Jour de congés aujourd’hui. JJ n’a rien prévu pour moi, aux dernières nouvelles. Enfin une journée de tranquillité où je suis sûr de ne pas l’avoir sur le dos ! Mais mieux vaut assurer ses arrières, il faut que je sorte. Si je reste à glander à la maison, elle risquerait de se pointer à l’improviste pour ma gâcher la journée à parler boulot. Alors après m’être sorti du lit à onze heures du matin, j’avais pris ma douche, j’avais mangé un truc vite fait et j’étais sorti une fois prêt.

J’avais passé un long moment dans les magasins de fringues, mais je ne trouvais rien d’intéressant à acheter. Je m’étais également arrêté pour aller manger au McDo quand la faim s’est fait ressentir. Mais après ? Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de mon après-midi ? Je me promenais un peu au hasard dans les rues, lunettes de soleil sur le nez et mains dans les poches à chercher ce que j’allais bien pouvoir faire pour m’occuper. Et si je trouvais une fille avec qui m’occuper ? Hum, ouais mais il n’y a que les alcoolos dans les bars à cette heure-là. Mes pas me conduisent finalement devant le cinéma de la ville. Je m’arrête une seconde pour voir les films à l’affiche. Mouais, rien de bien intéressant… Pourquoi il y a une sacrée file qui attend. Une file remplie de filles bien entendu. Tiens tiens, je n’ai encore jamais dragué au cinéma, pourquoi ne pas tenter ? Ça peut être pas mal, pourquoi pas. Je m’approchais de la file pour faire la queue à mon tour et je remarquais bien vite que toutes les nanas allaient voir le fameux fifty shades of Grey. Ouais bon, ce n’est pas le film de l’année, ni le genre de connerie qui m’intéresse mais elles y vont toutes, alors je vais y aller aussi. Je vais bien finir par tomber sur une fille avec qui je vais sympathiser, et plus si affinités.

Une fois ma place achetée, je suivais la foule de nanas en délire jusque dans la salle. Bon sang, il y avait déjà du monde ! Je parcourais la salle du regard et je choisis l’une des places en haut de la salle. Mon siège avait le couloir d’un côté et une place libre de l’autre. Je jetais un rapide coup d’œil autour de moi une fois installé et je remarquais que je devais être l’un des seuls mecs ici présent. Ah ouais quand même. Les lumières finirent par s’éteindre et les bandes-annonces s’enchainaient, puis des pubs. Au bout d’un moment, j’entendais des gens râler sur ma gauche alors je tournais la tête, curieux, pour voir ce qui leur arrivait. Une fille passait devant eux pour se frayer un chemin. Il y a toujours des retardataires, c’est dingue. Je constatais que dans la rangée, la seule place de libre était celle à côté de la mienne. Bien, il semblerait que je vais avoir de la compagnie.

Je reportais mon attention vers l’écran, j’étais assis à mon aise, une main sur l’accoudoir, les jambes croisées. Attention pas comme les femmes hein, moi j’avais ma cheville droite sur mon genou gauche. Je regardais ma nouvelle voisine du coin de l’œil et je la vis littéralement tomber par terre. Ah bravo. J’étouffais un petit rire alors qu’elle se relevait pour s’asseoir correctement cette fois. Et à ce moment-là, je la reconnus. Tiens donc Alison. Ma pote d’enfance que j’ai retrouvé récemment.

« Tu tombes à pic Lili. »

Dans tous les sens du terme. Parce que je sens que je vais m’ennuyer pendant ce film pour nanas. Je posais mon coude sur l’accoudoir entre nous pour pouvoir me rapprocher d’elle. C’est plus pratique pour discuter discrètement sans avoir les autres spectateurs à dos. Je la regardais avec un sourire en coin.

« Alors comme ça, ça t’intéresse ce genre de film ? Ça ne va pas trop te perturber ? »

J’aimais bien la taquiner. Et puis, selon les critiques c’est un film de cul limite. Est-ce qu’elle est du genre à regarder ça ?

