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Kieran & Mills

A peine étais-je arrivée à New York que je devais déjà me rendre à mon nouveau boulot. Je m'étais réveillée le premier matin avec une certaine appréhension et je pense que c'était légitime. Quelques semaines auparavant, j'avais enfin fait le choix de tout plaquer à Los Angeles pour tout recommencer sur l'autre côte des États-Unis. Je savais pertinemment que c'était un pari fou mais j'étais vraiment décidé à voir le bon côté des choses, à évoluer et à changer de vie. L'offre d'emploi qui m'avait été faite était le déclic et je n'avais pu que sauter sur cette occasion. Certes, je trouvais que mon choix avait été le plus raisonnable mais maintenant que je devais sortir de mon lit pour me rendre à mon nouveau job, je n'étais absolument plus sure de rien. Ce jour là, j'ai fini par me lever en tentant d'ignorer cette petite boule qui avait élue domicile dans mon ventre et il s'était avéré que tout c'était bien passé, comme je l'avais espéré.

Cela faisait maintenant deux petites semaines que je me rendais dans ce building tous les matins et il faut dire que je m'y plaisais. J'avais franchement réussi à faire mes preuves dans l'équipe et j'avais l'impression que l'on regardait mes photographies avec respect, ce que j'appréciais. Mon rêve avait toujours été de vivre de ma passion et c'était aujourd'hui chose faite. La boule dans mon estomac avait fini par s'estomper et j'avais enfin pu être totalement moi. Je n'avais pas pensé que je m'intégrerais de cette manière à l'équipe, parce que ce n'était pas dans ma nature de me lier avec les gens, mais quand tu te retrouves avec une bande qui ne parle que de ta passion du début à la fin de la journée, tu es obligé de finir par trouver ta place. J'avais toujours eu l'impression d'être un espèce à part, comme un alien à Los Angeles mais ici, je trouvais ma place, je me sentais bien, parmi des personnes qui me comprenaient mieux que certaines que je connaissais depuis toujours.  

J'étais à mon bureau quand j'entendis une voix qui me disait quelque chose parler avec Jamie, l'un de mes collègues. L'homme dont elle provenait était un peu trop loin pour que je puisse réellement la reconnaître et pourtant, si il avait été à côté de moi, j'aurais pu dire en moins d'une seconde à qui elle appartenait. Je n'entendais pas le sujet de discussion et j'étais franchement perturbé par ce timbre de voix, si bien que je finis par me retourner vers mon collègue et l'homme mystère, pile au moment où il se tournait vers moi. Ok, je pense qu'il n'y avait pas pire comme électrochoc. La première chose sur laquelle je m’attardais, fut son regard, dans lequel je m'étais perdu plus d'une fois dans le passé. Rien n'avait changé, je ne mis que quelques secondes à me noyer de nouveau dans ses iris bleues. Cette boule qui m'avait quitté depuis mon arrivée à New York réapparut immédiatement. Bien sur que je connaissais cette voix, bien trop d'ailleurs. J'avais envie de disparaître. J'étais parti de Los Angeles pour éviter son souvenir et c'était lui même en personne qui revenait à moi. C'était tout, sauf ce à quoi je m'étais attendue. Un million de questions venaient se bousculer dans ma tête et ma voix parla toute seule, comme par réflexe. « Kieran...? Qu'est-ce que tu fais là ? »

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Kieran & Mills

J'aurais voulu apprécier ces retrouvailles, plus que tout au monde. J'aurais voulu être capable de prendre Kieran dans mes bras pour lui dire que tout allait bien, qu'on pouvait repartir en bons termes et faire comme si ces dix-sept dernières années n'avaient pas existé, mais j'en étais tout bonnement incapable. Pourquoi ? La réponse est plutôt simple, vous avez déjà essayé d'oublier une journée très importantes de votre vie ? Plus vous essayer, et plus c'est impossible non ? Et bien dites vous que je dois répéter ça plus 3650 fois, pour oublier tous les jours que j'ai passé aux côtés du brun qui me fait maintenant face. Vous pensez sûrement que j'exagère, du moins, la plupart d'entre vous, mais certains me comprendront, ceux qui ont vécu ce type de relation, ceux qui n'ont pas oublier leur premier amour tout simplement, même si tous les jours, ils se battent pour convaincre leurs proches et eux-même qu'ils ont tiré un vrai trait sur leur passé. La vérité, c'est qu'on oublie pas. On tourne la page, mais on ne peut pas s'empêcher de retourner la lire de temps en temps, juste pour tenter de se rappeler à quel point on était heureux à ce moment là.

Il a l'air heureux de me voir, malgré son malaise apparent et je doute qu'il soit capable de dire la même chose de moi. Même moi, je ne suis pas sûre de savoir décrypter mes émotions à ce moment même, alors pourquoi en serait-il capable ? Il prend la parole, et je m'effondre. Enfin, pas littéralement, juste intérieurement. Ce timbre, cette voix, ce surnom, qu'on ne m'a que peu donné depuis son départ, c'est une véritable torture. J'ai l'impression qu'on ouvre la boîte où j'avais caché toute ma tristesse lors de son départ, et vous savez ce que c'est de laisser trop longtemps ce genre de choses enfermées. Quand ça vient à être libéré, c'est pire que dévastateur, ça renverse tout sur son passage. Je fais abstraction de tout ça un maximum, gardant la phase "effondrement total" pour quand je serais seule. J'ai une certaine fierté et jamais, ô grand jamais, je ne pourrais me montrer aussi vulnérable devant cet homme.

