Suite à une longue et dure journée de labeur, je m'exaltai devant le soleil qui s'apprêtait à s'éteindre. Tout sourire, je vérifiai mes messages textes, découvrant celui de Nora, ma bien-aimée. Elle me demandait de faire l'épicerie, car elle avait eu un imprévu avec l'hôpital, son lieu de travail. Elle devait faire des heures supplémentaires,  ce qui l'empêchait d'y aller elle-même. Je lui répondis brièvement avant de lui souhaiter une belle soirée.

J'embarquai dans ma voiture pour me rendre à destination en quelques minutes. Une fois sur place, je tentai de me rappeler tant bien que de mal ce qui manquait dans le frigo. Habituellement, c'est Nora qui s'occupe de ça. L'épicerie et la cuisine, c'est ses trucs. Disons que je suis un piètre cuisiner et qu'à chaque fois, je mange la moitié du repas avant même qu'il soit servi. Bref, rien de bien concluant. Je pris un carrosse, m'élançant à travers les rangers, prenant bien le temps d'analyser chaque étagère pour ne rien oublier. Mon but, c'était tout simplement d'impressionner Nora! Une fois que la trouvaille des aliments sains tels que les fruits et les légumes fut terminée, je tombai en un rien de temps dans la section «pâtisserie». Comme il était tard et que mon estomac criait famine, la terrible envie d'acheter tous les petits gâteaux me traversa la pense. Je me retins de justesse, esquivant le comptoir pour me retrouver dans une rangée de biscuits. Évidemment, ce n'était pas vraiment mieux. Zyeutant ici et là pour trouver ma saveur préférée, je finis par arriver nez à nez avec mes Whippets favoris. Soudainement, un souvenir me traversa l'esprit. Celui où je tentais de m'emparer des biscuits de Kiara, mon ex-petite amie. Elle courrait dans la cuisine avec la boîte, riant de tout coeur, essayant de garder les derniers biscuits pour elle. J'avais fini par la berner en faisant de faux pas en sa direction avant de pivoter et d'arriver par-derrière, la soulevant dans les airs. Un petit sourire en coin s'installa sur mes lèvres. Je laissai entendre un soupire de bonheur avant de prendre la boîte.

Au même moment, une main délicate s'empara de l'emballage de carton. Je fronçai légèrement les sourcils avant de faire face à... Kiara. Voilà que mes souvenirs étaient tellement profonds que je m'imaginais mon ex. L'illusion était tellement réelle que je sentis même son odeur sucrée, si enivrante. Toujours immobile, je finis par comprendre que ce n'était aucunement ma mémoire qui faisait défaut, mais que Kiara se tenait bel et bien devant moi. Pris soudainement par la surprise, je lâchai la boîte de Whippet. Celle-ci s'effondra sur le sol. Je ne l'entendis même se fracasser contre le plancher tellement j'étais submergé par la situation. J'entrouvris la bouche, mais aucun son ne franchit la barrière de mes lèvres. Je finis par rire nerveusement, me massant la nuque, mal à l'aise. « Dite-moi que je rêve... Mademoiselle Lewis-Butler en chair et en os, juste là, devant moi? » C'était impossible. Je tentai de jouer l'inébranlable, le nonchalant, mais à l'intérieur de moi, je vivais une implosion d'émotions. La voir ainsi, radieuse et magnifiquement belle, me déchirait le coeur en mille morceaux. Sa chevelure, sa peau, ses yeux... Elle n'avait pas changé d'un poil. En fait, elle était encore plus belle que dans mes souvenirs.