J’avais remarqué son petit geste de recul quand j’avais bougé et ça m’avait faire rire, intérieurement du moins. A quoi elle s’attendait ? Qu’un inconnu lui saute dessus ? En plein cinéma ? Elle a toujours eu une imagination débordante cette fille, aussi longtemps que je me souvienne. On a une dizaine d’années d’écart, j’étais déjà dans l’adolescence quand je l’ai connue. Malgré mon sale caractère, je m’étais rapidement pris d’affection pour cette petite blonde. Je la trouvais fragile et vulnérable et sans savoir pourquoi, j’avais toujours ressenti ce besoin de la protéger. Un peu comme un grand frère. Je suis fils unique alors à ce moment-là, c’était nouveau pour moi. Et comme tout bon rapport fraternel, j’avais pris un malin plaisir à la taquiner, et ce, depuis toujours. On avait repris contact récemment et ça n’avait pas changé. J’éprouvais toujours ce besoin de l’embêter. C’était plus fort que moi.

Elle se pencha vers moi pour me murmurer quelques mots, me demandant ce que je faisais là. Oui, c’est sûr que ce n’est pas le genre de film que je regarde en général, bien que, certaines parties sont assez familières pour moi. Enfin, dans l’ensemble, ce genre d’histoire d’amour débile ça m’horripile. Après m’avoir reconnu, elle se mit à rire. L’idée de me trouver là semblait l’amuser. Je peux comprendre. Je lui adressais alors un petit sourire en coin pour lui répondre. « J’ai vu de la lumière alors je suis rentré. » Elle se doute bien que je ne suis pas là pour le film alors autant plaisanter.

Je ne regardais pas beaucoup l’écran, je profitais juste des moments de grande clarté pour zyeuter un peu la foule. On ne sait jamais, je peux très bien repérer une jolie nana. Mais sa voix résonna une fois de plus à mon oreille, alors que je m’étais rapproché pour éviter de devoir parler trop fort pour communiquer. Elle se plaignait que je l’avais vue tomber. J’eus un petit rire en y repensant. Oui en effet, et c’était génial à voir ! « Je n’en ai pas raté une miette même. » J’avais reporté par la suite mon attention sur elle, et j’avais commencé à la taquiner sur le fait qu’elle venait voir ce genre de film à tendance érotique selon les critiques. Pour le moment, tout ce que je voyais, c’était une nana qui fantasmait sur un milliardaire. Pas de quoi fouetter un chat. Ok, il vient de se jeter sur elle dans l’ascenseur, mais franchement, il n’y a rien pour le moment.

Elle se mit à sourire, mais dans la pénombre, je ne distinguais pas grand-chose d’autre. Je suis sûr qu’elle a rougi. Je ne l’ai pas vue, mais j’en suis sûr, c’est tellement son genre. Pour toute réponse, elle m’attaqua gentiment en plaisantant sur le fait que ce serait plutôt un film relatant mes exploits. Oh mon dieu, je n’espère pas, je ne suis pas aussi niais que ce Grey là. « Hum… En partie, peut-être. Mais ce type m’a l’air un peu trop niais, on reconnait bien là les films pour nanas. Les mecs ne sont pas comme ça. » Et surtout pas moi. Finalement, elle avoua que c’était le premier film du genre qu’elle voyait. Pourquoi est-ce que ça ne m’étonne pas ? Je ne l’imagine pas regarder du porno, ni un film érotique. Les personnages vont trop vite selon elle ? Mouais. Deux personnes se plaisent alors ils couchent ensemble, normal. Je ne vois pas où est la rapidité de son point de vue. « J’sais pas, ça ne me choque pas. Ils se plaisent alors ils s’envoient en l’air, c’est normal. Tu ne vas pas tourner autour du pot pendant des mois quand quelqu’un t’attire. » Personnellement, je suis du genre à foncer quand une femme me plait. Je ne vais pas la draguer pendant des jours, des mois pour obtenir satisfaction. On y va rapidement et basta. Je ne suis pas patient en plus.