Je me concentre sur ses questions, parce que c'est la seule chose que je trouve pour me rattraper. Je comprend mieux pourquoi je ne l'ai jamais recroisé maintenant. Ma voix est moins claire que tout à l'heure, mais je tente de faire au mieux. J'ai l'impression de donner le change contenu de mon état intérieur. "En réalité je viens d'arriver. Et j'ignorais totalement que tu vivais ici et encore plus que tu y travaillais. Comment va Eireen ?" On pourrait penser que ce prénom m'évoque simplement de mauvais souvenirs, or ce n'est pas le cas. Je ne lui en veux pas, elle n'avait rien demandé. Ce n'est pas une simple politesse, je trouve cela vraiment nécessaire de savoir comment elle va. Sûrement histoire de me trouver enfin une raison positive à notre rupture. Si cela avait permis à un enfant de vivre une vie plus ou moins normale, c'était déjà ça de gagné. La question d'après me prend de court. Je suis censée répondre quoi à cela ? La vérité, à savoir que cela fait sept ans que je stagne dans ma vie et qu'il était franchement temps que je me décide à oublier l'homme qui représentait tout pour moi? Pas sûre que ce soit une bonne idée, mais j'ai toujours été honnête, d'autant plus avec Kieran. Je n'ai pas le droit de lui mentir, alors je choisis de rester évasive, tout en restant dans la vérité. "On m'a proposé un job ici et je n'avais plus rien qui ne me retenait là bas. Et toi ? Pourquoi être partie si tôt ? Ça a dut être dur pour toi de quitter tout ce que tu connaissais non ?". Pitoyable vous avez dit ? Je suis plutôt d'accord avec vous, mais j'aurais bien aimé avoir le temps de me préparer à ça, avant qu'on me jette vulgairement dans la fosse aux lions.

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Kieran & Mills

Je crois que « bizarre » était faible comme mot pour décrire la montagne d'émotions qui m'avaient envahis depuis que je me trouvais face à Kieran. Contrairement à lui, je n'avais jamais vraiment fait le deuil de cette relation, d'autant plus dans la mesure où je ne savais pas qu'il avait déménagé. De ce fait, inconsciemment, une part de moi avait toujours espéré le croiser au coin d'une rue de Los Angeles ou au détour d'un café. Tout semblait tellement simple pour lui et ça me donnait presque la nausée. J'avais imaginé tout un tas de scénarios dans ma tête sur nos plausibles retrouvailles mais dans aucun d'eux, je n'avais aussi mal que j'avais mal à ce moment là. J'avais envie de me mettre une claque pour être dans cet état. Après tout, cette rupture avait été la conséquence d'un de mes choix, je ne pouvais m'en vouloir qu'à moi-même. Je me sentais vraiment mal et je devais avoir les joues en feu mais je tentais de garder la face, malgré la douleur que chacune de ses paroles me provoquaient. Il allait bien, il me le disait et ça semblait plus que sincère. C'était égoïste de ma part, mais j'avais espéré ne pas être la seule à avoir mis si longtemps à me remettre de cette relation. Ce n'était clairement pas le même homme que celui que j'avais tant aimé et cette constatation devrait m'aider à me sentir mieux mais ce n'était pas le cas, au contraire.

Je le regardais droit dans les yeux, buvant chacune de ses paroles qui avaient pourtant l'effet d'un poignard planté en plein cœur. Certes je savais que rien ne le retenait en Californie dans la mesure où il avait toujours gardé son cœur en Ireland mais j'avais espéré que les dix ans qu'on avait partagés ensemble dans la Cité des Anges pourraient l'avoir retenu un peu, mais visiblement pas. « C'est vrai.. » répondis-je dans un murmure. Pas été si difficile que ça, très bonne idée, la meilleure solution pour moi. Chacune de ses phrases s'écrivaient au fer blanc en moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir d'avoir voulu passer à autre chose quand sa petite-amie avait refusé d'accueillir sa nièce qui avait perdu ses propres parents mais quand même, j'aurais préféré ne pas le savoir. Au fond, je m'étais douté qu'il avait tourné la page plus vite que moi dans la mesure où il avait eu quelqu'un pour qui se battre, mais je n'avais pas pensé qu'il l'avait fait si vite. C'était blessant, pour ma fierté mais encore plus pour mes sentiments.

Je trouvai quand-même la force de lui répondre et même en ajoutant un sourire franc, parce que j'étais têtue et bien déterminée à lui laisser croire que tout avait été aussi simple pour moi. « Je pense que tu as pris la meilleure décision pour tout le monde. Ça t'a permis de reconstruire ta vie après ton frère et peut-être te trouver un nouveau chez toi ? T'as l'air de te plaire à New York, bien plus qu'à Los Angeles, ça fait plaisir à voir.»