« Ca fait longtemps dis moi .. » J'acquiesçai lentement tout en inspirant profondément. Puis en un murmure, je laissai entendre un « En effet » qui sonnait plus nostalgique que je l'aurais voulu. Bientôt plus de six ans que nous ne nous étions pas revus. Au début, nous tentions tant bien que de mal de garder contact, mais avec le temps, nous avons finit par laisser aller les choses. Malgré tout, je garde bons nombres de souvenirs positifs avec Kiara. Cette dernière se pencha pour ramasser la boîte de biscuit, tendant celle-ci en ma direction en me faisant rappeler que je m'apprêtais à la mettre dans mon panier. J'esquissai un sourire avant de prendre la boîte. « Je partagerai! »Dis-je en lui faisant un clin d'oeil amical. Je déposai les Whippets dans mon cadi avant de reporter toute mon attention sur la belle grande brune. Mille et une question me traversait l'esprit. D'ailleurs, je ne savais pas par ou commencer. « Je... Je suis content de te voir ici! » Je me trouvai soudainement idiot d'être si touché par sa présence, mais d'un autre côté, je désirais qu'elle sache que je disais la vérité. « Alors dis-moi... Tu viens sûrement pas faire ton épicerie à New York pour retourner au Kansas par la suite. T'as emménagé dans le coin? » J'espérais du plus profond de moi-même que se soit une réponse positive. Même si je savais pertinemment que ce serait compliqué si elle me répondait de façon affirmative.

Je tentai de déceler un petit quelque chose qui pourrait m'aider à me faire une idée sur sa venue à New York, tel un sac de la compagnie pour laquelle elle pourrait travailler ou un manteau avec l'insigne de son entreprise, mais je ne percevait rien. Tant qu'à moi, il faut être complètement aveugle pour ne pas voir que je fais partie de la brigade de pompier. Mon manteau porte le logo de ma caserne et mon t-shirt aussi, sans oublier mes pantalons de travail et mes grosses bottes noir. Bref, je suis l'enseigne-même de la cavalerie de pompier!

Un sourire se plaqua sur mes lèvres en écoutant le dialogue de Kiara. Elle est toujours aussi drôle et charmante en racontant ses péripéties. Ses yeux pétillent, le timbre de sa voix est éloquent, ses mimiques sont mignonnes à croquées. Rien n'a changé, c'est comme si nous faisions un retour dans le passé, six ans en arrière, à placoter comme si nous ne nous étions jamais séparés. À cet instant même, je me demandai ce que nous serions devenus si nous avions continué notre vie à deux. Je fus brusquement chassé de cette pensée lorsqu'elle me demanda à mon tour si moi aussi je venais du coin. Je fis une rapide liaison mentale, rabibochant son discours pour assimiler ce qu'elle venait de me dire. Elle habite dans un bloc en haut de la rue, telle que moi. Ce qui veut dire que nous sommes enfin réunis? Dans la même ville, je veux dire... J'appréciai ses compliments, souriant de plus belle lorsqu'elle me fit la remarque sur mon uniforme. « Ouais je sais, le bleu a toujours fait ressortir mes yeux! » Dis-je en en riant légèrement tout en faisant papillonner mes cils pour rigoler. Ce qui est plaisant avec Kiara, c'est que je n'ai aucune gêne en faisant mes conneries débiles. Je sais qu'elle ne me jugera en aucun cas et, qu'au contraire, elle serait prête à mettre sa propre couche de plaisanterie par-dessus.

Je repris mon sérieux pour revenir à sa question principale, caressant une seule fois les petits pigments de barbe qui se formait au niveau de mon menton. « Et non, je ne suis pas de passage à Manhattan, je vis dans un loyer un peu plus loin sur la rue. » À y repenser, mon coeur s'emballa, tel un enfant excité d'aller faire une sortie au parc d'attractions. À cet instant, un vieillard stoppa son cadi devant nos carrosses, nous dévisageant presque de la tête aux pieds. « Pouvez-vous courtiser mademoiselle un peu plus loin? J'aimerais bien me rendre à cette étagère, mais vous bloquer complètement le passage. » Dit-il, sans façon. Je sentis mes joues s'empourprer sous le mot «courtiser», m'excusant auprès de lui avant de continuer mon chemin, suivant Kiara à la trace. Il état hors de question que cet homme ne finalise notre conversation. Une fois que nous fûmes un peu plus éloignés, je me penchai vers Kiara pour lui demander: « Est-ce que tu crois qu'il est de la même parenté que ton ancien voisin? Ou bien est-ce que tous les papis ont le syndrome de la rage ici à New York? » Je ne pus m'empêcher de rire sous mes propos, m'assurant à la fois de ne bloquer aucun passage pour les autres clients.

