Depuis quelques mois, les agences de mannequins ne cessent de me tourner autour, désirant prendre de mon temps pour quelques séances photos. Il y a bien longtemps, je refusais catégoriquement, me vouant seulement qu'à mon métier de pompier, mais depuis peu, j'accepte certaines offres intéressantes. Ce qui est plaisant en étant un modèle, c'est que nous sommes autant payer en argent qu'en cadeau via les compagnies pour lesquelles nous faisons de la publicité. Aujourd'hui, je pose pour une panoplie de marques vestimentaires connues et ce sont les maillots de bain qui sont à l'honneur. C'est la raison pour laquelle je me dirigeais vers Rockaway Beach. Caché derrière mes lunettes fumées, je fis mon apparition sur la plage, m'incrustant dans cet univers de la mode. On se croirait dans une fourmilière. Tout le monde est à son poste.

Je me présentai à l'organisateur qui m'incita à rejoindre la styliste. Celle-ci m'accueillit avec un large sourire, m'expliquant rapidement mon rôle à jouer et me montrant à la fois les paires de short que j'allais porté durant le shooting. Elle me donna le premier morceau, me pointant du doigt un coin pour se changer à l'abri des regards curieux. Une fois prêt, je lui donnai mes effets personnels et elle m'accompagna aux coin maquillage pour camoufler des imperfections et accentuer quelques reflets de lumières sur mon visage. Au final, elle m'emmena un peu plus loin sur la plage pour allez rejoindre le photographe. Avant de faire sa rencontre, la styliste m'expliqua que je devais être enduit de sable, ce qui m'obligea à allez faire une rapide trempette dans l'eau pour que les grains puissent coller à ma peau. Heureusement que le maquillage est hydrofuge, car je déteste cette étape. Je revins vers la dame qui se rinça l'oeil de la tête aux pieds sur mon corps trempé. Ensuite, elle prit un malin plaisir à prendre des poignées de sable pour les jeter sur mes jambes, mon torse, mes bras. Elle me demanda de fermer les yeux lorsqu'elle arriva à mon visage, parsemant une joue, l'inférieur de ma lèvre et mon front. Elle m'analysa une dernière fois avant d'hurler à un groupe de gens plus loin : « IL EST PRÊT! » J'inspirai profondément, zyeutant l'équipe qui s'approchait de moi. Mon coeur s'arrêta instantanément lorsque je reconnu Kiara au travers des autres. Elle tenait... Un appareil photo. J'avalai ma salive difficilement. Je ne l'ai pas revu depuis notre rencontre anodine et disons que je n'étais pas totalement à l'aise de la revoir suite à mes confidences sans queues ni têtes. Mon accompagnatrice me fit signe de la suivre, se dirigeant directement vers Kiara. Je lui emboitai le pas, terminant mon trajectoire juste à ses côtés. « Maxence, voici Kiara, la photographe qui s'occupera de ta séance photo! Sur ce, je te laisse entre ses mains! » Dit-elle avant de me filer un clin d'oeil et de quitter le plateau pour retourner auprès des autres préparateurs.

J'entrouvris la bouche, souriant nerveusement par cette situation insolite. « Je crois avoir oublié de te dire que je fais quelques contrats ici et là en tant que mannequin... » Donnais-je comme raison. Un petit vent s'était installé, faisant virevolter des mèches de cheveux de Kiara. J'humai son odeur et sourit d'avantages. Maintenant, je savais pertinemment que le destin voulait nous réunir et pour moi, ça clarifiait bon nombre de questions.

Kiara me sourit, confirmant le fait que je ne lui avais pas fait part de ce petit boulot. Je ne pu m'empêcher de rouler des yeux sous son commentaire via la styliste, Fanny. Malheureusement, ce n'est pas à elle que je veux faire de l'effet. Je sais que Kiara restera professionnelle du début à la fin de la séance. Elle a une tête sur les épaules et elle est capable de distinguer son travaille de sa vie privée. Seulement, je ne peux pas croire qu'elle n'est pas impressionnée part mon corps. Lorsque j'avais quitté le Kansas pour venir m'installer à New York, j'étais minuscule comparativement à aujourd'hui. Disons que ces six dernières années, j'ai fait beaucoup d'entraînement physique pour développer ma musculature. Bref, j'espérais la faire fondre de désir sous mes biceps et mes sourires charmeurs. Pas pour profiter d'elle, au contraire... Et ça même si l'envie est constamment présente dans mes pensées. Je songe plutôt à obtenir quelques informations intéressantes sur ce qu'elle pense de moi aujourd'hui. En recueillant ses commentaires, je pourrai peut-être me faire une idée de ce qu'elle ressent à mon égard?