J'étais tellement dans ma bulle pour tenter de ne pas me faire trop écraser par tout ce que je ressentais que je n'avais même pas remarqué que l'on était écoutés. Je tournai rapidement la tête vers mes collègues puis vers Kieran, acquiesçant d'un hochement de tête. « Tu sais bien que je ne dis jamais non à un bon café et puis tu pourras me présenter tes collègues et ta nouvelle vie !» Je pris mon portable sur mon bureau par réflexe, laissant le reste de mes affaires et le suivis, après avoir ris de la tête de mes collègues et après leur avoir dit au revoir.  

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Kieran & Mills

Tout ce qu'il me disait sur son père, je le savais. Mieux que quiconque d'ailleurs, du moins, c'est ce que j'aimais croire. J'aimais l'idée d'avoir un statut particulier dans la connaissance de la vie de Kieran, même si une part de moi avait envie de me mettre une gifle rien que de penser ça. Il ne fallait pas que je sois heureuse de ça. Quand il m'annonça que sans moi, LA n'avait plus aucun intérêt, ce fut une vague immense de sentiments qui monta en moi. Je ne saurais même pas décrire ce que je ressentais, mais c'était un mélange de surprise et de joie, mêlé un tas d'autre chose. Je me contentais de si peu que ça en devenait pathétique. La fin de sa tirade me fit redescendre rapidement de cette sensation. Me croiser était devenue par la suite sa plus grande crainte, c'était blessant de l'entendre de sa propre bouche, même si d'un côté, je savais parfaitement ce qu'il avait ressenti.

« Je sais ce que c'est d'avoir peur de te croiser Kieran. On était deux dans cette histoire et je l'ai vécu aussi je te rappelle. Pour être plus précise, ça va faire bientôt sept ans que j'ai peur de te croiser dans Los Angeles. C'est aussi pour ça que j'ai déménagé, sauf que je ne l'ai fait qu'il y a un mois à peine.  » Oui, je venais d'avouer à demi mot que je n'étais à autre chose que récemment et que la rupture avait été très difficile à vivre pour moi mais je n'arrivais pas à lui mentir. J'étais entière et il venait de toucher un point sensible. Je ne pouvais pas faire comme si de rien était et laisser couler. Visiblement, revoir Kieran serait plus compliqué que prévu, surtout si chacune de ses phrases me faisaient vivre un tel ascenseur émotionnel. En parlant d'ascenseur, celui qui nous faisait face sonna, annonçant son arrivée.

Je m'engouffrai alors dans ce petit habitacle devant Kieran et me tourna vers lui. C'était trop petit à mon goût, surtout maintenant que des effluves du parfum de Kieran venaient lécher mes narines. J'adore cette odeur, comme je l'ai toujours adoré et je me déteste de la reconnaître après tant de temps. Je l'écoutai attentivement. Je l'admirai d'être un aussi bon père pour Eireen. J'étais même touché de le voir si proche de sa fille adoptive, mais ça soulevait en moi un bon nombre de souvenirs enfouis. Le fait que je ne puisse pas avoir d'enfant, le fait que j'ai un jour refusé d'adopter avec lui Eireen, le fait que ma décision nous ai séparés. Je m'en voulais tellement de tout ça. Je restais silencieuse quelques secondes, cherchant mes mots. Il y a tellement de choses que je voudrais lui dire que je ne sais pas par où commencer. « Tu sais Kieran, je suis vraiment désolée de ne pas avoir été capable de te donner ce que tu voulais, mais je vois que tu as été capable de le vivre tout seule. Ca me rend heureuse de te voir aussi heureux avec Eireen et je me dis que ce n'était peut-être pas une mauvaise idée après tout de mettre un terme à tout ça quand il en été encore temps. » Je le pensais. Si j'étais resté dans les parages, on se serait déchirés et il n'aurait jamais été capable d'élever Eireen comme il le fait aujourd'hui. Je le suivais mais j'étais pourtant à des années lumières de savoir où il me menait et qui je m'apprêtai à rencontrer.

