Mardi soir, 20h.
Bonnie finissait de se préparer pour aller dîner dans un très bon restaurant de Manhattan situé dans l’Upper East Side, dont le chef de cuisine était un grand chef français, réputé pour sa cuisine gastronomique particulièrement raffinée. Elle mit sa dernière touche de mascara, puis vérifia que tout était parfait dans sa tenue, jusqu’au moindre détail. Elle portait une robe à sequins  vert émeraude - couleur qui lui allait à merveille grâce à ses cheveux roux – et des collants noirs. Aux pieds, elle avait de superbes escarpins noirs et dorés Chloé qui passait difficilement inaperçu.  Et afin d’accompagner sa robe et ses chaussures, elle était parée de boucles d’oreilles Dior « Mise en Dior » devenues des classiques à avoir absolument dans sa boîte à bijoux. Elle s’était également attaché les cheveux, mais avait laissé quelques mèches descendre, afin de faire un effet coiffée-décoiffée ni trop sérieux, ni pas assez.
Bonnie était fin prête. Elle alla chercher son long manteau noir et son petit sac Furla doré puis sortit et alla à sa voiture. Elle démarra, et se dirigea vers Manhattan. Une fois arrivée devant le restaurant, un voiturier vint ouvrir sa porte et se charger d’aller garer sa voiture.
Elle entra dans le restaurant, la tête haute, et fut amené à la table qu’elle avait réservé. Une table pour deux, parfaitement bien placé à l’étage. Elle connaissait bien ce restaurant, car elle y allait souvent pour des rendez-vous professionnels ou pour des rencontres entre blogueuses. Il avait tout pour plaire, et ne décevait jamais. Il était à la fois chic et moderne. Bonnie s’assit, et attendit.
Ce soir, elle allait voir Kalyani Darcher, médecin new yorkaise de 28 ans, et accessoirement, sa demi-sœur qui ignore totalement le lien qui les unit. Car Kalyani et Bonnie possédait le même père. Mais ce dernier ignorait l’existence même de Bonnie, puisqu’il avait simplement eu une aventure de quelques avec sa mère, et était partit avant que cette dernière découvre qu’elle était enceinte.
Toute cette histoire, seule Bonnie et sa mère la connaissaient. La jeune rouquine n’en avait parlé à personne, excepté quelques détails à un ami policier, grâce à qui elle avait pu retrouver son père, et ses enfants. Elle n’avait jamais voulu débarquer dans la vie de son père, car elle savait qu’il n’accepterait jamais sa présence, voir tout simplement son existence. Elle s’était donc contentée de l’observer de loin, à des évènements où il était présent. Par contre, elle avait voulu rencontrer ses demi-frères et demi-sœurs. Et elle avait ainsi cherché à rencontrer Kalyani, en prenant rendez-vous à l’hôpital. Bonnie ne risque pas d’oublier l’instant où elle était entrée dans ce bureau, et où elle avait du faire face à sa demi-sœur. Elle qui était fille unique, elle s’était retrouvée face à une jeune femme partageant le même sang qu’elle. La jeune rouquine avait été particulièrement touché de rencontrer celle qu’elle pourrait peut-être un jour considérer comme une sœur. Cependant, Kalyani était assez différente de Bonnie, en de nombreux points, et même si les jeunes femmes s’étaient recroisés plusieurs fois, elles avaient du mal à accrocher. Kalyani avait un côté très BCBG qui ne plaisait pas trop à Bonnie, qui était fêtarde et excentrique. Malgré leurs différences évidentes, elle cherchait à connaître sa demi-sœur, essayant de devenir son amie. Cela sonnait assez désespéré comme ça, mais elle voulait simplement tenté sa chance maintenant qu’elle retrouvé et rencontré sa demi-sœur. C’est pourquoi ce soir, Bonnie avait invité Kalyani à dîner dans ce superbe restaurant, afin de lui montrer qu’elle n’était pas qu’une jeune débauchée inconsciente, et qu’elle pouvait être raffinée et calme, quand elle le souhaitait. En fait, elle voulait lui montrer une autre image d'elle.
Finalement, Kalyani arriva accompagné d’un serveur, qui lui tira sa chaise pour qu’elle s’assoit. Bonnie se leva avec un grand sourire, et fit la bise à la belle brune.

« Coucou ! Tu vas bien ? J’espère que tu aimes la cuisine française ! »

Elle eut un petit rire, puis s’assit. Elle regarda la jeune femme face à elle, et eut un sourire qu’elle ne contrôlait pas. Sans que Kalyani le sache, elle dinait avec sa petite sœur. Car oui, Bonnie n’avait encore rien dit à la brune, et elle comptait bien attendre un peu avant de lui révéler ce..détail.

Après une journée des plus harassantes à l’hôpital, Kaly n’avait qu’une envie se mettre dans son lit et dormir jusqu’à ce que son réveil sonne. Mais ce n’était pas encore pour tout de suite. Ce soir, elle avait rendez-vous avec Bonnie. Une patiente qu’elle n’avait reçue qu’une fois lors d’un check-up de routine. D’ailleurs, elle ne savait pas pourquoi elle était venue jusqu’à Brooklyn pour cette visite alors qu’elle avait l’habitude d’être traitée ailleurs. Mais dans son métier, le médecin en avait vu des excentricités aussi n’avait-elle pas vraiment prêté attention à cela.
Par la suite, elle l’avait recroisée plus d’une fois. Les quelques fois où elle sortait, Kaly pouvait être sûre de tomber sur cette drôle de patiente rousse. Bonnie venait à chaque fois à sa rencontre et petit à petit une sorte de lien étrange s’était établie entre les deux jeunes femmes. Lorsqu’elles se voyaient, elles échangeaient quelques mots mais sans pousser plus loin la conversation. Elles n’avaient pas grand-chose en commun mais il fallait avouer que Kaly n’avait pas fait beaucoup d’effort. Bonnie était une personne assez excentrique et cela ne collait pas forcément avec le tempérament de Kaly. Du moins dans les occasions où elles avaient pu se voir. Pourtant niveau excentricité, la brune en avait vu pas mal avec Hally. Mais Hally était différente de Bonnie dans le sens où leur première rencontre s’était faite dans des circonstances assez spéciales. Elles avaient donc pu « parler » sans trop de soucis. Et puis elles avaient passé une plutôt bonne soirée dans un bar où Kaly avait laissé ressurgir la fêtarde qu’elle avait pu l’être autrefois en Californie ou même dans ses soirées avec Sav’…

Enfin bref, en tout cas ce soir, elles avaient convenu de se voir dans un restaurant assez huppé de Manhattan. Kaly ne le connaissait que de réputation. Elle savait qu’un dress code était requis dans ce genre d’endroit c’est pourquoi elle évitait d’y aller même si elle mourait d’envie de goûter à leur cuisine. Elle n’en avait entendu que du bien et gourmande comme elle l’était, elle s’était promis de faire un effort et d’y aller au moins une fois. Mais jusqu’à présent, elle n’en avait jamais eu l’occasion. Avec le boulot qu’elle faisait, Kaly n’avait guère le temps. Enfin, elle ne prenait pas le temps serait plus exact. Après une dure journée de boulot, elle préférait rester chez elle ou bien se détendre en sortant boire un verre plutôt que de s’habiller pour aller au resto. D’ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi Bonnie avait tenu à aller là-bas. Cela ne ressemblait pas vraiment à la jeune femme que Kaly connaissait…
La jeune femme prit donc une longue douche brûlante pour enlever toute trace de fatigue et s’habilla en conséquence. Une petite robe bleue et blanche assortie à des boucles d’oreilles vertes qui cassaient un peu l’image trop sérieuse qu’elle pouvait renvoyait. Ses cheveux étaient encore un peu mouillés, aussi se contenta-t-elle de les attacher en demi queue à l’aide d’une pince. Le reste cascadait librement sur ses épaules. Étant une bille pour se maquiller, elle appliqua de l’eyeliner sur yeux avec un petit peu de mascara et un gloss sur ses lèvres. C’était à peu près tout ce qu’elle savait faire. Et puis de toute façon, elle n’avait pas vraiment le temps ni l’énergie d’en faire plus. Elle était déjà un peu en retard. Heureusement que le restaurant en question n’était pas très loin de chez elle et qu’elle pouvait s’y rendre à pieds. Mettant son long manteau noir, elle enfila ses escarpins, prit ses clés et sortit de l’appartement.

