Toute ma vie n’était que mensonge. J’utilisais sans cesse de fausses couvertures pour cacher la vérité, c’était beaucoup plus facile d’être lâche que d’assumer ce que j’étais réellement. Je me tuais à dire que je n’avais jamais été amoureux, mon cœur était bien caché sous ma facette de total abruti. Au lieu de regarder l’amour direct en face je me contentais de me vanter de mes milliers de conquêtes. Et pourtant, aucune d’entre elles ne me satisfaisait et au plus grand malheur des demoiselles, il n’était pas rare que je m’endorme avant même d’enlever un vêtement. Ce n’était pas leur chair que je cherchais, c’était plutôt que les gens me voient avec des femmes. Personne ne devinerait jamais qui j’étais réellement et ça me convenait parfaitement. Qu’est-ce que le monde croirait si au bout de mes 30 ans je leur avouais qu’en réalité j’étais intéressé par les hommes ? Mon père ne l’accepterait certainement jamais, lui qui ne cesse de me demander quand je vais enfin lui trouver une femme pour lui faire un petit-fils. Je ne me suis pas encore résolu à faire souffrir une femme autant. Après tout, jamais je ne serais capable d’apprécier autant son corps que n’importe quel autre homme hétéro, c’était cruel de lui faire croire le contraire et de bâtir une famille avec elle uniquement pour que moi je paraisse bien aux yeux de tous. Au lieu de ça, j’avais décidé de récolter les histoires d’une nuit et il fallait dire que cela fonctionnait plutôt bien. Il arrivait certes quelque fois que le manque d’attirance mette à l’épreuve mes performances au lit, mais dans des cas pareils je m’étais le blâme sur l’alcool et il fallait dire que cette excuse fonctionnait à merveille.

Cela fait déjà près d’une heure que je suis dans ma salle de bain et pourtant j’arrive toujours à me trouver un défaut derrière le miroir. Je mets finalement un peu de pommade dans mes cheveux et le tour est joué. Il ne me reste que la touche finale, le parfum qu’il aime que je me précipite à mettre. C’est fou comment on devient cinglé quand cette personne qui fait battre notre cœur nous dit qu’il adore le parfum qu’on porte. Dans mon cas, j’ai acheté toutes les bouteilles du magasin la journée d’après. Je sais que je suis naïf, il ne m’avait fait que ce commentaire parce que nous sommes amis. Mais bon, on a le droit de rêver un peu, non ? Cet amour je sais qu’il ne le partage pas et pourtant à chaque fois que je le vois, je me sens obligé d’être sous mes plus beaux jours. Se rend-t-il compte que je suis toujours plus élégant avec lui qu’avec ma meilleure amie ? Une part de moi rêve qu’il me trouve attirant, qu’il ne pense plus aux femmes. Je suis totalement fou d’y croire. Cela fait un quart de siècle que je connais Spencer, du plus loin que je m’en rappelle je l’ai toujours aimé. À l’adolescence, il m’arrivait quotidiennement de rêver de lui. À l’époque, je croyais que j’avais un problème et que c’était parce que je le voyais trop. J’ai alors expérimenté de mon côté en me faisant une petite amie, pauvre fille si elle aurait su que je ne pensais jamais à elle quand nous faisions l’acte comment l’aurait-elle prit ? J’ai caché mon jeu avec elle pendant un bon moment, ça m’a satisfait et j’avais réussi à oublié tous ces vieux sentiments. J’avais mis quelque peu Spencer de côté, on s’envoyait des messages sans plus c’était beaucoup plus facile comme ça. Puis, le jour de son anniversaire je n’avais pas d’autres choix que d’y aller, j’étais son meilleur ami après tout. Je me souviens encore de son regard sur le mien cette journée là, son sourire parfait. De quelques années mon aîné, ses traits d’hommes paraissaient nettement plus que le mien et jamais il ne m’avait jamais autant attiré qu’avant. Mon cœur s’est mis à battre la chamade et j’ai senti mon estomac se revirer. C’est à ce moment là que j’ai compris que j’étais réellement homosexuel, que j’étais amoureux de Spencer et que j’allais emporter ce secret dans ma tombe.

Mon téléphone vibre dans ma poche et je lis le message texte de Spencer. Il est en route et il en profite par la même occasion pour me faire une blague salace. Amusé, je lui réponds quelque chose d’encore plus pervers. Je me mords les doigts, que dirait-il s’il saurait que mes réponses sont très honnêtes en réalité ?  Que plus d’une fois il m’a excité au plus haut point avec ses messages ? Une part de moi se sent malhonnête de ne pas lui dire la vérité. Je crois qu’à l’inverse de la situation je n’apprécierais pas son comportement. L’autre part considère que ces les seuls moments qui me font rêver et espérer qu’il pourrait se passer quelque chose avec lui et je n’ai aucune envie d’arrêter. Je suis égoïste. La sonnette de mon appartement se fit entendre et le débit de mon cœur change instantanément devenant davantage rythmée. Je sais qu’il est ridicule qu’après tout ce temps Spencer me fait encore le même effet et pourtant c’est le cas. Je me précipite vers l’entrée pour lui ouvrir la porte.

