Ryan avait beaucoup de belles qualités, mais il avait un énorme défaut. Il était toujours en retard ou presque. Ses amis s’étaient même habitués à lui fixer une heure beaucoup plus tôt que l’heure où ils voulaient vraiment qu’ils soient là. Il était quelqu’un de très sociable, il finissait toujours par parler beaucoup trop longtemps avec des gens qu’ils croisaient dans la rue. Il prenait un temps fou à se préparer le matin, la procrastination étant sa meilleure amie, il retardait toujours l’heure de sa douche et il finissait par courir comme un fou pour ne pas être en retard. Il s’était donné comme défi ce soir de ne pas arriver en retard à son cours de soir comme les deux dernières semaines.  À la longue sa tutrice allait perdre patience après lui, elle avait l’air très gentille et très patiente, mais avec le temps Ryan avait compris que c’était de ces personnes là qu’il fallait se méfier le plus. Toutes ces accumulations créaient un véritable volcan qu’on ne voulait absolument pas qu’il entre en ébullition.

Le promoteur avait commencé à prendre des cours particuliers suite à la recommandation de son professeur de marketing. Il l’avait rencontré après l’un de ses cours pour lui dire qu’il était très bon dans ses idées, ses explications, mais qu’il y avait un peu trop de fautes d’orthographe dans ses travaux. Il était impératif qu’il rectifie la situation surtout avec son entreprise où il devait écrire des communications avec ses clients et ses fournisseurs. Ayant quitté l’école juste après le lycée, les règles grammaticales étaient si loin et depuis qu’il avait commencé ses cours, il s’était rendu compte qu’il avait beaucoup de misère même avec les bases. Encore surprenant qu’il n’ait jamais eu de feedback de client qui se plaignait de ses correspondances bourrées de fautes. Il était vrai que contrairement en classe, il avait un logiciel qui corrigeait ses principales fautes, mais quand même il avait eu de la chance.

Il venait d’arrivé sur le campus de l’université, il était 7 :55, son cours débutait dans 5 minutes. Il empressa le pas. Pourquoi l’université était si grande ? Si seulement la salle de classe était proche des portes d’entrées, mais non elle était au quatrième étage. Au diable l’ascenseur, il n’avait pas le temps d’attendre ses jambes allaient être plus vite. Telle une gazelle qui fuit un lion, il monta les marches à une vitesse folle. Il arriva au dernier pallié quand son téléphone se mit à sonner. En voyant le nom sur l’afficheur, il répondit brièvement  "Je te rappelle après mon cours !" puis il raccrocha. Quand il ouvrit la porte de la cage d’escalier, le décor lui sembla peu familier, c’est en regardant derrière lui qu’il se rendit compte qu’il était monté jusqu’au dernier étage, comme s’il avait du temps à perde encore. Il descendit en flèche et il arriva direct devant la porte de la classe. Il regarda l’heure 8 :05, ses amis auraient sans aucun doute dit qu’il était à l’avance pour rigoler, mais il n’avait tout de même pas réussi son petit défi personnel de la journée, il était en retard quand même. Il reprit sa respiration, ce sprint dans les escaliers n’avaient pas été de tout repos. Il rentra dans la classe avec un petit sourire mi-gêné, mi-content, il ne savait pas trop s’il devait se vanter de son retard ou plutôt s’en excuser. Il se contenta de sourire bêtement.

-Bonjour !

Il prit place devant sa professeur et il sortit le devoir qu’elle lui avait donné la semaine dernière, il sentait déjà un stress monter en lui. Il était nul en anglais et il le savait, il espérait au moins s’être un peu amélioré cette fois, la semaine dernière n’avait pas été si concluante.

-Voilà le devoir… J’ai eu un peu de misère avec la dernière question, je ne sais pas trop si j’ai compris ou non.