Quelques instants plus tard, elle pénétrait dans l’établissement sélectionné par la rousse. L’idée que Kaly se faisait du restaurant se trouva confirmé lorsqu’elle vit l’intérieur des plus chics. Mais ce n’était pas guindé pour autant. Le propriétaire avait réussi le tour de force de faire de cet endroit un lieu des plus raffinés sans qu’on s’y sente oppressé pour autant. Même si au début, la jeune femme y allait à reculons, on pouvait dire que ce n’était plus vraiment le cas maintenant.
Un serveur vint aussitôt la mener à la table réservée par sa compagne du soir qui bien sûr était déjà arrivée. Remerciant le jeune homme avec un joli sourire, Kaly se retrouva vite nez à nez avec Bonnie qui s’était levée pour venir lui faire la bise. Elle était très belle dans sa robe verte qui mettait en valeur ses beaux yeux verts.

« Salut ! Ça va bien merci. Et toi ? Excuses moi pour le retard. Je suis sortie plus tard que prévu de l’hôpital… »

S’asseyant à sa place, Kaly lui fit un petit sourire et rajouta

« Tu es superbe ! Cette tenue te va à ravir ! Et pour répondre à ta question, oui j’adore la cuisine française. Ça faisait longtemps que je voulais venir ici en plus ! »

Jetant un petit coup d’œil autour d’elle, Kaly se dit que l’étage n’avait rien à envier à l’entrée. C’était tout aussi magnifique qu’en bas.

« Tu connais bien ce resto ? »

« Salut ! Ça va bien merci. Et toi ? Excuses moi pour le retard. Je suis sortie plus tard que prévu de l’hôpital… »

« Mais ne t’excuses pas pour si peu ! »

Bonnie fit un sourire à la belle brune. Et ça pour être belle, elle l’était. La rouquine la trouvait vraiment magnifique dans cette robe. Elle s’était vraiment habillée pour l’occasion et avait joué le jeu jusqu’au bout, ce qui faisait plaisir à Bonnie. Elle voyait ainsi qu’elle avait quand même eu envie de venir, sans quoi elle n’aurait pas fait d’effort.

« Tu es superbe ! Cette tenue te va à ravir ! Et pour répondre à ta question, oui j’adore la cuisine française. Ça faisait longtemps que je voulais venir ici en plus ! »

« Merci, mais c’est toi qui est superbe ! Ta robe te met vraiment en valeur, et j’adore le côté coiffée-décoiffée de ta coiffure ! » Elle fit une pause, puis reprit avec un sourire. « Ah je suis contente que tu aimes la cuisine française ! Ah ? Tu n’es jamais venu ? » Elle avait parfois tendance à oublier que les prix étaient loin d’être accessible pour tout le monde. « Eh bien je suis contente que tu découvres enfin ce resto alors ! »

Elle lui fit un clin d’oeil, et la regarda observer le lieu tout autour d’elle. Elle semblait admirer la vue.  Et c’est vrai qu’il était beau ce restaurant. Magnifique même. Mais Bonnie avait tellement l’habitude d’y venir, qu’elle n’y faisait même plus attention.

« Tu connais bien ce resto ? »

« Oh, oui! J’y viens au moins trois fois par mois, si c'est pas plus. C’est souvent ici que j’organise mes rendez-vous professionnels, ou qu’on fait des rencontres entre blogueuses. Le lieu est magnifique, à la fois chic et moderne, et la cuisine est très raffinée, alors il plait toujours ! Et puis comme j’y viens régulièrement depuis maintenant 3/4 ans, ils me connaissent bien ! C’est toujours agréable de venir dans un restaurant aussi beau qui vous considère comme une fidèle cliente. »

Bonnie eut un sourire pour Kalyani, alors qu’un homme approchait de la table avec deux menus à la main. Il était habillé en tenue de cuisiner, avait une certaine corpulence, et semblait avoir entre 40 et 50 ans. Il s’agissait du chef cuisiner, LE grand chef cuisiner du restaurant. Bonnie le vit arriver et se leva pour l’accueillir. Ils se firent la bise, puis parlèrent quelques mots en français.

« Bonsoir la belle ! Ca va ? Tu es superbe ce soir ! »
« Coucou Charles ! Ca va et toi ? Merci! »
« Ca va toujours moi tu sais bien ! »

Après avoir fait la bise au cuisiner, elle se rassit, toute souriante. Charles regarda Kalyani et Bonnie fit les présentation, en anglais cette fois.

« Kalyani, je te présente Charles Legrand, le fameux grand chef cuisiner du restaurant. Et le propriétaire aussi. Charles, je te présente Kalyani, ma.. une amie ! C’est sa première fois ici, j’espère que tu ne vas pas la décevoir hein ! »
« Enchantée miss. Bien évidemment vous ne serez pas déçue. Voici le menu avec toutes nos spécialités. Si vous avez des questions, n’hésitez pas. Et, je vous conseille le menu du jour. »

Il tendit les menus aux deux jeunes femmes. Bonnie prit le sien, mais le laissa fermer, et relava les yeux vers le chef cuisiner.

« Décris-moi ce fameux menu du jour mon cher ! »
« En entrée, queues de langoustines saisies à la plancha, agnolotti de potimarron et kumquat. En plat, dos de bar en écailles de truffes, poireaux étuvés, sauce Périgueux. Et en dessert, Saint-Honoré revisité, à la vanille de Tahiti et au caramel au beurre salé. »
« Je prends le tout, sans hésiter ! »

Elle eut un rire, sachant pertinemment qu’elle pouvait lui faire confiance, même si elle n’avait pas compris tout ce qu’il avait décris. Elle posa ensuite son regard sur Kalyani.

« Si jamais le menu du jour ne te tente pas, n’hésites pas à prendre autre chose hein ! Tout est délicieux ici ! En entrée, ils ont du foie-gras maison vraiment trop bon ! C’est accompagné d’une petite confiture de figues fraiches qui relève le goût. Si tu n’as jamais mangé de foie-gras, je te le conseille, car c’est à goûter au moins une fois dans sa vie ! En plat, j’adore leur aile de raie à la crème pâtissière et aux câpres. C’est fin et copieux à la fois ! Et si tu n’es pas très poisson, ils font un magret de canard au miel et au vinaigre de framboise, c’est une vraie tuerie ! »

Charles se mit à rire en entendant Bonnie conseiller son amie.

