Se balader dans Brooklyn c'est assez rare pour Rory, qui est plus habitué à rester dans son quartier du Bronx. Généralement, quand il est dans ce quartier-ci, c'est parce qu'il est avec un client. C'est d'ailleurs un souvenir encore assez douloureux, car c'est dans ce quartier, dans une petite ruelle, qu'il s'est fait tabassé par l'un d'eux. Heureusement, quelqu'un l'a trouvé et l'a amené à l'hôpital. Brooklyn s'est quand même pas mal de mauvais souvenirs en n'y regardant bien. Il y a cette fois, où pour une fois, le jeune avait eu envie de sortir s'amuser, un soir où il ne travailler pas. Il avait besoin d'évacuer toutes les pensées négatives qui l'encombrent au quotidien. Il avait entendu parler d'une soirée dans Brooklyn par un habitué du bar où il travaille, un des habitués qui ne font que consommer des verres, et avec qui il ne s’entend pas trop mal. Ce soir-là, Rory a décidé de se lâcher, peut être même un peu trop, surtout pour lui qui n'a pas l'habitude de consommer de l'alcool. Il s'est retrouvé dans un tel second qu'il s'est mis à draguer une charmante demoiselle, se disant que ce serait fun de quand même essayer de voir ce que ça fait de coucher avec une fille. Il ne réfléchit pas à ce qu'il fait, il n'a même pas réellement conscience de ce qu'il est en train de faire et il ne pense pas non plus aux conséquences que cela pourrait avoir. Effectivement, Rory qui peine à laisser les gens entrer dans son monde amène la jeune femme chez lui, le souvenir du trajet est flou, aujourd'hui encore il se demande comment ils sont arrivés jusque-là. Si le courant semblait bien passer entre eux jusque-là, le reste de la nuit, bien que décousu dans son esprit, s'est bien moins poursuivie. Le barman était bien trop alcoolisé et surtout point important, il n'est pas hétéro, pour pouvoir assuré comme il se doit. Sur le moment, l'euphorie de l'instant et leur état d'ébriété aidant, tous deux en ris comme des crétins. Mais une fois un peu dessoulés, Rory se sent très con et la belle rousse, Bonnie de ce qu'il se souvient, avait l'air passablement vexé. Il ne la blâme pas, loin de là, c'est lui le con dans l'histoire à vouloir essayer d'être celui qu'il n'est pas. La jeune femme s'en va furax, le châtain a bien bredouillé quelques excuses, mais cela n'a pas semblé suffire à la calmer. Plus tard dans la journée, une fois la gueule de bois un peu passée, en rangeant un peu ses affaires, il se rend compte que son collier a disparu. Rory fulmine contre Bonnie, cela ne peut-être qu'elle, il ne laisse jamais personne entrer chez lui et surtout, le collier disparait à ce moment-là.

Depuis cette fameuse soirée, Rory tente de retrouver la jeune femme, afin de récupérer ce qu'elle lui a pris. Il possède peu de chose, et ce pendentif au motif d'avion en papier, même si pécuniairement parlant il n'a aucune valeur, le petit objet a une grande valeur sentimentale pour le jeune homme. C'est un cadeau de son frère aîné, et même si ce dernier est celui par qui Rory se retrouva jeter de la maison familiale, il a eu besoin de prendre son collier fétiche. Alors, hors de question d'abandonner les recherches et de le laisser à la demoiselle. Il le récupèrera coûte que coûte. Son point de départ, c'est Brooklyn, car il se rappelle des bribes de conversation avec Bonnie, donc il traine quand il a des moments de libres dans le quartier. C'est large à ratisser, mais il ne désespère pas. Aujourd'hui, il se balade encore une fois dans ces rues qu'il va finir par apprendre par coeur. Il n'hésite pas à accoster des gens, posant des questions, mais après deux heures de plus infructueuses, il décide de faire une pause dans le Starbucks du coin. Il commande un frapuccino et va s'asseoir un moment, essayant de réfléchir à comment poursuivre les recherches. Son vieux mobile vibre sur la table, un message de son patron lui demandant de venir un peu plus tôt. Rory soupire, déçu de ne pouvoir continuer pour aujourd'hui et se lève. C'est là qu'il aperçoit une chevelure qu'il reconnait immédiatement. « Bonnie ? » Le châtain s'avance vers elle, histoire de s'assurer qu'il ne s'est pas trompé. Arrivé à son niveau, plus aucun doute possible. Il hésite sur la manière à adopté. Attaquer direct ou jouer le mec sympa. N'étant pas méchant de caractère, finalement il opte pour la version civilisée. « Salut. Tu te souviens de moi ? Je crois que tu as quelque chose qui m'appartient. » Manière civilisée, oui, mais il ne compte ne pas perdre de temps, d'autant qu'il est attendu à son boulot dans le Bronx plus tôt que prévu, il n'a donc pas de temps à perdre.
   