Je suivis la belle brunette avant de prendre une pose. Elle se recula tout en ajustant son appareil et commença ensuite les clichés. Bizarrement, j'étais à l'aise avec elle en tant que photographe. Elle continua à me donner des directives et sans chigner, je me positionnais selon ses désirs. Mon seul défaut était mon regard traite. Je ne cessais de la regarder, elle. À tout bout de champ, je devais focaliser mes yeux sur autres choses. Lorsque la première séance fut terminé, je me dirigeai machinalement vers le «vestiaire» improvisé pour changer de maillot. La dénommé Fanny s'empressa de venir à ma rencontre, me complimentant sur ma santé physique et sur mon talent inné pour la photo. Je la remerciai brièvement avant qu'elle ne rajoute : « J'ignore si on te l'a dit, mais y'a un changement pour la prochaine séance. Le réalisateur veut que ce soit plus sensuel, plus intense. Alors il a fait venir Garcia, une fille dans le mannequina pour que... » À peine avait-elle finit de me donner les nouvelles instructions qu'une colère noire s'emparait de moi. Pourquoi fallait-il que cette Garcia se tape l'incruste dans la chimie que j'essayais de raviver entre moi et Kiara? J'acquiesçai sans rouspéter, retournant sur la plage pour découvrir une Garcia toute excitée lors de mon arrivée. Je regarder Kiara du coin de l'oeil avant de me présenter auprès de ma nouvelle collègue de travaille.

Sans plus attendre, on se remit au travaille. Collé l'un contre l'autre, mes mains devaient se balader dans son dos, sur ses hanches, dans son coup. Les positions varièrent bon nombres de fois. Seulement, au cours du shooting, j'eu une idée incroyable. J'attendis le bon moment pour mettre mon plan en action. Quelques poses plus tard, Kiara continua de donner ses explications, mais je pris une mine renfrognée. Mon regard emplit d'incompréhension fit ralentir la cadence. Je finis par ma décoller délicatement du modèle féminin pour me tourner vers Kiara. « Tu veux que je pose mes mains où? Et que je fasse quoi par la suite? Je suis pas sûre de comprendre alors... Tu voudrais bien venir me montrer comment tu imaginais tout ça? » Dis-je avec un air incertain. Mon jeu d'acteur était pratiquement parfait. Tout le monde nous regardait, attendant que Kiara se dirige vers moi pour faire le mannequin à la place de Garcia le temps que j'assimile bien la position qu'elle m'indiquait.

J'étais réellement fier de mon coup. Je ne me souvenais pas avoir déjà été si ingénieux pour obtenir ce que je voulais. Kiara se dirigea momentanément vers moi d'un pas décidé. Son professionnalisme était enclenché. Lorsqu'elle fut à proximité, elle m'expliqua la position en se collant contre moi. Se contact fut pour moi électrisant. Je senti telle une décharge passer d'un bout à l'autre dans mon corps. Je plaçai une mains dans le creux de son dos, puis l'autre sous sa cuisse, la pressant contre moi. Je savourai le moment ou elle passa ses bras autour de ma nuque, approchant instantanément nos visages. Nos regards fusionnèrent une fraction de seconde, me laissant amplement le temps de déguster se rapprochement. J'esquissai un sourire vainqueur lorsqu'elle me demanda si je comprenais mieux. J'ignorais si elle voyait clair dans mon jeu, mais de mon côté, je n'avais pas l'intention de laisser ça mort.