« Je devrais mettre ça en slogan « c’est une vraie tuerie ! », je suis sûre que ça me ramènerait de nouveaux clients ! »

La rouquine éclata de rire avec Charles. Il se moquait toujours de sa façon de parler, bien moins distingué que lui, mais elle savait que ce n’était pas méchant et elle prenait ça avec légèreté.

Kaly commençait à se détendre. Après tout, cette petite sortie allait lui faire le plus grand bien. Depuis son retour de son escapade avec Blake, elle n’avait pas vraiment pris le temps de se poser. Les journées à l’hôpital s’étaient enchainées et elle avait passé aussi beaucoup de temps avec Peezer. Le petit garçon s’était plutôt bien acclimaté à la vie à l’hôpital et sa petite bouille lui avait attiré bien des faveurs de la part du personnel soignant. La jeune femme était beaucoup plus rassurée maintenant qu’elle ne l’était au début de sa reprise de conscience.
Écoutant Bonnie lui faire un compliment sur sa coiffure, Kaly lui fit un petit sourire amusée et lui répondit avec un petit clin d’oeil

« C’est l’effet sortie de douche ça ! Oui, je n’ai jamais pris le temps de venir. C’est surtout qu’après une journée de boulot, j’ai plus envie de me défouler que de m’habiller pour aller au resto… Mais maintenant que j’ai vu l’intérieur, j’y reviendrai avec plaisir ! »

Blake lui devait un resto, elle pourrait lui suggérer celui-là. Il était plus carnivore que cuisine raffinée mais elle était sûre qu’il accepterait de faire cet effort pour elle. Et puis, il risquait d’aimer. Si ce n’était pas le cas, elle pourrait toujours se faire pardonner en lui cuisinant ses plats préférés !

Elle demanda alors à la jolie rousse si elle connaissait bien ce resto et ce qu’elle lui répondit surpris Kaly. Elle ne savait pas que les blogueuses gagnaient autant. Ce restaurant était un des plus chics de Manhattan aussi savoir que Bonnie y venait aussi souvent l’étonna-t-elle. Elle fit cependant de son mieux pour dissimuler ses sentiments, ce n’était pas très correct et un peu snob même de sa part. C’était tant mieux pour Bonnie si elle gagnait bien en faisant ce qu’elle aimait.
Elle fut interrompue par l’arrivée d’un homme d’une quarantaine d’années. Si Kaly avait été étonnée de voir Bonnie si à l’aise financièrement, elle le fut encore plus quand elle l’entendit parler français. Décidément, c’était la soirée des découvertes ce soir ! Elle se demandait ce que la rousse allait lui réserver encore… La jeune femme eut un petit sourire entendu quand Bonnie fit les présentations en anglais.

« Bonjour Charles. Votre restaurant est vraiment magnifique. Je suis ravie d’être là ce soir et de pouvoir enfin goûter à votre cuisine. »

Le médecin s’était exprimé dans un français parfait. Elle avait appris cette langue lors d’un de ses stages à l’étranger et son aventure avec un français rencontré là-bas lui avait fait faire des progrès immenses. Kaly avait toujours eu des facilités d’apprentissage aussi le français n’avait presque plus de secret pour elle. Souriant un peu en croisant le regard surpris de Bonnie, elle écouta Charles leur expliquer le menu du jour qui avait l’air d’un vrai délice. Et quand Bonnie lui fit part de ses conseils, la jeune femme sentit l’hésitation monter en elle et joignit son rire aux deux autres à la blague du chef français.

« Franchement, tout ce que vous me dite me fait envie mais je vais faire comme Bonnie et prendre la suggestion du jour. Vous utilisez la truffe du Périgord ? »

Charles lui lança alors un petit regard surpris ne s’attendant pas à avoir affaire à une connaisseuse. Il dit alors à Bonnie

« Tu ne m’avais pas dit que ton amie était fin connaisseuse ! »

Puis se tournant vers Kaly, il lui répondit

« Effectivement, c’est bien la truffe de Périgord que nous utilisons. Donc deux menus du jour pour deux sublimes créatures. Passez une agréable soirée mesdemoiselles »

Sur ce, il se retira dans ses quartiers et laissa les deux jeunes femmes en tête à tête. Kaly fut un peu gêné au début puis fit un petit sourire à Bonnie

« Il est charmant ce propriétaire. Un vrai charmeur comme le sont les français ! Que dirais-tu d’un petit cocktail pour commencer ? »

« Bonjour Charles. Votre restaurant est vraiment magnifique. Je suis ravie d’être là ce soir et de pouvoir enfin goûter à votre cuisine. »

Bonnie ne réagit pas tout de suite. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes qu’elle comprit que Kalyani venait de s’exprimer dans un français parfait. Un français, d’ailleurs, bien mieux que le sien. Bonnie ne savait dire que quelques phrases au final, dû à quelques séjours qu’elle avait passé à Paris avec sa mère durant son enfance et son adolescence. Kalyani avait du aller en France pendant un moment pour le parler si bien. Cela rendait Bonnie curieuse ! Cependant, elle attendrait qu’elles soient seules avant d’assommer Kalyani de questions.

Après la description du menu du jour par Charles, et les quelques conseils de Bonnie à Kalyani, cette dernière finit par s’exprimer.

« Franchement, tout ce que vous me dites me fait envie mais je vais faire comme Bonnie et prendre la suggestion du jour. Vous utilisez la truffe du Périgord ? »

Et une nouvelle surprise de plus. Non seulement Kalyani savait parler français, mais en plus elle s’y connaissait en cuisine française et parlait de la truffe du Périgord ? Bonnie n'avait aucune idée de ce qu'était le Périgord.. Elle allait passer pour une inculte à côté de la brune !

« Tu ne m’avais pas dit que ton amie était fin connaisseuse ! »

En effet et Bonnie n’était pas au courant ! Même si elle aurait du se douter que Kalyani la surprendrait. Faisant bonne figure, un sourire aux lèvres, Bonnie répondit au chef cuisinier.

« Je suis aussi surprise que toi Charles ! »
« Effectivement, c’est bien la truffe de Périgord que nous utilisons. Donc deux menus du jour pour deux sublimes créatures. Passez une agréable soirée mesdemoiselles »
« Merci mon beau ! »

Charles repartit, et laissa les deux jeunes femmes dans un silence gênant qui dura quelques secondes. Bonnie avait tenté de montrer à la jeune médecin qu’elle était plus que la grosse fêtarde que tout le monde connaissait en l’emmenant dans ce restaurant, mais elle avait l’impression que c’était chose inutile, car Kalyani semblait toujours plus haut qu’elle, quoi qu’elle fasse. Elle parlait bien mieux français qu’elle. Elle connaissait même la truffe du Périgord ! Jamais Bonnie n’arriverait à intéresser Kalyani, c’était perdu d’avance..

« Il est charmant ce propriétaire. Un vrai charmeur comme le sont les français ! Que dirais-tu d’un petit cocktail pour commencer ? »

La rouquine sortit de ses pensées, et releva son regard vers la belle brune. C’était pas le moment de se laisser aller, il fallait qu’elle garde la tête haute, et qu’elle continue d’essayer. Au moins pour ce soir. Oui. Ce soir, durant ce dîner, Bonnie allait tout faire pour prouver à Kalyani qu’elle était plus qu’une simple fêtarde dévergondée. Elle eut un sourire, puis prit la parole.

