« Un double-expresso soya latte, comme d'habitude ? » Savannah ferma la bouche et hocha la tête avant de sourire et de reculer dans la masse de gens qui attendaient leur commande. Un des avantages d'avoir son Starbuck préféré et d'y passer tant de temps, c'était de ne plus avoir à passer commande. Il suffisait parfois d'un simple geste de la tête pour que son café favoris lui soit apporté. Et jusqu'ici, c'était un avantage que Savannah avait chéri et . La fashionista n'avait pas de temps à perdre. Entre les séances de personal shopping, de stylisme pour les shooting de grands magazines, ses heures supplémentaires avec la clientèle la plus hype de New York lors d'événements pour lesquels ses services étaient requis, et ses heures d'écriture pour sa colonne de mode dans le Near You magazine, la jeune femme n'avait définitivement pas le temps d'ouvrir la bouche pour quémander toujours la même boisson, toujours dans le même coffee shop. Mais aujourd'hui, la brunette faisait face au vide et se découvrait des penchants pour l'acrophobie. Sa journée paraissait bien vide à côté de ces semaines à ne plus en savoir quand dormir. Elle n'avait ni rendez-vous auquel se rendre, ni réunion à laquelle assister ou encore aucun client à rencontrer. D'habitude, la brunette aurait saisi cette occasion pour rédiger ses prochains articles. Ou en tout cas trouver quelques idées. Mais elle avait perdu ce job quelques jours auparavant. Savannah allait donc devoir s'occuper autrement. Elle avait bien pensé à fêter sa liberté avec ses amies, mais Hally était occupée et, elle devait bien l'avouer, le reste de ses connaissances amicales commençait à disparaître drastiquement. La faute à qui aussi ? Savannah connaissait la réponse : c'était la sienne, bien sûr. Elle n'allait donc pas pouvoir s'occuper l'esprit avec ses amis. Tant pis. Elle avait ensuite songé à appeler son frère ou une de ses sœurs. Kiara lui avait récemment confié qu'ils étaient maintenant tous résidents de la Big City. Le problème était que Savannah ne leur avait pas donné beaucoup de ses nouvelles. En fait, elle avait plutôt opté pour la tactique du « faisons la morte ». Son rapprochement récent avec Kiara aurait pu changer la donne, si ce n'était que ça rendait Savannah terriblement nerveuse. Non, non. Mauvais plan. Elle préférait encore passer la journée dans les magasins. Ce serait une journée tranquille comme elle en avait rarement. Il y avait cependant une bonne raison à cette rareté : le temps libre permettait à la styliste de se poser sur son cas et de réfléchir. Ces deux éléments, mis bout à bout, ne signifiaient jamais rien de bon. La jeune femme se détestait et haïssait encore plus ce qu'elle était devenue ! Seule avec elle-même, sans fête ou alcool avec lesquels se distraire, la jeune femme ne savait rien faire d'autre que se flageller. La modeuse s'était déjà faite couper les cheveux, elle ne voyait pas quoi faire d'autre pour conquérir ce sentiment si désirable et désiré de changement. « … L.B. ? » L.B., Lewis-Butler. C'est moi ! Qui ça pouvait être d'autre ? La jeune femme leva les yeux de l'écran de son cellulaire qu'elle rangea aussitôt dans sa poche. Sans attendre, la brunette s'avança et tenta d'attraper le gobelet que l'employer venait de déposer sur le comptoir. Au lieu de l'atteindre, la main de la styliste en rencontra une autre. Son cerveau fit le calcul, mais il était déjà trop tard pour prendre ses jambes à son cou.