     

Pendant qu’elle corrige ma copie, j’essaie d’analyser ses expressions faciales pour voir à quel point j’ai pu me trompé tout en espérant ne pas voir trop de découragement. À force que son stylo rouge encercle et barre des mots je me sens devenir fou. J’ai encore vraiment loupé ce devoir et je le sens. J’essaie de me concentrer ailleurs pour ne pas faire monter ce petit stress que je m’infligeais moi-même. Je savais que si j’étais ici c’était dans un but purement pédagogique et que justement il allait de soit que je fasse des erreurs, mais j’avais beaucoup de misère à les accepter malgré moi. Je suis un gars très simple dans la vie, mais au niveau du travail je suis quelqu’un d’exigeant et perfectionniste. Ma peur de l’échec est si grande que je mets tout en place pour réussir et je ressors souvent avec de grand succès. Ses yeux se posent enfin dans les miens, elle a finit de corriger. Aucune surprise, quand elle me dit que je n’ai pas compris le dernier mot. Quand elle part de négation, le simple mot me donne envie de vomir. Pourquoi c’était si compliqué l’écriture ? Je doute qu’elle ait raison quand elle dit que je vais être capable de le faire maintenant, mais c’est elle le professeur je ne décide de ne pas l’interrompre à ce propos.

L’heure de vérité est arrivée, elle me rend ma copie. Bien entendu, la première chose que je fais c’est de regarder toutes les erreurs que j’ai fait. Il y en a tellement encore, j’avais vraiment pensé scorer plus fort cette fois. J’ai une petite déception et quand elle parle d’amélioration je ne suis capable que de lui rendre un demi-sourire. J’aimerais être aussi positif qu’elle et de lui montrer que je suis fier de mes efforts faits, mais je n’en suis pas capable. J’ai beau être un très bon menteur, il y a des aspects de ma vie où je ne suis pas capable de jouer le jeu et celui là en fait partie. Elle se remet à parler et je n’arrive pas à me concentrer sur ses mots, je fixe sa bouche sans rien dire. Elle a vraiment de jolies lèvres. En fait, c’est une très belle jeune femme et je ne sais pourquoi, mais j’ai déjà ce préjugé qu’elle doit être en couple avec l’un de ses intellectuels poète. À vrai dire, je ne connais absolument rien d’elle à part qu’elle est sympathique, patiente et qu’elle est prof. Elle doit être plus jeune que moi, mais pas de beaucoup, elle a quand même complété des études universitaires. Ses cheveux se mettent à bouger et je me rends compte qu’elle se met à sortir quelque chose. Merde. Je n’écoutais pas. J’essaie de me concentrer à savoir ce qu’elle venait de me dire.

Le mot dictée me vient en tête et j’ai aussitôt un frisson dans le dos. Je sors mon étui à crayon et en sort un crayon de plomb qui est déjà prêt à massacrer la langue anglaise par mes erreurs. Je me demande quel genre d’histoire elle va me sortir cette fois-ci.  Le tout commence et j’essaie de m’appliquer du mieux que je peux autant dans mon orthographe que dans la forme de mes lettres, je sais que je suis loin d’avoir une belle écriture, on me demande souvent qu’est-ce que j’ai écrit parce que les gens trouvent mes mots incompréhensibles. Au moins je n’ai pas l’impression d’être lent comme je l’étais à l’école, elle peut facilement s’adapter à ma vitesse d’écriture étant donné que je suis le seul étudiant de sa classe. Alors que je corrige mes fautes à la fin de son histoire, je me sens observer et je ne peux m’empêcher de relever à mon tour mes yeux vers elle et j’esquisse un sourire. Je relis pour une centième fois ma copie, dans ma tête tout est parfait. Je lui rends ma copie avec un petit sourire.

-Dans tous les cas possibles, ça ne peut pas être plus pire que la dernière !

Notre dernière dictée j’avais eut le double d’erreurs que j’ai à l’habitude, j’avais massacré des tonnes de mots. Je me souviens même de sa surprise quand elle a fait le décompte final, je ne peux m’empêcher d’en rire un peu à ce souvenir. Le sujet de la dernière dictée reposait sur l’informatique, elle a dû se rendre compte que c’était un sujet où j’étais loin d’être bon. Moi et les ordinateurs nous n’étions pas de très bon amis. Pendant qu’elle corrige ma dictée je me demande alors où elle va chercher tous ces textes. C’était un bouquin ou bien c’était elle qui les choisissait personnellement.