« Oui, c’est un vrai charmeur en effet ! Un cocktail ne ferait pas de mal, je suis pour ! Tu prendras quoi ? »

Elle fit signe à un serveur de venir. De l'alcool, là tout de suite, c'était une bonne idée. Cela permettrait à Bonnie de se sentir un peu moins dévalorisée face à Kalyani. Elles demandèrent chacune leur tour un cocktail. Bonnie prit un Tequila Sunrise, l’un de ses cocktails préférés, car très sucré. Le serveur partit et la rouquine se recentra sur Kalyani. C'était le moment pour les questions.

« Alors comme ça tu parles français ! Pour le parler aussi bien, tu as du aller plusieurs fois en France, non ? Ou tu as eu une aventure avec un beau français ? Dis-moi tout ! »

Bonnie la curieuse revenait au galop.

Bonnie sembla très surprise par le fait que Kaly sache parler français et encore plus lorsqu’elle parla cuisine avec Charles. Elle eut un petit sourire entendu. En réalité, peu de personnes connaissaient vraiment Kalyani Darcher. Non pas qu’elle se cachait mais à part Blake, elle n’avait pas beaucoup d’amis proches et elle n’était pas du genre à se vanter ou à étaler ses savoirs et autres expériences. Elle ne parlait pour ainsi dire jamais d’elle. Ça ne regardait pas vraiment les autres et elle ne répondait que si on lui posait des questions. Sa vie n’était pas si intéressante que ça à ses yeux et elle préférait largement écouter que de parler.
La rouquine sourit et sauta sur l’occasion quand Kaly lui proposa un cocktail pour commencer. Elle commanda donc un Tequila Sunrise pour elle et Kaly opta pour un Mojito. Elle sourit en repensant à sa folle soirée en compagnie d’Hally et de Savannah au The Bar. Il y avait aussi ce propriétaire qui était accessoirement l’ex de Sav’ et qui semblait avec un historique un peu chargé avec Hally aussi. Ricky il lui semblait…

« Ça sera un Mojito pour moi s’il vous plait », dit-elle au serveur avec un joli sourire.

Le serveur parti, aussitôt Bonnie l’assaillit de questions sur son français. La jolie brune lui répondit donc

« J’ai passé quelques temps en France pour un stage hospitalier. J’en ai profité pour apprendre la langue… »

Puis croisant le regard de Bonnie qui semblait dire « Je suis sûre qu’il y a plus ! », Kaly laissa échapper un petit rire amusé et reprit

« Bon okay. Il y avait aussi ce charmant interne. Pierre de la Roseraie… Il m’a aidé à perfectionner mon français, on va dire… »

Le regard de Kaly se fit un peu plus rêveur quand elle songea à cette époque. Pierre appartenait à une vieille famille française. C’était lui qui lui avait fait découvrir la vieille France et ses magnifiques paysages. Les promenades dans sa région, les visites qu’ils avaient faits… Tout ça rappelait à la jeune femme de très bons souvenirs. C’était lui qui lui avait fait découvrir aussi la cuisine française et ses secrets. Elle avait adoré son séjour là-bas et gardait encore contact avec Pierre qui était maintenant marié et père de famille. Au delà de leur aventure, ils avaient réussi à maintenir une amitié ce qui réjouissait la brune.
Consciente qu’elle s’était laissée aller à une rêverie dont elle n’était pas coutumière, Kaly adressa un petit sourire embarrassé à sa compagne. Les cocktails arrivèrent à ce moment là. Levant son verre, elle trinqua avec Bonnie

« A ce dîner. Merci encore pour cette invitation Bonnie »

Certes, elles ne se connaissaient pas très bien et Kaly se demandait encore pourquoi elle l’avait invitée mais la jeune femme commençait à se détendre et à apprécier cette petite sortie. Faisant un petit clin d’œil à la rousse, Kaly reprit la parole

« Et toi ? Dis moi comment ça se fait que tu connaisses le français ? Voyage ? Petit ami ? »

C’était au tour de Kaly de jouer à la curieuse et le pire c’était qu’elle avait vraiment envie de connaître un peu plus Bonnie. Peut-être qu’elle saurait pourquoi la bloggeuse s’intéressait autant à elle. Kaly n’était pas idiote, elle sentait que Bonnie s’intéressait à elle pour quelque chose et elle comptait bien savoir quoi.

Bonnie la curieuse observait Kalyani avec la plus grande attention. Elle venait de lui poser des questions sur elle, chose qu’elle n’avait pas encore beaucoup fait. La rouquine avait bien compris que Kalyani était quelqu’un qui parlait peu d’elle, au contraire de Bonnie qui parlait beaucoup, beaucoup trop même parfois. Mais, au final, la rouquine avait beau beaucoup parlé, elle ne disait pas grand chose sur elle, simplement des détails superficiels. Elle prenait soin d'éviter toujours les détails réellement importantes. C’était tout l’art d’être bavarde et de donner l’impression de parler de soi sans en dire un mot.

« J’ai passé quelques temps en France pour un stage hospitalier. J’en ai profité pour apprendre la langue… »

Le regard de Bonnie resta fixé sur les yeux de la brune, sachant pertinemment que ce n’était pas tout. Bonnie était allée plusieurs fois en France, pour des vacances, et elle savait a quel point le français était difficile à apprendre. C’était l’une des langues les plus compliquées à apprendre.

« Bon okay. Il y avait aussi ce charmant interne. Pierre de la Roseraie… Il m’a aidé à perfectionner mon français, on va dire… »
« Ahah, je savais qu’il y avait un mec dans l’histoire ! »

Un sourire apparut sur les lèvres de Bonnie, elle savait bien que Kalyani était une femme après tout. Et son français parfait s’expliquait maintenant un peu mieux. Même si Bonnie avait bien conscience que la belle brune aurait pu apprendre parfaitement le français même sans ce Pierre. Elle qui avait suivis et réussi des études de médecine, elle pouvait sans doute faire tout un tas de choses sans avoir besoin de l’aide de qui que ce soit. C’était tout du moins l’impression qu’elle donnait à Bonnie. Elle qui avait échouée ses études et qui s’était éloignée de son rêve de devenir Styliste. Elle qui avait, certes, réussis à faire un blog avec du succès. Mais qu’était-ce qu’un stupide blog comparé à être médecin ? Bien que Bonnie était fière de son blog et de sa réussite, face à Kalyani, elle se sentait vraiment petite. C’était déstabilisant, et il fallait à tout prix qu’elle arrête d’y penser.
Heureusement, les cocktails arrivèrent juste à temps. L’alcool aiderait clairement Bonnie à affronter tout ça. Bonnie prit son verre et trinqua avec Kalyani.

« A ce dîner. Merci encore pour cette invitation Bonnie »
« A ce dîner oui ! Mais de rien, c’est un plaisir ! »

Un plaisir quelque peu étrange et douloureux. Il fallait à tout prix qu’elle apprenne à la connaître, qu’elle casse cette image de médecin parfaite, qu’elle se sente mieux face à elle. Kalyani lui fit un clin d’oeil. Elle semblait se détendre, au contraire de Bonnie, qui commençait à se sentir mal. Elle but enfin quelques gorgées de son verre. C’était un shot dont elle avait besoin, mais hors de question de boire un shot devant Kalyani. Il fallait qu’elle garde la tête haute, le sourire aux lèvres, et les idées claires.
Allez, tu vas y arriver Bonnie, cette femme n’est qu’une femme comme une autre, elle n’a rien de spécial, si ce n’est le même père que toi.