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Kieran & Mills

Pourquoi est-ce que je me sentais aussi triste ? Aussi bouleversée ?  Pourquoi revoir Kieran après tant de temps me faisait me sentir de cette manière ? J'avais l'impression que l'on m'écrasait le cœur, que je perdais cet homme une nouvelle fois sans rien pouvoir faire. Ça me détruisait littéralement de parler avec Kieran et pourtant, j'étais incapable de mettre fin à cette discussion, cercle vicieux. Ma prise de parole dans l'ascenseur sembla atteindre Kieran en plein cœur. J'étais si près de lui que je ne pouvais pas rater ce changement d'ambiance. Il avait serré les poings et je ne pouvais indéniablement pas le manquer. Je ne comprenais pour autant pas pourquoi il réagissait ainsi. Qu'est-ce qui avait réussi à le toucher dans mes paroles ? « Je te l'ai toujours dit, ce que je voulais, c'était toi. Le reste n'avait aucune importance. Eireen a changé les plans, elle s'est imposée dans ma vie et fort heureusement ça a été pour le meilleur, mais tout ce que je voulais, c'était nous... » J'écoutai attentivement sa réponse, voulant comprendre et honnêtement, je ne pensais pas que ses mots pourraient encore plus m'atteindre que les précédents. Pourquoi me disait-il ça ainsi, alors que tout ce qu'il pouvait faire, c'était conjuguer sa volonté au passé ? Certes il avait voulu que le « nous » que nous avions construit marche mais il n'avait jamais rien fait pour me retenir non plus. Il avait du choisir entre Eireen et moi, il avait choisi Eireen, et bien que je ne lui en voulais pas de ce choix, je ne comprenais pas pourquoi il me disait que ce qu'il voulait à cet époque, c'était moi.

Je n'eus même pas le temps d'ouvrir la bouche que Kieran balaya toutes réponses possibles en sortant de l'ascenseur qui nous retenait prisonnier. J'avais tellement de choses à ajouter que mes pensées s'embrouillaient. J'avais trop de questions, trop de choses à lui dire, mais je le suivis en silence, ne pouvant me résigner à lui parler de tout ça au milieu d'un couloir que je ne connaissais pas où n'importe qui pourrait nous entendre. Je me posai la question de savoir si je serais quand même venu à New York si j'avais su que ce serait la ville où je croiserai de nouveau Kieran. Je pesais le pour et le contre comme je l'aurais fait si j'avais su tout ça avant. Ok, j'étais venu ici pour tenter de l'oublier une bonne fois pour toute, mais je sais que je n'aurais pas résister longtemps à l'idée de le revoir, même en connaissant tout ce que cela impliquait. Je le considérai et je le considère toujours aujourd'hui comme l'homme de ma vie, alors je savais que j'aurais sauté sur l'occasion de le revoir, même si ce que je m'apprête à découvrir risque fortement de me faire regretter.

Je suivis donc Kieran à travers son service qu'il semblait connaître à la perfection et nous arrivâmes dans une pièce qui devait sans doute être la salle de pause. Une jeune femme était assise et Kieran la regarda quelques secondes. Beaucoup trop longtemps à mon goût, surtout avec ce sourire. Inconsciemment, je fronçais les sourcils. Je connaissais bien trop ce regard, ce sourire. Kieran m'avait regardé des milliers de fois comme ça quand il pensait que je ne le voyais pas. Un mélange de fierté et de passion. J'adorais le voir me regarder ainsi, me faisant me sentir importante à ses yeux, mais là, ça faisait juste mal. Je posai à mon tour le regard sur la jolie blonde avant de voir qu'elle était enceinte. Le pire des scénarios à mes yeux me monta à la tête. Impossible. Il ne pouvait pas me faire ça, même après tout ce temps. Dans l'hypothèse où cette femme serait enceinte de lui, il ne pouvait pas me mettre face à elle, pas quand il connaissait mon histoire mieux que quiconque. Kieran brisa le silence et je tentai de me persuader que ce n'était que le fruit de mon imagination, que cette femme n'était qu'une simple collègue. « Un café ? Un thé ? ». Je secouai la tête et esquissa un sourire pour tenter de cacher mon malaise. « Euh.. Un café s'il te plait. » J'en aurais bien besoin de toute façon pour me remettre de tout ça.  

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Quatre mois. Voilà quatre mois que je suis maintenant enceinte. Je ne peux plus le cacher et tous mes collègues sont au courant. De toute manière, pourquoi s’en cacher ? C’est la meilleure nouvelle que j’ai pu avoir au cours de ces dernières années. Chaque jour qui passe me rapproche de sa naissance. La naissance de mon petit ange, de mon petit bébé que j’aime déjà plus que tout au monde. De notre bébé, à Kieran et moi. Comme chaque parent, je suis évidemment assez angoissée, j’ai toujours peur de mal m’y prendre un jour et même si Kieran sera là pour m’épauler et m’aider, il y aura bien des moments où je devrais me débrouiller seule. Rien que l’accouchement m’angoisse. Je ne suis pas le genre de fille à me plaindre de la douleur, étant donné mon passé… mais ce n’est pas ça qui m’inquiète le plus. J’ai peur qu’il y ait des complications et que la vie de mon bébé soit en danger. J’ai peur de tellement de choses… Je sais pourtant que le stress n’est pas bon pendant ma grossesse, mais c’est plus fort que moi. J’essaye de me calmer, de me décontracter mais avec Noah dans les parages et ma paranoïa de le croiser à chaque coin de rue n’arrange rien.