-Ohhh c’est vrai que tu t’es mis sur ton 31 mon chéri !

Entre nous il y a des tonnes de mots d’amour et plein d’allusions sexuelles qu’ils ne veulent rien dire au final. Je sais qu’il ne pense pas ce qu’il me dit, moi au contraire bien que mon ton est plutôt blagueur j’espère le faire rougir par mes mots. J’espère qu’il comprenne que pour moi, il n’est pas que mon meilleur ami. Il est l’amour de ma vie. Jamais je ne serai capable de lui dire, je me camoufle derrière ses paroles qui semblent être un jeu et non ma vérité.

-Allez entre, je nous ai fait de la mousse au chocolat, comme ça tu pourras la manger sur mon corps si l’envie te dit.

Je lui fais un clin d’œil et prend son manteau que je vais ranger. J’en profite pour le regarder de la tête aux pieds, j’adore les pantalons qu’il porte. Il a tellement de belles fesses là-dedans.

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Un sourire apparu sur mon visage quand il complimenta mon parfum. C’était d’ailleurs le seul homme qui ne m’est jamais fait un quelconque commentaire sur mon odeur. JJ m’en faisait trop souvent, mais c’était normal c’était une fille après tout et c’est l’odeur d’un homme qui l’attirait non ? Est-ce que les filles se disaient ce genre de commentaires entre elles normalement ? Je n’en avais aucune idée, mais j’ai toujours eu une barrière à émettre ce genre de commentaires â un homme. Pourtant, j’en aurais eu beaucoup d’occasions. Je ne l’avais même jamais dit à Spencer. Avais-je peur qu’il voit à quel point j’aimerais sentir cet odeur de plus près ? Je m’imaginais déjà humer son odeur en lui déposant des bisous dans le cou. Une partie de moi espérait qu’il me fasse ce commentaire parce que c’est ce qu’il souhaitait lui aussi, mais je savais que je rêvais. Mon beau Spencer était hétéro et jamais je ne changerais ça. Après tout s’il y en avait un des deux qui étaient toujours honnêtes c’était bien lui. Pourquoi m’aurait-il caché son orientation sexuelle ?

-Je n’attends que ça que tu me sautes dessus mon chaton, lui dis-je avec un clin d’œil.

Et encore une fois je lui dis la vérité à haute voix et il ne se doutera jamais que ce ne sont pas des farces. Depuis le temps, j’aurais dû me le sortir de la tête. Je le sais que c’est un amour impossible. Alors pourquoi me tuais-je à garder cet espoir ? Je crois que ce sera le jour où il se pointera avec une fille aux bras que j’arriverai à me faire une raison. Alors qu’il s’installe sur mon canapé, je sors la mousse au chocolat du frigo avec deux cuillères. Pas besoin de sortir d’autre bol, non ? Et puis ça me fera une raison de me rapprocher quelque peu de lui de façon innocente. À la minute qu’il parle de crème fouetté de drôles d’idées se bousculent dans ma tête. Je sors alors la bouteille en passant à tous ses fantasmes et je sais qu’il faut que j’arrête de penser à ça avant qu’une bosse n’apparaisse dans mon pantalon.

-Tu me prends pour qui ? Bien sûr que j’en ai.

Et puis bam comme un gamin, je lui étends de la crème fouettée sur le visage. Je me lèche les doigts un à un pour enlever les résidus. Je le regarde en riant. Je n’ai qu’une envie et c’est d’aller manger la crème fouettée restante sur son visage. Mes yeux se posent alors sur ses lèvres invitantes, je dois arrêter de penser à tout ça. Je m’installe finalement à ses côtés, je lui donne une cuillère pour qu’il puisse attaquer la mousse avec moi. Je sens son corps chaud tout près et j’ai envie de l’attirer dans mes bras comme jamais. Je prends une grosse bouchée de courage, soit une importante portion de mousse au chocolat, puis je lui demande ensuite ce que je veux réellement savoir.

-Et puis tu as quelqu’un en vue ?