« Et toi ? Dis moi comment ça se fait que tu connaisses le français ? Voyage ? Petit ami ? »
« J’ai eu la chance de grandir à Londres, car, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué à mon accent, je suis anglaise. » Petit sourire. Bien sur qu’elle avait remarqué. Impossible de ne pas remarqué une anglaise à New York. « Londres n’est qu’à une heure et quelques de Paris en avion. Comme ma mère est une grande fan de Paris, et de la France, elle m’y a emmené plusieurs fois durant mon enfance et mon adolescence. J’ai eu aussi la chance de visiter d’autres capitales européennes, telles que Berlin, Rome et Barcelone. Mais Paris a été un gros coup de coeur. Son architecture, ses rues, son ambiance, .. J’adore Paris ! » finit-elle en français. Elle eut un rire, puis reprit. « Au fur et à mesure de ces petits voyages, j’ai appris quelques mots et quelques phrases. Mais j’aurais du mal à tenir une vraie conversation. »

Elle finit par hausser des épaules avec un petit sourire. Elle prit encore quelques gorgées de son cocktail et eut un petit sourire. Ils avaient mis plus de Tequila que dans un cocktail normal. Ils la connaissaient vraiment trop bien dans ce resto.

« Et ce.. Pierre, le français, tu l’as revus depuis ? Vous êtes toujours ensemble ? Ou tu es avec quelqu'un d'autre peut-être ? Genre un beau médecin ? »

Elle eut un petit sourire aux lèvres. Oui, Bonnie cherchait à retourner la conversation vers Kalyani. Et oui, elle cherchait à savoir les moindres détails de la vie de sa demi-soeur. Mais, attention, elle faisait les choses bien, car elle savait que lorsqu’on posait trop de questions personnelles d’un coup, cela faisait fuir les gens. Alors le mieux, c’était de leur poser des questions, puis de donner l’impression qu’on est désolé, qu’on aurait pas du.. Elle effaça son sourire, puis reposa ses yeux sur Kalyani.

« …Enfin.. ça me regarde pas! Excuse-moi.. J’aurais pas du.. »

Elle baissa son regard, et eut l’air gênée. Bonnie avait des talents d’actrice, si si. Aucun doute qu'avec ça, Kalyani allait répondre aux questions de la rousse. Enfin, elle espérait.

Bonnie lui répondit qu’elle était anglaise, ce que Kaly savait déjà. Une anglaise ne passait jamais inaperçue aux Etats-Unis et la jeune femme avait toujours aimé l’accent britannique qu’elle trouvait très distingué peut-être parce que c’était quand même une royauté. Une royauté parlementaire certes mais une royauté tout de même. Lors de son séjour en France, Kaly avait pu aller plusieurs fois à Londres. Elle avait adoré mais pas autant que la France, elle était tombée amoureuse de ce pays chargé d’histoire et de paysages aussi différents les uns que les autres. Elle savait qu’elle pouvait y retournait quand elle le voulait, Pierre serait toujours là pour l’accueillir mais jusqu’à présent, elle avait été tellement prise par son travail et sa vie ici qu’elle n’avait pas encore pu assouvir ce désir…
Sirotant son Mojito, elle écoutait Bonnie parler de ses voyages. Elle avait eu de la chance d’avoir grandi sur le vieux continent. Kaly aurait adoré cela. Mais plus encore que de vivre en Europe, elle aurait adoré pouvoir parler de sa famille comme Bonnie le faisait. Lorsqu’elle évoquait sa mère, ses yeux se mettaient à briller. Cela se voyait qu’il existait une relation très forte entre elles et la brune ne pouvait s’empêcher d’envier la rousse. Elle aurait aimé connaître ce sentiment d’être aimée des siens. La jeune femme avait beau avoir une assez grande famille, c’était comme si elle n’en avait pas. Il y avait toujours eu eux d’un côté et elle de l’autre. Elle n’avait pas connu la chaleur d’un foyer ou juste le sentiment d’appartenir à une fratrie, à une famille. Elle n’avait toujours été que le paria, celle qu’on détestait, celle par qui le malheur était arrivé…

Repoussant ses mauvaises idées, elle essaya de se concentrer sur ce que Bonnie lui disait.

« Je t’envie d’avoir pu faire tout ça. C’est une chance que d’avoir grandi en Europe. Pendant mon séjour là bas, j’aurais voulu avoir plus de temps pour visiter les pays voisins. Je n’ai pu faire que Londres quelques fois… Ne te sous-estime pas. Quelques phrases suffisent pour survivre dans un pays étranger. Le plus important étant de savoir demander où se trouvent les bons resto ! »

Elle lui fit un petit clin d’œil complice à ces derniers mots. Pour Kaly, la visite d’un pays incluait aussi la gastronomie locale. Elle était gourmande et l’avouait bien volontiers. Elle était amatrice de bonne chère.

« Mais je ne regrette pas. Je suis tombée amoureuse de la France tout comme toi. A défaut d’avoir pu visiter l’Europe, j’ai pu visiter la France de fond en comble… »

Oui, elle avait adoré son voyage là-bas.

La jolie rousse reprit ses questions et eut tout d’un coup l’air embarrassé comme si elle craignait de s’être montrée trop indiscrète. Kaly lui fit un petit sourire. Elle n’avait pas l’habitude de parler autant d’elle et l’attention que lui portait Bonnie la gênait un peu et ne fit que renforcer ce qu’elle pensait déjà. Bonnie essayait de la connaître et la jeune femme se demandait bien pourquoi. Elles n’appartenaient pas aux mêmes cercles, n’évoluaient pas dans le même milieu et ne se croisaient que parce que Bonnie provoquait ces rencontres… Qu’est ce que le médecin avait qui intéressait autant la bloggeuse ? Mais pour l’instant, ce n’était que des petites questions innocentes qui n’engageaient à rien. Du moins c’est ce que pensait la brune.
Finissant son cocktail, elle posa le verre vide sur la table et, voyant que celui de sa compagne l’était également, fit un petit signe au serveur.

« J’en reprendrai un svp. Un autre Tequila Sunrise Bonnie ? »

Si Bonnie comptait payer le dîner, Kaly elle comptait bien payer les cocktails. C’était la moindre des choses mais elle ne le dit pas à la rousse car elle savait déjà comment elle allait réagir. Le serveur parti, Kaly répondit donc à ses questions

« Il est venu me voir en Californie une fois mais ça n’a pas duré entre nous. Les relations à distance sont toujours compliquées et puis on ne cherchait pas vraiment quelque chose de sérieux. Il est marié et père de famille maintenant. On est resté amis et c’est bien mieux comme ça. »

De toute façon, la famille de Pierre n’aurait jamais accepté leur relation. Sa mère le lui avait bien fait comprendre les quelques fois où elles s’étaient retrouvées que toutes les deux. Kaly s’en fichait pas mal à l’époque. Ils étaient jeunes et elle ne pensait pas à l’avenir de cette façon.