Enfin bon, j’essaye quand même de me détendre dès que je le peux. D’ailleurs, pendant ma pause, je m’étais décidé à aller m’installer dans la salle de pause pour aller lire le livre que j’avais récemment acheté. Un livre génial qui donne de bons conseils pour que la grossesse se déroule bien et pour avoir les bons gestes en tant que parents. J’ai appris de nombreuses choses. C’est simple, depuis que j’ai fait l’acquisition de ce livre, je le dévore ! Dès que j’ai un moment de libre, je me plonge dedans. A tel point que j’en oublie tout ce qu’il se passe autour de moi. Assise tranquillement dans un canapé plus ou moins confortable de la salle de pause de mon étage, dévorant littéralement les lignes de ma nouvelle bible, mon estomac me rappela à l’ordre. Oups, c’est vrai que je n’ai pas mangé grand-chose depuis ce matin. Je m’étais levée en retard alors j’avais rapidement pris une barre de céréales en partant de chez moi.

Sans quitter mon livre des yeux, je me levais tant bien que mal et je fus prise d’un léger vertige. Oui, il faut que je mange et vite. Terminant de lire ma phrase hautement intéressante, je marchais en direction du distributeur pour aller chercher quelque chose à manger, et à boire tant que j’y étais. J’étais tellement concentrée que je ne fis pas vraiment attention où j’allais jusqu’à ce que je percute quelqu’un. Enfin, que je percute presque quelqu’un. J’eus quand même le réflexe de relever la tête au dernier moment pour m’éviter la collision avec mon cher collègue. Le père de mon bébé. J’eus alors un sourire stupide en le regardant. « Oups, pardon Kieran, je suis tellement plongée dans mon bouquin que je ne vois pas où je vais. » Quelle gourde. Je reculais d’un pas ou deux et je remarquais rapidement qu’il n’était pas seul. Je jetais un œil à la demoiselle qui l’accompagnait, une jeune femme que je n’avais encore jamais vue. Je lui adressais un sourire poli. « Bonjour. » Mais je n’allais pas m’incruster dans leur conversation. Je ne suis pas là pour le déranger. Alors, je reportais mon attention sur mon collègue. « Hum, excuse-moi, il faut que j’accède au distributeur. Il faut vite que je mange si je ne veux pas tomber dans les vapes. Je t’ai promis de ne prendre aucun risque alors ce n’est pas le moment de faire un malaise parce que je n’ai rien dans le ventre. » Rien dans le ventre… « Enfin… Façon de parler. » Je caressais alors mon ventre et penchais la tête pour le regarder. « Il faut toujours tenir ses promesses, surtout celles qu’on fait au papa. » Oui, j’avais pris l’habitude de parler à mon ventre, à mon bébé depuis quelques jours… ça pouvait paraitre stupide, mais j’aimais ça. J’avais l’impression de commencer à construire un lien entre lui et moi. Je relevais la tête vers Kieran, tout sourire, j’étais de bonne humeur aujourd’hui. Bon, il faut aussi respecter les promesses qu'on fait à sa mère, évidemment. A ses deux parents quoi. C’est mieux.

crackle bones

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C’est perturbant de se retrouver dans une situation qui change d’ambiance en l’espace d’une demie seconde. Qui aurait pu penser que je me retrouverais au milieu d’un conflit ouvert malgré moi ? Certainement pas moi. Je ne comprenais absolument pas ce qu’il venait de se passer. Tout semblait aller bien à mon sens et lorsque je relevais la tête, la situation changea du tout au tout. Kieran se confondit en excuses auprès de la jeune femme blonde que je n’avais encore jamais vue. Désolé ? Mais pour quelle raison ? Il n’a absolument rien fait, il n’avait même rien dit. Pourquoi ce changement de comportement soudain ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce que je viens d’interrompre quelque chose ? Est-ce que je tombe mal ? Il semblerait… Ce qui me laissa plutôt dubitative sur la suite des évènements… Il se rapprocha d’elle alors qu’il m’avait laissé l’accès au distributeur quelques secondes plus tôt, mais je n’avais pas bougé tant la suite m’avait surprise. Cependant, elle eut un geste de recul… Cette situation me faisait repenser à ma réaction face à Noah, moi aussi j’avais reculé de quelques pas, sauf que l’expression de son visage n’avait strictement rien à voir avec celle que j’avais eu à ce moment-là. Elle avait l’air… Contrarié ? Peut-être même blessé ?

Kieran affirma qu’il avait été stupide de l’avoir amenée ici, qu’il était un crétin et qu’il était désolé. Enfin, il ajouta qu’il n’avait pas voulu qu’elle l’apprenne de cette façon. Ouh là. J’ai peur de comprendre… J’ai l’impression d’assister à une dispute de couple sur la découverte de l’infidélité du mari… Seigneur… Est-ce que c’est vraiment ça ? Est-ce que Kieran mène en fait une double vie ? Est-ce qu’il est avec elle alors qu’il a fait un enfant avec moi… ? Un violent sentiment de déception m’envahit alors. Est-ce qu’il s’est moqué de moi pendant tout ce temps ? Pourquoi il ne m’a jamais parlé d’elle ? En même temps, on n’est pas ensemble lui et moi. Pourtant, pourquoi est-ce que je me sens trompée ? Non, je ne dois pas ressentir ce genre de chose. Alors pourquoi c’est le cas ? La situation m’échappe et je n’aime pas ça. Je ne comprends pas, il n’a jamais mentionné le fait qu’il avait quelqu’un dans sa vie. Il m’a toujours dit qu’à part Eireen, il ne s’occupait de personne ? Est-ce qu’il m’aurait menti ? Pour quelle raison ?