Question complètement con, évidemment qu'elle n'allait pas le reconnaître, il n'avait pas dû avoir un grand impact dans la vie de la jeune femme. Quoique, vu comment cela avait fini entre eux, c'était quand même quelque chose qui marque, non ? Pensait-il vraiment qu'elle se serait souvenue de lui ? Lui qui est transparent, lui qui n'est personne, lui qui passe inaperçu, on le voit, mais on ne le remarque pas. Il n'a aucun impact sur les autres, il n'est qu'un moins que rien, une merde qui ne vaut rien. « Oui c'est moi. » Bon ben finalement, il l'aura marqué un peu puisque son prénom lui revient. Rory n'est pas du genre à fixer les gens de la sorte, mais il est tellement remonté contre elle qu'il ne peut faire autrement. Est-ce ça ou autre chose, mais le ton de Bonnie vire de calme à extrêmement froid et le châtain ne comprend pas trop pourquoi, c'est à lui d'être en colère, c'est elle qui lui à voler quelque chose après tout, même si elle prétend le contraire. Lui, il sait que c'est elle, ça ne peut-être qu'elle, il ne laisse généralement personne entrer chez lui, elle est la seule à y être venue. Il lève les yeux au ciel, exaspéré par sa remarque. Mais elle ne lui laisse même pas le temps de répliquer quoi que ce soit, qu'elle lui tourne le dos en lui annonçant qu'elle se casse et sort du Starbucks comme si de rien n'était. Rory reste interdit l'espace d'une seconde, abasourdi parce le comportement de la demoiselle. « Eh attends ! » Son corps décide enfin de réagir et lui aussi se précipite au-dehors.

Le jeune homme accélère le pas, hors de question de la laisser filer maintenant qu'il la enfin retrouver. Il ne la lâchera que lorsqu'elle lui aura rendu son pendentif. « Stop. Rends-moi mon pendentif et je te laisse tranquille. » Ton assez sec et autoritaire. Ça ne lui ressemble pas vraiment, mais il n'a pas l'intention d'abandonner. Rory est revenu à sa hauteur et lui empoigne le bras pour la forcer à s'arrêter et à le regarder. « Je suis très sérieux Bonnie. Ça peut paraitre débile, mais j'y tiens. » Ouais, c'est complètement con d'être attaché à ce point à ce pendentif, qui plus est lui a été offert par la personne qui l'a trahi et qui lui vaut cette vie-ci aujourd'hui. Le pire, c'est que Rory n'en veut même pas à son grand frère, il l'a toujours respecté et continu malgré tout, il est persuadé que si son aîné avait su que leurs parents le jetteraient de la sorte de chez eux, il n'aurait rien dit. « Je ne te ferais pas d'ennui si c'est de ça que tu as peur, moi je veux juste retrouver ce qui m'appartient. » Le jeune homme est loin d'être à vouloir causer des ennuis à autrui, bien au contraire, il ne cherche que rarement les conflits, il préfère les éviter, qui à se mettre en retrait et laisser les autres gagner, même quand il est certain d'être dans son droit ou d'avoir raison. Alors, oui, il insiste pour récupérer son collier, mais non, il n'ira pas porter plainte contre elle ou autre, et il préfère le lui préciser, peut-être que ça la calmera un peu et qu'elle consentira à l'écouter et à lui rendre son bien.