De temps à autre, je la quittais des yeux pour regarder un minimum le film en alternant avec mes voisines de siège. Alors que j’avais les yeux vers l’écran, je l’entendais me parler à l’oreille. Oh, je suis le seul homme ici ? C’est fort probable. Mais elle avait deviné la raison de ma présence ici. Je me tournais dans sa direction pour lui sourire, un sourire arrogant. « En effet, tu m’as démasqué. Je me fiche du film, tout ce qui m’intéresse est plutôt autour de moi. » Une salle remplie de nanas avec les hormones en vrac, que demander de mieux ? Enfin, je pris un air malicieux avant de m’adresser à elle. « Ça veut dire que toi aussi tu as les hormones en ébullition Lili ? »

Une chose est sûre, pendant les phases de blabla de ce navet pseudo-érotique, je me fais chier. C’est une histoire à dormir debout. Comme s’il fallait signer des contrats pour s’envoyer en l’air, ça n’a pas de sens ! Et pourquoi cette nana est aussi niaise et cruche ? J’ai juste envie de la secouer violemment. Et genre le mec plein aux as n’a que ça à faire de ses journées que d’envoyer des mails à cette fille ? De passer tout son temps avec elle ? La seule chose qui expliquerait ça, c’est qu’il se repose sur tout un tas de personnes à son service. Mais bon sang, pourquoi se contenter d’une seule fille ? Et vierge en plus de ça. Ça me désespère. Je ne comprends pas non plus pourquoi toutes les filles de la salle bavent devant ce mec, ce Grey. Il n’est vraiment pas terrible. C’est quoi cette coupe de cheveux ? Et ses tenues ? Toujours les mêmes, aucun gout. C’est l’argent qui attire, j’en suis sûr.

Enfin discuter avec Alison était plus intéressant que mater ce film pour jeunes adolescentes en chaleur. Alors, j’avais commencé à la titiller. Si elle est venue voir ce film, c’est qu’elle aussi a les hormones en ébullition ? Monsieur Grey lui fait aussi de l’effet ? Elle parut surprise par la question en tout cas, vu la tête qu’elle tirait en me regardant. Ben quoi ma petite Lili ? Ma question t’a perturbée ? Oh, quel dommage. Elle parut choquée tout d’abord, mais elle finit par sourire. Elle me répondit négativement, prétextant ne pas être en ébullition. C’est cela oui. Le type n’est pas suffisant à regarder ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Elle voulait plus de mecs à regarder ? Plus d’acteurs ? Ou plus de spectateurs ? Parce que dans tous les cas, effectivement, c’est raté. « Pas suffisant ? Qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Si tu veux plus de cul, ce n’est effectivement pas ce genre de film qu’il faut regarder. » Je ne savais pas vraiment à quoi elle faisait allusion alors j’étais parti moi-même dans une direction. En général, les filles ne sont pas très à l’aise avec le sexe, alors ça m’amuse d’aborder ce sujet. Parce que personnellement, je n’ai aucun tabou.

Mais alors que je reportais mon attention sur le film, j’entendis un son plutôt familier. Enfin un léger soupir d’aise provenant du rang devant moi. Il semblerait que ça n’ait pas échappé à mon amie qui me le fit remarquer, d’une façon qui n’avait rien de subtil. Elle ajouta que si je n’étais pas rassasié, on pourrait aller manger un morceau ensemble. Attendez là, elle insinue que je vais aller me taper cette nana dans un coin pour ensuite aller déjeuner avec elle ? « Finalement, toutes ces petites pucelles en chaleur, ça ne m’intéresse pas, elles sont trop jeunes. » La moyenne d’âge doit être de seize ans. J’en ai trente et un quand même. Je ne me vois pas taper dans les ados. « Mais merci de te préoccuper de ma vie sexuelle. » Dis-je avec un petit sourire enjôleur. « On peut aller manger directement après si tu veux. » Elle voulait rattraper le temps perdu à mon sujet ? Mademoiselle est donc une commère comme la plupart des filles en fait. Donc ce n’est pas très étonnant. Mais bon, il n’y a pas grand-chose à dire sur moi. « Tu veux aller manger où ? »