Elle se décolla pour retourner derrière son objectif, arrachant une partie de mon coeur avec elle. Se détachement fut douloureux et ça, même s'il ne s'agissait qu'une pose pratique. On finit par prendre le dernier cliché pour recevoir ensuite de nouvelle directive. TOOPLESS? Non mais elle déconne? C'est elle qui donne se genre de directive? Moi qui croyait que c'était l'entrepreneur de tout ce montage... Je lui lançai un regard noir avant d'aller enfiler les jeans qu'elle nous imposaient. Quel merdier. Une fois de retour, elle s'approcha de nous et m'expliqua ma position. Je me couchai sur la plage, m'accoudant contre le sable chaud pour soulever mon torse et décoller mon dos du sol. Petit revirement de situation aucunement désagréable, Kiara montra encore une fois à Garcia ce qu'elle devait faire. Elle se plaça par-dessus moi, entre mes jambes pour décrire chacun des mouvements à suivre. Je senti mon coeur s'accélérer au fur et à mesure que son corps retrouvait le mien. Nos visage beaucoup trop près l'un de l'autre me fit presque perdre la boule. Elle jouait avec le feu... Kiara donna l'ordre de se désirer mutuellement. « Ce devrait pas être si difficile... » Soufflais-je à son intention, détaillant son visage. Je tentai tant bien que de mal de rester concentrer pour ne pas que mon ami en bas de la ceinture ne s'anime. Disons que ce genre de rapprochements, surtout avec Kiara, ne me laisse aucunement indifférent. Mon self-control a tout de même des limites.

Elle s'écarta et laissa place à Garcia qui s'incrusta entre mes jambes. Après quelques minutes de « faux » désirs, nous finîmes par passer au travers de la troisième séance. Je me relevai tranquillement, aidant Garcia à se remettre sur pieds avant de me dirigeai machinalement vers Kiara. Lorsque je fus à ses côtés, j'esquissai un sourire, lui adressant la parole d'un ton de voix bas pour ne pas que les gens aux alentours ne nous entendes. « C'était vraiment nécessaire Garcia? » Dis-je avec une pincé de méchanceté. Lorsque j'avais accepté l'offre, j'avais très clairement stipulé que les photoshoot avec les nénettes, c'était seulement avec mon accord. Malgré ce caprice, ils avaient acceptés de m'engager car je représentais selon eux l'homme idéale. Mais à ce que je vois, personne n'avait prêté attention à ce petit détail. « Écoute dans mon contrat, j'ai demandé à avoir le droit de dire non si jamais une femme m'était imposé dans un photoshoot. Malgré ça, il m'ont pris. Alors pour la dernière séance photo, celle qui se déroule dans l'eau, je veux pas de Garcia entre les jambes. » Dis-je avec sincérité. Ma voix exprimait quelque peu mon mécontentement devant cette injustice. Je m'apaisai avant de reprendre la parole. « Je voudrais qu'elle soit remplacée par toi... Je serai plus à l'aise et je suis certain que parmi tout ces gens, y'a un autre photographe qui dégouline d'impatience pour débuter sa carrière. T'as déjà fait tes preuves... Alors fait moi plaisir. » J'ignorais si cette requête pouvait être fondée, mais si je ne le demandais pas, je pourrai passer à côté de cette chance précieuse à mes yeux.

Je remis les pieds sur terre assez rapidement lorsque Kiara déboula son discours sur mes airs de starlette. Je me pinçai les lèvres tout en massant ma nuque, quelque peu mal à l'aise par mon comportement d'enfant de cinq ans. Ce n'est pas ma faute si je suis autant déterminé à vouloir être auprès d'elle et de toute manière, elle ne peu pas comprendre. Mon inconscience est beaucoup plus féroce que je le pensais, je devrai donc lui tenir tête et continuer mon bon travail. Elle pris le temps de me rassurer en me confiant que Garcia était homosexuelle. Un petit sourire se logea sur mon visage et j'acquiesçai lorsqu'elle me demanda de poursuivre la séance si je tenais encore à elle. Évidemment, je n'allais pas la laisser en plan et céder ma place à Anthony. Elle déclara une pause de cinq minutes. Je m'empressai d'allez boire un verre d'eau avant de féliciter Garcia pour son professionnalisme. Désormais, je me sentais beaucoup plus à l'aise en sa présence. Je pris le temps de souffler, de relaxer et de bloquer touts sentiments qui pouvaient me gêner durant la dernier shooting. Je regardai à l'horizon. Le soleil était sur le point de se coucher. Il fallait faire vite pour terminer cette journée de fou. Je jetai un coup d'oeil en direction de Kiara et elle me fit signe de la rejoindre. Je me retrouvai devant son écran à admirer les images qu'elle avait capturé grâce à son appareil. J'écarquillai les yeux, surpris de voir à quel point elle était douée. « C'est superbe... J'ignorais que tu étais si talentueuse! » Avouais-je, les yeux rivés sur les images qui déferlaient sous mon nez. Suite à une bonne analyse, je donnai l'appareil à Kiara. « Je suis désolé pour ma crise de tout à l'heure. Je ne cherche aucunement à me justifier, mais saches que je faisais ça par fidélité envers Nora. Elle sait que je fais des séances et que malheureusement, ce genre de situation peu arriver, mais je veux pas la blesser... Tu comprends? » Au départ, c'était pour ces raisons que j'inscrivais cette demande dans mes contrats, mais ce n'est plus la stricte vérité. Depuis que Kiara est réapparue dans ma vie, je suis un peu distant avec Nora et je sais que du jour au lendemain, elle finira par me questionner. D'ici là, je  devrais reconquérir le coeur de Kiara. Je sais que c'est avec elle que je serai véritablement heureux. Même si je ne suis pas prêt mentalement à une rupture, même si je ne veux en aucun cas faire souffrir Nora, je sais que tout au fond de moi la décision finale est prise. « Pour me faire pardonner et pour féliciter ton somptueux boulot, t'es obligé d'accepter le verre que je vais t'offrir à la fin de la séance! » Dis-je en m'éloignant, lui désignant un clin d'oeil de complicité avant de rejoindre Garcia dans l'eau.