Pour montrer sa bonne volonté d'ailleurs, il relâche l'emprise sur son bras, et tente de reprendre un air plus calme et moins agressif. « Je ne veux pas faire d'histoire et encore moins en pleine rue. S'il te plaît, rends-moi juste le pendentif. » Rory regarde la rouquine avec un air suppliant dans les yeux, qui sont devenus légèrement humide. Il n'en est pas au point de se mettre à pleurer, il ne se pensait même pas être si émotif, mais le fait est qu'il tient apparemment plus à ce collier qu'il ne l'aurait cru.
   

Le jeune homme se sent vraiment vexé par la réflexion de la rouquine. Il ne saurait trop dire si c'est à cause de sa remarque sur son physique, il est bien conscient qu'il n'est pas très grand et plutôt maigrichon, ou si c'est parce qu'elle sous-entend qu'il aurait pu avoir l'intention de lever la main sur elle. Jamais de la vie Rory n'oserait frapper une femme, déjà se bagarrer même avec des mecs c'est pas trop son trip, alors une fille, il en serait incapable, il a bien trop de respect pour les femmes, pour les gens en général, pour se permettre d'oser une chose pareille. Alors évidemment, le barman se sent le besoin de se justifier. « Non, mais je parler de porter plainte, pas de te frapper, je ferais pas un truc pareil. » Pour montrer sa bonne volonté d'ailleurs, il relâche l'emprise sur son bras, et tente de reprendre un air plus calme et moins agressif. « Je ne veux pas faire d'histoire et encore moins en pleine rue. S'il te plaît, rends-moi juste le pendentif. » Rory regarde la rouquine avec un air suppliant dans les yeux, qui sont devenus légèrement humide. Il n'en est pas au point de se mettre à pleurer, il ne se pensait même pas être si émotif, mais le fait est qu'il tient apparemment plus à ce collier qu'il ne l'aurait cru.

Quand elle lui annonce qu'elle ignore où se trouve le pendentif parce qu'elle a déménagé depuis, Rory a comme la sensation que son coeur se brise en mille morceaux. Il a bien conscience que sa réaction est exagérée, que ce n'est qu'un stupide pendentif comme elle le dit si bien, mais il est une des rares choses qui le relient à sa vie d'avant, à sa famille, au souvenir qu'un jour il a pu être heureux. « C'est pas parce que j'y tiens que je dois le porter. J'ai mes raisons et elles ne te regardent pas. Je n’ai pas à me justifier, peut importe où il était, t'avais pas à me le prendre. » Il la regarde avec un air plus blessé que réellement en colère et pousse un soupir de soulagement quand elle lui propose de le suivre pour aller le chercher avec elle. Elle avance vite et Rory peine à la suivre, mais hors de question de la perdre de vue, maintenant qu'il n'est plus qu'à quelques minutes de retrouver ce bijou qui lui tient tant à coeur. Le reste du trajet se fait en silence et il entre sans un mot derrière elle et regarde tout autour de lui.

Curieux comme il est, il ne peut pas s'empêcher de lui poser une question, qui probablement risque d'énerver un peu plus la demoiselle encore, mais bon, est-ce que leur relation peut-être pire que ce qu'elle n'est déjà ? Ils n'ont clairement pas commencé du bon pied tous les deux, alors un peu plus ou un peu moins. « Ça t'arrive souvent de piquer des trucs chez les gens comme ça ou c'est juste moi ? » Il se retient de justesse d'ajouter que pourtant, elle ne semble pas du genre à manquer de quoi que ce soit et d'avoir les moyens de se payer ce qu'elle veut, qu'elle n'a donc pas besoin de devoir voler. Il se rappelle les moments où lui a du agir de la sorte, par nécessité, et à quel point il s'en rendait malade de devoir le faire. Alors oui, là, il la juge, parce qu'il ne comprend pas pourquoi voler quand on n’en a pas besoin. « Bon je pense que t'as pas spécialement envie que je m'éternise ici, donc plus vite on s'y met, plus vite on le trouve, plus vite je m'en irai et tu ne me reverras plus. » Rory regarde directement Bonnie dans les yeux, attendant qu'elle lui montre par où chercher, parce qu'il ne va pas se permettre de fouiller de lui-même alors qu'il n'est pas chez lui.