You helped me, my turn to help you.

Et voilà, la routine a repris bon train depuis que Rory est sorti de l'hôpital. Il a eu chaud ce soir-là, heureusement qu'apparemment quelqu'un la trouvé dans la rue alors qu'il était inconscient. Il faisait tellement froid cette nuit-là, qu'il aurait pu littéralement mourir de froid s'il était resté là toute la nuit. Le barman est plus que reconnaissant envers cette personne, dont il ignore totalement l'identité, parce qu'il était inconscient et que lors de son réveil, elle n'était bien évidemment plus là. Il ne peut pas lui en vouloir, elle n'allait pas attendre le réveil d'un jeune homme qu'elle ne connait pas, déjà qu'elle l'a aidé, c'est plutôt pas mal. Mais Rory trouve ça quand même dommage, parce qu'il ne peut de ce fait, pas la remercier de vive voix. Il ne pourrait de toute façon pas faire grand-chose pour payer une telle dette à cette personne. Mais juste lui dire merci pour ne pas avoir détourné le regard, merci de s'être arrêté, de l'avoir aidé. C'est peu, mais c'est très important pour lui, qui est quelqu'un d'extrêmement poli et respectueux et redevable envers toute personne qui prend de son temps pour l'aider. Ce n’est jamais facile d'accepter d'avoir besoin d'aide, mais pour le coup, il ne pouvait de toute façon pas protester pour refuser cette aide précieuse qui lui a sauvé la vie. De cette agression aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose, une pommette encore un peu jaune, reste d'un bleu qui a été plus marqué, et d'autres marques du même acabit sur d'autres parties de son corps, mais qui sont actuellement cachés par les vêtements qu'il porte. De toute manière, le tout est presque complètement estompé, et il faut savoir que des bleus ont été là, pour pouvoir encore les voir.

La soirée est on ne peut plus banale et Rory a de la chance, pour le moment, personne ne l'a sollicité pour autre chose que de servir des verres. À vrai dire, cette soirée est particulièrement calme. Le barman ne sait pas trop si c'est dû à l'absence de la présence du patron qui est parti pour deux semaines en vacances, mais ça leur fait à tous, lui et ses collègues, un bien fou. Il adore quand le boss n'est pas là, ils ont un peu moins de pression sur le dos et c'est un peu moins difficile de venir travailler. Du coup, il est particulièrement souriant et engageant avec les clients, encore plus qu'à son habitude. Parce que même les autres jours, Rory fait toujours bonne figure, de toute manière, c'est un jeune homme qui est généralement souriant malgré les coups durs qu'il a vécu depuis son adolescence.

Rory est en train de nettoyer quelques verres tout en discutant avec Marty, son collègue, quand une nouvelle tête qu'il n'avait encore jamais vue là entre dans le bar. Évidemment qu'il y a souvent des nouveaux clients, mais ce bar-là est quand même un bar plutôt d'habitués généralement, ce qui fait que dès qu'il y a une nouvelle personne, elle est très vite repérée. Le jeune homme comme ses collègues apprécie de voir de nouvelles têtes, ça leur change un peu de ceux qu'ils voient tous les jours ou presque et dont ils connaissent limite la vie par coeur. Alors qu'il s'attendait à ce que la demoiselle se dirige vers une table et alors qu'il s'apprête à déjà aller la voir pour prendre sa commande, Rory la voit avec surprise prendre place directement au comptoir. « Bonsoir. Qu'est-ce que je vous sers ? » Il lui adresse un large sourire tout en posant sa question de manière très enjouée. C'est vraiment chouette de pouvoir un peu être lui-même quand le boss n'est pas là. Et honnêtement, agir comme ça, c'est toujours plus sympa avec les clients, ça les met plus à l'aise. Être trop carré, trop protocolaire, c'est pas très vendeur selon lui, mais bon, les ordres sont les ordres, et Rory ne dérange que très rarement aux ordres, hormis quand il n'a personne pour le surveiller. Et puis là, la demoiselle semble avoir besoin d'un peu de légèreté, son visage est fermé, elle a comme un air maussade sur ses traits fins, mais il ne peut décemment pas déjà lui demander ce qui ne va pas.