Une trentaine de minute plus tard, l'après-midi se termina sur un flot d'applaudissement. Plusieurs furent réservés à Kiara pour son excellent travail. Aussitôt la journée terminé, Fanny m'enroula dans une serviette, me vouant des louanges à ne plus finir. « Dis, est-ce que tu serais capable de me dégotter de la boisson s'il te plaît? Et une serviette sec! » L'interrompais-je avec mon sourire charmeur. J'enfilai ma paire de short et ma camisole avant que Fanny ne revienne au trot serviette et petite caisse de bière à la main! « Merci! Et tiens, bois la à ma santé! » Dis-je en lui donnant une bière sur les six que comprenait ma boîte. Je tournai sur mes talons pour m'éloigné et me dirigeai vers Kiara. Je n'osais pas me retourner pour regarder la réaction de Fanny, mais elle devait être noir de rage. Lorsque j'arrivai près de Kiara, je sortie une bière pour la lui coller sur son bras dénudé. « Prête à fêter ta victoire? »

J'éclate de rire lorsqu'elle me surnomme « Princesse Maxence ». Ouais je trouve que ça me colle bien à la peau se pseudonyme. Je prends le temps de décapsuler ma bière pour trinquer avec Kiara et en prendre une bonne gorgée. Bordel que ça fait du bien! « Tu sais, je suis pas un véritable mannequin moi. Ça fait à peine quelques mois que les entreprises m'achale pour que je participe à leur séance photo. Je ne connais pas ce monde et, malheureusement, je me rend compte que ça va en travers de mes principes. » Dis-je en buvant une nouvelle gorgée. « Malgré ça, c'est tout de même flatteur de se faire recruter parce que t'as une belle gueule! Dire qu'avant c’étaient les nanas qui se disputaient pour m'avoir... » Rajoutais-je en un rire pragmatique.

Je déconne bien sur les nanas, mais Kiara sait très bien que je n'étais pas le genre à courir les jupons. Même en étant jeune et écervelé, je préférais avoir une relation stable. Kiara me demanda si je restais encore un peu, me faisant sourire intérieurement lorsqu'elle rajouta s'il fallait que j'aille rejoindre Nora. « Elle travaille encore tard ce soir alors je peu profiter de ma soirée... Et pour être franc, c'est pas la joie entre nous en ce moment alors me changer les idées, c'est seulement ça que je demande! » Avouais-je, sans la moindre gêne. Je déposai la serviette sur le sol et la caisse d'alcool avant que Kiara ne me prenne la main pour m'inciter à la suivre sur le bord de l'eau. Un long silence guida nos pas dans le sable granuleux. Encore une fois, une panoplie de questions m'émoustillaient les lèvres. Je décidai donc de jouer à un jeu auquel j'avais participer lors d'une soirée bien arrosée, sûrement le plus débile et ennuyeux qu'ils soient, mais il me permettrait d'obtenir des réponses à mes questions. « Est-ce que tu connais le jeu Je n'ai jamais? On pourrait se faire une partie pour agrémenter notre soirée! Ça va nous permette de rigoler un peu et d'en apprendre plus sur l'autre... Et je te laisse débuter! » Proposais-je avec détermination.