« Et toi ? Personne dans ta vie ? Pourquoi être venue aux Etats-Unis quand on a la chance de vivre en Europe ? »

Oui, elle avait omis de répondre à la deuxième partie des questions de Bonnie mais elle ne voulait pas trop dévoiler de sa vie. Après tout, elles ne se connaissaient pas tant que ça…

« Je t’envie d’avoir pu faire tout ça. C’est une chance que d’avoir grandi en Europe. Pendant mon séjour là bas, j’aurais voulu avoir plus de temps pour visiter les pays voisins. Je n’ai pu faire que Londres quelques fois… Ne te sous-estime pas. Quelques phrases suffisent pour survivre dans un pays étranger. Le plus important étant de savoir demander où se trouvent les bons resto ! »

Bonnie était bien d’accord avec sa demi-soeur. Elle avait eu de la chance de grandir à Londres, si proche de si belles capitales qu’elle avait pu visiter. Mais elle avait surtout eu de la chance que sa mère aime voyager, et qu’elle l’emmène ainsi découvrir différentes villes. Elles n’avaient jamais voyagées en dehors de l’Europe, mais elles avaient voyagées quand même, ce qui était clairement mieux que rien. Bonnie savait que sa mère l’avait toujours énormément gâtée pour combler l’absence de son père, mais cela n’avait jamais fonctionné. On ne peut combler un vide pareil avec des cadeaux, ni même avec de l’amour.

« Mais je ne regrette pas. Je suis tombée amoureuse de la France tout comme toi. A défaut d’avoir pu visiter l’Europe, j’ai pu visiter la France de fond en comble… »

Les mots de Kalyani sortirent Bonnie de ses pensées, et elle lui sourit en guise de réponse, puis but dans son verre. Elle posa ensuite ses questions concernant l’amant de Kalyani, et joua son petit tour de fille gênée, cherchant à faire craquer la jeune médecin pour obtenir ses réponses. Lorsqu’il fut question de reprendre un verre, elle changea tout de suite d’attitude, et reprit confiance en elle.

« Oui, un autre Tequila Sunrise s’il vous plait. »

Elle posa son regard sur le serveur en insistant assez pour qu’il comprenne qu’elle avait besoin d’alcool. Il repartit, et la rouquine reposa ses yeux sur la belle brune.

« Il est venu me voir en Californie une fois mais ça n’a pas duré entre nous. Les relations à distance sont toujours compliquées et puis on ne cherchait pas vraiment quelque chose de sérieux. Il est marié et père de famille maintenant. On est resté amis et c’est bien mieux comme ça. »
« Oh, je comprend. C’est vrai que les relations à distances… »

Luke. Elle y pensa sans même le vouloir. Leur relation datait de plusieurs années maintenant, et pourtant, il n’était jamais vraiment sortit de son esprit. Lorsqu’il était partit du pays alors qu’ils n’étaient ensemble que depuis un mois, cela avait été un véritable coup dur pour la rouquine, qui avait mis des mois à s’en remettre. Ils étaient partis du principe qu’une relation à distance ne fonctionnerait pas, et peut-être avaient-ils eu raison, mais des fois, elle se demandait ce que cela aurait donné s’ils avaient essayés.

« Et toi ? Personne dans ta vie ? Pourquoi être venue aux Etats-Unis quand on a la chance de vivre en Europe ? »

La rouquine sortit de ses pensées en entendant Kalyani lui demander si elle avait quelqu’un. C’est à ce moment précis que le serveur arriva avec la deuxième tournée de cocktails, et les entrées. Il annonça le nom de l’entrée: « queues de langoustines saisies à la plancha, agnolotti de potimarron et kumquat », disposa les assiettes, puis repartit.
Bonnie regarda Kalyani et lui fit un sourire.

« Bon appétit ! »

Elle prit ensuite son verre, et bu une longue gorgée. Elle avait bien noté que Kalyani n’avait pas répondu à sa dernière question, ce qui signifiait qu’elle avait quelqu’un dans sa vie, mais que c’était compliqué, ou pas encore officiel, sans quoi elle en aurait parlé sans se cacher. C’était maintenant au tour de Bonnie de répondre aux questions de sa demi-soeur, et contrairement à Kalyani, elle comptait bien répondre. Il fallait qu’elle se dévoile un peu, sans quoi la brune ne lui ferait jamais confiance.

« Non, je n’ai personne ! Je suis célibataire, libre comme l’air ! ..Oh, ne fais pas cette tête, je sais que j’suis belle, mais ça ne fait pas tout ! » Elle eut un rire, puis reprit. « Je suis capricieuse, jalouse et possessive. Rares sont ceux qui me supportent plus d’un mois ! » Elle eut un nouveau rire. C’était triste, en vérité, car c’était vrai. Elle bu une gorgée de son cocktail, et reprit. « Quant à ma venue aux USA, c’était pour réaliser un rêve. Je voulais faire des études de Stylisme, et je voulais que ce soit à New York, l’une des capitales de la mode ! J’aurais pu aller à Paris, ou en Italie, mais les USA m’ont toujours fait rêver, et New York City en particulier ! On est toujours attiré par ce qui est le moins accessible, c’est bien connu. Bon, finalement, j’ai laissé mes études de côté, et je me suis lancée dans mon blog, il y a de cela quatre ans. A ma grande surprise, il a eu un succès fou ! J’aurais jamais cru vivre ça ! J’ai des milliers de visiteurs chaque jour, j'ai des partenariats avec de grandes enseignes du luxe, je reçois d'ailleurs des cadeaux tous les jours, j’ai des invitations à des évènements VIP toutes les semaines, je côtoie des grandes figures de la mode qui me respectent alors que je ne fais que me prendre en photo dans des vêtements, et je suis même reconnue dans la rue.. Mon blog est considéré comme le blog mode le plus influent du moment, j’ai même gagné un trophée grâce à ça! Bref, c’est complètement fou ! » Elle eut encore un petit rire, puis s’arrêta. « Excuse-moi, je te raconte ma vie là! Quand je suis lancée, je m’arrête plus ! »

Elle reprit son verre puis bu un coup. Elle avait clairement trop parlé, mais tant pis, au moins, elle était restée honnête. Elle n’avait juste pas mentionnée son lamentable échec à l’université. Son côté bavarde ressortait beaucoup trop, mais au moins, c’était bon signe, cela signifiait qu’elle commençait à se détendre, et donc que l’alcool faisait son effet. Il fallait d’ailleurs qu’elle fasse attention à ne pas être saoule devant Kalyani. Elle prit donc la décision de commencer à manger sa magnifique entrée, histoire que l’alcool ne soit pas la seule chose qu’elle avale.

Bonnie reprit la même chose ce qui ne surprit pas la brune. Après tout c’était ce qu’elle avait fait elle-même. Et après conclu le chapitre Pierre dans la conversation, Kaly amena le sujet sur Bonnie et sur sa vie sentimentale ainsi que sur les raisons de sa venue aux Etats-Unis. Ce n’étaient pas des questions en l’air histoire de faire la conversation. Kaly avait réellement envie de connaître un peu mieux cette fille un peu étrange – du moins à ses yeux – car elle sentait que quelque chose clochait. Pas dans le mauvais sens du terme car sinon elle ne serait pas là ce soir, juste que c’était bizarre. Bonnie n’eut pas le temps de répondre que les cocktails arrivèrent et avec eux leurs entrées. Et bien entendu comme dans tout restaurant gastronomique qui se respecte, le serveur leur annonça l’intitulé de leurs entrées sur un ton solennel. Kaly eut un petit sourire amusé. Elle avait toujours trouvé le ton guindé des serveurs amusant. On aurait dit qu’ils énonçaient des faits de la plus haute importance comme si les gens n’étaient pas capables de se souvenir de ce qu’ils avaient commandé. Cela avait le don de faire rire Kaly. Elle était vraiment loin de ce monde. La jeune femme aimait les petits simples de la vie et même si elle adorait bien mangé, elle évitait en général les restaurants trop haut de gamme, les restaurants « prout prout » comme elle le disait souvent à Sally à l’époque. Pourtant, ce soir elle ne regrettait pas d’être venue. Elle passait plutôt une bonne soirée et surtout dans un cadre très agréable. Ce restaurant n’étant pas classé dans la catégorie des « prout prout »