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Il en fallut de très peu pour écouter ce que Spencer me disait, soit que je réalise l’un de mes plus grands fantasmes qui l’incluait avec la chantilly. Je me voyais déjà aller lui en rajouter d’autres sur les lèvres et d’aller lui enlever avec les miennes. La suite des évènements seraient bien évidentes après surtout que nous avions une montagne de chantilly. Toutefois, mon fantasme s’arrêterait presque aussitôt si je le commençais. Je voyais déjà les yeux dégoutés que je l’aie embrassé. N’était-ce pas la plus grande peur de chaque homme hétéro de se faire embrasser par un homosexuel ? Ils aimaient beaucoup trop passé pour des hommes viriles et forts pour trouver ça drôle que leur ami les embrasse comme ça. Spencer sembla voir mon malaise avec sa proposition puisqu’aussitôt il s’excusa. Avait-il vu dans mes yeux que c’était l’un de mes rêves les plus grands ? Peut-être était-il déjà dégouté de moi ? Cette pensée me fit peur. Et si jamais il me quittait et ne revenait plus parce qu’il avait peur que je ne puisse pas contrôler mes envies face à lui ? J’essayais de voir dans ses yeux ce qu’il avait réellement pensé de tout ça pour voir si je me faisais des scénarios pour rien. Nos yeux se croisèrent et mon cœur commença à battre la chamade. Il détourna les regards, il avait l’air gêné. Il était tellement irrésistible quand il prenait ce petit air. Il savait que j’avais le béguin pour lui j’en étais certain. Allait-il continué à me parler quand même ? Je poursuivis la conversation en changeant totalement le sujet pour ne pas que ce malaise perdure entre nous. Il répondit négativement à ma question et cela me ravie quelque peu de savoir qu’il était toujours célibataire, mais me dévasta sachant qu’il avait bel et bien quelqu’un avant. Cette personne ce ne serait jamais moi. Quand allais-je finir par tourner la page ?

-Cette fille manque un méchant bon gars, crois-moi ! Je suis certain que tu vas finir par trouver la personne idéale ! Qui te dis qu’il n’y a pas quelqu’un dans ton entourage qui a déjà des sentiments pour toi ?

Pourquoi avais-je dit ça ? Je venais clairement de lui dire « Je suis amoureux de toi depuis toujours, est-ce que tu vas enfin le remarquer ? ». Je me mordillai la lèvre, je ne voulais tellement pas le perdre. Je pris une grande respiration en poursuivant tout de suite. Peut-être oublierait-il ce que je venais de dire si j’enchainais avec autre chose ?

-Bah tu sais… Je n’ai jamais vraiment cherché à être en couple… En fait je crois que j’ai peur de m’avouer un jour amoureux d’une personne et que ce ne soit pas réciproque…

Et cette personne c’était lui ! Je l’avais trouvé depuis belle lurette déjà, mais j’avais beaucoup trop peur de sa réaction pour lui avouer quoi que ce soit. S’il me disait pourtant en plein visage qu’il était hétéro et pas du tout intéresser par moi peut-être que j’arriverais enfin à tourner la page ? De l’autre côté, j’avais peur de ma réaction en l’apprenant. Je me voyais déjà plonger dans l’alcool pour oublier et devenir obèse en dévalisant le marchand de glaces du coin pour manger mes émotions. Spencer se replaça quelque peu sur le divan à mon plus regret parce qu’il était encore plus loin de moi maintenant. Le bibliothécaire accrocha la télécommande avec son coude et la télévision s’ouvrit sur la dernière chose que j’avais regardé hier, soit un film érotique entre deux hommes. Je restai figé sur place deux secondes, j’avais envie de me cacher sous le divan. Je me sentais à nu devant Spencer, il venait de découvrir mon plus grand secret. Comment allais-je réussir à lui faire croire que je n’étais pas homosexuel après ça ? Je devais arrêter ce film au plus vite, peut-être n’avait-il pas regarder encore le contenu ? Peut-être aurait-il mal vu que c’était bien deux hommes et non un couple normal ? Je n’eus pas d’autres choix que d’embarquer par-dessus lui quelque peu pour atteindre la télécommande. Nos souffles se croisèrent. Mon cœur arrêta de battre. J’avais tellement envie de l’embrasser. Je sentis mon érection monter, je devais partir au plus vite de lui. Il allait vraiment trouver que j’étais resté un peu trop longtemps par-dessus lui. C’est en me cachant le plus loin possible dans le divan que je fermai la télévision. Mes yeux étaient apeurés. J’avais tellement peur de ce qu’il allait dire.