Assis sur les rochers, les pieds dans l'eau, je lui tirai la langue lorsqu'elle proposa un autre jeu. Action ou vérité. Le jeu le plus débile que je connaisse. Il laisse beaucoup trop de sous-entendus... Mais j'étais tout de même prêt à risquer d'y jouer. J'acquiesçai tranquillement, buvant une autre bonne gorgée en regardant l'horizon. L'endroit était magnifique. En six ans, je n'étais jamais venu ici, alors j'étais bien heureux de partager cet endroit avec Kiara. Finalement, la petite curieuse posa une question. J'ignorais si elle avait démarré le jeu ou bien si elle était sincèrement prête à m'écouter. Dans les deux cas, je n'avais pas envie de la mêler à mes histoires de cœurs. Il était préférable autant pour elle que pour moi d'éviter ce genre de conversation. Alors je jouai le jeu, optant pour vérité. « Je choisis vérité... » Je me tournai vers elle pour la contemplai. « Je n'ai pas besoin de ton aide. Je crois que t'as assez donné dans le passé pour mes histoires d'amour. Alors t'inquiète pas pour moi. Je suis grand maintenant et je sais comment arranger les choses. » Ma voix rassurante ne fit qu'approuver mes paroles pleines de sagesse. Je m'étirai de tout mon long avant d'appuyer mes mains sur la roche en arrière de moi, soutenant le haut de mon corps. Je laissai tombé ma tête par en arrière en soupirant subtilement. Je pris le temps de réfléchir à ma question. « Si t'avais la chance de revenir dans le passé et de faire en sorte qu'on garde contact... Est-ce que t'aurais tenté de me revoir? »

Suite à ma question, je fus incapable de regarder Kiara dans les yeux. Son discours me troubla. Elle avait essayé tant bien que de mal de me contacter par téléphone, mais la plupart du temps, j'étais à la caserne et les cellulaires sont totalement bannis de cet endroit. J'aurais facilement pu la rejoindre en appuyant sur son numéro, mais j'en étais incapable. J'avais laissé mon courage en plan à l'aéroport du Kansas, en lui disant aurevoir une dernière fois. Je serrai ma mâchoire, fermant mes paupières pour me rappeler toutes les fois ou je voyais son nom apparaître dans mon écran. Bien sûre qu'elle s'était donnée corps et âme pour continuer à me parler, elle ne voulait pas que je parte. Elle avait fait se sacrifice pour mon bonheur à moi... Alors que de mon côté, je lui brisais le coeur en déménageant à New York, sans invitation. À quoi bon l'amener avec moi alors qu'elle n'avait pas terminé ses études? Je suis pratiquement certain qu'elle aurait tout mit de côté pour m'accompagner et c'est justement ça que je voulais éviter. Évidemment, c'est beaucoup plus simple de partir en lâche que de s'expliquer pour défendre sa position...

Je me redressai pour boire bons nombres de gorgées, histoire de m'aider à passer à travers ce jeu bidon. C'est alors qu'elle me lança une question désarmante. Je la fixai avec ce même mépris qu'elle avait en me toisant du regard. « Tu déconnes j'espère? C'est pas parce que je suis partie que je suis un sans coeur. J'ai pas arrêté une seule seconde de pensée à toi, à la décision que j'avais prise. Tu sais pas comment ça été difficile pour moi de couper les ponts. Je faisais ça pour ton bien, car je savais très bien que si je t'avais demandé de me suivre, t'aurais sauté dans le premier avion pour me rejoindre. T'aurais absolument tout sacrifié pour moi... Et je voulais pas que tu foute ta vie en l'air pour moi. » Je tentai de garder mon calme, ignorant pourquoi dire la vérité était si difficile. « Je crois que ce qui est le plus difficile à avaler dans tout ça, c'est que maintenant tu réapparais comme si de rien n'était et que... » Je pensai à Nora, ce petit rayon de soleil si agréable à côtoyer. Je soupirai bruyamment, me passant les mains sur le visage avant de me laisser tomber doucement vers l'arrière. Je croisai mes bras derrière la tête de contemplai le ciel longuement. « Et que j'en dors plus la nuit... » Finis-je par admettre.