Sa grande sœur se tenait juste devant elle, le bras toujours tendu dans les airs, sa main à quelques centimètres de celle de sa sœur. Savannah aurait voulu pouvoir se creuser un trou et s'y enterrer, ni vue, ni connue. Mais le regard surpris de Lila en disait suffisamment long : elle l'avait bien vue, c'était trop tard pour faire la grimace et se grimer en quelqu'un d'autre. Savannah avait toujours aimé sa grande sœur. En fait, elle avait même pris un café avec elle quand celle dernière avait échoué dans la ville de New York pour la première fois. Mais ces derniers temps, l'illusion parfaite qu'elle avait fait de sa vie était dangereusement fissurée. En d'autres termes, Savannah n'avait pas la patience de prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes quand, très sincèrement, elle n'avait plus la force de prétendre être autre chose qu'une moins que rien. Mais parce qu'elle avait beaucoup d'expérience dans le domaine des faux-semblants, la jeune femme fut tout de même la première à réagir comme il se le devait. Elle offrit une accolade à sa grande sœur avant d'observer Lila.

Et elle lui fit signe de récupérer sa commande. Elle avait jeté un œil au gobelet pour y découvrir un « L » supplémentaire : le « L » de Lila. Lila Lewis-Butler était à New York. C'était une chose de le savoir, c'en était une autre de le découvrir de ses propres yeux. « Naughty Lewis ? » demanda le serveur en offrant un nouveau gobelet. C'était déjà plus familier ! On l'appelait rarement par son vrai prénom dans les parages. Surtout si elle était une habituée. Sa réputation la précédait, et il était sans doute trop tard pour y changer quoi que ce soit. C'était de toute façon un problème moins urgent que le conflit auquel Savannah devait à présent faire face : elle mourrait d'envie de passer plus de temps avec Lila, et en même temps, elle n'avait pas envie de mentir. Deux choses qui, pour Savannah, s'excluaient complètement l'une-l'autre.

C'était sans doute une de seules vérités qu'elle sortirait ce matin-là. Savannah rajusta sa propre cape Burberry et secoua doucement la tête pour remettre en place quelques ondulations de son carré plongeant.

Une observation plus minutieuse de la silhouette de sa petite sœur n'avait pas laissé de choix à Savannah qui s'était empressée de la complimenter, sincère. Elle resplendissait. C'était sûrement l'air New Yorkais qui lui faisait cet effet-là. En tout ça, quoi que ça puisse être, ça semblait lui réussir ! Existait-il un remède miracle ? En voyant ses beaux cheveux bruns, étincelant même sous la lumière de ces néons pourtant peu flatteurs, Savannah commença à regretter sa nouvelle tête. Elle n'aurait peut-être pas dû opter pour la tendance et se faire un carré plongeant. Ses ondulations paraissaient ternes à côté de celles de son aînée, non ? Elle avait peut-être besoin d'un soin ? Machinalement, comme pour illustrer sa pensée, Savannah passa ses doigts dans ses cheveux. Tout d'un coup, elle avait l'impression de caresser un ballot de paille. J'viens de me foutre une écharde dans le doigt ou je rêve ? Elle l'avait imaginé. Mais quand Savannah était face à sa famille, elle avait tendance à perdre l'équilibre. Et très facilement, elle pouvait tomber dans les méandres de son dénigrement. Un malaise qu'elle s'infligeait toute seule. Tous les psychologues ou les thérapeutes se seraient mis d'accord. Son complexe d'infériorité aurait été évident pour tout œil averti. Mais Savanah s'était ingéniée à le cacher. Parce que d'après elle, montrer ses faiblesses, c'était être faible. Elle l'avait fait une fois... Avec Adam... Ça n'avait pas très bien tourné. « Savannah .. Je suis tellement contente de te revoir, comment vas-tu dis-moi ? » Tellement bien que je pourrais m'arracher les yeux de leur orbite avec une cuillère à glace, fun, pas vrai ? Mais au lieu de dire la vérité, la styliste étira un sourire sur son visage. Ce mécanisme de défense n'était pas si difficile que cela à mettre en place quand, finalement, elle sentait son humeur reprendre du galon. Savannah était véritablement contente de tomber sur sa sœur. Elle aurait juste aimé passer plus de temps dans la salle de bain. Peut-être qu'un peu de maquillage aurait suffi à la rendre présentable. Ouais, 'fin, si tu l'avais appliqué à la truelle ! À coup sûr, si elle s'était observé dans un miroir, Savannah aurait trouvé ses pores plus dilatés que d'habitude. Faut à tout prix que je rachète de la crème ! Elle ajouterait cela à sa liste de courses. C'était journée shopping après tout. Peut-être que je devrais l'inviter ? Non. Lila était sûrement occupée. Elle avait une vie intéressante, elle !