Elle ne parlait pas de sexe, évidemment. Pas elle, pas Alison O’Brien. Elle est bien trop pure et trop naïve pour ça, voyons. Non non, au lieu de ça, elle parlait plutôt des regards, de l’attraction, de l’alchimie et toutes ces conneries de filles. C’est dans ce genre de moments que je me rends compte à quel point on est différents tous les deux et à quel point elle est jeune et candide. Elle n’a jamais eu de mec c’est juste impossible. Sa façon de penser me prouve à quel point elle est encore trop naïve vis-à-vis des relations entre un homme et une femme. Il va falloir que je la fasse descendre de son petit nuage avant qu’elle ne se prenne une violente claque en plein visage par la réalité. J’avais levé les yeux au ciel en entendant de telles niaiseries tout en grimaçant. « Toi Ali, t’as jamais eu de mec, c’est pas possible. Il va falloir que je te fasse redescendre sur terre rapidement parce que la chute va faire mal. Ça ne se passe pas du tout comme ça dans la réalité. Les contes de fée ça n’existe pas hein, réveille toi. » Je ne sais pas dans quel monde elle vit, mais elle va devoir revenir parmi nous.

Je n’en voyais plus le bout de ce film. Combien de temps il dure en fait ? Il ne se finit jamais ? Personnellement j’en ai marre, c’est niais à mourir et je m’ennuie vraiment. A tel point que je parlais plus avec mon amie que je ne m’intéressais réellement au film. Et puis l’idée d’alpaguer l’une de ses filles me tentait de moins en moins. Je n’aime pas trop les fans girls, elles sont chiantes, c’est horrible. Alors avec ce film, on atteint des sommets. Finalement, ce n’était pas très judicieux de venir ici. Lorsque j’évoquai ce point à Alison, ça la fit sursauter. Quoi, elle est tellement à fond dans ce navet que ça la surprend quand je lui parle ? Merci de me faire passer au second plan. Mais je rêve où elle se moque carrément de moi là ? Je la regardais en haussant l’un de mes sourcils. « Je peux te garantir que je ne suis pas venu pour le film. Alors oui, ça m’a traversé l’esprit, mademoiselle je-vis-au-pays-des-bisounours. » C’est sûr que ce genre de plan ne germerait jamais dans son esprit à elle. Je m’ennuyais cette après-midi, et quoi de mieux que s’envoyer en l’air pour s’occuper ?

Mais bon, ce plan venait de tomber à l’eau, alors autant occuper mon temps utilement. En allant manger avec elle par exemple. Mais où ? Je lui avais posé la question, mais encore une fois, elle semblait plongée dans ce film maudit. Bon sang, mais comment un simple film peut à ce point hypnotiser les femmes ? Franchement ? Alors, à contre cœur, faisant la moue, je reportais mon attention sur l’écran. Je continuais de regarder devant moi lorsqu’elle me répondit, enfin. Où je veux ? Elle invite ? Non. Un mec ne se fait certainement pas invité par une fille. Ma virilité en prendrait un trop grand coup. « Peu importe, je m’en fous. Mais c’est moi qui paye, et ce n’est pas négociable. » Et puis, je suis sûr que j’ai plus les moyens qu’elle.

Le film n’était pas encore fini mais j’apercevais du coin de l’œil qu’Alison rangeait déjà ses affaires. Quoi, elle part avant la fin ? Elle en avait peut-être marre. Ou alors, la fin approchait ? Effectivement, après une scène de fessé mémorable et un adieu en larmes, le générique apparut. Oh oui ! Enfin ! Mon supplice est terminé ! Les lumières du cinéma se rallumèrent et la foule commençait à bouger pour se rhabiller et se diriger vers la sortie. C’est pas trop tôt. Alison se leva rapidement et j’en fis de même, remettant ma veste en cuir sur moi. Elle avait l’air pressé d’aller manger, et surtout d’apprendre plein de choses sur moi. Oui enfin, il n’y a pas grand-chose à dire. « Et donc, on va où ? » Parce que c’est bien de vouloir aller manger, mais où ? Je sortis de mon rang et commençais à descendre les marches vers la sortie, veillant bien à ce que mon amie me suive. « Pas mal de choses à me demander ? J’ai l’impression que je vais passer une interview. » Pourquoi est-ce qu’elle se montre aussi curieuse à mon égard ? Bon, je sais que je suis une personne intéressante, mais tout de même.