-Je me demandais,.. Est-ce que c’est des textes que vous ciblez ces dictées ou bien c’est déjà du matériel pédagogique à la base ?


   

Elle répond gentiment à ma question sur la source de ses textes de ses dictées. Je ne peux concevoir que cette fille pourrait avoir une once de malice en elle, cela semble tout simplement inimaginable. Alors qu’elle commence avec mes erreurs je me perds encore une fois dans mes pensées et je me demande plutôt comment elle fait pour déterminer les niveaux avec une simple lecture. Peut-être que c’est tout simplement avec le vocabulaire ? Peu importe le texte il y a toujours des conjugaisons avec lesquelles que je n’étais pas habile, mais le vocabulaire dans l’ensemble m’était toujours familier. 10 erreurs, j’aurais pu faire pire. En fait, je m’attendais à un résultat plus médiocre. Le moment que je déteste le plus, quand je dois chercher pourquoi j’ai fait des erreurs. La première ne me surprend pas, j’avais longuement hésité entre deux possibilités. Je relis la phrase à nombreuses reprises et j’essaie d’analyser s’il y a un élément que j’ai manqué. L’anglais a beau être ma langue maternelle et pourtant elle n’est pas si évidente à l’écrit. Bon, je dois essayer quelque chose. Mon autre hypothèse doit être la bonne solution. C’est à ce moment-là que je réalise que je suis entrain de mordiller le bout du capuchon de mon stylo avec le stress qui me ronge de faire une autre erreur. Elle doit trouver ça franchement dégueulasse, c’est une mauvais manie que j’ai surtout qu’on ne sait jamais par où les stylos peuvent être passés et quelques bactéries ils ont attrapés. J’écris finalement ma correction que je crois être la bonne.

-Pour la première erreur, je suis presque sur à 100% que ça c’écrit comme ça, dis-je en lui montrant ma correction. Mais le problème c’est que je ne comprends pas pourquoi.

Pour une fois je trouvais mon comportement totalement adulte et responsable, après tout j’avais beau avoir la bonne réponse à la correction par cette déduction, mais le problème resterait le même après ce cours. J’allais reproduire la même erreur si je ne comprenais pas pour quel motif je l’avais mal accordé au départ. Après cette explication, j’attaque de nouveau ma copie. Les autres erreurs me semblent beaucoup plus évidentes et je me sens moi-même plus confiant. Est-ce que c’est parce que j’ai fait du progrès depuis le premier cours ? La quatrième erreur me fait sourire.

-Quelle erreur stupide que j’ai fait !

Je la rectifie en moins de deux, c’était vraiment une erreur d’inattention de ma part. Il ne me reste que cinq erreur, la moitié de fait et j’ai l’impression que ça fait une éternité que je suis là-dessus. Je méritais une petite pause, une gorgée de café peut-être ? Je relève les yeux devant moi pour réaliser qu’en fait je n’ai ni café ni bouteille d’eau. Je devrais prendre l’habitude de m’emporter quelque chose à boire. À vrai dire, j’avais eu l’intention de passer au Starbuck me prendre un latté à la citrouille, mais le manque de temps m’avait fait oublier cette idée. J’avais tellement couru dans la dernière heure pour être un peu moins en retard que les autres fois. Je reste sous ma soif et ne jette qu’un petit regard à ma prof qui a l’air de s’ennuyer pendant que je corrige ma copie. Ça devait être long pour elle, elle n’avait pas de livre ni rien. Je refixe mes yeux sur tous ces mots et je prends une bonne bouffée d’air, aller hop je suis capable de finir. J’hésite sur la dernière réponse, mais je suis pas mal certain de ma réponse. Je regarde Émilia pour confirmer.

-Est-ce que c’est parce que c’est un verbe invariable ?

Je lui rends finalement ma copie, de toute façon j’ai fini de corrigé et si je me suis trompé c’est là qu’elle va m’expliquer davantage mes erreurs.