Je reportai mon attention sur Kiara, me raclant la gorge subtilement pour éclaircir ma voix. Il faut à tout prix que je trouve un moyen de la revoir, ou bien de poursuivre notre rencontre inédite dans un café quelconque. « De ton côté, est-ce que t'es... T'es bien occupé avec un travail? Parce que... Je me disais qu'on... On pourrait peut-être prendre un peu de notre temps pour parler? Après notre épicerie? » Alors là, c'est la dalle. Moi qui bégaye comme un adolescent qui tente d'inviter sa copine au bal des finissants. Quelle galère. Je serrai la mâchoire, fronçant légèrement les sourcils, inquiets qu'il n'ait un refus à cette « invitation».

La joie s'empara de tout mon être lorsqu'elle accepta mon invitation. Je tentai de contenir ce reflux de bonheur, histoire qu'il ne soit pas trop apparent, mais je ne pu m'empêcher d'afficher mon sourire le plus grandiose qu'il soit. Je pris le temps de réfléchir aux multiples choix qu'elle proposait. Un verre en ville, une ballade sur la plage... Bizarrement, j'ai l'impression que les deux trahissent mon affection envers Nora. J'aurais pensée à un petit café entre ami, rien de plus, mais en fait ce n'est pas l'endroit ni le contexte qui est malsain envers ma copine... C'est plutôt le fait que j'en pince encore pour Kiara et que c'est risquer de sortir ensemble. Malgré cela, j'en ai follement envie et malheureusement, j'ai la forte impression que personne ne pourrait réussir à me résonner sur ce coup là. Je roulai des yeux lorsqu'elle rajouta à la blague « Où comptes-tu me courtiser du coup? » Toujours aussi marrante cette Kiara. « Arrête de sourire comme ça, je sais que t'en meurs d'envie! » répliquais-je avec humour, souriant à mon tour.

Elle finit par fouiller à l'intérieur de son sac à main, trouvant un stylo et un bout de papier pour y inscrire son adresse et son numéro de téléphone. J'acquiesçai à sa demande, zyeutant rapidement l'adresse. J'écarquillai les yeux en découvrant qu'il s'agissait de ma voisine d'à côté. Le logement voisin avait été aménagé depuis peu par Kiara. Les chances sont minces pour que ce genre de truc arrive. Pourtant c'est la pure et simple réalité. Je ravalai ma salive, décidant de garder cette découverte pour moi-même. Je glissai un « Parfait! Alors à tout à l'heure! » dis-je avant de poursuivre mon chemin, me perdant à travers les allées sans me rappeler ce dont j'avais besoin. Paniqué, je finis par me calmer, passant une main sur mon visage pour tenter d'assimiler ce qui s'était réellement passé. Accoudé contre mon cadi, peinard, j'arrivai à la caisse et payai mes aliments.

Une quinzaine de minutes plus tard, j'étais devant mon frigo, remplissant celui-ci des nouveaux achats que je venais tout juste de faire. Une fois que tout fut rangé soigneusement, je pris mon cellulaire pour rajouter Kiara dans mes contacts. Soudainement, un stress énorme s'installa en moi. Qu'est-ce que je fais à présent? Je décompressai pendant de longues minutes, détestant le fait d'être aussi énervé par une rencontre inédite. Puis, je finis par prendre mon courage à deux mains pour quitter mon appartement et arriver face à face avec la porte voisine. Mon cerveau hurlait « Danger » alors que mon poing cognait déjà à la porte de bois. J'attendis quelques secondes avant que Kiara n'apparaisse dans l'embrasure. « Tu permets que je te montre quelque chose? » demandais-je, sourcil fronçai. Puis sans même attendre sa réponse, j'attrapai délicatement son poignet pour l'attirer dans ma direction, marchant par la suite jusqu'à ma porte d'entrée. Je serrai la mâchoire avant d'expirer et d'ouvrir l'accès à mon appartement. « Voilà! » Je croisai les bras sur mon torse avant de m'accoter contre la moulure et esquisser un sourire digne des publicités pour dentifrice. « Alors, qui est-ce qui offre à boire en premier... Voisine? »

