Un an qu'elle avait quitté sa famille. Elle était seule à New York. Elle avait bien rencontré deux trois personnes, dont Clark, mais pour l'instant rien n'était bien sérieux entre eux. Et ce soir elle avait définitivement besoin de sortir. Elle n'en pouvait plus de ne faire que travailler. Mais Clark n'avait pas pu l'accompagner, et aucune des filles qu'elle ne connaissait n'avait voulu sortir. Alors elle avait décidé de sortir toute seule, elle taperait la discussion avec l'alcoolo du bar. Mais elle avait besoin d'être autre part que dans la bibliothèque, chez elle ou dans l'université. Elle n'avait fait que travailler jusqu'à présent, et elle avait besoin de vivre un peu. Elle était donc allé dans un bar pas trop loin de chez elle, un bar rempli d'étudiant pour la grande majorité. Elle s'était installé au bar, et regardait tour à tour les gens qui étaient dedans en attendant que le barman lui serve le mojito qu'elle avait commandé. Elle sourit en voyant entré une bande de filles habillé le plus ridiculement possible. Mini jupes, est décolleté jusqu'au nombril. Sans parler des talons vertigineux qui leur faisaient des jambes de squelettes, et sans parler non plus du pot de peinture qu'elles avaient déversée sur leur visage. Elles devaient avoir le même âge qu'elle, mais jamais Anaya ne se serait habillé comme ça. C'était vulgaire. Elle était peut-être trop coincée, avec son pantalon noir, et son bustier beige. . Mais au moins elle se sentait bien, elle s'était fait plaisir en se maquillant un peu plus que d'habitude et arborait fièrement des talons noirs qu'elle aimait particulièrement, mais elle n'était pas au centre des regards. Ce n'était de toute façon pas son but. Son mojito arriva et elle but deux trois gorgées avant de souffler. Elle n'allait pas rester longtemps là. Elle aurait dû aller au cinéma. Au moins là-bas elle n'aurait pas eu l'air complètement seule, même si elle l'était. Anaya sorti son téléphone et vérifia si Clark n'avait pas changé d'avis. Elle l'aimait bien... cela ne faisait que quelques semaines où ils étaient ensemble mais elle l'aimait vraiment bien. Il lui changeait les idées, il lui faisait oublié Lana...et sa douleur. Il l'avait aussi fait partir d'un restaurant sans payer, et sauté dans une des fontaines de New York. Elle sourit à ce souvenir, il lui faisait faire des choses folles, mais ça lui allait, elle s'amusait bien. Elle aurait juste aimé qu'il vienne avec elle ce soir. À nouveau elle but quelques gorgées de son cocktail avant de se pencher sur le barman " Vous pouvez m'en faire un autre? " Elle n'avait pas fini son premier verre, mais elle ferait, et même si une voix lui disait de rentrer, il était hors de question qu'elle parte déjà après seulement 20 min. No way.

Après avoir poussé la porte du bar, je regarde autour de moi, beaucoup de visages me sont familiers. Je passe devant l’agent de sécurité et on échange quelques paroles de courtoisies. Depuis le temps que je fréquente l’endroit, nous avons appris à nous connaître. Aujourd’hui j’ai vraiment eu une mauvaise journée, encore une de ses chicanes avec mon père qui râle encore les mêmes âneries. Je ne suis pas rentré dormir à la maison hier soir, j’ai quand même vingt-cinq ans je crois que j’ai le droit. Cela ne l’a pas empêché après la pause repas au sommet d’un toit de commencer à me faire la morale devant tous mes collègues de travail. Et oui, j’ai l’air fatigué normal je n’ai presque pas dormi. Toutefois, je fais mon boulot comme tout le monde et ce n’est pas ça qui me ralentit. Personne ne s’en plaint et lui il en fait tout un plat. Peut-être qu’il a honte de me voir sortir tous ces soirs dans les bars, je profite de la vie il devrait plutôt le voir de cette façon. À mon âge, il était déjà veuf. Il n’a jamais ressorti avec une femme par la suite, j’espère au moins qu’il a eu des aventures d’un soir, mais si c’est le cas je ne m’en suis jamais aperçu. J’aimerais bien être le petit gars parfait sur le point d’être père, mais la vérité c’est que ça ne m’intéresse pas. J’aime ma vie comme elle est. Je n’aime pas devoir rendre de compte à personne, je suis libre comme l’air et je compte le rester. Plusieurs croient que je camoufle un certain malheur dans toute cette débauche, ils ont peut-être un peu raison, mais je ne l’avouerai jamais, même pas à moi.