Levant son verre, elle répondit également en français à sa compagne avec un joli petit sourire

« Bon appétit »

Elle but une gorgée de son mojto et crut s’apercevoir qu’il était plus corsé que le précédent. Elle sentait plus le rhum que tout à l’heure. Etrange… Très bon mais étrange…

La jeune femme prit une queue de langoustine dont le fumet lui donnait l’eau à la bouche et la mit dans la bouche. C’était un vrai régal. Malgré sa cuisson à la plancha, le chef Legrand avait réussi à garder la chair tendre à souhait. Puis elle gouta une des pâtes d’accompagnement et c’était tout aussi savoureux. L’acidité que pouvait avoir le kumquat était merveilleusement compensée par la douceur du potimarron. Un vrai régal. Si le reste était aussi bon, Kaly pourrait dire qu’elle avait fait le meilleur repas de sa vie.
Reportant son attention sur Bonnie, elle l’écouta parler. Elle fut surprise de l’entendre dire qu’elle était célibataire. Elle ne l’aurait jamais cru. C’était une jeune femme très belle avec un caractère enjoué et très sociable et de ce fait, elle ne devait pas avoir du mal à se trouver quelqu’un. Sa surprise dût se voir sur son visage car la rousse laissa échapper un petit rire avant de lui lister sur le ton de l’humour tous ses défauts. Kaly joignit alors son rire au sien. Elle venait juste d’énoncer tous les défauts communs aux femmes.

« Ce sont des défauts qu’ont toutes les femmes. Le tout est de savoir le dissimuler pour que les mecs croient que cela ne nous fait rien et comme ça ils nous mangent dans la main ! », lui dit-elle avec un petit clin d’œil complice.

C’était un stratagème qui avait fonctionné plus d’une fois pour Kaly dans le passé. Aujourd’hui, avec Blake c’était un peu différent, peut-être parce que cette fois-ci elle avait de vrais sentiments ? Elle ne saurait le dire… Mais ne voulant pas y penser ce soir, elle repoussa tout ça dans un coin de sa tête et écouta Bonnie parler. Un vrai moulin à paroles ce qui faisait doucement sourire la brune qui n’était pas comme ça pour un sou. Ainsi Bonnie avait voulu devenir styliste… Encore une qui travaillait dans le monde de la mode. Décidément, c’était le point commun à toutes ses connaissances féminines.
Ce que Bonnie lui dit ensuite surpris une nouvelle fois Kaly. Elle ne pensait pas qu’un blog pouvait avoir un tel impact et surtout qu’on pouvait vivre de ce métier. Pour Kaly, c’était plus un passe temps qu’un réel métier… Un peu snob notre Kaly ? Pas du tout ! Juste ignorante des choses en rapport avec la mode. Comme tout le monde, elle aimait les vêtements mais cela s’arrêtait là. Elle n’avait jamais connu le monde de la mode. C’était tout un univers inconnu de la jeune femme. Pour preuve, elle ne savait même pas se maquiller correctement !

« Et bah ! Je suis impressionnée ! Je ne savais pas que c’était aussi important ! », lui dit-elle lorsque Bonnie termina de parler.

La jeune femme eut un petit sourire avant de reprendre

« Et non, tu ne parles pas trop. C’est moi qui ne suis pas assez bavarde. Je m'en excuse, je ne suis pas très douée pour parler de moi… Mais merci encore de m’avoir invitée dans ce resto. L’entrée est vraiment délicieuse ! »

Elles finirent leurs entrées en silence mais un silence plutôt agréable et pas ce genre de silence embarrassé et gêné du moins pour Kaly. Elle ne savait pas trop ce que pensait la rousse. Elles étaient si différentes l’une de l’autre…

« Pourquoi tu n’as pas continué tes études de stylisme ? D’après ce que j’ai pu constater, tu as un goût très sûr en matière de vêtements… »

Elles avaient fini leurs entrées en papotant et Kaly remarqua que leurs verres étaient vides.

« Tu veux boire autre chose ?  Un autre cocktail ou bien plutôt du vin avec notre poisson ? Un vin blanc genre une Sauvignon ou un Chardonnay ? »

Merci encore à Pierre de lui avoir enseigné l’art de l’œnologie ! Kaly espérait que d’ici à la fin de la soirée, elle saurait pourquoi elle avait été invitée…

« Ce sont des défauts qu’ont toutes les femmes. Le tout est de savoir le dissimuler pour que les mecs croient que cela ne nous fait rien et comme ça ils nous mangent dans la main ! »

Il était vrai que la plupart des femmes étaient capricieuses, jalouses et possessives, mais si Bonnie les citaient comme ses principaux défauts quand il était question d’hommes, ce n’était pas pour rien. Bonnie était capricieuse de base, mais quand elle était en couple, c’était bien pire que 10 femmes réunies. Sa jalousie et son côté possessif n’étaient pas mieux. Il suffisait que son copain parle d’une amie à lui pour qu’elle soit jalouse. Elle savait qu’elle exagérait à chaque fois, qu’elle sur-réagissait, mais c’était plus fort qu’elle. Elle était totalement à fleur de peau quand elle était en couple, et surtout très peu confiante. Et ce peu de confiance en elle ressortait avec la jalousie. Et elle n’avait mentionné que ces trois défauts là, mais il y en avait beaucoup d’autres..

Bonnie parla ensuite de sa venue aux USA, de son blog et de son succès. Une fois qu’elle eut trop parlé, elle bu une nouvelle gorgée de son cocktail qui était bientôt fini - déjà ?! - et commença enfin son entrée. Les langoustines étaient délicieuses. La rouquine était une grande fan des fruits de mer et des poissons, et elle en prenait souvent dans ce resto’, car elle n’en trouvait pas de meilleurs qu’ici !

« Et bah ! Je suis impressionnée ! Je ne savais pas que c’était aussi important ! »

Bonnie sourit à cette remarque. La grande majorité des gens qui ne connaissaient pas trop le monde des blogs et de la mode n’avaient aucune idée de ce que faisait Bonnie de ses journées et surtout, du travail qu’il y avait derrière pour une blogueuse de son « niveau ». Les gens pensent souvent qu’elle fait des photos de temps en temps, et que le reste du temps elle le passe à faire du shopping et à faire la fête. Mais ils sont loin du compte.

« Et non, tu ne parles pas trop. C’est moi qui ne suis pas assez bavarde. Je m'en excuse, je ne suis pas très douée pour parler de moi… Mais merci encore de m’avoir invitée dans ce resto. L’entrée est vraiment délicieuse ! »

« Mais de rien, je suis contente que ça te plaise ! Et ne t’inquiètes pas, je ne vais pas te forcer à parler de toi !  »

Enfin, si, un peu, mais en douceur. Bonnie comptait bien profiter de ce diner pour apprendre le plus de choses possible sur sa demi-soeur. Car la rouquine se doutait bien que Kalyani devait se poser des questions sur elle, et qu’elle ne voudrait peut-être plus la revoir après ce dîner. Sait-on jamais..
Elles finirent toutes deux leur entrée en silence. Ce silence qui signifiait qu’elles dégustaient chaque miette avec une certaine gourmandise. Bonnie profitait enfin de ce dîner avec sa demi-soeur. Elle releva la tête vers elle, et lui sourit, contente d’être là en sa compagnie. Maintenant qu’elle avait bu deux verres, elle se sentait beaucoup mieux, et en confiance face à Kalyani…

« Pourquoi tu n’as pas continué tes études de stylisme ? D’après ce que j’ai pu constater, tu as un goût très sûr en matière de vêtements… »

…Ou pas. La question était logique, mais fatidique. Bonnie allait-elle lui mentir, ou lui dire la vérité ?