Elle avait bien commencé, comme si elle récitait un discours. Mais vers la fin, la jeune femme s'était emmêlée les pinceaux. J'viens de lui dire que j'étais une prostituée là, non ? Boire pour oublier : sa solution ces dernières semaines. Mais le liquide qu'elle porta à ses lèvres était chaud. Pire encore, il ne contenait pas la moindre trace d'alcool. Savannah grimaça dans son gobelet avant de se reprendre. Lila l'invita à s'asseoir avec elle. Non, mais je suis super pressée en fait. J'ai un chat à secourir et un prix Nobel à remettre. Et puis y a aussi ma licorne qui a faim, je dois la nourrir avant de courir à mon cours de fléchette ! Pourquoi aucune de ses excuses habituelles ne faisait sens aujourd'hui ? Peut-être parce qu'elle n'avait pas tant envie que ça de se défiler finalement... Elle prit donc place en face de son aînée et croisa les jambes sous la table. « Je suis désolée de ne pas avoir téléphoné. J’ai eu pas mal de choses à faire ces temps-ci, j’espère que tu ne m’en veux pas. » C'était quoi son plan ? La faire culpabiliser en lui rappelant subtilement qu'elle n'avait pas donné de nouvelles ? Arrête de psychoter putain ! Sa sœur venait de lui présenter ses excuses. C'était maintenant à elle de les accepter. Et avec classe, s'il-vous-plaît.

Elle avait beau cherché, c'était la seule raison qui pouvait traîner Lila jusqu'à la Grosse Pomme. Et cette dernière ne tarda pas à lui retourner la question. Savannah voulut baisser la tête, penaude, mais s'en rendit compte juste à temps et conserva la tête haute. L'important n'était pas d'y croire, mais plutôt de savoir se vendre. « très importante dans cette ville, non ? » Pouvait-on vraiment dire qu'une styliste était importante ou que ce soit ? Un médecin, un enseignant, un chercheur, un policier, un pompier, ok. Mais une styliste ? Il ne fallait pas pousser non plus !

Pouvait-on sonner encore plus vantarde ? Avec un diadème, peut-être... La brunette porta le gobelet à sa bouche pour avaler quelques gorgées de café. Et surtout, pour se taire.

Faire la conversation, un art qui se perdait chez Savannah Lewis-Butler.