Évidemment, comme je l'avais prédis, elle ne comprendrais rien. Voilà qu'elle se met dans tout ses états. Elle hausse le ton avant de m'expliquer à quel point elle aurait justement tout fait pour venir avec moi. Qu'elle était éperdument amoureuse de l'homme que j'étais. Je la laisse décamper un peu, prenant de grande respiration pour ne pas exploser de rage à mon tour. Je me rassois confortablement, buvant ma canette au complet avant de l'écrabouillai sur la roche. C'est alors qu'elle fait allusion au passé, le classant justement comme étant de vieilles histoires. Je lui attrape le poignet pour la tourner vers moi, plongeant mon regard dans le sien. L'envie folle de plaquer mes lèvres contre les siennes me démanche, mais je contiens cette démesure. « Ne plus exister à mes yeux? T'es aveugle ou quoi? Tu veux que je te dise une autre vérité? C'est que tu sais pas toi même ce que tu veux. J'ai la forte impression d'être aucunement important pour toi. Je fais absolument tout pour essayer de t'amadouer pour savoir si t'es toujours accroché, mais tu vois RIEN! Ce que je t'ai dis l'autre soir, ça t'as pas sonné des clochettes? Le photoshoot? Pourquoi est-ce que tu penses que je voulais le faire avec toi? Hein? Je fais tout ça pour être capable de démêler mes putains de sentiments, mais t'es tellement borné sur je ne sais quoi que tu ne m'aide aucunement à clarifier les choses. » Je respirais rapidement, mon coeur s'était accéléré en un rien de temps et mon débit de voix s'était intensifié. Je regrettais déjà d'avoir été si direct avec elle. C'était seulement notre deuxième rencontre et voilà que je lui crachais tout ça au visage. Malgré tout, je comptais tenir mon bout, jusqu'à la fin. Je lâchai son poignet avant de lui faire mal, regardant la mer de mes yeux vidés d'espoir.

Kiara se lève debout pour tourner en rond avant de s'élancer dans un dialogue sans fin. Un dialogue qui me pèse beaucoup sur les épaules. Au fur et à mesure qu'elle éclaircit ses propos, je me rends compte à quel point elle était prête à tout pour que l'on reste uni, à quel point elle tenait à moi, à quel point toute cette histoire l'emmerde au plus haut point, à quel point j'ai été méchant et injuste avec elle. Mon coeur se contracte, mes poings se ferment et mes dents s'effritent les unes contres les autres. Je la laisse évacuer tout le mal qu'elle contient, la tête basse. J'ignorais que tout cela serait encore douloureux pour elle. Après toutes ces années, je croyais qu'elle aurait réussi à passer au travers de cette séparation, mais à l'entende parler, ce n'était nullement le cas. Dire que mon seule but était de lui éviter de la misère, voilà que je lui faisais vivre le pire calvaire. Je la regardai longuement, l'émotion étouffant les mots dans le fond de ma gorge. Je m'apprêtai à me lever pour être à son niveau, mais cette dernière perdit pied et tomba dans l'eau. En moins de deux, j'étais déjà à sa rescousse, sautant par-dessus le rocher pour atterrir à ses côtés. J'avais de l'eau jusqu'au torse, j'attrapai Kiara facilement pour la remonter à la surface. Étant plus petite que moi, elle avait de l'eau jusqu'aux épaules, lui permettant de reprendre son souffle. Je tenais ses bras pour m'assurer qu'elle ne tombe pas en cas d'un mal aise.