La belle Sandy m’apporte un verre de rhum sur glace accompagné de son plus beau sourire. C’est toujours le premier drink que je prends, c’est une habitude et le bar la connaisse. Je suis un bon client, je laisse de généreux pourboire à la fin de la soirée et les serveuses m’offrent un service remarquable en échange. Je cherche des yeux mon ami, en général il est toujours là avant moi. Je décide finalement de m’asseoir à notre table habituel, il parait que je le suis premier à être arrivé aujourd’hui. Je sirote mon rhum en regardant les gens autours. Les gens croient souvent qu’ils vont rencontrés plein de nouvelles personnes en sortant un soir. Pourtant, s’il savait à quel point c’était presque toujours les mêmes personnes qu’on y retrouvait. Ce n’était pas tout le monde comme moi qui venait aussi régulièrement, mais il n’y avait pas beaucoup de visage qui m’était inconnu ici à vrai dire. Je me demande quelle fille que je vais approcher ce soir et surtout quelle fille que je vais donner à mon ami. Nous avons un jeu, à chaque soir nous désignons une fille. Le but est de coucher avec elle. Si les deux y arrivent, nous sommes tous les deux gagnants. Si l’un des deux y arrivent seulement, le lendemain c’est à l’autre de choisir qui il doit essayer d’avoir la soirée d’après. Si les deux ont perd, on se commande une bouteille de vodka et on en rit un coup. Hier, j’ai réussi à courtiser la petite blonde qui m’avait tapé dans l’œil, ça c’est bien fini chez elle par la suite. Je remarque au bar une fille aux cheveux bruns, elle n’a rien à voir avec les autres filles autour d’elle. L’adjectif belle ne lui suffit pas, elle est en fait très élégante. Elle m’intrigue, en continuant de la regarder j’ai l’impression qu’elle est seule ici. Elle semble hésitée après avoir terminé son verre et à ce moment je n’ai plus de doutes. Je regarde une dernière fois la porte d’entrée, toujours pas de traces de mon ami. Il ne vient peut-être pas ce soir, ça nous arrivait parfois chacun. Après tout, nous avions eu une grosse soirée alcoolisée hier. Je crois même que je n’étais pas tout à fait sobre quand j’ai enfilé mon habit de travail ce matin. Par chance, demain je suis en congé. J’enfile d’un trait la moitié de mon verre qu’il me reste et je me dirige vers le bar. Je me place tout près de l’étrangère et j’attends mon tour. Je jette un coup d’œil à ma voisine, elle a un mojito en main.

-Tu devrais essayer les Daiquiris ici, c’est réellement leur spécialité à mon avis, finis-je par dire tout simplement.

Elle regarde le barman faire son cocktail et le remercie avant de lui régler son breuvage. La jolie brune remue les liquides avec sa paille et  pense au devoir de droit qui l'attend dans son appartement sur son bureau. Un cas pratique. Elle soupire rien qu'en y pensant.  -Tu devrais essayer les Daiquiris ici, c’est réellement leur spécialité à mon avis. Elle regarde le jeune homme à sa droite, c'est à elle qu'il s'adresse? Elle regarde autour d'eux. Mais oui, il a bien l'air de la regarder à elle. Et elle ne sait pas trop quoi penser. Une partie d'elle souffle, lasse, se doutant par avance que c'est sûrement un dragueur invétéré. Mais une autre partie d'elle est heureuse que quelqu'un lui parles enfin, s'ayant vu passer la soirée toute seule pendant un instant, avec son verre. C'est surement cette partie d'elle qui l'empêche de l'envoyer balader alors que son instinct lui crie de le faire.  Pour l'instant en tout cas. Elle se promet qu'a la moindre phrase déplacé du jeune homme elle l'enverra passer sa soirée seul, loin d'elle. Hors de question pour elle de se laisser draguer. Même si elle doit avouer que le jeune homme qui lui fait face à son charme. " Les Daiquiris tu dit? Ça sera mon prochain verre alors. " Elle sourit gentiment, espérant qu'il ne prendra pas ça comme une invitation à draguer. Si Anaya est timide et n'est pas du genre à être blessante, elle est fidèle et loin d'être le genre de fille à se laisser séduire par un mec dans un bar. Il ne tarderas d'ailleurs pas à le découvrir s'il tente quoi que ce soit. Elle reporte son attention sur son verre et boit une nouvelle gorgée ne sachant pas trop si elle doit dire quelque chose, où le laisser parler. Finalement elle demande, trop timidement à son gout. " Habitué du bar ? ". Elle n'en était pas une. Elle était peut être venue une dizaine de fois tout au plus. Mais toujours accompagné et elle n'avait pas fait attention à ce qui se passait autour d'elle et ses amis. Elle regarde à nouveau son portable, le plus discrètement possible. Et se résigne. Clark ne changera pas d'avis. Elle touche la bague de famille qu'elle porte à son annulaire, et passe la main dans ces cheveux bruns signe de sa résignation. " Je ne viens pas souvent ici. Je n'ai pas vraiment le temps. Mais leurs mojitos sont bons. " Elle plante son regard dans celui de son interlocuteur alors qu'elle sourit a nouveau et se convainc que c'est un garçon sympa. Il n'a pas dit grand chose pour le moment. Mais il à l'air sympa, de toute façon s'il la gave trop, elle partiras. Elle met la paille entre ces lèvres, et aspire un peu de son cocktail, se demandant si le jeune homme sera assez intelligent pour ne pas lui faire d'avance.

Mon interlocutrice à l’air stupéfaite que je lui aie adressé la parole et à première vue semble même croire que je m’adressais à une autre personne. Pourtant elle devrait y être habituée, elle est une très belle jeune femme. Alors qu’elle pose ses yeux finalement sur moi, je vois que les siens sont intrigués et même méfiants. Avant même qu’elle commence à m’adresser la parole, je soupçonne fortement que c’est loin d’être une fille facile à avoir. Elle ne doit pas accorder sa confiance facilement et si je la ciblais réellement pour être ma conquête du soir, j’allais devoir travailler et user de beaucoup de prudence. J’aime les défis, ils ne sont jamais trop gros.  C’est même ennuyant quand c’est trop facile de courtiser des dames. Après une longue hésitation, elle répond finalement à mes paroles et me promet de l’essayer au prochain verre. Elle me sourit gentiment, un sourire timide qui me confirme que la conquérir peut être une tâche très ardue. " Habitué du bar ? ". L’une des questions que je déteste le plus me faire poser, surtout que de toute évidence elle n’a pas le même train de vie que moi et ça parait. Elle n’a pas l’air si à l’aise ici, alors que pour moi c’était aussi naturel de venir ici que d’aller souper chez un parent proche. Lui avouer que je viens hebdomadairement va me faire perdre des points c’est sur et déjà elle dressera un profil de moi, mais je ne suis pas menteur et de toute manière je ne pouvais cacher la complicité que j’avais avec le personnel.

-Pour être honnête j’y viens au moins à toutes les semaines, ça me gêne toujours de le dire parce que d’habitude c’est le contraire pour les gars, mais j’adore dansé et la musique ici est vraiment incroyable. C’est ma façon à moi de décompresser de ma semaine de travail !

J’aimais sans aucun doute plus les femmes que la danse, mais presque impossible de les avoir sans danse. Ça revenait du pareil au même de dire que je venais principalement pour danser. Non ? Et c’était plus que vrai quand je disais que c’était ma façon à moi de décompresser. Il y en a qui eux c’était avec un verre de vin et un bon livre, moi c’était de façon plus turbulente tout simplement. Même si elle le fait le plus discrètement du monde et de la façon la plus polie que j’ai vu à ce jour, je remarque qu’elle jette un coup d’œil à son cellulaire avec une once de déception. Elle devait réellement attendre quelqu’un et elle s’était sans doute fait poser un lapin, quel dommage pour elle. Je détestais les gens qui ne tenaient pas leur parole, mais n’empêche que je n’ai pas l’intention de lui poser des questions sur le sujet. Ce n’est pas du tout de mes affaires et elle ne doit aucunement avoir envie d’en parler. Alors que je m’apprête à ajouter autre chose, elle m’avoue qu’elle ne vient pas ici surtout par manque de temps, mais que les mojitos sont bons.

-Manque de temps ? Ça me surprends presque ! C’est fou comment dans notre société actuelle on est prisonnier de ce temps. On le maximise tellement parce qu’on veut pouvoir tout faire, tout voir, puis au final à ce rythme là le nombre d’heure dans une journée ne suffissent pas. On rêve sans cesse d’avoir plus de temps, alors qu’au final il est toujours à porter de la main et qu’au contraire c’est nous qui ne prenons pas le temps d’en profiter.

Sur ces sages paroles je porte mon verre à mes lèvres et prends une gorgée. Ce bar était bondé de gens qui manquaient de temps. Ils venaient une fois de temps en temps, pour décompresser, la plupart finissait ivre mort pour rentabiliser leur soirée et au final faisait plein de choses qu’ils regrettaient le lendemain. Pour ma part, je ne trouvais pas que je manquais de temps, c’était peut-être moi qui avait une vie trop simple, mais elle me plaisait comme ça.

Elle sourit doucement à sa réponse, danser? Depuis quand un garçon aimait danser, elle ne douta pas un instant cette fois-ci que le garçon qui lui faisait face soit un dragueur invétéré. Après tout il était plutôt pas mal. Même si Clark n'avait rien à lui envier à ses yeux, mais elle ne pouvait nier que l'homme face à elle ait un certain charme. Charme auquel elle aurait volontiers cédé si elle n'était déjà pas prise. Cependant elle décida de ne pas avoir l'air trop sauvage envers la personne qui la sauvait de sa solitude et elle ne nota pas les déductions qu'elle venait de faire. Mais un point l'intrigua tout de même. " Ma semaine de travail? Qu'est-ce que vos faites comme métier? " Elle haussa un sourcil, un air moqueur, que pouvait-il bien faire si jeune pour que son métier le crève autant qu'il a besoin de décompresser. Elle était encore en train de faire ses études, et il n'avait pas l'air d'avoir beaucoup plus d'années qu'elle. Elle regarda à nouveau son verre. Anaya plongea sur la paille pour boire une gorgée du cocktail qu'elle aimait tant. Elle réfléchit un instant puis décida de parler encore une fois, montrant à son interlocuteur qu'elle n'était pas contre une discussion. Mais seulement une discussion. On n'était jamais trop prudente avec les mecs rencontrés dans un bar. Quand elle évoqua le manque de temps, le brun qui lui faisait face s'exclama sans laisser une seconde à la jeune femme. La jolie brune fut d'ailleurs surprise du discours du jeune homme. Elle le rejoignait dans un sens, il avait raison, la société était en quête continuelle de temps. Mais Lana, n'avait pas eu le droit à ce temps, elle n'avait eu le droit qu'a quelque petite année, et en cela, elle considérait qu'il n'était pas nécessaire de perdre du temps dans un bar. Elle aimait sa vie, elle n'avait pas le temps de penser, de penser à Lana, et à Kiara qui avait failli la suivre. Pas le temps pour réfléchir. Juste pour travaillait et créait une vie.  Anaya n'avait pas envie d'expliquer sa façon de voir sur le sujet que venait d'ouvrir le jeune homme. " Peut-être. Chacun à sa façon de voir les choses. " son ton était devenu un peu plus froid, et elle se rattrapa par un sourire chaleureux. L'idée de Lana lui faisait toujours cet effet. Finalement elle finit son verre, et se tourna vers le barman, " Un daiquiris s'il vous plaît". Oui elle avait décidé de suivre le conseil du jeune homme. Après tout c'était un habitué. Il s'y connaissait forcément plus qu'elle. Elle se maudit cependant en pensant qu'elle n'avait pas songé à demander a quelle base d’alcool , c'était faite. Elle n'était pas vraiment résistante à l'alcool. Et deux mojitos lui suffisaient normalement, n'étant pas une grande fan d'alcool, autre que du vin. La brunette espéra alors que ça n'était pas une technique de son interlocuteur pour la mettre minable et l’amener dans son lit. Mais elle secoua la tête, se disant qu'elle était vraiment paranoïaque. Le barman ne tarda pas à arriver, et elle goûta, hésitante le breuvage; A son grand soulagement elle sentit qu'elle pourrait supporter ce cocktail. Ça ne devait pas être bien fort, ou alors c'était complètement traître. Elle croisa inconsciemment les doigts pour que la première proposition soit la bonne. Elle reporta son attention sur son interlocuteur et lui sourit à nouveau. " Et sinon, tu t'appelles? " C'était direct et pas vraiment diplomate, mais elle n’était pas du genre à aimer parler à quelqu'un dont elle ne connaissait pas le nom.

Je sens mes dents grincer quelque peu quand elle me demande quel métier je fais. Elle venait de me poser la question que je détestais le plus en plus de me vouvoyer. Je sais bien que nous nous ne connaissons pas et que c’est pour faire poli, mais je n’ai quand même pas l’air si vieux que ça. J’ai beaucoup de mal à entendre les gens me vouvoyer, tout comme à parler de mon métier. Je n’ai pas honte de mon métier, mais pour moi il n’a rien de prestigieux et il me rappelle encore ma déception quand mon père m’avait fait comprendre que des études universitaires étaient loin d’être dans le budget de notre famille. Toutes ces portes qui s’étaient fermées à ses simples paroles. Depuis, j’avais pris la solution facile. J’avais continué à travailler dans la même compagnie que mon père comme je le faisais déjà à temps partiel au lycée. Je ne détestais pas mon métier, mais quand je voyais parfois à travers les vitres que je nettoyais les réunions d’hommes d’affaires j’avais souvent un pincement au cœur. Moi aussi j’aurais aimé être en veston cravate derrière cette fenêtre à travailler sur des projets. Au lieu de ça je me contentais de nettoyer la vitre et de descendre à la prochaine. Parfois quand ils m’apercevaient je le voyais bien dans les yeux l’indifférence que ma présence leur apportait. À leurs yeux je n’étais qu’un simple laveur de vitre, au même titre que les femmes de ménage dans une chambre d’hôtel. Mon père me disait souvent qu’il n’y avait pas de sous-métier, que tous les métiers de la terre étaient important. Il avait raison d’un certain sens, mais j’aurais préféré quand même un métier plus prestigieux.  

-Je suis cordiste. Je travaille pour plusieurs compagnies d’immeubles à Manhattan, je suis surtout spécialisé en mécanique. Donc quand il y a des réparations à faire en hauteur qui sont difficilement accessibles c’est moi qu’on envoie attacher à une corde souvent les pieds dans le vide. Et toi tu fais quoi dans la vie ?

J’ai pris l’habitude de décrire mon métier à la minute qu’on me posait cette question. Peu de gens connaissaient l’appellation « cordiste. » J’ai pris également le soin de la tutoyer, peut-être comprendrait-elle que je préférais me faire tutoyer ainsi.  Mon discours sur le manque de temps semblait la surprendre, mais il y avait quelque chose qui avait réveillé quelque chose en elle également. Son regard était lointain et plusieurs émotions pouvaient se lire sur son visage. Je ne suis peut-être pas expert en la matière, mais je peux néanmoins dire qu’elle était loin d’être enchantée d’avoir ces pensées. Elle conclut le sujet avec une brève parole, le sujet semblait vraiment l’avoir ébranlée même si elle me présente un charmant sourire pour masquer le tout.  Je n’ose pas rajouter quoi que ce soit d’autres et elle commande pendant ce petit silence un daiquiri. Super, elle a écouté ma suggestion et je ne peux m’empêche d’avoir un petit sourire en coin à cette idée. Puis c’est elle qui relance la discussion en me demandant mon nom.

-Désolé, c’était malpoli de ma part de ne pas me présenter, je m’appelle Ryan, et toi c’est quoi ton nom ?

Je prends la dernière gorgée de mon verre de rhum et je commande une Brooklyn Lager pour y aller un peu plus doucement avec l’alcool ce soir. En attendant que ma bière me soit servie je me retourne de nouveau vers la belle brune. J’ai un peu de misère à cerner quel genre de fille ça peut bien être et je n’ose pas dire n’importe quoi. Une idée me traverse alors l’esprit, et si jamais elle attendait tout simplement quelqu’un au bar ? En réalité, elle ne m’a jamais dit qu’elle était seule ce soir.

-Est-ce que tu venais avec des amis ce soir au bar ou tu es venue en solitaire tout comme moi ? finis-je par lui demander.

Elle fut surprise de voir qu'il avait l'air de réciter ça comme elle récitait les lois apprises par cœur la veille d'un examen. Elle haussa un sourcil, puis pris le temps d'écouter ce qu'il disait. Cordiste, elle savait ce que s'était, mais beaucoup de gens ne savait pas, c'était une façon compliqué de décrire son métier. Elle se demanda pourquoi ce choix puis se ravisa. Il avait ses raisons, comme elle lorsqu'elle avait coupé court à la discussion sur le temps. Elle décida alors de simplement répondre à la question, sans autres interrogations. " Je fait mes études à l'Université. " Toujours plus vague. Après tout elle ne connait pas le garçon face à elle. Il pourrait être un psychopathe, elle boit une gorgée de son cocktail, et se dit qu'elle à tout de même été peut être un peu trop vague, il à bien détaillé ce qu'il faisait lui. " En droit, je fais des études en droit, le notariat m’intéresserait. " Elle ne dit rien sur le tutoiement qu'il emploi, que peut elle bien dire ils ont l'air d'avoir le même âge pourtant, elle ne veux pas être trop amicale avec un garçon qu'elle ne connait pas. Elle le vouvoiera. Elle finit par commander la boisson qu'il lui à suggérer et le surprend à voir esquisser un petit sourire en coin. Un sourire qui l'exaspère déjà. Elle se doute à ce sourire qu'il vient chercher des filles. Il aime la danse, il propose des boissons aux filles au bar. Un dragueur. Pourtant il n'a pas été lourd pour l'instant alors Anaya ne ressent pas le besoin d’arrêter cette conversation qui pour l'instant lui change les idées. Clark ne viendra pas c'est sur, et ces amies ne lui ont même pas répondue, et même si tout le monde ici ignore qu'elle est venue seule et que personne ne va la rejoindre, elle se sent ridicule si elle part maintenant, alors elle profite de cette discussion qui lui permet de se dire qu'elle n'a pas passé la soirée à boire dans son coin seule. Elle finit par demander son nom au jeune homme, Ryan. Elle ne fait pas attention au formule du jeune homme, et un instant elle se voit lui mentir sur son prénom. Mais encore une fois il a l'air de lui avoir répondue honnêtement, alors Anaya décide de ne pas faire la paranoïaque de service. " Anaya. Le cocktail n'est pas trop mauvais. " Elle lui parle du daiquiri, c'est vrai qu'il n'est pas trop mauvais, il est même très bon. Mais elle ne va pas faire de compliment sur les gout en matière de cocktail à un garçon plutôt mignon dans un bar. Ce serait envoyer des signaux complètement faux. Alorsqu'elle se penche pour prendre un gorgée du breuvage et que Ryan commende une boisson, elle jette un coup d'oeil à son téléphone, la jolie brune secoue la tête doucement se maudissant, elle savait très bien qu'il ne viendrais pas il le lui à dit par un message quelques minutes plus tôt, ça ne sers à rien de regarder son portable toutes les deux secondes. Ryan en profite, il demande si elle est seule, et sans réfléchir elle hoche la tête. " Je suis toute seule oui, on devait peut être me rejoindre mais finalement ça ne se feras pas. "

Je n’ai aucune surprise quand elle me dit qu’elle étudie à l’université, sa réponse est un peu sèche et précipité. Est-ce que ma présence l’importune ? J’ai la nette impression qu’au fur et à mesure que je lui parle que mes quelconques chances se rapetissent avec elle. Elle a de la classe, elle étudie à l’université. Il va de soit qu’un simple laveur de vitre ne l’intéresse pas à la base. Peut-être après plusieurs verres ? J’avais l’avantage au moins d’être plutôt beau mec. Un verre dans le nez et mon charme naturel arrivera peut-être à la séduire dans quelques heures ? Je n’ai pas l’intention de baisser les bras si facilement même si elle semble imposer une barrière entre nous. Comme si elle réalisait qu’elle ne me donnait presque aucune information, elle rajouta qu’elle étudiait en droit et que le notariat l’intéresserait.

-Une belle branche, j’ai toujours aimé les immeubles, quand j’étais gosse je rêvais d’être ingénieur civil.

J’aurais pu plutôt dire avant que je ne réalise que ma famille n’était pas assez fortunée pour aller à l’université, mais je préférais garder cette information confidentielle. Il était encore moins gênant pour moi de lui faire croire que c’était parce que je n’avais pas les qualifications scolaires pour parvenir à l’université que de lui avouer les problèmes financier d’une famille monoparentale. Alors que je me présente de façon très poli en m’excusant de ne pas m’être présenter avant, elle me répond que brièvement encore une fois. Anaya. J’ai intérêt à le retenir, je n’ai pas l’impression qu’elle me le redira ou du moins si elle me le redit ce sera à mes risques et périls.  Elle me rajoute que le cocktail n’est pas trop mauvais ce que j’interprète très facilement comme suit dans ma tête : « Le cocktail pourrait être bon si ce n’était pas toi qui me l’avait proposé. » Elle n’était décidément pas une fille facile d’approche et je me demande même si ça en vaut vraiment la peine de continuer. Ce n’est même plus une question de défi rendu là. C’est de savoir si je voulais réellement m’amuser ou non parce que parti comme ça l’était, le party était loin de levé entre nous et je n’étais pas du genre à aimer bavasser à un mur de brique très longtemps. Je commande un shooter de tequila pour me détendre un peu. Alors que je l’enfile, j’essaie d’enlever mes préjugés de la tête. Ce n’est pas un mur de brique, elle n’a juste pas l’approche aussi facile que moi c’est tout. Si ça se trouve, elle est peut-être tout simplement gêner de me parler.

Elle me donne finalement une réponse qui me satisfait, elle est seule et elle le restera. Si elle est encore là c’est qu’elle ne compte pas partir de si tôt non ? Je décide finalement de prendre place sur le banc à côté de moi, je crois que la proximité entre nous la dérangeait en quelques sortes. Peut-être sera-t-elle plus à l’aise ainsi ?

-Un peu nul tout ça, j’espère que tu trouveras tout de même de quoi t’amusé ici. Les gens sont sympas, la musique est bonne.

En réalité, j’espère qu’elle aura le goût de s’amuser avec moi, elle doit s’en douter c’est sans aucun doute pourquoi elle est me répond de façon très brève. Elle ne sait pas encore par contre que je suis trop têtu et que j’ai plus d’un tour dans mon sac. Dans quelques verres, elle changera d’envie. Son verre est bientôt vide, je résiste à l’envie de commander tout de suite un autre verre pour elle. Je ne veux quand même pas trop précipité la chose. Je lui commanderai dans quelques minutes encore.
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Elle voit bien qu'il n'a pas l'air d'un idiot, et si c'est un coureur de jupon, il en est un bon, il n'est pas lourd, pas pour l'instant, et il discute calmement, sans la mettre mal à l'aise, s'il elle n'était pas si méfiante, et si attaché -déjà- à son copain, Anaya aurait été sûrement l'une de ces filles qu'il aurait mise dans son lit. Pourtant c'est une distraction intéressante qu'il lui offre au lieu de ces continuelles soirée à réviser son droit. D'autant plus intéressante quand le jeune homme, lui dit que le notariat est une branche intéressante, tellement peu de gens lui font cette remarque, elle se contente souvent d'un «  Oh, c'est bien, qu'est ce que c'est exactement ? » Alors pour la première fois, elle sourit réellement au jeune homme face à elle «  Ingénieur Civil ? Si c'est ce dont vous rêvez, il ne faut pas hésiter. Il faut savoir se battre pour ce que l'on veut dans la vie. Mais oui le Notariat est une belle branche, contrairement à l'idée générale ! » A nouveau elle lui offre un sourire avant de reprendre une gorgée. La jolie brune passe un doigt dans ces cheveux, puis lui demande son nom, Ryan, c’est ainsi qu'il s'appelle, puis finit par lui donner le sien, bien sur elle à hésité à lui en donner un autre, mais finalement, la figure sincère et franche du jeune homme la convainc peu à peu. Alors qu'il commande un shooter, elle l'observe, et baisse les yeux vers son cocktail. Il tient sûrement plus l'alcool qu'elle. Ryan, la regarde, avant de lui demander si elle est seule, et dans un soupir, elle finit par confirmer, non sans un regard pour son téléphone. Oui, elle va rester seule, ou du moins elle n'attend plus personne. Le brun s’assoit, et finit par lui dire qu'il espère qu'elle trouveras de quoi s'amuser quand même parce que apparemment ce bar à tout pour. Elle tourne la tête vers les quelques personnes qui dansent, vers les groupes d'amis qui  rient au éclats, vers le barman qui offre un clin d’œil au filles bien trop maquillés de tout à l'heure, puis son regard se repose sur Ryan. La jeune juriste remarque du coin de l'oeil que son verre et vide, et elle se regarde un moment dans la glace qui sert de fond au étagère où son déposés tous les verres,et toutes les bouteilles, elle fait tâche. Elle  l'air d'une petite bourgeoise qui ne sait pas s'amuser. Et pas par son style, mais par la façon dont elle se tient, le regard qu'elle à, et son verre vide. Elle se fronce les sourcils et se tourne alors vers son interlocuteurs «  Alors dit moi, pour passer une bonne soirée, en quoi ce bar est si bien ? J'ai bu un mojito, un daquiri...enfin ton cocktail, et maintenant ? » Elle lui lance un regard un peu gêné, et mal à l'aise. Elle ne sort jamais, ou du moins jamais seule, et sa vie à fait que jusqu'à aujourd’hui jamais elle n'a fait la fête autrement qu'en restant dans un des appartement de ces amis, avec de la musique des rires, et quelques cocktails.  Elle touche sa boucle d'oreille, un peu gêné, encore.. puis lui dit dans un sourire «  J'ai pas vraiment l'habitude de sortir.. » Comme si ça ne se voyait pas. Ses petites sœurs étaient déjà sortie plus de fois qu'elle ne l'avait jamais fait. Et Alex ne l'avait jamais prise avec lui pour sortir.. peu être trop protecteur.

Encore une fois, elle se remet à me vouvoyer. Est-ce que j’ai l’air vieux ? Pourtant, je suis convaincu que nous avons le même âge ou sinon que quelques années d’intervalle. J’avais l’habitude de vouvoyer dès les premières paroles, mais cela faisait déjà un moment que nous nous étions mis à parler non ? Il était normal de se tutoyer non ? Elle était peut-être d’une très bonne famille où la politesse était la règle de conduite principale. Moi ayant été élevé en parti par les collègues de travail de mon père vu le nombre d’heure que j’avais travaillé avec eux, j’avais l’habitude d’être plus familier avec les gens. Je connaissais les bonnes lignes de conduite, mais je les abandonnais très rapidement en apprenant à connaitre les personnes. Elle me dit de belles paroles sur le fait de ne pas hésiter à faire ce qu’on le rêvait. Si seulement elle savait. Si seulement elle pouvait comprendre. J’avais tout donné les efforts pour le devenir, ma famille n’avait pas les moyens voilà tout. Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus, vendre mon corps ? Il y avait des sacrifices que je n’étais quand même pas prêt à faire. Au prix qu’était les cours de l’université, même en ayant mis de côté tout mon salaire jusqu’à présent je n’aurais pas eu de quoi payé mes frais de scolarité pour les 4 ans requis.

-Oui je suis d’accord, mais parfois il y a des rêves qui ne sont pas accessibles à tous malheureusement. Le plus important c’est d’arriver à s’en trouver d’autres.

Je me demande ce qu’elle veut dire quand elle parle que le notariat est une plus belle branche que l’idée générale. Pour moi ça fait tout son sens que c’est un super métier. Est-ce que les étudiants le perçoivent différemment à l’université ? Peut-être que ses parents n’acceptent pas son choix de carrière ? À la classe qu’elle dégage, je ne saurais pas surpris de la voir avec des parents super exigeants qui rêvent que leur fille devienne médecin.

-Peu importe l’idée générale, il faut faire quelque chose qu’il nous rend heureux.

Je lui fais un petit sourire, à la base j’ai quand même l’air d’un mec bien. J’ai une tête sur les épaules, je sais donner mon opinion, je me considère comme quelqu’un de plutôt intelligent. Il n’est quand même pas surprenant que les filles s’intéressent à moi si facilement et pourtant derrière cette facette se cache le mec qui ne souhaite que d’avoir la fille dans son lit. C’était là l’anguille sous roche et je n’étais pas prêt de changer. J’aimais cette vie. J’avais de l’argent pour vivre et me payer mes folies, j’avais du sexe à volonté et j’avais une poignée d’amis super. Qui aurait voulu changer ça ? La discussion revient entre nous encore une fois sur les cocktails. Finalement, je n’avais peut-être pas été de si mauvais conseil la première fois ?

-Quelque chose à ne pas manquer, voyons voir, le cocktail à la Mary ? C’est cette  barmaid qui a inventé la recette, aucune idée ce qu’elle met dedans, mais c’est très bon. Allez, je te l’offre.

Après lui avoir proposé ce breuvage, j’intercepte Mary pour qu’elle en concocte un pour la jolie brune à mes côtés. À ce rythme, elle finira probablement saoule bientôt. Après tout, à la fine taille qu’elle avait, il n’y avait aucun doute qu’elle ne devait pas tolérer l’alcool bien longtemps. Anaya dans un soupire m’avoue finalement qu’elle n’est pas habituée de sortir. Cette révélation ne me surprend pas. Depuis tout à l’heure elle n’a pas l’air de se sentir à l’aise ici. J’ai envie de l’inviter à danser, mais j’ai l’impression qu’elle va refuser mon invitation. Et pourtant, au bord de ce bar les sujets vont finirent par devenir ennuyeux. Il nous faut un peu d’action pour pigmenter notre soirée. Je regarde la table de billard non loin de nous.

-Une partie de billard ça te plairait ?