« Oui je comprends, c’est pareil pour moi. C’est assez difficile de tout accorder mais disons qu’heureusement Aaron est là, sinon je serais morte devant mon emploi du temps. » Était-elle au courant du temps libre qui s'était récemment dégagé de son agenda ? Ce ne pouvait être qu'une attaque ! Lila savait. Savannah n'avait pas réussi à cacher son inquiétude. Et maintenant, sa grande sœur savait qu'elle était une ratée. Stupide shopping ! Stupide café ! Stupide... Ou peut-être que Lila ne savait pas. Peut-être qu'aucune de ses remarques ne lui étaient destinées. Faut vraiment que je me calme ! Mais pour cela, Savannah aurait dû commencer par arrêter le café. Et elle aimait le café ! Son regard tomba sur le gobelet cartonné qu'elle tenait encore à la main. Même assise, elle ne parvenait pas à le lâcher. Sale accro va ! Mais elle pouvait toujours se rassurer en se disant que contrairement à beaucoup, son addiction à elle n'était pas pour une drogue dure. Ça dépend du grain de café tu m'diras... Savannah tenta de se concentrer sur les lèvres de Lila. Elle devait à tout prix retrouver ses esprits pour ne pas lui paraître impolie. Mais la vérité, c'était qu'elle ne l'avait écoutée que d'une oreille. Et même une petite oreille... Alors, pour faire croire le contraire, Savannah se mit à sourire et haussa les épaules en guise de compassion. C'était sa manière à elle d'être d'accord avec Lila, même si, honteusement, elle aurait avoué bien volontiers s'être perdue dans ses pensées. Un petit rire s'échappa de sa gorge et le sang de Savannah se glaça aussitôt. Sa grande sœur ne devait pas être dupe et devait avoir remarqué son manque d'attention. Si tu voulais te faire détester, t'es en bonne voie ma fille ! se dit-elle en imitant la voix de leur père. Mais la réalité était toute autre, et Savannah n'eut d'autre choix que de finalement le réaliser. Sa sœur n'était pas en colère contre elle. Au contraire, son sourire paraissait sincère. Elle était véritablement heureuse. Là encore, ce n'était pas une grande surprise. Que lui aurait-il fallu de plus ? Lila était parfaite ! Ce constat fait, Savannah s'autorisa à prendre une autre gorgée de caféine parfumée au lait de soja – son préféré. Grossière erreur. « C’est vrai ? Oh mon dieu, mais c’est super alors. Bien sûr que j’ai eu l’occasion de le lire. Je ne l’achète que pour lire ta rubrique. » La brunette avait bien faillit s'étouffer. Elle a dit quoi là ? Son ouïe devait lui faire défaut. Il n'y avait aucune chance pour que Lila vienne d'affirmer acheter le magazine new-yorkais dans le seul but de lire les articles de sa petite sœur. Pas dans ce monde ! Aucune ! Elle était simplement polie et préférait mentir plutôt que de lui faire de la peine. Savannah ne voyait aucune autre solution. « En tout cas, tes conseils, je les applique tous les jours, tu devrais voir, mes collègues me prennent pour une folle. » Ou bien c'était tout l'inverse. Tout de même, la styliste restait perplexe. Sa grande sœur avait toujours eu un style bien à elle de toute façon. Il n'était pas étonnant qu'elle soit aussi bien habillée. Lila devait toujours avoir une allure impeccable, Savannah en aurait mis sa main à couper. « Je vis à Manhattan au 2800 passe si tu veux, je suis sûre que tu adorais l’appartement et Aaron et toi alors ? » La deuxième fois, le prénom fit mouche. Aaron ? C'est quoi un Aaron ? Un chat ? Non, la belle et jolie institutrice devait s'être trouvé un petit copain. J'espère qu'elle n's'est pas mariée en secret ! Car, malgré ce qu'elle pouvait faire penser, Savannah aurait été très déçue de ne pas avoir été invitée. Chassant ces pensées de tulle et de bouquet de fleurs, la brunette réagit enfin :

Kiara, et maintenant Lila ? Ils avaient tous gagné à la loterie ou quoi ? La jeune femme s'efforça de sourire. En fin de compte, les peurs qu'elle avait eu en apprenant que sa petite sœur avait emménagé à quelques pas de chez elle s'étaient avérées être infondées. Elles le seraient sûrement encore avec Lila. La brunette ne tomberait pas nécessairement sur sa sœur tous les matins. New York City était une grande ville, il ne fallait pas l'oublier. Même si le destin s'entêtait à lui prouver le contraire.

Demanda-t-elle, un air faussement complice. Elle mourrait d'envie de savoir. Savannah baissa les yeux en priant pour entendre sa sœur se confier sur son bonheur. Ça ferait au moins une Lewis-Butler d'heureuse !

Lila ne le savait peut-être pas, mais Savannah avait remarqué les petites habitudes de sa grande sœur. La jeune femme l'avait toujours imaginée devenir une grande écrivaine. Ce n'était pas tant qu'elle n'était pas dans son élément avec les enfants, mais plutôt qu'elle la voyait faire tout autre chose. Écrire était quelque chose pour lequel Lila avait toujours été douée. Savannah trouvait dommage qu'elle ait abandonné son rêve, elle aussi.