Délicatement, je retirai ses cheveux trempés de son visage, essuyant quelques gouttelettes d'eau sur ses joues avec mon pouce. « Tu n'as rien? » Demandais-je, inquiet. D'après moi, il y avait beaucoup plus de peur que de mal. « Tu sais... Jamais je ne t'ai considéré comme un jouet Kiara. » Mon timbre de voix était doux, tel un murmure. Je ne voulais pas que l'on recommence à se crier dessus. « J'admet mes tords... Jamais je n'aurais dû te laisser au Kansas. J'aurais dû t'en parler, t'obliger à me suivre, te kidnapper s'il avait fallut. Comme je t'ai dis plus tôt, je croyais bien faire en nous séparant... Et je crois qu'au final, c'est la plus belle connerie que j'ai pu commettre. » Avouais-je avec difficulté. Je me permis de prendre son menton du bout de mon index, soulevant ainsi son joli petit minois pour la contempler« Sache que je suis... » Je baissai mon regard, refoulant des larmes qui se tapaient l'incruste dans mes yeux. « Je suis terriblement désolé d'avoir été si idiot. J'ignore ce que je voulais me prouver en t'amadouant alors qu'au fond de moi, je sais très bien que Nora ne fait pas le poids contre les sentiments que je refoule à ton égard. Tu n'as pas à te sentir mal... Si mon couple bascule en ce moment, c'est parce que j'ai couru à sa perte, tout simplement. » Je me sentais soudainement libéré d'un fardeau incommensurable. Peu importe ce qui allait advenir de mon futur, je savais qu'il fallait rompre avec Nora, car j'étais beaucoup trop indécis. Je ne voulais pas lui briser le coeur comme j'avais fait souffrir Kiara. Je serai franc... L'honnêteté sera alors mon seul ami.

Tous ces retournements de situation étaient incroyables. Nos retrouvailles imprévisibles à l'épicerie du coin et maintenant notre alliance professionnelle sur cette plage me rendaient complètement dingue. Rien n'était prémédité. Pourtant, je ressentais au fond de moi que tout cela finirait par arriver un jour. Comme je me tus à le dire depuis notre première rencontre, le hasard n'y est pour rien. Si Kiara est sur mon chemin à ce moment précis de ma vie, c'est simplement pour m'ouvrir les yeux à nouveau, car lorsque nous étions des adolescents, elle avait pris soin de me dire la vérité au sujet de Brittany - mon ex-copine qui se tapait d'autres mecs dans mon dos. Kiara m'avait fait réaliser que cette enjôleuse n'était pas une fille pour moi. C'est alors que je tombai amoureux de ma meilleure amie... Et j'ai la drôle impression qu'aujourd'hui, même si elle ne dit rien à l'encontre de Nora, qu'elle est encore la combinaison gagnante de mon bonheur. Ce n'est pas de sa faute si je suis si confus sentimentalement parlant. Même si sa présence en est pour beaucoup, je sais que tout ce qui arrive est entièrement ma faute.

Je me mordillai la lèvre inférieure lorsqu'elle fit allusion à mon «vouloir». Ce que je veux vraiment? Mon désir est si simple, mais si difficile à la fois. Je la regardai longuement, contemplant son visage trempé. Je n'avais qu'à me pencher pour franchir la distance qui séparait nos lèvres pour l'embrassai et lui démontrait ce que je désirais au plus haut point. Mais ce comportement n’était nullement approprié à mes valeurs et mes principes. Je me contrôlai du mieux que je pus avant de répondre clairement à sa question. « Je veux ton bonheur... Te faire sourire comme autrefois, t'enlacer dans mes bras. Je sais qu'à tes yeux, tu ne comprends pas pourquoi je te dis de telles choses alors que j'ai Nora, mais moi je le sais. » Je pris une pause, laissant le temps à Kiara d'assimiler mes paroles. « Même si on vient tout juste de se revoir, cette simple rencontre m'a fait réaliser bon nombre de choses. Peut-être que pour toi c'est trop rapide et que mes sentiments à ton égard sont troublants, mais pour moi les deux dernières semaines m'ont paru éternellement longues, car je sais depuis le début que c'est toi que je veux... » Voilà, c'était dit dans les moindres détails. J'ignorais si elle comprendrait mieux suite à mes explications. J'esquissai un petit sourire timide pour essayer de détendre l'atmosphère. La nervosité s'attaquait tranquillement à mes battements de coeur. J'inspirai profondément avant de rajouter : « J'ignore ce qui ce passe dans ta tête et si toute cette histoire est réciproque de ton côté, mais cela prouve simplement que les choix que j'ai faits n'étaient pas basés sur la certitude de ton amour pour moi. Je l'ai fait pour ma conscience et mon bien-être... Alors, peu importe la décision que tu prendras, je vais la respecter. » Je ne voulais surtout pas qu'elle se sente bousculée ou bien obligée de se caser avec moi aussitôt que je quitterais Nora. Là n'était pas mon intention. Si je préférais être franche avec elle et avec moi-même, c'était pour éviter la confusion. Disons que dans de telles circonstances, on peut tourner longtemps autour du pot sans savoir pourquoi on tourne autour.

