New York ; il y a six mois…

Il se fiche de moi… ? Il doit se moquer de moi, ce n’est pas possible qu’il me fasse une chose pareille… Je suis chez lui, enfin, chez nous, je ne sais pas trop quoi dire ni faire. Mais bon, je suis dans cet appartement vide, enfin de lui… Je regarde autour de moi, le silence me plait bien. Il m’apaise… Je regarde mes affaires. Je vois les déménageurs qui s’activent. « Doucement s’il vous plait c’est fragile. » Je les vois prendre mes meubles. Ceux que ma douce mère m’a achetés. Je souris, j’ai fait mes valises, j’ai toujours fais mes valises. Mais bon, apparemment, les sentiments sont comment dire… Froids, glacials, dans la tourmente de la haine et de la frustration…

Il va payer…. Il va voir ce que c’est de de moquer des gens comme ça… Je croise les bras : « Tout va bien se passer ma p’tite dame. » Je croise le regard du jeune qui prend mes affaires avec délicatesse. J’ai prévu de leurs donner un pourboire à chacun d’entre eux. Je sors mes billets, je leurs donne cinquante dollars à tous, j’ai fait cinq heureux on dirait. Ils me remercient tous. Je vois le camion s’en aller avec mes affaires. J’ai laissé celles de Nathaniel dans l’appartement. On ne joue pas avec les sentiments des gens…

La bague de fiançailles est dans son coffret sur la table dans l’entrée avec une lettre. Cette lettre je l’ai écrite sous la douleur. Je lui ai dit alors qu’il aurait dû me le dire plutôt afin que je ne vive pas cette situation horrible. Je ne lui en veux pas vraiment, enfin si… Je lui en veux ! Il m’a brisé en deux… Mon cœur est en mille morceaux et il va payer pour ça. Mon silence va le rendre dingue, il va souffrir, il va voir ce que c’est que de jouer avec les sentiments des gens. Il aurait pu me prévenir avant… Il exagère… J’espère qu’il va souffrir…

Je suis dans le taxi, je regarde mon doigt, plus de bague… Cela fait vide. Mais comme cela fait vide. J’avais toujours l’habitude de la triturer lorsque je suis stressée, il va falloir changer ça.Je dis au chauffeur : « Chez Versani au 152 Mercer St #1 s’il vous plait. » Dans le quartier de Soho, je vais en profiter pour m’acheter une bague qui va combler le vide. La bague de la frustration !
La boutique est chaleureuse, je suis née dans une famille riche, elle y va régulièrement. Je dois dire que je connais bien la vendeuse Amy. Elle me voit venir, elle regarde mes mains, elle me sourit avant de me prendre dans ses bras. Elle me montre une bague qui va changer le tout pour le tout. Je repars avec l’objet au doigt. Le retour à la maison fut un peu long et difficile…

Ce matin chez mes parents…

« M’man, je vais travailler, à ce soir. » Je la tutoie, elle s’y fais maintenant, elle s’est rendue compte que cela me fait du bien. Mon père lui a toujours droit à mon silence. Il ne mérite pas que je lui parle. Je fais grève de la parlotte ! Je le croise dans l’entrée, je ne le vois pas, il essaye, mais il ne comprend pas, mon regard noir va vite le remettre à sa place. Je m’aperçois que je dois aller travailler. On va fêter mes vingt neuvième anniversaires au bureau. Un truc entre filles, tout simple sans chichi. Je sais qu’elles m’ont prévu des cadeaux. Je passe la porte.

Je me souviens que j’ai toujours eu ma vie dans cette bonne vieille ville de New York.  Ma vie a été la plus douce possible depuis ma naissance. Mes parents se sont toujours occupés de moi, m’ont soutenu même si mon père a du mal et qu’il veut que je refasse ma vie avec cet escroc de Nathaniel. Je souris, je me souviens de l’école pour riche jusqu’à l’université pour aisé. Ma famille connait la sienne depuis plusieurs générations. Je ne sais pas quoi dire ou faire, je sais que mon père a eu une idée folle, qu’il veut toujours que l’on fasse comme il décide lui ! Mais ce n’est pas ça la vie… Il s’agit de ma vie, et je ne veux pas faire comme lui il veut… Oh papa, tu ne dois pas imposer ça aux gens. C’est immonde…

Vite que j’aille au travail. Je vais avoir mon chauffeur comme à mon habitude. Il va me déposer en bas de l’immeuble. Je vais travailler pour avoir un peu d’argent. Bien que mon père soit une vieille tête de mule, je ne tiens pas à ce qu’il me coupe les vivres. Je préfère donc travailler et faire attention pour avoir de quoi vivre comme il faut. Je vais rentrer dans mon bureau, personne. Je fronce des sourcils. Puis je pose mes affaires et j’ai droit à :

« Surprise !!!!!! »
« Merci c’est gentil.  »

On me jette des confettis, je reçois tous pleins de câlins. Des cadeaux qui vont à tous les coups me faire plaisir. Le poste dans le magazine de mode que j’ai pu trouver me plait bien. Je l’ai eu grâce à mes études. Je sais que je n’ai pas forcément un grand CV.  Mais, apparemment, d’après la patronne, j’ai assez d’intuition pour trouver les tendances. Je suis encore un peu aidée par une collègue, mais j’y arrive. On est un duo implacable ! On s’entre-aide énormément pour surtout ne pas se faire virer. On parle de nos vies, du fait que l’on se connaisse aussi depuis notre enfance. On parle de toutes les choses qu’on a pu faire pour aller visiter les nouvelles boutiques. Qu’on y mettait notre argent de poche pour s’acheter la dernière paire de chaussures à la mode. Qu’on en fait trouvé un équilibre lorsqu’on a vu le film « Accroc au shopping », comme ça on ne dépense plus trop, on prend juste ce dont on a besoin. On a même revendu un peu de nos affaires pour justement se payer un voyage à Toronto.

Je revis enfin, j’ai eu durant ces six mois un dur moment de ma vie. Je profite de ma journée de travail, je reviens à la maison avec un tas de sac à cadeaux. Je sais que maintenant, je peux passer à autre chose. Je sais que ma vie va être à nouveau belle. Que je vais pouvoir profiter des belles choses. Je me suis remis à la peinture et à la musique. J’ai même eu envie de me faire une petite expo la semaine dernière. Tout va bien, j’espère que cela va durer le plus longtemps possible.