Fort heureusement pour Savannah, sa sœur ne pouvait pas lire dans les pensées. (Enfin, sauf si elle menait une double vie de super-héroïne. Mais il avait vraiment peu de chance pour que ça soit arrivé ! Pas vrai ?) Occupée comme elle était ? Savannah s'ennuyait à mort. Elle n'avait plus énormément de clients avec qui s'occuper, et son job au Near You Magazine avait finalement tourné court. Non, si la jeune femme était ailleurs, c'était à cause du stress. Elle avait peur qu'on la découvre pour ce qu'elle était vraiment. Une pauvre fille sans cervelle qui, en plus de ne pas avoir réalisé ses rêves, n'avait même pas été foutue de garder sur pieds une carrière plus de quatre ans. Elle excellait pourtant dans son domaine. Ce n'était pas le talent qui manquait. C'était plutôt l'organisation qui manquait et l'intérêt qui s'étiolait. Comment rivaliser avec Lila ? Elle aurait pu lui parler de ses problèmes, mais sa fierté était bien trop mal placée pour cela. Savannah préférait prétendre que tout allait bien et qu'elle était digne de passer du temps avec elle sans avoir à baisser les yeux quand la brunette lui adressait la parole. «  « Mais c’est fabuleux » C'est vrai qu'avec les prix qui flambent, c'est surprenant ! « pourquoi on organiserait pas un apéro ? Ou un restaurant ? » Et voilà, elle se sentait encore plus mal à l'aise. Plus précisément, Savannah était partagée entre l'envie de lui crier « oui » et celle de fuir sans se retourner. Cette mise en bouche lui avait donné envie de poursuivre leurs retrouvailles. Mais un petit oiseau lui disait que c'était une bien mauvaise idée. Pas besoin d'être Blanche Neige pour savoir pourquoi... Plus elle passerait du temps avec Lila, et plus celle-ci pourrait s’apercevoir de la supercherie ! En même temps... C'était un dîner que l'institutrice lui proposait. Et un dîner, ça pouvait se préparer. Contrairement à aujourd'hui, la styliste n'aurait pas à gérer l'effet de surprise. « Oh non ? Un dîner à l’appartement, je me suis mise à la cuisine et disons que j’arrive depuis peu à faire d’excellentes lasagnes. » Savannah sourit, un peu gênée. Oh! Et après tout ! Ça ne pourrait pas être aussi terrible que ça !

Elle tenta de mettre autant d'entrain dans sa voix que dans celle de sa grande sœur. Le fait étant qu'elle hésitait à lui dire la vérité n'aidait sûrement pas.

Il y avait tant de choses qu'elles ignoraient l'une sur l'autre.

Ça leur faisait au moins un point commun ! Lila s'étouffa quand Savannah souleva une question intéressante : l'habituelle question sur les hommes. « C’est un homme qui partage ma vie » Je m'en douta.... « en tant que meilleur ami. Je l’ai rencontré à Seattle... » -is pas... Ok, quoi ? C'était peut-être parce qu'il s'agissait d'une éventuelle conquête (son instinct la trompait rarement, seulement tout le temps), mais elle était piquée de curiosité.

Pour voir si tu me mens ! termina-t-elle dans sa tête. Il fallait maintenant changer de sujet, autrement, elle n'aurait rien à se dire lors du fameux dîner. C'est alors que Savannah l'interrogea sur sa passion. « Oui, toujours.. Mais je me consacre plus aux enfants qu’à l’écriture.. » C'était un petit oui, mais elle s'en contenterait aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que si elle se mettait à fouiner dans les affaires personnelles de sa sœur aussi peu subtilement, Lila serait libre d'en faire de même. Et Savannah n'avait pas encore décidé des réponses qu'elle accepterait de lui fournir.

La jeune femme fit mine de regarder son téléphone. En réalité, elle se fichait de l'heure tournante.

Elle mit son téléphone bien évidence pour lui montrer qu'elle allait la prendre en photo. Une fois chose faite, elle lui fit la bise, exagéra un peu sur l'accolade et lui fit signe au revoir. Bon... J'ai plus qu'à trouver un autre Starbucks pour avoir un nouveau café. Son gobelet était vide, et elle ne se sentait pas en état de faire les magasins caféine supplémentaire dans le sang. C'est pour dire dans quel état minable elle se trouvait !