Pourtant ça fait quatre ans que je le connais. Jamais il n’a mentionné une femme qui partageait sa vie. Jamais il ne m’a paru être le genre d’homme à avoir plusieurs vies. Il passe la plupart de son temps au travail. Sauf que je ne sais pas ce qu’il fait en dehors. Je lui avais posé la question quand il m’avait hébergée et à part prendre soin d’Eireen, il ne faisait pas grand-chose d’autre. Je le vois mal avoir plusieurs liaisons à la fois – même si je ne suis pas vraiment une liaison au sens propre du terme, je suis juste tombée enceinte de lui, c’est tout. C’est tout. Pourtant, il a accepté de prendre le rôle de mon fiancé… Juste devant Noah, Siobhan, ne l’oublie pas. Peu importe, il a accepté. Alors pourquoi ? Pourquoi réagit-il de cette façon face à cette femme ? Pourquoi parait-elle aussi blessée ? Surtout qu’elle avait vraiment l’air de mal prendre la situation à en juger par ses paroles. Kieran fier de lui ? Un petit jeu d’ami-ami ? Il a réussi son coup ? Mon dieu, plus la conversation avance, moins j’arrive à suivre. Fronçant les sourcils, je croisais les bras. J’aurais pu partir si je me sentais de trop, mais non. D’une part parce qu’il fallait que je mange rapidement pour éviter d’avoir de nouveaux vertiges – mais disons que j’étais un peu trop occupée à me poser des milliers de questions pour penser à ça – et que si je retournais dans mon bureau, il faudrait que je revienne une nouvelle fois ici pour récupérer à manger. Et d’autre part, parce que j’avais l’impression d’être concernée par cette dispute. Une question cependant me taraude plus que les autres, qui est cette femme ?

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Kieran & Mills

J'avais qu'une envie à ce moment : faire demi tour et repartir directement pour Los Angeles. Dans un moment plus simple, j'aurais sûrement compris qu'il n'y avait pas de but réellement méchant dans ce que Kieran avait fait mais là, j'étais bien incapable de m'en rendre compte. La présence de la blonde à côté de nous n'arrangeait rien pour moi. Je ne savais même plus sur quoi me retourner pour tenter de me calmer mais Kieran s'en chargea pour moi. Il attrapa mon visage et plongea son regard dans le mien. Instantanément, je m'y perdis. C'était impossible pour moi de garder les pieds sur terre quand mon regard croisait les iris bleues de mon ex-fiancé. Je me calmais doucement, essayant de me raisonner. Chaque mot que Kieran me disait remontait à mon cerveau pour me permettre de respirer de nouveau normalement depuis cette annonce qui m'avait littéralement coupé le souffle. Je réfléchissais. Il me répondit qu'il n'était pas son père et je ne pouvais pas nier que c'était en effet vrai. Je connaissais son père et je le connais et si il y avait bien une chose que j'avais compris, c'est qu'il n'était pas son géniteur. Il s'excusait et je me trouvais ridiculement égoïste. Kieran et moi n'étions plus ensemble, je ne pouvais pas me permettre de réagir ainsi. Je n'avais plus aucun droit sur sa vie depuis que je l'avais quitté, mais mon dieu, je ne pouvais pas ignorer cette douleur. Il aurait pu toucher tout un tas d'autres choses chez moi mais il avait frappé en plein cœur, dans l'endroit où ça faisait le plus mal. « Ca ne devrait même pas m'atteindre Kieran, il est là le problème. Après sept ans, je devrais juste être heureux pour toi mais je suis désolée, je n'en suis pas capable. Je suis désolée. » Je baissais le regard avant de le tourner vers la blonde que Kieran me présenta. Je trouvais ça une nouvelle fois maladroit de sa part. Je n'avais aucune envie de faire sa connaissance mais visiblement, je n'avais pas franchement le choix. Je ne pus que remarquer qu'il ne l'avait pas présenter en tant que copine ou pire, en tant que femme. Ils étaient juste collègues avec un petit plus. Bizarrement, je me contentais de ça. Ca me rassurait bêtement. Je lui tendis la main poliment, je ne voulais pas non plus paraître sauvage, avant de me tourner vers mon ex-fiancé. Il ne comprenait pas visiblement. Il ne comprenait pas que je n'arrivais pas à faire « table rase du passé » malgré mes nombreux efforts et que je n'arrivais pas à trouver une raison de passer véritablement à autre chose. Il faudrait que je lui dise un jour.. Que c'était toujours l'homme de ma vie à mes yeux, mais je doutais que ce soit le bon moment. Je soufflais rapidement en sa direction. « C'est pas comme si j'avais le choix... On bosse au même endroit. »

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What are you doing here ?