Sa mine surprise ne fit que me réjouir de plus belle. Voilà que le destin se mélangeait à nos vies. Je me suis toujours dis que le hasard n'existe pas, qu'il n'y a que des rendez-vous. Seulement, cette situation est des plus extraordinaires. Combien de chance sur mille avions de nous revoir un jour? Pire encore, combien de chance sur un million avions nous d'être voisin à New York? Les chances étaient minces et pourtant nous voilà l'un devant l'autre, aussi surprenant soit-il. Je remerciai intérieurement se revirement de situation, sachant que j'allais croquer à pleines dents cette proposition fort alléchante que m'envoyait la vie.

Je laissai entendre un rire lorsqu’elle avoua ne pas s’attendre à cela. Et moi donc! Je pris un air réfléchit lorsqu’elle proposa de boire un verre dans son appartement, rajoutant si je préférais allez dans un endroit plus neutre. Son choix de mot me fit sourire d’avantage, ne comprenant pas ce qu’elle sous-entendait par « neutre ». Évidemment, prendre un verre avec son ex-copine c’est limite « idiot », alors j’imagine que prendre un verre avec son ex-copine dans son appartement qui se trouve justement à être le voisin du mien… C’est totalement délirant. Je finis tout de même par acquiesçai. Aujourd’hui, c’est mon inconscient –bonheur - qui prend le contrôle de mes décisions. Je n’ai même pas le temps de réfléchir sérieusement que mon corps est déjà en action. Bon ou mauvais signe? Seul l’avenir nous le dira. « Ça va me vas parfaitement! Mais avant tout, je dois me changer. T’as qu’à entrer, je suis certain que tu ne seras pas dépaysée. Comme nos appartements doivent êtres similaires, pendant que je change de fringue, t’as qu’à t’emparer des Whippets! Je t’avais dis que je partagerais, alors je tiens ma promesse. » Durant mon discours, j’avais fait signe à Kiara pour qu’elle me suive à l’intérieur, pointant ensuite le garde-manger pour qu’elle puisse y voler les biscuits. Je retirai mon t-shirt avant même d’avoir pénétré complètement dans ma chambre. Je n’ai jamais été pudique et de toute manière ce n’est pas comme si s’était la première fois que Kiara me voyait torse nue. Je fouillai dans mon garde-robe pour sortir quelques minutes plus tard vêtu de la tête aux pieds. LIKE THIS

Je revins dans la cuisine, me pinçant la lèvre inférieure en voyant les photos de moi et Nora sur le réfrigérateur. C’est tout simplement impossible de ne pas les remarquer, ce qui impliquait automatiquement que je devrais fournir de longues explications au courant de la soirée, car oui, nous finirons par discuter de ce sujet tabou. Si ce n’est pas elle qui me posera la question en premier, ce sera moi… Parce que je veux savoir. Sa beauté exaltante ferait succomber n’importe quel mec, alors pourquoi serait-elle célibataire? Mon cœur se resserra à cette pensée. Je n’ai plus l’exclusivité sur cette femme et à la douleur que je ressentais au niveau du thorax, j’en souffrais. J’ouvris mon frigidaire à vin pour en sortir une bouteille de porto, me retournant machinalement vers Kiara. « Saveur de chocolat framboise! Un pur délice et une satisfaction garantie avec les Whippets. » Dis-je en souriant. Je m’assurai d’avoir les clefs de mon logement et de barrer celui-ci derrière moi avant de suivre Kiara dans son appartement. Une fois à l’intérieur, je remarquai que je n’avais pas remis de souliers, me faisant rire moi-même. Nous étions si proches que ce n’était pas nécessaire de recouvrir mes pieds. J’analysai les alentours silencieusement, cherchant à mon tour une quelconque photo qui pourrait me donner un indice, mais rien d’évident ne me sautait au visage. « Alors, raconte-moi tout! Depuis quand t’es à New York, le métier que tu exerces, comment va ta famille! » Demandais-je avec un sincère intérêt.