J'écoutai Kiara attentivement, serrant ma mâchoire lorsqu'elle commença à tout mettre sur ma faute. Je restai calme, inspirant profondément pour garder mon self-control. Je comprends que toute cette situation est dès plus flippante pour elle. Je débarque dans sa vie, je lui admet être en couple lors de notre première rencontre et quand je la croise une deuxième fois, je lui dis que je vais rompre avec Nora parce que je ressens toujours quelque chose pour elle. Il est vrai que c'est difficile à croire tout ce qui peu se passer dans ma tête en si peu de temps. Seulement, je sais que c'est le bon choix que je vais commettre. Comme je me tue à le répéter, je ne fais pas nécessairement ça pour revenir auprès de Kiara, mais plutôt pour éviter à Nora de vivre une galère à mes côtés. Si en une seule rencontre j'ai réussis à craquer pour mon ex, c'est parce qu'au fond de moi, je ne l'avais pas oublié. Alors je ne désire en aucun cas blessé Nora en jouant avec ses sentiments.

Je regardai Kiara remonter sur le rocher, écoutant la suite de son discours. Une rage s'agrandissait à l'intérieure de moi au fur et à mesure qu'elle parlait. « Tu crois que j'ai fais exprès pour tomber sur toi dans l'épicerie? Et qu'aujourd'hui tout ça était un coup monté pour te voir? C'est pas de ma faute si nos putains de chemins se recroisent ok? Désolé si je suis le seul à être content qu'on soit enfin réuni et de t'emmerder avec mes problèmes. Si t'en a rien à foutre et que t'as passé par-dessus moi, alors tant mieux pour toi.» Mon ton avait haussé, mon rythme cardiaque avait accéléré en moins de deux. Je frappai dans l'eau avant de grimper à mon tour sur le rocher. Je me redressai debout, étant incapable de rester assis sans rien faire. « Et j'arrive pas à croire que tu penses que je t'utilise comme un jouet. Si j'avais voulu te manipuler Kiara, je t'aurais menti au sujet de  Nora et j'aurais joué le jeu jusqu'à ce que tu finisses dans mon pieu. Ça, c'est être un salaud. Mais moi j'ai été franc avec toi, alors c'est pas nécessaire de jouer à la victime. » Lui crachais-je au visage. La colère s'était épris soudainement de tout mon être.

Je passai mes deux mains dans mes cheveux, me tenant la tête pour réfléchir convenablement. Il fallait que je ralentisse la cadence avant de lui zigouiller le morale. « Si tu veux que je disparaisse, t'as qu'à le demander, car à ce que je peux comprendre, t'aurais préféré ne pas me revoir... »

Je regardai Kiara s’énervée, me disant qu’elle foutait le camp sur le champ, car elle en avait marre de cette dispute. Je serrai la mâchoire, hésitant entre la retenir par le poignet pour l’obliger à rester ou tout simplement la laisser fuir. Malgré moi, ma conscience décida de la laisser partir. Je fermai les yeux et lui fis dos, ne voulant pas avoir comme dernier souvenir son départ précipité. Je grognai intérieurement, retenant cette rage destructrice qui gonflait en moi tel un ballon prêt à exploser. Je finis par regarder la mer, le cœur tellement sensible que je pensais ne plus jamais être capable d’aimer à nouveau. Des millions de déchirures abimaient mon cœur. Je soufflai un « merde » entre mes dents, passant mes deux mains dans mes cheveux. Le moteur de sa voiture retentit. Je me tournai en sa direction, prêt à affronter son regard, mais elle était beaucoup trop loin pour qu’elle ne voie mes yeux s’humecter. Je retins mes larmes, me rappelant les sages paroles de mon père : « Pleurer, c’est pour les gens pitoyables qui ne sont pas capable de se battre pour atteindre leur objectifs. » Disait-il sur un ton sévère, me toisant du regard tel un lâche. Je reniflai un bon coup avant de marcher, à mon tour, vers mon véhicule. Elle voulait que je l’oublis… Malheureusement pour elle, c’est une tâche impossible pour moi.