfin prendre la parole. « Je sais que je ne suis pas l'employée la plus qualifiée mais j'aurais aimé une petite augmentation. Je suis une bonne serveuse et puis, quand je le peux, j'empêche les clients trop saoûl de prendre leur voiture. » Me mordillant la lèvre inférieure, je lève les yeux vers Enrique avant de continuer. Je suis tellement stressée à l'idée d'essuyer un refus que je ressens le besoin de me justifier. « Je sais que je ne devrais sûrement pas le faire mais, j'ai eu un accident et, je ne sais plus comment ça c'est passé mais je me dis que si moi j'ai eu de la chance d'en sortir en vie, ça ne sera peut-être pas le cas d'un client et je m'en voudrais si c'était le cas. » Je me mordille de nouveau la lèvre inférieure mais cette fois, pour retenir les larmes qui pourrait me submerger. Je ne parle quasiment jamais de mon accident et le fait d'en parler à Enrique tout en étant stressée ne m'aide pas à garder les idées claires.

Ayant décidé de reprendre des rendez-vous avec un psy, il me faut vraiment un peu plus d'argent si je veux m'en sortir. Entre le loyer, les factures, la bouffe, les rares sorties que je m'octroie et maintenant les séances de psy que je dois payer de ma poche, je ne sais pas comment je vais m'en sortir si je n'obtiens pas une augmentation. C'est pour cela que j'ai pris mon courage à deux mains pour parler à mon patron, prête à essuyer un refus de sa part.

Stressée à mort et venant d'évoquer un passé dont je ne me souviens pas, les larmes menacent de me submerger. Je ferme les yeux et contrôle ma respiration pour me calmer pendant qu'Enrique me répond. Malheureusement pour moi, sa phrase est à la limite du coup de grâce. Je me concentre plus fort pour ne pas fondre en larmes devant lui. Je ne sais pas si dans ma vie oubliée j'étais hyper émotive mais là, il semblerait que je le sois dans celle-là. Néanmoins, la suite me laisse entendre une possible entente entre nous seulement, je ne saisi pas ce qu'il attend de moi où plutôt je ne souhaite pas le comprendre. « Je ferais tout ce que tu voudras mais j'ai besoin de cette augmentation. J'ai besoin de cet argent alors dis-moi ce que je dois faire. » Je déglutis difficilement en attendant qu'il me réponde.

HJ: