Je vois le jour dans une famille hispano-américaine, installée à New-York. Ma mère est américaine, originaire de San Francisco. Mon père lui est originaire d'Alicante. Ils se sont installés à New-York avec le projet fou d’y ouvrir un restaurant gastronomique qui devient rapidement un des meilleurs de la ville. J'ai une sœur, plus âgée de 2 ans, Manuela. Très responsable et très mature, la petite fille est ravie de savoir qu'elle aura quelqu'un sur qui veiller. Mes parents quant à eux sont ravis de ma naissance, car ils ne voulaient que des filles. Trop de contraintes avec un garçon selon eux. En grandissant, je passe plus de temps avec ma soeur qu'avec mes parents, trop occupés avec le restaurant, et une relation quasi fusionnelle s'instaure rapidement entre nous. Je sais que je compte pour elle et qu'elle sera toujours là pour moi. Petite fille docile et très soumise à toute forme d'autorité, je ne fais pas de vagues, même en l'absence de mes parents. Il en est de même à l'école où je suis souvent la première de la classe et la chouchoute des professeurs. Autant dire que j'étais une vraie plaie, ennuyeuse au possible. Même Manue tentait de m'inciter à plus m'amuser, car elle craignait que je ne profite pas de ma jeunesse. Mais ma vie me convenait comme ça. Pas de problèmes, pas d’embrouilles…une vie tout ce qu’il y a de plus tranquille.

A 15 ans, ma vie monotone prend un tournant. Je rencontre le fils d'une riche cliente amie de ma mère, Thomas, lui aussi âgée de 2 ans de plus que moi. Naïve et impressionnable, je tombe éperdument amoureuse de lui. Grisée par le sentiment amoureux, je lui cède beaucoup de chose, me faisant alors totalement menée par le bout du nez. Au bout de quelques mois, je le sens de plus en plus insistant à l'idée de coucher avec moi, ce a quoi je réponds que je ne suis pas prête. Malheureusement pour moi, il semblerait qu’une fois de plus, mon avis ne comptait guère... Un soir, alors qu'il sort d'une soirée trop arrosée, il grimpe à mon balcon, tel un Roméo transit d’amour et s'infiltre dans ma chambre...

Lunhabee : « Thomas ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? T'as vu l'heure ? » Il ne me répond pas sur le coup et se contente juste de s'allonger à côté de moi sous les draps.

Thomas : « Je t'aime tu le sais ça ? »

Lunhabee : « Oui ça je sais...T’es saoul Tom ?... »

Thomas : « Non j'ai juste bu quelque verres, t'inquiète pas, tout va bien. » Il se rapproche alors, s'allongeant à moitié sur moi puis commence à m'embrasser. Le goût et l'odeur de l'alcool sont alors tout simplement écœurants. Je tente de le repousser gentiment

Lunhabee : « Tom arrête…il faudrait peut être que…je préfère que tu t'en aille. » Il saisit alors mon visage m'immobilisant rapidement pour que je le regarde dans les yeux et me demande

Thomas : « Tu m'aime n'est-ce pas ? »

Lunhabee : « Bien sur que oui tu le sais... »

Thomas : « Alors laisse toi faire ! » Sans même me laisser le temps de répondre, il se vautre sur moi et recommence à m'embrasser, laissant ses mains se promener sans retenu sur mon corps. Je le repousse alors violemment avant de lui demander une fois de plus de s'en aller, mais il était trop tard... Sa main sur ma bouche, son corps qui m'immobilise, et ma nuisette totalement relevée, j'allais passer la pire nuit de ma vie...

C'est l’anniversaire de mes 16 ans. Thomas s'est volatilisé après cette nuit la, me laissant totalement dévastée. Durant une semaine, je reste cloitrée dans ma chambre sans parler à personne. Manue s'inquiète pour moi, mais je l'évite le plus possible. Quelques semaines plus tard, j'émerge à nouveau et décide de faire comme si rien ne s'était passé. Pas de Thomas…tant pis. La vie devait continuer…

Je suis à Alicante, la ville natale de mon père, pour un mois, dans notre résidence secondaire avec des amis à moi. Ayant remarqués que j'avais l’air maussade en permanence, mes parents m'avaient offert ce voyage, pensant que ces quelques jours de vacances m'aideraient à me retrouver...Foutaise. Mais je n'allais pas dire non à des vacances en Espagne avec mes amis! Il est vrai que j'ai changé en 6 mois. Je suis d'humeur changeante, voir instable. Je m'emporte ou m'emballe pour rien, suis très irritable, je pleure pour rien, je peux passer des journées cloitrée dans ma chambre avec des idées suicidaires, et la semaine d’après, courir partout en criant à quel point je suis heureuse. En plus de ça, j’adopte un comportement « aventurier » voir dangereux. Mais ça ne m'inquiète pas plus que ça…on dit bien que les changements à l'adolescence c'est normal après tout, et tout ses changements me conviennent parfaitement !

Cet été là, j'ai le sentiment de profiter enfin de ma vie : je fais du jet ski, du saut en parachute, et même à l'élastique, je dore au soleil et je flirt à tout va, ce qui ne m'étais encore jamais arrivé. Je me sens vivante, audacieuse, je me fais des amis incroyablement vite, et semble être appréciée de mes nouvelles rencontres. Autant dire que c'est un grand changement pour moi.
Mais ce soir là sur cette plage, une chose étrange se produit. Je rencontre ce garçon, Duke, avec qui je flirt une partie de la soirée. Alors que nous discutons, et que j'envisage de l'éconduire, je suis surprise à ressentir du désir pour lui, un désir surprenant, inexplicable, violent. La seconde d'avant je m'ennuyais, puis il s'est approché de moi, m'a chuchoter quelques mots à l'oreille, à déposé quelques baisers dans mon cou, et voilà que j'avais envie de lui. Sans réfléchir, je m'approche de lui, l'embrasse passionnément, et nous faisons l'amour là, sur cette plage, puis je m'éclipse sans scrupule et satisfaite.
Le lendemain à mon réveil, Duke était installé à notre terrasse, entrain de discuter avec mes amies. Devant mon air surpris, il me rappelle la nuit que nous avons passé, ce à quoi je répond que je n'étais pas dans mon état normal et que ce n'était pas mon genre, avant de le renvoyer chez lui après m'être excuser. Ce n'était vraiment pas mon genre, je devais avoir un peu trop bu... Le soir même, cette folle envie est de retour, mais elle n'est pas seule. Je ne supporte plus mes amies et finit même par les mettre à la porte de la maison sur un coup de tête, avant de rejoindre Duke pour la deuxième fois. J'avais des périodes inexplicables au cours desquelles je devenais incontrôlable et étrangement, ça me plaisait. Je me surprends même à mener Duke par le bout du nez, ce qui m'apporte une grande satisfaction.
De retour à la maison et en apprenant ce que j'avais fais, mes parents décident de m'envoyer vivre chez ma soeur qui faisait ses études de psychologie à Paris, pour « me remettre les idées en place ». Cela faisait bien 1 an qu'elle avait quitté la maison et elle me manquait beaucoup. Ce n'était donc pas plus mal que j'y aille.

Je suis chez Manuela depuis quelques semaines déjà et je suis plus que ravie de la retrouver. Et puis la vie à Paris quel bonheur ! J'en ai fini avec le lycée et j'entame des études de journalisme. Libérée du joug de mes parents frigides et coincés je me sens pousser des ailes : je sors, m'éclate je profite, mais mes troubles de l’humeur se prolongent et s'amplifient. Rapidement ma soeur qui me connait par coeur se pose des questions, et m'en pose beaucoup plus sur la période Thomas. Habille, je parviens toujours à éviter le sujet en me montrant évasive, mais Manue est très maline. Pendant une de nos soirées entre fille à la maison, elle m’incite à boire afin de me faire parler : dans un état second, je lui avoue en larme ce que Thomas m'avait fait, lui faisant promettre de ne rien dire aux parents. Je ne voulais pas de leur pitié. Soulagée d'avoir pu partager ça avec quelqu'un je m'endors et reprends le cours de ma vie normalement. Mais Manue n'avait pas prévu d'en rester là. Après quelques recherches, elle m'annonce qu'elle pense que je suis devenue bipolaire, une sorte de réaction traumatique à ce que Thomas m'avait fait, ce qui expliquerait tout les changements en moi. Après des mois et des mois de demandes, je finis par accepter d'aller voir un psychologue pour un diagnostique et... je suis bien bipolaire. Vous ne savez pas ce que c'est ? Et bien vous regarderez un peu plus bas, tout est expliqué !

Manue veut que je commence une thérapie et puis quoi encore. J'y étais déjà allé une fois, s'était bien assez. Qu'avais-je à dire à cette femme que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, a part « j'ai été violée par mon petit ami à 15 ans » ? Rien. S'était dit, s'était fini.

Paris, une des capitales de la mode la plus importante. Comment résister à l'appel de la mode en tant qu'apprentie journaliste, et fashion victime aguerrit ? C'était quasiment impossible. Je tiens alors un blog dans lequel je parle de tout et de rien (l'occasion de déverser mes émotions changeantes et dérangeantes), mais surtout de mode. Bourré d'avis cinglants illustrés de croquis, ou de photos des collections des plus grands stylistes piqués sur le net, mon blog fait rapidement le buzz et devient une référence. Je reçois des invitations a des défilés plus ou moins importants afin de pouvoir faire la pub pour telles ou telles collection de petits créateurs qui tentent de se faire un nom. Rapidement, ces petits créateurs sont remplacés par des plus grands. Sans m'en rendre compte, je deviens alors une des rédactrices de mode les plus en vue. Je termine cependant mes études afin d'avoir un diplôme en poche, puis me consacre à mon blog. Je m'associe avec deux personnes, Partenaire 1 et Partenaire 2, pour créer un magasine en complément du blog, « Fashion Delight » qui fait rapidement parlé de lui. Après un article encenseur sur la nouvelle collection de Chanel, je suis contactée par Karl Lagerfeld qui m'invite à un de ses défilés.

6 mois se sont écoulés depuis le défilé Chanel et je suis de retour à la grosse pomme. « Fashion Delight » à explosé et nous souhaitons étendre sa porté aux Etats-Unis. J’ai donc déplacé le siège du magazine dans un petit local de la ville. A côté de cela, j’entame un semblant de carrière de mannequin lingerie. Durant le défilé Chanel, un chasseur de tête de chez Victoria’s Secret ayant vaguement entendu parler de moi, me remarque et me propose de jouer les mannequins d’un soir pour leur prochaine collection. Cool.
Je vis toujours en colocation avec Manuela qui refuse de me laisser vivre seule : elle veut me surveiller et être sur que je me soigne, car oui, je suis sous médication à présent. Ce qu'elle ignore c'est que je ne prendrais pas ces trucs la qui sont censés me soigner…je ne veux pas être soignée. Je ne suis pas malade, je suis juste en vie à présent.