« Disons que les études n’étaient pas faites pour moi ! »

Allez, hop, ça, c’était fait ! Emballé c'est pesé. Et pour la peine, Bonnie finit son cocktail un peu trop alcoolisé.

« Tu veux boire autre chose ?  Un autre cocktail ou bien plutôt du vin avec notre poisson ? Un vin blanc genre une Sauvignon ou un Chardonnay ? »

Il valait mieux éviter de recommander un autre cocktail vu la dose d’alcool qu’ils avaient mis dans son précédent..

« Va pour un Chardonnay ! »

Elle fit un sourire à Kalyani avant de faire signe au serveur qui s’approcha. Il récupéra les assiettes et couverts des entrées, les verres des cocktails, puis Bonnie commanda le Chardonnay. Il se retira ensuite en précisant que le plat arriverait dans peu de temps. Le silence se fit, et Bonnie reposa ses yeux sur sa demi-soeur, un petit sourire aux lèvres.

« Décidément, tu me surprends de minutes en minutes ! Tu t’y connais aussi en bon vin, en plus de connaître la France, le français, et un peu de leur gastronomie ! Tu connais d’autres langues ? Le mandarin, par exemple ?! Ou le russe ?! Tu connais d'autres pays, cultures, cuisine ? » La rouquine eut un petit rire, avant de reprendre. « Surtout ne le prend pas comme de la moquerie hein ! C’est plus de l’admiration, car tu me surprends vraiment ! Déjà que les études de médecine sont parmi les plus difficiles, en plus tu as une certaine culture.. C’est assez impressionnant ! »

Bonnie n’hésitait pas donc ainsi à avouer à Kaly qu’elle l’impressionnait. Mais peut-être était-ce trop d’un coup pour la jeune médecin. Ou peut-être n’y croirait-elle tout simplement pas ? Peut-être penserait-elle que Bonnie se foutait d’elle ?

Quand Bonnie la rassura en lui disant qu’elle n’allait pas la forcer à parler d’elle, Kaly fut quelque peu soulagée. Elle était vraiment nulle à ce genre de chose. Surtout quand elle n’avait pas un coup dans le nez. La jeune femme ne devenait un peu plus loquace qu’après quelques verres. En Californie, elle faisait souvent la fête et du coup, elle était habituée à se montrer plus ouverte qu’elle ne l’était généralement. Elle n’était pas associable non pas du tout juste une personne très maladroite pour tout ce qui concernait les relations avec les autres en dehors de son travail.
La brune sourit alors à la rousse en lui répondant

« Je ne m’inquiètes pas rassures toi. C’est juste qu’il n’y a pas grand-chose à dire. Ma vie n’est pas très intéressante contrairement à la tienne ! »

Bonnie la surprit une fois de plus lorsqu’elle lui dit que les études n’étaient pas faites pour elle. La rousse ne semblait pas bête loin de là. Preuve est qu’elle avait très bien réussi dans la vie sans avoir fait d’études. Ne s’y entendant pas grand-chose dans la mode, Kaly se demandait naïvement si les études étaient vraiment nécessaires. Après tout, si Bonnie était vraiment douée, elle pouvait très bien percer dans le milieu nan ? Elle pourrait peut-être poser la question à Hally. A une autre époque la jeune femme n’aurait pas hésité à la poser à Savannah. Mais ça c’était à une autre époque…

« Et tu es la preuve vivante qu’on n’a pas forcément besoin d’études pour réussir dans la vie »

Kaly était sincère en lui disant ça. Bonnie l’impressionnait vraiment par tout ce qu’elle avait accomplie. Elle proposa alors de troquer les cocktails contre du vin. Bonnie accepta et fit signe au serveur qui vint débarrasser les couverts. S’ensuivit alors un petit silence que la rousse rompit très rapidement. Et ce qu’elle dit fit rougir un peu Kaly. Elle savait qu’elle était plus intelligente que la moyenne. Cela avait toujours été le cas et l’avait aidé pas mal durant ses études. Mais cela l’avait également beaucoup desservi dans sa vie privée.
Peu de gens aimaient les personnes plus intelligentes qu’eux. Ça ne l’avait pas aidé à se faire des amis. Certes son caractère n’avait pas beaucoup aidé non plus. Kaly avait un sale caractère et elle le savait très bien. Mais ses années new-yorkaises n’avaient pas laissé un très bon souvenir à la jeune femme. Les seuls bons souvenirs étaient liés à Blake, Sally et Hope. Mais ça peu le savait. Aux yeux du monde, elle était un médecin reconnu pour ses compétences et son intelligence mais personne ne la connaissait vraiment…

Elle prit donc le partir de rire un peu et de lui répondre

« J’ai de la chance d’avoir des facilités au niveau des études c’est tout. Y a pas de quoi en être impressionnée… Et tu sais déjà pourquoi je parle le français aussi bien. Pierre m’a montré sa France à lui et m’a aussi initié à l’art de l’œnologie… Il appartient à une vieille famille aristocrate donc certaines choses lui étaient familières. Mais je suis loin d’être une experte. Donc ne t’attends pas à me voir sentir le vin et à le tourner et retourner dans ma bouche avant de l’avaler hein ! »

Kaly ponctua sa phrase d’un petit clin d’œil complice.

« Et pour ce qui est des langues, j’ai quelques notions de chinois parce que je trainais souvent à Chinatown quand j’étais encore à San Francisco et je connais un peu l’espagnol mais c’est tout ! Le russe j’aurais bien aimé mais on m’a dit que c’était super compliquée comme langue donc je n’ai jamais tenté l’expérience. Mais je t’avoue que j’aurai aimé savoir parler plus de langues… »

Elle avait toujours admiré les polyglottes et Kaly se disait que c’était un atout en tant que médecin que de savoir parler plusieurs langues. C’était toujours plus facile pour communiquer avec les malades étrangers ou qui ne parlaient pas bien l’anglais… Mais pour cela, il fallait trouver un peu de temps et jusqu’à présent ce temps, elle ne l’avait toujours pas pris…

« Tu n’as pas à être impresionnée tu sais. C’est plutôt moi qui devrait l’être… Et sinon toi ? Tu sais parler beaucoup de langues ? »

Quant aux pays visités, elle n’avait vu que ceux où elle avait effectué quelques missions humanitaires mais ça pas besoin de le dire. Ce n’était pas vraiment des voyages. Elle n’avait pas beaucoup de temps pour visiter le pays ou autre…

Le plat arriva à ce moment là en même temps que la bouteille de Chardonnay commandée par Bonnie. Le fumet qui s’en échappait donna aussitôt l’eau à la bouche à Kaly. Croisant le regard de la rousse, la jeune femme lui sourit avec gourmandise.

« Ça m’a l’air délicieux ! J’ai bien eu raison de suivre tes conseils ! »

Levant son verre, elle trinqua avec Bonnie

« A ce dîner… »