Si j’avais été une commère, j’aurais surement apprécié la situation. Mieux, j’aurais même pris un truc à manger pour admirer le spectacle qui se jouait devant moi. Or, ce n’était pas le cas. Je ne comprenais strictement rien à ce qu’il se passait et mon cerveau commençait à partir sur des idées folles. La principale étant qu’elle était sa copine actuelle et que j’étais une sorte de maîtresse qui portait son enfant. Et cette idée ne me plaisait pas du tout. De toute manière, tant que je n’aurais pas une explication claire, il me serait impossible de me faire une idée précise de la situation. Cette femme semblait blessée et en colère, seule une femme amoureuse réagit comme ça non ? Ils devaient tenir l’un à l’autre, ça crevait les yeux. Surtout quand je constatais avec horreur le regard qu’elle lui lançait alors qu’il venait d’attraper son visage entre ses mains… Pourquoi est-ce que je ne supportais pas cette vision ? Parce que si jamais ils ont un lien fort entre eux, si jamais elle fait partie intégrante de sa vie… Elle fera partie de la mienne et par conséquent de celle de mon bébé. Et s’ils sont ensemble après sa naissance ? Et si elle est avec lui quand il le gardera ? Et si mon bébé grandit dans un contexte de famille avec lui ? Il la verra comme sa mère… Et moi dans tout ça ? Non, je refuse qu’elle me vole mon rôle de mère. Kieran ne doit pas refaire sa vie, il… Il doit rester seul. Quelle pensée égoïste. Mon rôle de mère est ce que j’ai de plus cher au monde, il est hors de question qu’on me le prenne. Parano ? Peut-être bien. Mais tant que je ne saurais pas qui est cette femme, je vais m’imaginer toutes sortes de choses, toutes plus invraisemblables les unes que les autres.

Sa façon de le regarder me déplait. Mais Kieran prit la parole pour lui expliquer qu’il avait changé, mais pas autant qu’elle pouvait le penser. S’en suivit une courte explication et il évoqua même son père. Je ne comprenais toujours rien, évidemment. Mais si elle connait son père, c’est qu’elle est proche de lui. Comme je l’avais imaginé… Malheureusement. Il finit par lâcher son visage à mon grand soulagement mais reprit aussitôt la parole pour s’excuser une énième fois. Je vais réellement finir par croire qu’elle est sa copine. Ou pire, sa femme… Je me sentis limite défaillir intérieurement à cette idée. Elle ne peut pas être sa femme, il n’a pas d’alliance, réfléchis un peu. Ouais enfin, bague ou pas, il y a quelque chose entre eux. Cependant la suite de la conversation prenait une tournure bizarre. Il évoqua sa potentielle stérilité. Il m’en avait parlé aussi quand je lui avais annoncé ma grossesse. Mais quel est le rapport… ? Ma réflexion fut stoppée quand j’entendis une phrase de Kieran qui resta en suspens dans mon esprit. J’apprends à m’y faire. Alors là… J’en restais bouche bée. Je n’écoutais même pas la suite tant ses mots résonnaient dans ma tête. Pardon ? Je ne lui ai rien imposé. Je n’ai jamais demandé à ce qu’il fasse partie de la vie de mon bébé. Je l’ai juste prévenu, je ne lui ai pas mis le couteau sous la gorge pour le forcer à m’aider. Bon dieu, comment peut-il dire ça ? Je ne sais pas si c’est moi qui interprète mal ses paroles, mais ça sonne vraiment comme quelque chose qu’il n’a pas voulu mais qu’il est contraint d’accepter… Dire que c’était un accident ne me posait pas de problème parce que c’était la vérité, mais alors ça… Achève-moi, ça ira plus vite.

La voix féminine de son amie me ramena cependant à la réalité mais ses paroles me firent l’effet d’une douche froide. Elle n’avait pas son mot à dire sur la situation pourtant elle lui posait problème. Ses paroles raviveraient mes craintes… Il ne lui était pas indifférent… Sept ans ? Ils sont ensemble depuis sept ans ou… ? Dans tous les cas, je n’appréciais pas ce qu’elle venait de dire. Je n’appréciais pas cette situation. Et puis contre toute attente, Kieran eut enfin la brillante idée de nous présenter. Il m’adressait même un sourire dans la manœuvre. Sourire auquel je n’avais aucune envie de répondre. Il me présenta comme étant sa partenaire et ce fut à son tour. Mélissa Weight, son ex-fiancée. Son ex…Fiancée. J’étais abasourdie. Les bras m’en tombaient, tout comme mon livre qui atterrissait sur le sol. Elle tendit la main vers moi, sans un mot. Sans un sourire, dans une froideur extrême. Ce qui dissipa tout sentiment de culpabilité que j’avais ressenti en apprenant son statut. Son ex, est-ce celle dont il m’a déjà parlé ? Celle avec qui il a perdu trois bébés ? Dans ce cas, sa réaction prendrait tout son sens… J’aurais pu me sentir coupable d’avoir mis les pieds dans le plat devant elle. Mais sa réplique précédente et cette aura glaciale qui l’entourait me posait un autre problème. Machinalement, j’attrapais brièvement sa main sans grande conviction, par simple politesse. Ce qui me dérangeait le plus c’était sa façon de le regarder, ses paroles cinglantes, le fait qu’elle n’accepte pas son bonheur… ça me répugnait. Et surtout, en sachant qu’elle était son ex, mon histoire me frappa en plein visage. Noah aussi est mon ex, et il veut absolument me récupérer… Est-ce la même chose pour elle ? Est-ce qu’elle va aussi vouloir se l’approprier de nouveau ? N’ayant jamais pu lui donner d’enfant, va-t-elle vouloir me voler le mien ? Non, je ne pouvais pas le tolérer. Je n’écoutais même plus ce qu’ils disaient, ça ne m’intéressait plus. Je me sentis juste mal à l’idée qu’elle fasse de nouveau partie de sa vie. Et comme très souvent en ce moment, à la moindre contrariété, j’ai envie de pleurer. Alors sentant les larmes me monter aux yeux, je préférais partir précipitamment, je ne pouvais pas rester une seconde de plus. « J-j’ai du travail. » Ma voix s’était déjà quelque peu enraillée mais qu’importe, je quittais la salle de pause sans me retourner pour regagner mon bureau. J’en ai assez vu. Et comme je ne contrôlais plus mes émotions depuis quelques mois, les larmes se mirent à couler le long de mes joues à peine la porte de mon bureau fermée. Je ne sais pas vraiment pourquoi je pleure, c’est juste que toute cette histoire me contrarie. Et je n’ai toujours rien mangé…