Lorsqu’elle me prit de m’installer, je prends le temps de me rincer l’œil sur sa décoration épuré. Je dépose la bouteille de porto sur la table basse avant de me laisser basculer sur son canapé ultra confortable. J’accote mes bras le long du dossier avant de jeter un regard en direction de Kiara. Sur la pointe de pieds, elle attrape de ses mains effilées les deux coupes qui supporteront notre somptueux porto. J’entrouvre la bouche lorsqu’elle se penche légèrement pour retirer ses escarpins. J’avale ma salive avec difficulté, portant mes yeux sur autre chose que son joli petit derrière. À peine une fraction de seconde plus tard, d’innombrables scènes se défilèrent dans ma tête. Une vague de chaleur s’éprend de moi avant qu’elle ne s’assoit à son tour. Je tire le col de ma camisole avec mon index avant de reprendre mes esprits. Comment se fait-il que je sois si facile à amadouer? Ne suis-je pas immuniser par sa beauté? Moi qui croyais être insensible à Kiara étant donné mon statut de conjoint, voilà que je m’imagine à moitié nue par-dessus elle sur le comptoir de la cuisine. Peut-être est-ce parce que je connais ce qui se cache sous sa petite tenue et que je sais tout au fond de moi que ça me manque? Est-ce bien d’avoir des pensées si intimes avec une autre nana que ma propre copine? Je n’eu pas le temps de réfléchir à cette question que Kiara rajouta son questionnement suite à mon investigation. « À ce curieux hasard qui nous a réuni en ce lieu ? » Ouais! Ce putain d’hasard est entrain de me foutre les jetons. Nous trinquons, m’extirpant de mes torpeurs, avant de l’écouter attentivement tout en mangeant un gâteau.

Je m’adoucis, décontractant mes muscles stressés par sa proximité, mais je me crispé presque aussitôt lorsqu’elle énuméra le fait d’avoir revue ses sœurs. Savannah était au courant de la présence de Kiara à New York et elle n’a pas osé me le dire? Mais qu’est-ce qui lui est passé par la tête? C’est la moindre des choses d’aviser un ami que sa sœur – alias mon ex-copine dont j’étais follement amoureux – s’installe ici. Je pinçai mes lèvres, me promettant de lui réserver une petite visite spéciale pour lui dire ce que je pense de tout ça. Je fus surpris lorsqu’elle m’avoua n’avoir personne dans sa vie. J’écarquillai les yeux, regardant Hercules qui se tapait l’incruste sur le divan, se lovant contre elle. Je le jalousais  intérieurement. Je repris une gorgée de ma boisson avant de réfléchir à sa question. Je ne savais pas trop vers quoi commencer. Je déposai mon verre sur la table avant de me tourner un peu plus face à elle. « Comme tu le sais, je fais partie intégrale de la caserne de pompier depuis mon arrivée à New York, mais j’ai grimpé les échelons et je suis considéré comme le bras droit du directeur en chef. » Je souris, fier du parcours que j’avais gradué depuis toutes ces années. « Ma famille va bien, je les vois une fois au deux mois environ, mais depuis que je suis avec Nora… » J’entrouvris la bouche pour poursuivre, mais aucun son n’émargea de ma gorge. Je pensais être un peu plus délicat sur le sujet. Moi et le tac, c’est zéro. « Disons que les visites se sont diminuées… Elle travaille beaucoup alors c’est un peu plus compliqué pour s’organiser une fin de semaine. » J’ignorais quoi rajouter à cela. Je n’avais pas envie de parler de Nora. Je repris ma coupe, portant rapidement celle-ci à mes lèvres pour boire d’un trait ce qui restait dans mon verre. Je  le remplis ensuite, servant Kiara d’avantages et ça, sans même qu’elle ait finit sa première coupe. « Y’a une chose que je comprends pas… C’est ton choix d’être célibataire? Je peux pas croire que y’a aucun mec qui t’intéresse en ce moment? Tu es si belle, généreuse et… » J’expirai en souriant, me remémorant bon nombres de souvenirs agréables à ses côtés. Je regardai Kiara dans les yeux, me raclant la gorge avant de sentir les joues me picoter. « Je veux dire… Tu as tout pour plaire. Quel mec ne tenterait pas sa chance pour être à tes côtés? »