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Ryan éprouva un réel soulagement quand il comprit que Spencer n’avait pas vu les images qu'ils avaient défilés à l’écran. Son secret n’était pas dévoilé au grand jour. Comment est-ce que Spencer aurait réagi s’il avait appris que depuis toujours il lui mentait sur son orientation ? Son meilleur ami serait sans doute offusqué par le manque d’honnêteté de son plus proche confident. Quand il évoqua l’idée que le film était un documentaire il eut un petit sourire, mais ne dit rien ne voulant pas que le brun commence à vouloir regarder réellement ce « documentaire ». Son mutisme ne marcha pas et le bibliothécaire grimpa rapidement sur ses genoux. Il devint encore plus rouge de gêne devant cette nouvelle proximité, pourquoi lui faisait-il autant d’effet ? Le brun se mit à le chatouiller et il s’esclaffa de rire en essayant de le pousser. Il oublia la manette quelques secondes et Spencer profita de ce moment de distraction pour la lui voler.

-HEY RENDS MOI LA MANETTE TOUT DE SUITE !

Petit sourire victorieux au visage qui le rendait plus craquant que jamais, il s’éloigna de Ryan et le cordiste se mit à lui courir après dans l’appartement. Il ne devait absolument pas voir ce film érotique. Il aurait bien ri si ça l’avait été des nanas à l’écran, il aurait en fait même adoré que ce soit le cas. Cela aurait confirmé ce mensonge d’hétérosexualité qu’il prônait depuis toujours. La course des deux garnements se termina finalement quand Ryan se jeta sur son ainé qui tomba sur le dos les quatre fers en l’air. Ryan était au-dessus de lui, il se releva quelque peu et c’est ses petits yeux irrésistibles qu’il croisa. Il avait tellement envie de lui défaire un à un tous les boutons de sa chemise. Il tourna la tête, gêné d’avoir toutes ces pensées. En entendant les gémissements derrière lui, il comprit que Spencer avait réussi à remettre le film sur marche. Il releva ses yeux vers lui, il regardait la télévision. Il savait maintenant qu’il était homo. Ryan resta figé quelques secondes, secondes où il profita du confort du torse de Spencer et de la douce odeur de son parfum qui se dégageait de lui. Le bibliothécaire le regarda finalement et lui proposa de continuer d’écouter ce film qui avait l’air bien. Était-il réellement sérieux ? Il avait plutôt confortable avec la situation, il aurait pensé que Spencer aurait été gêné de voir un film de cul à l’écran peu importe le sexe qui était en action. En ce moment Ryan n’avait pas envie de regarder la suite du documentaire, il avait envie de le reproduire là tout de suite avec lui. Une bosse était maintenant bien présente dans ses pantalons.

-On pourrait sortir la chantilly plutôt.

Qu’est-ce qu’il venait de dire là ? Il était un vrai idiot. Spencer blaguait, il n’avait aucune envie de se retrouver dans la réalisation des fantasmes de Ryan. Il espéra quelques instants que son meilleur ami puisse croire que ses paroles étaient une blague aussi. Impossible, il devait avoir senti sans aucun doute son érection, il était un homme il savait très bien comment un pénis fonctionnait. Il se leva. Il avait besoin de se changer les idées, il jeta un regard un peu partout pour trouver la télécommande. Bordel ! Où était-elle ? Ne pouvait pas arrêter les deux hommes actions, il décida de tout simplement fermer le téléviseur. Il se dirigea par la suite directement vers l’armoire de sa cuisine. Il avait besoin de quelque chose de fort, tout de suite. Il ouvrit la bouteille de rhum et prit une gorgée à même la bouteille. Comment le bibliothécaire allait-il réagir à tout ça ? Il ne lui adresserait plus jamais la parole. Ça le flipperait de savoir que son meilleur ami est amoureux de lui. Il prit une autre gorgée du breuvage. Il ne pouvait plus retenir ce secret plus longtemps. Des émotions le traversèrent, il avait tellement peur de le perdre. Une larme coula de sa joue, il se retourna vers lui. Il prit une autre dose de courage, une gorgée de rhum. Le pauvre ne semblait pas comprendre ce qui se passait et pourquoi il s’était attaqué à la bouteille de ce doux breuvage.

-Je t’ai toujours menti Spencer… toujours.

Il prit une autre gorgée.

-En fait… je suis… je suis.. pas aux femmes… j.. j’aime les hommes.

Il se retourna totalement mal à l’aise de son aveu. Il ne voulait pas voir son regard choqué. Il ne voulait pas savoir sa réaction. Tant qu’à être sur les aveux, il décida de tout déballer son sac en prenant une dernière gorgée de rhum.

-Et..et… je suis amoureux de toi depuis toujours.

Il se retourna finalement vers lui.

-Si tu ne veux plus me parler je comprendrai.

Il s’appuya sur le bord du comptoir, qu’est-ce que l’homme de ses rêves allait penser de toutes ces révélations. Allait-il s’enfui en courant ?

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