crackle bones

What are you doing here ?

Kieran & Mills

Je me tournai vers la blonde qui portait le bébé de Kieran quand elle prit la parole. Je m'en voulais d'être incapable de la comprendre et de pouvoir faire la part des choses à son propos. J'avais pourtant réussi à le faire avec Eireen. En effet, je ne lui en avais jamais voulu malgré le fait que la rupture était en partie due à elle mais là, j'étais incapable de ne pas en vouloir à Siobhan. Pour moi, elle était entièrement responsable de ses actes et elle était responsable surtout de ce que je ressentais à ce moment là. C'était plus fort que moi, j'étais tout bonnement incapable de ne pas lui en vouloir de ce qu'il venait de se passer entre Kieran et moi. Elle partit après s'être justifiée et je me sentis légèrement mieux après son départ. Je la connaissais à peine et je la détestais déjà. Ça ne me ressemblait absolument pas de détester quelqu'un si vite. Kieran s'excusa à son tour, me suppliant presque de lui donner une minute que je ne pus refuser de lui donner. De toute façon, mes jambes étaient juste incapables de faire le moindre mouvement tant je restais sous le choc de cette annonce. Je restai donc là, piteusement, à attendre que mon ex-fiancé m'explique pourquoi il venait de me briser le cœur sans même s'en rendre compte. Je savais qu'il faudrait que je lui donne des explications moi aussi mais je ne me comprenais pas moi-même, alors je me demandais comment je pourrais réussir à être claire face à lui.

Quand il eut fini avec son portable, je croisai mes bras sur ma poitrine, tentant de mettre une distance physique inconsciemment entre nous. Il m'expliqua qu'il n'était pas en couple avec Siobhan et que ce bébé n'était le résultat que d'un dérapage entre collègues. J'avais l'impression d'être dans une discussion de couple après la révélation d'une tromperie. Kieran n'avait aucun compte à me rendre. Il était célibataire et nous n'étions plus ensemble à ce moment là, ça ne me regardait pas. Il semblait totalement détaché de la situation. Il leva le regard vers moi, continuant son explication en me regardant dans les yeux mais je ne pus soutenir son regard bien longtemps. Quand il parla des sentiments qu'il avait pour moi, insistant sur le passé de la chose, je dus baisser le regard, ne supportant plus de le regarder dans les yeux. J'écoutais chaque mot qu'il prononçait et il confirmait tout ce que j'avais toujours pensé depuis notre rupture. Quand il eut fini, je pris une grande inspiration avant de prendre la parole à mon tour. « Tu sais Kieran, je n'ai jamais eu de raison de tourner la page. Tu es parti de ma vie et tu as quitté Los Angeles. Je me suis retrouvée entièrement seule, tu avais Eireen. Tu avais une raison de faire table rase du passé, contrairement à moi. Je suis venue ici pour passer à autre chose, enfin, mais on se recroise et au fond de moi, j'étais obligé de penser que c'était un signe du destin me disant que c'était ridicule de se perdre ainsi. Que peut-être qu'on était réellement fait pour être ensemble. Tu n'y es pour rien, tu n'as pas besoin de t'excuser. C'était normal de refaire ta vie après moi, après tout, je n'étais sûrement pas la femme de ta vie... » Ma voix s'éteint à la fin de ma phrase, c'était dur de dire ça mais c'était aussi fait pour le tester. Je voulais voir sa réaction. C'est donc à ce moment là que je relevais la tête vers ce visage que je connaissais par cœur, espérant y lire quelque chose de positif pour moi. Si ce n'était pas le cas, je devrais définitivement me faire une raison.

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