L'atmosphère se frigorifiait au fur et à mesure que nous nous posions des questions indiscrètes. La curiosité l'emportait à chaque fois et tous ce que nous récoltions, c'était un paquet de bêtise. La preuve indéniable, c'est que Kiara me félicita pour mon couple et me demanda depuis quand il avait prit forme. Son intérêt semblait sincère, mais son faux sourire me prouva le contraire. Longtemps j'ai eu la chance d'étudier la femme et ses manies. Malheureusement, je connaissais trop bien celui-ci, ce petit sourire qui démontrait l'effort de la compréhension, mais qui cachait une très grande déception. Je la regardai longuement, serrant la mâchoire pour contrôler mes pulsions. L'envie de la prendre dans mes bras était pratiquement palpable. Mes souvenirs étaient tellement réel que j'avais l'impression de la tenir, blottit contre mon torse, la consolant avec amour. Pourquoi c'était si difficile de faire face à la réalité? Je fixai le liquide purificateur qui se logeait dans le fond de ma coupe, l'analysant avec assiduité avant de le terminai d'une traite. C'est alors que Kiara répondit à ma question, expliquant qu'elle n'avait pas trouvé chaussure à son pied et que contrairement à ce que je pensais, elle ne plaisait pas à tout le monde. J'inspirai profondément pendant qu'elle nous resservait une troisième coupe, terminant ainsi la bouteille. Déjà? Disons que nos conversations nous entraînaient à boire.

Je posai mon regard sur Kiara, laissant un silence s'installer entre nous. J'ignorais comment réagir. En ce moment, je sentais mon inconscience prendre le dessus. Vous savez, cette petite lueur enfouit au fond de vous qui se réveille seulement lorsque vous êtes complètement perdu? Et bien celle-ci me titillait le bout des lèvres. Mon inconscient n'attendait qu'une seule et unique chose. Lui avouer qu'elle avait tord. Que malgré ma petite amie, la revoir devant moi était la chose la plus merveilleuse que je n'avais pas vécu depuis des années. Que je savais pertinemment que je n'avais pas finis de l'aimer. Qu'une parcelle de mon coeur lui était toujours destinée. Mais ais-je le droit de lui dire tout ceci? Ne suis-je pas l'homme que j'ai toujours voulu être? Nora n'est-elle pas la femme dont je désirais l'existence? Toute ces questions finirent par me mener à une réponse claire, nette et précise. « Je ne suis pas tout le monde... » Dis-je, tout simplement. Je faisais allusion à sa dernière phrase, me distinguant ainsi des autres personnes et avouant mon intérêt envers sa personne. En voyant son expression, je me donnai une gifle mentale. ERREUR. Voilà ce que je venais de commettre. Mon inconscient avait pris le dessus et voilà que j'étais dans un putain d'embarras. Je repris mes esprits assez vite, passant une main sur mon visage pour me masser les temps. « Désolé je... Je veux pas mettre ça sur le dos de l'alcool ni de la fatigue, mais je suis en plein délire. » Avouais-je, ne niant tout de même pas mes paroles. « J'ignore pourquoi ta présence ne me laisse pas indifférent... » STOP! Encore des paroles en trop. Il fallait que je me tire de se merdier a plus vite. « Et merde...» Chuchotais-je pour moi-même, mais assez fort pour que Kiara l'entende. « Ce que je veux dire, c'est que... » C'est que quoi? J'ai assez jouer avec les mots pour ce soir, il fallait que je trouve un moyen de réparer ce petit échappement. « Je crois qu'il serait préférable que je retourne chez moi... » Dis-je en serrant les poings. Je venais sûrement de tout gâcher avec mes putains de sottises.