« The American Dream ». Ces trois simples mots... Étaient capable de faire rêver n'importe quel être sur cette planète. Cela signifiait la Liberté, le soleil, l'exubérance et le libre-choix de ne faire qu'un avec sa folie, ses envies, son porte-feuille ou bien même sa vie. Et ça, Alison s'en rendait compte.

Dans le Bronx, on y trouvait de la gaieté, de la danse, des jeunes, des vieux et bien d'autres choses qui vous feraient frissonner de par leur passé. Des habitations comme des commerces et des rebels d'idées dans leurs concepts, leurs dialogues ou même leurs styles de vie. Des artistes se côtoyaient chaque jour, qu'ils soient pauvres ou possédant un rythme de vie confortable. Et Alison, elle, était entre les deux.

C'était un samedi. Grand soleil, à peine midi, et l'envie de sortir lui vint comme une évidence pour cette journée. Elle n'avait pas envie de peindre ou de jouer sur sa guitare, devenue un peu grisée par cette couette de poussière. Non, son cœur n'y était pas. Elle ressentait une sorte de vide qu'elle décida de combler de bling-bling, de gadgets inutiles et encombrants.

Assise sur un banc non-loin de son café favori, Alison se redressa soudainement, déterminée et froide, dans un élan de " Allez, bouge-toi au lieu de rester là !" Ses flex-appeal noirs-dorées crissèrent sous son pas, direction le Bay Plaza. Les gens se pressèrent dans les rues mais cela ne l'empêcha guère d'atteindre le fameux bâtiment, aux couloirs éclairés et au hall immensément profond. Elle s'y engouffra sans effort, connaissant la route.

Et sur celle-ci, à ses côtés se tenaient des bars, des cafés, des boutiques de souvenirs, de luxe et de musique. C'est dans celle de souvenirs qu'Alison s'arrêta, nette, en face de cette vitrine aux allures de parodie d'Hollywood. Tout ces bibelots, ces faux-oscars, ces poupées aux têtes de stars qui rebondissaient sur leurs corps de plastique, ...

Ces joujoux plaisaient à cette blondie-artiste. Mais la pensée au contenu de son porte-monnaie l’inquiéta quelques instants. Certes, faire du shopping, c'est beau mais encore faut-il prévoir d'en avoir les moyens. Aussi sortit-elle son range-sous Aerosmith pour y jeter un œil, pas très sûre de pouvoir s'offrir un Barack Obama.

Mais à peine eut-elle pressé le bouton d'ouverture qu'un billet s'envola de sa trousse, comme happé par la foule de consommateurs qui longeait Alison depuis quelques minutes. Elle s'empressa de le poursuivre, penchée vers le sol.

Elle n'avait eue guère le temps de se redresser, de saisir l'argent entre ses doigts qu'une main virile lui tendit le billet, déterminé, murmurant presque dans ce brouhaha urbain.

« A-ah, oui ! Excusez-moi, mon argent s'est envolé, à cause du courant d'air de la galerie... Merci, en tout cas ! Vous êtes gentil, vous auriez pu le prendre, faire semblant de rien et partir avec ! »

Sur ces quelques mots, Alison sourit, un peu... Mi-amusée, mi-gênée. Non pas qu'elle doutait de cet homme mais certains auraient pu le faire. D'un coup d’œil, elle remarqua ses yeux. Ils étaient facilement captables, d'une telle clarté ! Ceux de Barack Obama lui étaient sorti de la tête. Même si ceux-ci étaient en plastoc.

« Vouuus... Vous alliez par où ? Par là ? » Dit-elle en pointant le couloir, dans son propre dos.

« Regardez sur la gauche, il y a un petit snack vraiment succulent ! Enfin, si... Si vous avez faim !... Alison ! »

Elle tendit sa paume, franche.

Elle avait pour "sale" habitude de se justifier, de parler de tout et à travers. Parler de la météo ne l'a jamais dérangé. Alors se présenter n'était guère qu'une vague respiration, pour elle. Pas même une tâche, une corvée. Et tandis que la blondie sortit toutes ces paroles rapidement, les gens ne cessaient de les longer, se retournant au passage pour savoir ce qu'il se passait. Rien ne très important pour eux, mais assez surprenant pour elle.

Enfin... Pour le moment.

Quelle voix grave... Alison peinait à se détacher de cet aspect "dur mais pas trop strict pour autant". Le genre d'homme qui savait prendre sur ses épaules tout en étant capable d'arrondir quand c'était nécessaire. Avocat... Il devait avoir de la patience et une capacité d'écoute assez grande.

Elle sentit sa paume se serrer dans la sienne, d'une poigne ni trop forte, ni légère. Les poignes légères parce que "c'était une femme", elle détestait ça. A vrai dire, on peut déjà se faire une idée du caractère d'un homme, juste par ce geste. Mais le temps d'y songer, elle se rendit compte que quelques secondes s'étaient écoulées. Elle lâcha sa main.


« Chez Ot's ? Ou... Ailleurs ? Je veux bien vous accompagner mais je suis désolée, on ne me paie pas de repas... »

Alison souriait en coin, mêlée de gêne et d'embarras. Le rouge lui vint à ses pommettes, tandis qu'elle triturait sa manche très légèrement.

« Disons que c'est un principe. Mais pourquoi pas, allons-y ! »

D'un geste de portier, elle tendit le bras en direction de la galerie, l'invitant de ce pas à s'y engouffrer pour suivre cette route vers le fameux snack. Lorsqu'il fut à sa hauteur, elle entama le premier pas, léger car sûre de celui-ci. Ses flex-appeal étaient vraiment nickel pour vagabonder longtemps.

« Donc vous êtes avocat ! C'aurait été paradoxal, d'être malhonnête, oui. Moi, je suis étudiante mais je compose, à mes heures perdues. Vous connaissez le coin, j'imagine ? » lança-t-elle d'un ton amusé. Ici, la plupart des gens connaissaient de réputation.

A présent, ils avaient rejoints le fameux flux d'âmes qui circulaient dans cette bâtisse géante qu'était Bay Plaza Shopping Center. Et leurs voix, leurs pas, leur présence s'emmêlaient à celles des autres, les fusionnant à la foule. Mais... Pour combien de temps ?